Wong Liu Tsong est plus connue sous le nom d’Anna May Wong. C’est une actrice amĂ©ricaine, considĂ©rĂ©e comme la premiĂšre star de cinĂ©ma sino-amĂ©ricaine Ă  Hollywood. Elle est aussi la premiĂšre actrice sino-amĂ©ricaine Ă  obtenir une reconnaissance internationale. Sa carriĂšre variĂ©e a couvert le cinĂ©ma muet, le film sonore, la tĂ©lĂ©vision, la scĂšne et la radio.

Anna May Wong

Anna May Wong est aussi une des premiĂšres femmes reprĂ©sentĂ©es au verso d’un piĂšce de monnaie (le quart dans la sĂ©rie des quarts des femmes amĂ©ricaines 2022-2025), elle est Ă©galement la premiĂšre AmĂ©ricaine d’origine asiatique Ă  apparaĂźtre sur une piĂšce de monnaie US.

NĂ©e Ă  Los Angeles de parents sino-amĂ©ricains Taishanais de deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration, Anna May s’est vite passionnĂ©e pour le cinĂ©ma et a commencĂ© Ă  jouer dans des films dĂšs son plus jeune Ăąge.

Anna May Wong

À l’Ăšre du cinĂ©ma muet, elle a jouĂ© dans The Toll of the Sea (1922), l’un des premiers films rĂ©alisĂ©s en couleur, et dans The Thief of Bagdad (Le Voleur de Bagdad en 1924) de Douglas Fairbanks.

Anna May Wong
Anna May Wong

Anna May Wong est devenue une icĂŽne de la mode et a atteint la cĂ©lĂ©britĂ© internationale dĂšs 1924. Anna May a Ă©tĂ© l’une des premiĂšres Ă  adopter le look Flapper (Ă  la Garçonne).

En 1934, la Mayfair Mannequin Society de New York l’a Ă©lue « la femme la mieux habillĂ©e du monde ». Dans les annĂ©es 1920 et 1930, Wong a Ă©tĂ© acclamĂ©e comme une icĂŽne de la mode.

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FrustrĂ©e par les rĂŽles stĂ©rĂ©otypĂ©s qu’elle a du jouer (Ă  contrecƓur) Ă  Hollywood, Wong part pour l’Europe en mars 1928, oĂč elle est la vedette de plusieurs piĂšces et films notables, dont Piccadilly (1929).

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Elle passe la premiĂšre moitiĂ© des annĂ©es 1930 Ă  voyager entre les États-Unis et l’Europe pour le cinĂ©ma et le théùtre. Anna May Wong est prĂ©sentĂ©e dans des films de la premiĂšre Ăšre du cinĂ©ma sonore, tels que Daughter of the Dragon (1931), Java Head (1934), Daughter of Shanghai (1937) et avec Marlene Dietrich dans le Shanghai Express (1932) de Josef von Sternberg.

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En 1935, Anna May Wong subit la plus grave déception de sa carriÚre, lorsque Metro-Goldwyn-Mayer refuse de la prendre pour le rÎle principal du personnage chinois O-Lan dans la version cinématographique de The Good Earth de Pearl S. Buck. La MGM lui préfÚre Luise Rainer pour jouer le rÎle principal, maquillée pour ressembler à une chinoise. La MGM fait faire des essais à Anna May Wong pour le rÎle de Lotus, la séductrice, mais il est difficile de savoir si elle a refusé le rÎle par principe ou si il lui a été refusé suite à son casting.

Wong passe l’annĂ©e suivante Ă  visiter la Chine, Ă  visiter le village ancestral de sa famille, Ă  Ă©tudier la culture chinoise et Ă  documenter son expĂ©rience sur film Ă  une Ă©poque oĂč les rĂ©alisatrices de premier plan Ă  Hollywood sont peu nombreuses.

À la fin des annĂ©es 1930, elle joue dans plusieurs films de sĂ©rie B pour la Paramount Pictures, dĂ©peignant les Chinois et les AmĂ©ricains d’origine chinoise sous un jour plus positif.

