Voici encore une série TV dont je me referais avec grand plaisir le visionnage : Les Nouvelles Aventures de Vidocq.
C’Ă©tait une sĂ©rie qui n’a comptĂ© que deux saisons et treize Ă©pisodes de 55 minutes. Elle a Ă©tĂ© créée par Georges Neveux et Marcel Bluwal, et diffusĂ©e au dĂ©part entre 1971 et 1973. Elle a connu quelques rediffusions dans les annĂ©es suivantes, c’est pour cela que certains s’en souviennent encore.
Bluwal et Neveux avaient dĂ©jĂ rĂ©alisĂ© quatre ans auparavant une autre sĂ©rie intitulĂ©e Vidocq avec Bernard NoĂ«l dans le rĂŽle-titre. C’Ă©tait en noir & blanc, et elle est moins bien connue.

Le pitch des Nouvelles Aventures de Vidocq
La sĂ©rie s’inspire des mĂ©moires d’EugĂšne-François Vidocq, et met en scĂšne les aventures de cet ancien bagnard devenu policier au dĂ©but du XIXe siĂšcle.

Dans ces nouvelles aventures, Vidocq se heurte à une ravissante « baronne », redoutable chef de bande.

Les affaires confiées à Vidocq ne sont pas seulement des affaires policiÚres, mais également des affaires délicates, des affaires politiques, voire diplomatiques.
La sĂ©rie Ă©tait ainsi prĂ©sentĂ©e dans l’Ă©dition Gallimard (1973) :
« S’Ă©vader du bagne, se retrouver chef de la SĂ»retĂ©, accepter des missions policiĂšres et politiques de plus en plus importantes, mais se savoir menacĂ© chaque jour d’ĂȘtre remis aux fers en cas d’Ă©chec, telle est l’incroyable et pourtant vĂ©ridique histoire de Vidocq. Ce gĂ©ant hĂąbleur et gĂ©nial [âŠ] s’est volontairement enveloppĂ© d’un halo de lĂ©gendes, ce qui a permis Ă Georges Neveux d’Ă©crire ses nouvelles aventures et Ă Marcel Bluwal de les rĂ©aliser Ă la tĂ©lĂ©vision avec beaucoup de succĂšs. [âŠ] Si on projetait un jour, et Ă la file, les vingt-six Ă©pisodes [les treize Ă©pisodes de Vidocq et les treize Ă©pisodes des Nouvelles Aventures de Vidocq] (et la projection complĂšte durerait dix-neuf heures), on s’apercevrait que l’auteur s’est ingĂ©niĂ© Ă suivre la succession des Ă©vĂ©nements et que l’arriĂšre-plan de cet ensemble forme une espĂšce de fresque exacte et continue de l’histoire française entre 1792 et 1825. »
Le casting

Le casting de la sĂ©rie est particuliĂšrement savoureux, avec quelques bonnes gueules d’acteurs des annĂ©es 60 et 70.
- Claude Brasseur : François Vidocq
- DaniÚle Lebrun : la baronne Roxane de Saint-Gély
- Marc Dudicourt : l’inspecteur Flambart
- Jacques Seiler : Louis Desfossés
Les 13 Ăpisodes
PremiĂšre saison (1971)
La caisse de fer :
Vidocq, pour qui un service vient d’ĂȘtre créé (la SĂ»retĂ©), doit innocenter DesfossĂ©s, son ancien compagnon de chaĂźne, soupçonnĂ© de l’assassinat d’un rentier. Et Vidocq doit rĂ©cupĂ©rer des lettres compromettantes pour Pauline BorghĂšse (sĆur de NapolĂ©on), interceptĂ©es par FouchĂ©. Vidocq dĂ©couvre que le rentier soi-disant assassinĂ© Ă©tait un agent de FouchĂ©. Et il retrouve ce rentier vivant ! Conclusion : les lettres se trouvent Ă la place du corps dans le cercueil. Mais Vidocq est capturĂ© par la bande d’une certaine baronne de Saint-GĂ©ly qui, elle aussi, veut s’emparer des lettresâŠ

