Alors s’il est une actrice que presque tout le monde connait c’est bien Agnes Moorehead, dont on se souvient surtout pour sa performance dans le rĂŽle de Endora la mĂšre de « Ma sorciĂšre bien-aimĂ©e »… Mais Agnes a une carriĂšre bien plus longue et ancienne, et elle n’a dĂ©marrĂ© au cinĂ©ma que tardivement.

Actrice de soutien, elle est connue pour ses performances dans : The Magnificent Ambersons (1942), Mrs. Parkington (1944), Johnny Belinda (1948) et Hush
Hush, Sweet Charlotte (1964). Elle est également connue pour la piÚce radiophonique Sorry, Wrong Number (1943).

Elle a Ă©tĂ© acclamĂ©e pour son rĂŽle d’Endora dans Bewitched (Ma sorciĂšre bien aimĂ©e), qu’elle a interprĂ©tĂ© de 1964 Ă  1972. Une performance qui lui a valu six nominations aux Primetime Emmy Awards dans la catĂ©gorie meilleur second rĂŽle fĂ©minin dans une sĂ©rie comique. Pour son rĂŽle dans la sĂ©rie western The Wild Wild West, elle a remportĂ© le Primetime Emmy Award du meilleur second rĂŽle fĂ©minin dans une sĂ©rie dramatique.

Jeunesse

Agnes Robertson Moorehead est nĂ©e le 6 dĂ©cembre 1900 Ă  Clinton, Massachusetts, fille de l’ancienne chanteuse Mary (nĂ©e McCauley), qui avait 17 ans lorsqu’elle est nĂ©e, et du pasteur presbytĂ©rien John Henderson Moorehead.

Agnes avait donc des origines anglaises, irlandaises, Ă©cossaises et galloises. Agnes a prĂ©tendu plus tard ĂȘtre nĂ©e en 1906 pour paraĂźtre plus jeune pour ses rĂŽles d’actrice.

Elle se souvenait de sa premiĂšre performance publique Ă  l’Ăąge de trois ans, lorsqu’elle rĂ©citait le Notre PĂšre dans l’Ă©glise de son pĂšre. La famille a dĂ©mĂ©nagĂ© Ă  St. Louis, Missouri, et son ambition de devenir actrice a grandi « trĂšs fort ». Sa mĂšre encourageait son imagination dĂ©bordante, lui demandant souvent : « Qui es-tu aujourd’hui, Agnes ?« , pendant que Agnes et sa jeune sƓur Peggy (nĂ©e Margaret Ann) s’adonnaient Ă  la mimique. Cela impliquait de venir Ă  table et d’imiter les paroissiens de leur pĂšre ; elles Ă©taient encouragĂ©s par les rĂ©actions amusĂ©es de leurs parents.

La jeune Agnes Moorehead a rejoint le chƓur de la St. Louis Municipal Opera Company, connue sous le nom de « The Muny« . En plus de son intĂ©rĂȘt pour le jeu d’acteur, elle a dĂ©veloppĂ© un intĂ©rĂȘt durable pour la religion ; plus tard, des acteurs tels que Dick Sargent se souvenaient que Moorehead arrivait sur le plateau avec « la Bible dans une main et le script dans l’autre ».

Elle a obtenu son baccalaurĂ©at en 1923, avec une spĂ©cialisation en biologie au Muskingum College Ă  New Concord, Ohio. Pendant ses Ă©tudes, elle est Ă©galement apparue dans des piĂšces de théùtre universitaires. Elle a plus tard reçu un doctorat honorifique en littĂ©rature en 1947, et a siĂ©gĂ© pendant un an Ă  son conseil d’administration du Muskingum College.

Lorsque sa famille a dĂ©mĂ©nagĂ© Ă  Reedsburg, Wisconsin, elle a enseignĂ© dans une Ă©cole publique pendant cinq ans Ă  Soldiers Grove, tout en obtenant un master en anglais Ă  l’UniversitĂ© du Wisconsin. Elle a ensuite poursuivi des Ă©tudes Ă  l’American Academy of Dramatic Arts, dont elle est diplĂŽmĂ©e avec mention en 1929. Moorehead a Ă©galement reçu un doctorat honorifique de l’UniversitĂ© Bradley Ă  Peoria, Illinois.

La carriĂšre d’actrice

La carriĂšre d’actrice d’Agnes Moorehead au dĂ©but Ă©tait instable, et bien qu’elle ait rĂ©ussi Ă  trouver du travail sur scĂšne, elle Ă©tait souvent au chĂŽmage. Elle se souviendra plus tard ĂȘtre restĂ©e quatre jours sans manger et a dĂ©clarĂ© que cela lui avait appris « la valeur d’un dollar ».

Elle a fini par trouver du travail Ă  la radio et a rapidement Ă©tĂ© demandĂ©e, travaillant souvent sur plusieurs Ă©missions en une seule journĂ©e. Elle pensait que cela lui offrait une excellente formation et lui permettait de dĂ©velopper sa voix pour crĂ©er une variĂ©tĂ© de personnages diffĂ©rents. Agnes a ensuite rencontrĂ© l’actrice Helen Hayes, qui l’a encouragĂ©e Ă  faire du cinĂ©ma, mais ses premiĂšres tentatives ont Ă©tĂ© des Ă©checs.

Helen Hayes (1931)

Lorsqu’elle a Ă©tĂ© rejetĂ©e comme n’ayant pas « le bon type », Moorehead est retournĂ©e Ă  la radio.

En 1937, Moorehead a rejoint les Mercury Players d’Orson Welles, en tant que l’une de ses principales interprĂštes aux cĂŽtĂ©s de Joseph Cotten.