Anna May Wong

Elle accorde moins d’attention Ă  sa carriĂšre cinĂ©matographique pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle consacre son temps et son argent Ă  aider la cause chinoise contre le Japon. Anna May Wong revient plus tard dans les annĂ©es 1950 lors de plusieurs apparitions Ă  la tĂ©lĂ©vision.

En 1951, Anna May Wong entre dans l’histoire avec son Ă©mission de tĂ©lĂ©vision The Gallery of Madame Liu-Tsong, la toute premiĂšre Ă©mission de tĂ©lĂ©vision amĂ©ricaine mettant en vedette dans le rĂŽle titre d’une sĂ©rie amĂ©ricaine une actrice d’origine asiatique. Elle avait prĂ©vu de retourner au cinĂ©ma dans Flower Drum Song lorsqu’elle dĂ©cĂ©de en 1961, Ă  l’Ăąge de 56 ans, d’une crise cardiaque.

Pendant des dĂ©cennies aprĂšs sa mort, on se souvient principalement d’Anna May Wong pour les rĂŽles stĂ©rĂ©otypĂ©s de « Dragon Lady » et de sage « Butterfly » qu’on lui a souvent donnĂ©s. Sa vie et sa carriĂšre ont Ă©tĂ© réévaluĂ©es autour du centenaire de sa naissance, dans trois grandes Ɠuvres littĂ©raires et des rĂ©trospectives cinĂ©matographiques.

L’Enfance d’Anna May

Anna May Wong est née Wong Liu Tsong (Liu Tsong signifiant littéralement « givre de saule ») le 3 janvier 1905, sur Flower Street à Los Angeles, à un pùté de maisons au nord de Chinatown, dans une communauté intégrée de Chinois, Irlandais, Allemands et Résidents japonais. Elle était la deuxiÚme des sept enfants nés de Wong Sam-sing, propriétaire de la Sam Kee Laundry, et de sa deuxiÚme épouse Lee Gon-toy.

Les parents de Wong Ă©taient des AmĂ©ricains d’origine chinoise de deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration ; ses grands-parents maternels et paternels rĂ©sidaient aux États-Unis depuis au moins 1855. Son grand-pĂšre paternel, A Wong Wong, Ă©tait un marchand qui possĂ©dait deux magasins Ă  Michigan Bluffs, une rĂ©gion aurifĂšre du comtĂ© de Placer. Il Ă©tait venu de Chang On, un village prĂšs de Taishan, province du Guangdong, Chine, en 1853. Le pĂšre d’Anna May a passĂ© sa jeunesse Ă  voyager entre les États-Unis et la Chine, oĂč il a Ă©pousĂ© sa premiĂšre femme et eu un fils en 1890. Il est retournĂ© aux États-Unis Ă  la fin des annĂ©es 1890 et en 1901, tout en continuant Ă  subvenir aux besoins de sa famille en Chine, il a Ă©pousĂ© une seconde Ă©pouse, la mĂšre d’Anna May. La sƓur aĂźnĂ©e d’Anna May, Lew-ying (Lulu) est nĂ©e Ă  la fin de 1902 et Anna May en 1905, suivie de cinq autres enfants.

En 1910, la famille a dĂ©mĂ©nagĂ© dans un quartier de la rue Figueroa oĂč ils Ă©taient les seuls Chinois de leur quartier, vivant aux cĂŽtĂ©s de familles principalement mexicaines et d’Europe de l’Est. Les deux collines sĂ©parant leur nouvelle maison de Chinatown ont aidĂ© Wong Ă  s’assimiler Ă  la culture amĂ©ricaine. Elle a d’abord frĂ©quentĂ© l’Ă©cole publique avec sa sƓur aĂźnĂ©e, mais lorsque les filles sont devenues la cible de railleries raciales de la part d’autres Ă©lĂšves, elles ont dĂ©mĂ©nagĂ© dans une Ă©cole chinoise presbytĂ©rienne. Les cours Ă©taient dispensĂ©s en anglais, mais Wong frĂ©quentait une Ă©cole de langue chinoise l’aprĂšs-midi et le samedi.