Les trois crimes de Vidocq :
Vidocq, accusĂ© de l’assassinat de deux Ă©trangers, est incarcĂ©rĂ©. Il doit s’Ă©vader et retrouver le vrai coupable. Il dĂ©couvre que les deux Ă©trangers ont fait des versements importants Ă une Ćuvre de « bienfaisance ». C’est la baronne qui dirige cette bien Ă©trange sociĂ©tĂ©. Et c’est elle qui, avec la complicitĂ© de deux policiers vĂ©reux, rançonne de riches Ă©trangers et utilise un faux Vidocq pour brouiller les pistes. Le vrai Vidocq se fait alors passer pour un riche Ă©tranger. Il ne tarde pas Ă ĂȘtre arrĂȘtĂ© et emprisonnĂ©. Et il reçoit la visite du pseudo-Vidocq qui lui offre de le libĂ©rer moyennant une forte indemnitĂ©âŠ
Les chevaliers de la nuit :
Le coffre-fort de la banque oĂč Ă©tait dĂ©posĂ© le Collier Rose de l’impĂ©ratrice JosĂ©phine a Ă©tĂ© Ă©ventrĂ©, le collier a disparu. Vidocq, arrĂȘtĂ© par deux faux policiers et emprisonnĂ© Ă la place du perceur de coffres, doit une fois de plus s’Ă©vader. C’est la baronne qui a volĂ© et cachĂ© le collier, espĂ©rant le vendre aux princes rĂ©fugiĂ©s Ă Londres. Mais Vidocq acquiert la conviction que l’agent des Bourbons, qui a voulu s’embarquer pour l’Angleterre, n’a pas encore emportĂ© le collier. Vidocq, lors d’une soirĂ©e Ă la Malmaison oĂč il se fait passer pour un cĂ©lĂšbre magicien, tente de faire rĂ©apparaĂźtre le collierâŠ
Les chauffeurs du nord :
Vidocq doit mettre fin aux « exploits » de bandes de brigands qui pillent et terrorisent toute une rĂ©gion. Pour enquĂȘter dans le village le plus menacĂ©, il prend l’allure d’un jeune homme timide, chasseur de papillons. Il ne tarde pas Ă dĂ©couvrir que le soi-disant maire du village n’est autre que le capitaine d’une bande de chauffeurs. La nuit, Vidocq neutralise la jolie Sylvia qui Ă©tait chargĂ©e de le surveiller. S’enduisant le visage de suie, il rejoint les chauffeurs qui partent attaquer une ferme. Il sĂšme parmi eux la confusion et la zizanie. Il se fait passer ensuite pour le capitaine Lenoir, le chef d’une bande rivaleâŠ
Ăchec Ă Vidocq :
L’empereur a abdiquĂ©, c’est la panique dans les ministĂšres. Savary confie Ă Vidocq les dossiers de certains Ă©migrĂ©s mais Vidocq est assommĂ© et les dossiers sont dĂ©robĂ©s. Parti enquĂȘter en Bretagne, Vidocq dĂ©couvre qu’un aubergiste assassine des Ă©migrĂ©s pour le compte d’une organisation qui rĂ©cupĂšre ainsi leurs biens. C’est la baronne qui dirige cette organisation. L’inspecteur Flambart est logĂ© chez elle, ce qui la rend insoupçonnable. RentrĂ© Ă Paris, Vidocq doit dĂ©masquer un prĂ©tendu comte, en rĂ©alitĂ© un Ă©vadĂ© du bagne qui travaille pour la baronne. Il se fait engager chez lui comme cocherâŠ
Les banquiers du crime :
NapolĂ©on a quittĂ© l’Ăźle d’Elbe. On ne sait qui va diriger la France : le roi ou l’empereur ? On veut se dĂ©barrasser de Vidocq qui a aidĂ© FouchĂ© Ă s’enfuir. On l’envoie enquĂȘter Ă Toulon oĂč les bagnards s’entretuent. Vidocq dĂ©couvre que des bagnards ont confiĂ© « leur » argent – l’argent qu’ils ont volĂ© – aux « compagnons du trĂ©sor », une sociĂ©tĂ© secrĂšte que dirige la baronne. Les forçats qui, Ă leur sortie du bagne, viennent rĂ©clamer leur dĂ», sont envoyĂ©s au fond de l’eau. Vidocq trouve la cachette du « trĂ©sor » dans un cimetiĂšre mais il est arrĂȘtĂ©. Pour s’Ă©vader, il se dĂ©guise en prĂ©sident de tribunalâŠ