Elle a joué dans des adaptations radiophoniques The Mercury Theatre on the Air et avait un rÎle régulier aux cÎtés de Welles dans le feuilleton The Shadow en tant que Margo Lane.

En 1939, Welles a dĂ©mĂ©nagĂ© le Mercury Theatre Ă  Hollywood, oĂč il a commencĂ© Ă  travailler pour RKO Pictures. Plusieurs de ses interprĂštes radio l’ont rejoint, et Moorehead a fait ses dĂ©buts au cinĂ©ma en tant que mĂšre du Charles Foster Kane, dans Citizen Kane (1941).

Moorehead Ă©tait aussi prĂ©sente dans le deuxiĂšme film de Welles, The Magnificent Ambersons (1942), et a reçu le New York Film Critics Award ainsi qu’une nomination aux Academy Awards pour sa performance. Elle est Ă©galement apparue dans Journey Into Fear (1943), une production cinĂ©matographique de Mercury.

Elle a reçu éloges pour sa performance dans Mrs. Parkington (1944), ainsi que le Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rÎle et une nomination aux Academy Awards.

Agnes Moorehead a jouĂ© un autre rĂŽle fort dans The Big Street (1942) avec Henry Fonda et Lucille Ball, puis est apparue dans deux films qui n’ont pas trouvĂ© leur public, Government Girl (1943) avec Olivia de Havilland et The Youngest Profession (1944) avec la jeune Virginia Weidler.

Mariages et vie privée

En 1930, Agnes Moorehead a Ă©pousĂ© l’acteur John « Jack » Griffith Lee ; ils ont divorcĂ© un an aprĂšs avoir adoptĂ© un garçon nommĂ© Sean en 1952. Elle a Ă©pousĂ© l’acteur Robert Gist en 1954, et ils ont divorcĂ© en 1958.

    Le dĂ©cĂšs la sƓur d’AgnĂšs : Margaret Ann « Peggy » Moorehead

    Margaret Ann Moorehead Ă©tait la jeune sƓur d’Agnes Moorehead. Contrairement Ă  sa sƓur, Margaret ( ou Peggy comme on l’appelait) s’est orientĂ©e vers la profession d’infirmiĂšre. On dit qu’au moment de sa mort, elle travaillait Ă  New York mais Ă©tait rentrĂ©e chez elle dans le comtĂ© de Hamilton, Ohio, juste avant de dĂ©cĂ©der en 1929. Elle aurait Ă©tĂ© victime d’une crise cardiaque massive, apparemment Ă  la suite du dĂ©part d’un homme. Elle est dĂ©cĂ©dĂ©e Ă  l’hĂŽpital de Miamisburg Ă  7h50 du matin.

    ll semble bien que Margaret soit dĂ©cĂ©dĂ©e de sa propre main. Il s’agirait en fait d’un empoisonnement au bichlorure de mercure et le coroner l’a qualifiĂ© de suicide.

    D’aprĂšs une cousine Ă©loignĂ©e, il semble qu’entre 1925 et son dĂ©mĂ©nagement Ă  Dayton Ă  l’automne 1928, Margaret a frĂ©quentĂ© l’universitĂ© pour devenir infirmiĂšre. Mais il n’existe pas de trace d’un diplĂŽme qu’elle aurait pu obtenir, ni mĂȘme de trace qu’elle a rĂ©ellement exercĂ© en tant qu’infirmiĂšre.



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    Commentaires

    6 rĂ©ponses Ă  “Agnes Moorehead”

    1. Avatar de princecranoir

      Une actrice dont on ne garde pour l’essentiel que sa prestation de belle-mĂšre sorciĂšre pour la tĂ©lĂ©. Il ne faut pas oublier en effet qu’elle donna une prestation mĂ©morable pour Welles dans « The Magnificent Ambersons ».
      J’ignorais tout de son parcours prĂ©cĂ©dent, merci pour ce beau reportage. Merci aussi pour ces trĂšs beaux portraits Ă©galement de cette actrice au regard ensorcelant.
      https://letourdecran.wordpress.com/2020/12/27/la-splendeur-des-amberson/

      1. Avatar de Iso

        En faisant les recherches sur AgnĂšs et sur sa filmo on n’a qu’une envie c’est de voir ou revoir ces bijoux de l’histoire du cinĂ©ma, mĂȘme le controversĂ©  »Conqueror » avec John Wayne… J’ai dĂ©couvert qu’elle a mĂȘme fait un Ă©pisode de Twilight Zone… Actrice fascinante et terriblement douĂ©e… Et quelle prĂ©sence, quel regard. C’est absolument incroyable qu’elle n’ait pas percĂ© dans le cinĂ©ma avant les annĂ©es 40…

        1. Avatar de princecranoir

          Je ne me souviens pas de ce film avec John Wayne. Par contre, l’Ă©pisode de Twilight Zone signĂ© Richard Matheson, formidable !

          1. Avatar de Iso

            The Conqueror… Avec John Wayne dans le rĂŽle de Gengis Khan (https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Le_Conqu%C3%A9rant_(film))… Un film qui serait responsable des cancers qui ont emportĂ© pas loin de 40 ou 50 membres de l’Ă©quipe de tournage. Dont John Wayne et Agnes Moorehead.

            1. Avatar de princecranoir

              Mais oui, bien sĂ»r ! Je n’avais pas le titre anglais. Pas un trĂšs bon film d’ailleurs. Mais effectivement, il aura coĂ»tĂ© cher Ă  Agnes et au Duke.

    2. Avatar de Justin Busch

      Super article ! Je suis grand fan d’Orson Welles, mais elle ne jouait pas dans Dossier secret ou La Soif du mal, mes prĂ©fĂ©rĂ©s chez lui, alors je ne me rendais pas du tout compte de leur association.