À peu prĂšs Ă  la mĂȘme Ă©poque, la production cinĂ©matographique amĂ©ricaine a commencĂ© Ă  se dĂ©placer de la cĂŽte Est vers la rĂ©gion de Los Angeles. Des films Ă©taient constamment tournĂ©s dans et autour du quartier de Wong. Elle a commencĂ© Ă  aller dans les cinĂ©mas de Nickelodeon et est rapidement devenue obsĂ©dĂ©e par les « scintillements », manquant l’Ă©cole et utilisant l’argent du dĂ©jeuner pour aller au cinĂ©ma. Son pĂšre n’Ă©tait pas satisfait de son intĂ©rĂȘt pour les films, estimant que cela interfĂ©rait avec ses Ă©tudes, mais Wong a malgrĂ© tout dĂ©cidĂ© de poursuivre une carriĂšre cinĂ©matographique. À l’Ăąge de neuf ans, elle n’a cessĂ© de supplier les cinĂ©astes de lui confier des rĂŽles, ce qui lui a valu le surnom de « C.C.C. » ou « Curious Chinese Child« . À l’Ăąge de 11 ans, Wong avait trouvĂ© son nom de scĂšne d’Anna May Wong, formĂ© en joignant Ă  la fois ses noms anglais et de famille.

Les débuts de carriÚre

Anna May Wong travaille au Grand Magasin de la Ville de Paris Ă  Hollywood lorsque Metro Pictures a eu besoin de 300 figurants fĂ©minins pour apparaĂźtre dans le film d’Alla Nazimova La lanterne rouge (1919). À l’insu de son pĂšre, un de ses amis avec des relations avec le cinĂ©ma l’aide Ă  dĂ©crocher un rĂŽle non crĂ©ditĂ© en tant que figurante portant une lanterne.

Anna May Wong

Wong travaille rĂ©guliĂšrement pendant les deux annĂ©es suivantes en tant que figurant dans divers films, notamment Priscilla Dean et Colleen Moore. Alors qu’elle est encore Ă©tudiante, Wong contracte une maladie (la danse de Saint-Guy) qui lui fait manquer des mois d’Ă©cole. Elle est au bord de l’effondrement Ă©motionnel lorsque son pĂšre l’emmĂšne chez un praticien de la mĂ©decine traditionnelle chinoise. Les traitements s’avĂšrent efficaces, bien qu’Anna May Wong ait affirmĂ© plus tard que cela avait plus Ă  voir avec son aversion pour les mĂ©thodes.

Le confucianisme et en particulier le taoĂŻsme et les enseignements de Laozi ont une forte influence sur la philosophie personnelle de Wong tout au long de sa vie. La vie religieuse de la famille inclue Ă©galement la pensĂ©e chrĂ©tienne, sous la forme du presbytĂ©rianisme et, parvenue Ă  l’Ăąge adulte, Anna May rejoint la philosophie de scientifique chrĂ©tienne pendant un certain temps.

Ayant du mal Ă  suivre Ă  la fois son travail scolaire et sa passion, Wong abandonne le lycĂ©e de Los Angeles en 1921 pour poursuivre une carriĂšre d’actrice Ă  plein temps. RĂ©flĂ©chissant Ă  sa dĂ©cision, Wong dĂ©clare Ă  Motion Picture Magazine en 1931: « J’Ă©tais si jeune quand j’ai commencĂ© que je savais que j’avais encore de la jeunesse si j’Ă©chouais, alors j’ai dĂ©cidĂ© de me donner 10 ans pour rĂ©ussir en tant qu’actrice.« 

Anna May Wong

En 1921, Wong reçoit son premier crĂ©dit d’Ă©cran pour Bits of Life, le premier film d’anthologie, dans lequel elle joue l’Ă©pouse du personnage de Lon Chaney, Toy Ling, dans un segment intitulĂ© « Hop« . Elle s’en souviendra plus tard avec tendresse comme la seule fois oĂč elle a jouĂ© le rĂŽle d’une mĂšre ; son ​​apparition lui vaut une photo de couverture du magazine britannique Picture Show.

