Figure inoubliable des Années folles, Louise Brooks a traversé le cinéma muet comme une comÚte. Sa coupe au carré est devenue une légende, ses films européens des jalons, et sa vie un mélange de révolte et de marginalité. Entre mythe visuel et destin brisé, elle fascine encore.
Biographie
Enfance
Mary Louise Brooks naĂźt le 14 novembre 1906 Ă Cherryvale, Kansas. Son pĂšre, Leonard Porter Brooks, est avocat ; sa mĂšre, Myra Rude, pianiste. Lâenfance de Louise est marquĂ©e par une certaine nĂ©gligence parentale : son pĂšre se rĂ©fugie dans les livres, sa mĂšre dans la musique. Ă 9 ans, elle est victime dâagressions sexuelles par un voisin, un traumatisme quâelle reconnaĂźtra plus tard comme fondateur de sa difficultĂ© Ă aimer et Ă faire confiance.
CarriĂšre
DÚs 15 ans, elle intÚgre la troupe de danse moderne Denishawn à New York, dirigée par Ruth St. Denis et Ted Shawn. Renvoyée en 1924 aprÚs un conflit, elle rejoint Broadway et les revues des Scandals puis les prestigieuses Ziegfeld Follies.
Louise chez les Ziegfeld Follies
AprĂšs son renvoi brutal de la compagnie Denishawn en 1924, Louise Brooks se tourne vers Broadway. Elle trouve dâabord une place dans les George Whiteâs Scandals, puis, dĂšs 1925, intĂšgre les prestigieuses Ziegfeld Follies. Sur cette scĂšne fastueuse, oĂč se mĂȘlent numĂ©ros de danse, humour et extravagance visuelle, elle attire rapidement lâattention par son allure singuliĂšre et son magnĂ©tisme. Câest lĂ quâelle croise des figures majeures du spectacle, dont W.C. Fields, quâelle retrouvera plus tard Ă lâĂ©cran, et quâelle fait parler dâelle dans la presse mondaine, notamment Ă cause dâune liaison remarquĂ©e avec Charlie Chaplin. Son passage aux Follies est bref mais dĂ©cisif : il transforme la jeune danseuse en vedette en devenir et lui ouvre les portes dâHollywood, oĂč la Paramount lâinvite Ă passer ses premiers essais.







Sa beautĂ© singuliĂšre attire Hollywood : elle signe un contrat avec Paramount en 1925. Elle apparaĂźt dans une quinzaine de films muets amĂ©ricains, dont Itâs the Old Army Game (1926) et Beggars of Life (1928).






En 1928, en dĂ©saccord avec Paramount, elle refuse de tourner des scĂšnes parlĂ©es pour The Canary Murder Case. Le studio la discrĂ©dite et elle se tourne vers lâEurope. En Allemagne, G.W. Pabst lâengage : elle tourne Loulou (1929) et Le Journal dâune fille perdue (1929), puis en France Prix de beautĂ© (1930). Ces trois films, jugĂ©s sulfureux et novateurs, marqueront sa postĂ©ritĂ©.









Revenue aux Ătats-Unis, elle ne parvient pas Ă sâimposer dans le cinĂ©ma parlant. Elle tourne encore quelques films jusquâen 1938, puis abandonne le cinĂ©ma.
Vie privée
Louise Brooks épouse briÚvement le réalisateur Eddie Sutherland en 1926, mais le mariage échoue rapidement. Connue pour son franc-parler, son indépendance et sa vie amoureuse libre, elle entretient plusieurs liaisons, notamment avec Charlie Chaplin. Elle refuse souvent de se plier aux codes hollywoodiens, ce qui accentue sa marginalisation.
Fin de vie
AprÚs avoir quitté Hollywood, elle vit une période difficile : petits emplois, enseignement de danse, ventes de bijoux, précarité. à partir des années 1950, elle se réinvente comme écrivaine et critique de cinéma, soutenue financiÚrement par William Paley, patron de CBS. Installée à Rochester, prÚs de la George Eastman House (musée Kodak), elle écrit des essais sur le cinéma (Lulu in Hollywood, 1982). Elle meurt le 8 août 1985 à 78 ans.
Ćuvres marquantes
- Loulou (Die BĂŒchse der Pandora, 1929) â rĂŽle emblĂ©matique de Lulu, adaptĂ© de Frank Wedekind.
- Le Journal dâune fille perdue (Tagebuch einer Verlorenen, 1929).
- Prix de beauté (1930), film français réalisé par Augusto Genina.
- Aux Ătats-Unis : Itâs the Old Army Game (1926), A Girl in Every Port (1928), Beggars of Life (1928).






Personnalité
Louise Brooks est dĂ©crite comme indĂ©pendante, rĂ©voltĂ©e et intransigeante avec les studios. Elle refuse de cĂ©der aux compromis et sâoppose Ă lâhypocrisie hollywoodienne. Ses mĂ©moires et articles rĂ©vĂšlent une plume acĂ©rĂ©e, ironique, parfois amĂšre. Son allure â coupe au carrĂ© noire, silhouette androgyne â en a fait une icĂŽne de mode durable.
Ce que lâon retient
- Une icĂŽne visuelle : son carrĂ© noir est devenu un symbole des annĂ©es folles et de lâesthĂ©tique flapper.
- Une carriĂšre brĂšve mais marquante : câest surtout en Europe quâelle trouve ses rĂŽles immortels.
- Une renaissance critique : oubliĂ©e aux Ătats-Unis, elle est redĂ©couverte grĂące Ă Henri Langlois et la CinĂ©mathĂšque française dans les annĂ©es 1950.
- Une lĂ©gende du cinĂ©ma muet : aujourdâhui, son image survit plus que sa filmographie, incarnant Ă la fois la modernitĂ© et la fragilitĂ© dâune gĂ©nĂ©ration.
Inspiration et utilisation en JdR
Louise Brooks peut servir de source dâinspiration dans diffĂ©rents contextes de jeu :
- PNJ icĂŽne des AnnĂ©es Folles : dans LâAppel de Cthulhu (version 1920), une actrice amĂ©ricaine mystĂ©rieuse, reconnue dans les milieux berlinois ou parisiens, croisĂ©e lors dâune enquĂȘte mondaine ou artistique.
- Moteur de scĂ©nario : autour du tournage de Loulou ou du Journal dâune fille perdue, les investigateurs pourraient ĂȘtre tĂ©moins dâĂ©vĂ©nements occultes, liĂ©s Ă lâexpressionnisme allemand, aux cercles dâartistes et aux dĂ©cadences berlinoises.
- Inspiration visuelle : son apparence (coupe au carrĂ©, allure androgyne) est parfaite pour crĂ©er des PNJ marquants â danseuses, espionnes, courtisanes, ou figures surnaturelles.
- Campagnes alternatives : dans un cadre uchronique, imaginer quâelle poursuit sa carriĂšre dans le parlant et devient une actrice influente, ou quâelle disparaĂźt mystĂ©rieusement aprĂšs un tournage europĂ©en.

