Il y a des séries qui traversent les décennies dans un quasi-anonymat, et pourtant, elles recèlent des trésors d’inspiration pour le jeu de rôle. Le soleil se lève à l’est est de celles-là. Diffusée en 1974 sur la télévision française, cette série historique nous plonge dans les aventures de Jean-François Allard, militaire français devenu général au service du maharaja de Lahore.
Une série oubliée, un potentiel rôliste insoupçonné
Dans un précédent numéro du Bulletin Galactique, on explorait l’année 1832, et de fil en aiguille, on y redécouvrait cette vieille série TV, comme La Nouvelle Malle des Indes. Un sympathique membre de notre groupe de mégas nous a rappelé l’existence de cette mini-série oubliée : Le Soleil se lève à l’Est. Un petit abonnement au site de streaming de l’INA (madelen) et hop, à nous les épisodes.

Les premiers visionnages donnent rapidement l’impression de retrouver un feuilleton d’aventures d’un autre temps, avec ce charme désuet des productions télévisées des années 70. Les décors et costumes, plutôt réussis, contribuent à une atmosphère unique, teintée d’une certaine poésie visuelle. La série prend des libertés avec la réalité historique, mais c’est ce qui en fait aussi son charme.




Des décors soignés, mais des personnages très romancés
Les décors, costumes et paysages de la série sont particulièrement réussis, mais c’est bien du côté des intrigues et des personnages qu’on sent le plus de libertés. Jean-François Allard et Jean-Baptiste Ventura, figures historiques réelles, sont ici transformés en héros d’aventures romanesques.




La série privilégie l’exotisme et la fresque colorée, avec des rebondissements souvent improbables. Ce côté romancé donne une saveur unique, mais éloigne de la réalité historique, surtout concernant les personnalités des deux aventuriers.


La volonté de transformer Allard et Ventura en figures presque légendaires s’inscrit dans une tradition d’aventures exotiques.


Les relations entre les personnages sont également surjouées, souvent pour accentuer le côté épique des péripéties. C’est un choix scénaristique discutable historiquement, mais qui donne un élan romanesque indéniable.
En savoir plus sur la série : https://tantdesaisons.wordpress.com/2015/04/17/le-soleil-se-leve-a-lest-france-1974/
Inspiration JdR : Utiliser la version romancée
Plutôt que de chercher à faire coller les faits réels, autant embrasser cette version fictive. La série offre un cadre prêt à l’emploi pour une campagne dans un monde teinté d’aventures coloniales. On peut facilement transposer ce contexte dans une partie de Mega 5e Paradigme, en exploitant cette ambiance d’uchronie.


Pourquoi ne pas imaginer qu’un voyageur temporel ait modifié le cours des événements, en poussant Allard à devenir un chef militaire influent ? Les Megas pourraient ainsi découvrir une dimension où Allard tenterait de devenir un « roi-soldat » en Inde, influencé par un voyageur dimensionnel cherchant à remodeler l’histoire pour ses propres intérêts.


Ou alors, plus cohérent avec la personnalité d’Allard dans la série : faire évader l’Empereur Napoléon de Saint-Hélène grâce à la nouvelle force militaire du Penjab. Explorer les montagnes du Cachemire ou de l’Himalaya, à la recherche d’artefacts cachés, pourrait également offrir des pistes de scénario. Les tensions entre la France et l’Angleterre sont aussi un fil conducteur à exploiter, avec Allard et Ventura cherchant à chasser les Anglais d’Inde.


Pourquoi jouer avec ces réalités alternatives ?
Ce qui rend cette série fascinante pour le jeu de rôle, c’est sa capacité à nous projeter dans une version fantasmée de l’Histoire. Là où la série transforme juste les personnages, dans un cadre JdR, on peut aller plus loin et transformer l’histoire elle-même. Il est cependant crucial de ne pas trop s’éloigner du contexte historique, pour garder une cohérence narrative.
Cette période du début du 19ème siècle est relativement facile à adapter : on oscille entre aventures western, style « cape et épée » et une touche de steampunk. Le côté romanesque permet aussi d’explorer le décalage entre perception et réalité, et d’interroger la manière dont les récits façonnent notre compréhension de l’Histoire. Jouer avec ces récits offre des intrigues complexes, où les personnages doivent démêler le vrai du faux dans une Histoire presque déjà mythifiée.
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