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À l’Ăąge de 17 ans, Wong joue son premier rĂŽle principal, dans le premier film Technicolor bicolore de Metro The Toll of the Sea. Écrit par Frances Marion, l’histoire est vaguement basĂ©e sur Madame Butterfly. Le magazine Variety a distinguĂ© Wong lui faisant des Ă©loges, notant son jeu « extraordinairement bon ». Le New York Times commente : « Mlle Wong suscite chez le spectateur toute la sympathie que son rĂŽle appelle et elle ne le repousse jamais par un excĂšs de » sentiment « théùtral. Elle a un rĂŽle difficile, un rĂŽle bĂąclĂ© neuf fois sur dix. , mais c’est la dixiĂšme reprĂ©sentation. ComplĂštement inconsciente de la camĂ©ra, avec un sens aigu des proportions et une remarquable justesse de pantomime
 On devrait la revoir et souvent Ă  l’Ă©cran.« 

MalgrĂ© ces critiques positives, Hollywood se montre rĂ©ticent Ă  crĂ©er des rĂŽles principaux pour Anna May Wong ; son appartenance ethnique empĂȘche, semble-t-il, les cinĂ©astes amĂ©ricains de la voir comme une actrice de premier plan. David Schwartz, le conservateur en chef du Museum of the Moving Image, note : « Elle a construit sa cĂ©lĂ©britĂ© Ă  Hollywood, mais Hollywood ne savait pas quoi faire d’elle. » Elle passe les annĂ©es suivantes dans des seconds rĂŽles fournissant une « atmosphĂšre exotique », par exemple en jouant une concubine dans Drifting de Tod Browning (1923). Les producteurs de films capitalisent sur la renommĂ©e croissante de Wong, mais ils la relĂ©guent dans des seconds rĂŽles.

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La célébrité

À l’Ăąge de 19 ans, Anna May Wong est choisie pour un second rĂŽle en tant qu’esclave mongol intrigant dans le film de 1924 de Douglas Fairbanks, Le voleur de Bagdad. Jouant un rĂŽle stĂ©rĂ©otypĂ© de « Dragon Lady« , ses brĂšves apparitions Ă  l’Ă©cran attirĂ©ent l’attention du public et des critiques. Le film rapporte plus de 2 millions de dollars et contribue Ă  prĂ©senter Anna May Wong au public. À cette Ă©poque, Wong avait une relation avec Tod Browning, qui l’avait dirigĂ©e dans Drifting un an plus tĂŽt.

AprĂšs ce deuxiĂšme rĂŽle de premier plan, Wong quitte la maison familiale pour s’installer dans son propre appartement. Consciente que les AmĂ©ricains la considĂ©rent comme « nĂ©e Ă  l’Ă©tranger » mĂȘme si elle est nĂ©e et a grandi en Californie, Wong commence Ă  cultiver une image de garçonne (Flapper). En mars 1924, projetant de faire des films sur les mythes chinois, elle signe un accord crĂ©ant Anna May Wong Productions ; lorsqu’il est dĂ©couvert que son partenaire commercial se livre Ă  des pratiques malhonnĂȘtes, Anna May Wong intente une action en justice contre lui et l’entreprise est dissoute.

Il est vite devenu Ă©vident que la carriĂšre de Wong continue d’ĂȘtre limitĂ©e par les lois anti-mĂ©tissage amĂ©ricaines, qui l’empĂȘchent de partager un baiser Ă  l’Ă©cran avec toute personne d’une autre race, mĂȘme si le personnage Ă©tait asiatique, mais interprĂ©tĂ© par un acteur blanc. Le seul homme asiatique de premier plan dans les films amĂ©ricains Ă  l’Ăšre du muet est Sessue Hayakawa. Donc il semble bien qu’Ă  moins que des hommes asiatiques de premier plan ne puissent ĂȘtre trouvĂ©s, Wong ne peut pas avoir de premier rĂŽle.

Anna May Wong

Wong continue Ă  se voir proposer des seconds rĂŽles exotiques qui suivent le stĂ©rĂ©otype croissant de la « vamp » au cinĂ©ma. Elle joue des filles indigĂšnes dans deux films de 1924. TournĂ©e sur place dans le territoire de l’Alaska, elle a incarnĂ© une inuit dans The Alaskan. Elle retourne Ă  Los Angeles pour jouer le rĂŽle de la princesse Tiger Lily dans Peter Pan. Les deux films sont tournĂ©s par le directeur de la photographie James Wong Howe. Peter Pan a plus de succĂšs, et c’est aussi un succĂšs de la saison de NoĂ«l. L’annĂ©e suivante, Wong reçoit des Ă©loges critiques pour son rĂŽle de vamp orientale manipulatrice dans le film Forty Winks.