DeuxiĂšme saison (1973)
La bande Ă Vidocq :
Pendant les Cent-Jours, de faux billets de banque circulent. Un prĂ©tendu faussaire est arrĂȘtĂ© et condamnĂ© Ă mort en dĂ©pit du tĂ©moignage de Vidocq. Et il refuse de s’Ă©vader. Vidocq parvient Ă retarder l’exĂ©cution – en faisant « enlever » la guillotine (!) – et s’allie Ă la pĂšgre parisienne pour retrouver les vĂ©ritables faussaires. Ce sont les royalistes qui ont remplacĂ© la planche Ă billets de la Banque de France par une fausse. Vidocq part en VendĂ©e pour rĂ©cupĂ©rer la vraie planche, accompagnĂ© de la baronne. Celle-ci a Ă©tĂ© chargĂ©e par FouchĂ© d’introduire Vidocq dans le camp chouan. Mais Vidocq se mĂ©fie d’elle : ne va-t-elle pas encore une fois le trahir ?âŠ
Les assassins de l’empereur :
Vidocq et la baronne filent le parfait amour, mais la baronne disparaĂźt soudain. Vidocq est chargĂ© par FouchĂ© de veiller Ă la protection de NapolĂ©on, contre qui un attentat se trame. Vidocq part vers le nord, lĂ oĂč NapolĂ©on va livrer la bataille dĂ©cisive. Vidocq est accompagnĂ© d’un sosie de l’empereur, champion du lancer de poignard, censĂ© dĂ©tourner l’attention des assassins. Ce sosie, soi-disant victime d’une tentative d’empoisonnement puis enlevĂ©, se rĂ©vĂšle ĂȘtre le conjurĂ© dĂ©signĂ© pour assassiner NapolĂ©on. Vidocq sauve la vie de l’empereur puis retourne Ă Paris pour dĂ©couvrir l’identitĂ© du chef de la conjurationâŠ
Les bijoux du roi :
L’empereur a abdiquĂ©. FouchĂ©, bien dĂ©cidĂ© Ă rester ministre, charge Vidocq de ramener Ă Paris les bijoux du roi. Vidocq part pour la Belgique. RefoulĂ©, menacĂ© de mort, poursuivi, il se rĂ©fugie chez la baronne mais elle l’Ă©loigne et essaie une fois de plus de le tuer. Il n’a d’autre ressource que de voler lui-mĂȘme les joyaux en dĂ©tournant le fourgon qui les transporte de Gand Ă Paris. Mais le coffre ne contient que de vulgaires cailloux. C’est la baronne, Ă qui le roi avait confiĂ© la vente des bijoux, qui les a gardĂ©s pour elle. Vidocq veut retrouver les bijoux pour les restituer au roi. Mais il est arrĂȘtĂ© Ă Anvers et il va ĂȘtre passĂ© par les armesâŠ
Vidocq et l’archange :
Decazes a remplacĂ© FouchĂ© comme ministre de la police. Vidocq, qui n’est plus chef de la SĂ»retĂ©, est averti qu’un complot se trame contre le roi : des ultras veulent remplacer Louis XVIII par son frĂšre Charles. Le chef de la conjuration n’est autre que la baronne. Pour arriver Ă ses fins, elle compte se servir d’un guĂ©risseur Ă qui un archange apparaĂźt la nuit – un archange qui ressemble fort à ⊠la baronne (!) -. Vidocq, capturĂ© et retenu prisonnier par la baronne, s’Ă©chappe et veut tenter d’empĂȘcher l’attentat qui se prĂ©pare contre le roi. Mais il tombe entre les mains de l’occupant autrichien qui menace de le fusillerâŠ
Les deux colonels :
Un ancien forçat est assassinĂ© parce qu’il a reconnu, en la personne d’un colonel de l’armĂ©e, un bagnard Ă©vadĂ©. Vidocq s’infiltre dans l’organisation de ce colonel. Il a affaire Ă des cambrioleurs mais aussi Ă des espions : les marchandises volĂ©es Ă Paris sont Ă©coulĂ©es Ă Londres et inversement⊠mais, le plus souvent, ce sont des papiers confidentiels qui sont volĂ©s. Un secrĂ©taire d’ambassade veut interdire Ă Vidocq de s’occuper de l’affaire. C’est lui le chef du rĂ©seau. Quant au soi-disant colonel, on lui a substituĂ©, au bagne de Toulon, le vrai colonel devenu fou. Vidocq va tenter d’opĂ©rer la substitution inverseâŠ
L’Ă©pingle noire :
Un an aprĂšs la mort de NapolĂ©on, Vidocq doit faire cesser les duels trop frĂ©quents entre royalistes et bonapartistes. Un chef bonapartiste local venu Ă Paris apporter de l’argent Ă ses dirigeants est provoquĂ© et tuĂ© dans un duel truquĂ©. DĂ©guisĂ© en homme d’affaires susceptible de financer la cause bonapartiste, Vidocq s’infiltre dans ce rĂ©seau qui prĂ©pare le retour en France de NapolĂ©on II. Les opposants ignorent qu’en adhĂ©rant Ă ce mouvement, ils se dĂ©noncent eux-mĂȘmes : la baronne, qui dirige un service secret de police politique, n’a plus qu’Ă les faire arrĂȘter. Vidocq veut les sauver. Mais il est Ă son tour provoquĂ© en duelâŠ
Vidocq et compagnie :
Le prĂ©fet de police, obĂ©issant Ă la ConfrĂ©rie des Vigilants, une sociĂ©tĂ© secrĂšte dont la baronne fait partie, congĂ©die Vidocq. Celui-ci, avec ses hommes, fonde une papeterie. Ils sont en butte Ă l’hostilitĂ© des gens des environs. Le notaire chargĂ© de la succession d’un riche banquier, est tuĂ© par un colis piĂ©gĂ©. Le cadavre d’un des clercs du notaire, vitriolĂ©, est trouvĂ© prĂšs de la papeterie. Vidocq, soupçonnĂ©, dĂ©couvre que les cadavres sont en rĂ©alitĂ© ceux de mendiants, volĂ©s Ă la morgue. Le notaire et ses deux clercs, bien vivants, ne sont autres que les grands maĂźtres de la ConfrĂ©rie Ă qui le banquier assassinĂ© a lĂ©guĂ© sa fortuneâŠ
DVD