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MalgrĂ© ces critiques favorables, elle est de plus en plus déçue par les castings et commence Ă  chercher d’autres voies pour son succĂšs. Au dĂ©but de 1925, elle rejoint un groupe de vedettes lors d’une tournĂ©e des circuits de vaudeville ; lorsque la tournĂ©e s’avĂšre ĂȘtre un Ă©chec, Wong et le reste du groupe retournent Ă  Hollywood.

En 1926, Wong pose sa premiĂšre pierre dans la structure du théùtre chinois de Grauman lorsqu’elle rejoint Norma Talmadge pour sa cĂ©rĂ©monie d’inauguration, bien qu’elle n’ait pas Ă©tĂ© invitĂ©e Ă  laisser ses empreintes de mains et de pieds dans le ciment. La mĂȘme annĂ©e, Wong joue dans The Silk Bouquet. RebaptisĂ© The Dragon Horse en 1927, le film est l’un des premiers films amĂ©ricains Ă  ĂȘtre produit avec le soutien chinois, fourni par les Six Companies chinoises de San Francisco. L’histoire se dĂ©roule en Chine sous la dynastie Ming et met en vedette des acteurs asiatiques jouant les rĂŽles asiatiques.

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Wong continue Ă  se voir attribuer des seconds rĂŽles. Les personnages fĂ©minins asiatiques d’Hollywood tendent vers deux pĂŽles stĂ©rĂ©otypĂ©s : la « Butterfly » naĂŻve et pleine d’abnĂ©gation et la « Dragon Lady » sournoise et trompeuse. Dans Old San Francisco (1927), rĂ©alisĂ© par Alan Crosland pour Warner Brothers, Wong joue une « Dragon Lady« , la fille d’un gangster. Dans M. Wu (1927), elle joue un second car l’augmentation de la censure contre les couples mĂ©tis Ă  l’Ă©cran lui coute le premier rĂŽle. Dans The Crimson City, sorti l’annĂ©e suivante, cela se reproduit.

Voyage en Europe

FatiguĂ©e d’ĂȘtre Ă  la fois cataloguĂ©e et ignorĂ©e pour les rĂŽles principaux de personnages asiatiques en faveur d’actrices non asiatiques, Wong quitte Hollywood en 1928 pour l’Europe. InterviewĂ©e par Doris Mackie pour Film Weekly en 1933, Wong se plaint de ses rĂŽles hollywoodiens : « J’Ă©tais tellement fatiguĂ©e des rĂŽles que je devais jouer. » Elle commenta : « Il me semble qu’il y a peu Ă  Hollywood pour moi, car, plutĂŽt que de vrais Chinois, les producteurs prĂ©fĂšrent les Hongrois, les Mexicains, les Indiens d’AmĂ©rique pour les rĂŽles chinois.« 

En Europe, Wong fait sensation, jouant dans des films notables tels que Schmutziges Geld (alias Song and Show Life, 1928) et Großstadtschmetterling (Pavement Butterfly). En rĂ©ponse aux critiques allemands Ă  Song, le New York Times rapporte qu’Anna May Wong est « acclamĂ©e non seulement comme une actrice au talent transcendant mais comme une grande beauté« . L’article note que les Allemands passent au-dessus des antĂ©cĂ©dents amĂ©ricains de Wong: « Les critiques de Berlin, qui sont unanimes Ă  louer Ă  la fois la star et la production, nĂ©gligent de mentionner qu’Anna May est d’origine amĂ©ricaine. Ils ne mentionnent que ses origines chinoises. » À Vienne, elle joue le rĂŽle-titre dans l’opĂ©rette Tschun Tschi en allemand courant. Un critique autrichien a Ă©crit: « FrĂ€ulein Wong a le public parfaitement en son pouvoir et la tragĂ©die discrĂšte de son jeu est profondĂ©ment Ă©mouvante, remportant avec beaucoup de succĂšs la difficile partie germanophone.« 