Un coffret de 4 DVD (durĂ©e : 720 minutes), Ă©ditĂ© par l’INA, est paru le 5 novembre 2013. (https://boutique.ina.fr/dvd/PDTINA001859)
Le personnage de Vidocq
Il y a en effet beaucoup Ă dire sur Vidocq.
EugĂšne-François Vidocq, nĂ© 1775, mort Ă Paris en 1857. Vidocq Ă©tait un aventurier, successivement dĂ©linquant, bagnard, indicateur puis policier et enfin vers la fin de sa vie dĂ©tective privĂ©, inventeur, confĂ©rencier et bien d’autres choses.
Forçat Ă©vadĂ© du bagne, il devient chef de l’officieuse « brigade de sĂ»retĂ© » de la prĂ©fecture de police de Paris, puis fonde une agence qui ressemble fortement Ă ce qu’on l’on connait aujourd’hui comme agence de dĂ©tectives privĂ©s.
La série TV des nouvelles aventures de Vidocq semble se concentrer sur les années 1811-1822.
Vidocq est presque devenu un personnage lĂ©gendaire de son vivant, et par la suite trĂšs vite une source d’inspiration pour des auteurs de fictions au 19Ăšme siĂšcle (Balzac, Hugo, par exemple). Mais on peut Ă©galement se rendre compte que ce personnage d’ancien criminel, spĂ©cialiste de l’Ă©vasion, du dĂ©guisement qui devient ensuite policier se retrouve aussi un peu dans Artemus Gordon (les mystĂšres de l’Ouest), dans Templeton Peck (Agence Tout Risques) ou mĂȘme dans ArsĂšne Lupin…