Pendant son sĂ©jour en Allemagne, Wong devient une ami insĂ©parable de la rĂ©alisatrice Leni Riefenstahl. Ses amitiĂ©s Ă©troites avec plusieurs femmes tout au long de sa vie, dont Marlene Dietrich et Cecil Cunningham, conduisent Ă  des rumeurs de lesbianisme qui semblent nuire Ă  sa rĂ©putation. Ces rumeurs, en particulier sur sa supposĂ©e relation avec Dietrich, embarrassent la famille de Wong. Ils se sont longtemps opposĂ©s Ă  sa carriĂšre d’actrice, qui n’est pas considĂ©rĂ©e comme une profession tout Ă  fait respectable.

Anna May Wong
Marlene Dietrich, Anna May Wong et Leni Riefenstahl

Le producteur londonien Basil Dean prĂ©sente la piĂšce A Circle of Chalk for Wong avec le jeune Laurence Olivier, sa premiĂšre reprĂ©sentation sur scĂšne au Royaume-Uni. La critique de son accent californien, dĂ©crit par un critique comme un « couinement yankee « , conduit Wong Ă  chercher un tutorat vocal Ă  l’UniversitĂ© de Cambridge, oĂč elle se forme Ă  la prononciation. Le compositeur Constant Lambert, Ă©pris de l’actrice aprĂšs l’avoir vue dans des films, assiste Ă  la piĂšce lors de sa soirĂ©e d’ouverture et ensuite compose Eight Poems of Li Po, qui lui est dĂ©diĂ©.

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Wong rĂ©alise son dernier film muet, Piccadilly, en 1929, le premier de cinq films britanniques, dans lequel elle a un rĂŽle principal. Le film fait sensation au Royaume-Uni. Gilda Gray est l’actrice en tĂȘte d’affiche, mais Variety a commentĂ© que Wong « éclipse la star » et que « à partir du moment oĂč Miss Wong danse Ă  l’arriĂšre de la cuisine, elle vole « Piccadilly Ă  Miss Gray. »

Anna May Wong

Anna May Wong qui est dans son rĂŽle le plus sensuel Ă  ce jour des cinq films, une fois de plus, n’est pas autorisĂ©e Ă  embrasser son amoureux blanc. De plus, une scĂšne planifiĂ©e controversĂ©e impliquant un baiser est coupĂ©e avant la sortie du film. OubliĂ© pendant des dĂ©cennies aprĂšs sa sortie, Piccadilly a ensuite Ă©tĂ© restaurĂ© par le British Film Institute. Richard Corliss, du magazine Time, considĂšre qu’il s’agit du meilleur film d’Anna May Wong, et The Guardian rapporte que la redĂ©couverte de ce film et la performance de Wong dans celui-ci sont responsables de la restauration de la rĂ©putation de l’actrice.

Pendant son sĂ©jour Ă  Londres, Wong a une relation amoureuse avec l’Ă©crivain et directeur de la radiodiffusion Eric Maschwitz. Le premier film parlant de Wong est The Flame of Love (1930), qu’elle a enregistrĂ© en français, anglais et allemand. Bien que la performance de Wong⁠ – en particulier sa gestion des trois langues⁠ – ait Ă©tĂ© saluĂ©e, les trois versions du film ont reçu des critiques nĂ©gatives.

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Un certificat d’identitĂ© dĂ©livrĂ© par le gouvernement des États-Unis

Bien qu’Anna May Wong soit une AmĂ©ricaine de troisiĂšme gĂ©nĂ©ration et a l’anglais comme langue maternelle, le gouvernement amĂ©ricain considĂ©rait nĂ©anmoins toutes les personnes d’origine chinoise comme des Ă©trangers. De 1882 Ă  1943, le gouvernement des États-Unis a sĂ©vĂšrement rĂ©duit l’immigration de Chine vers les États-Unis, en adoptant une sĂ©rie de lois dont le rĂ©sultat a Ă©tĂ© la documentation des ressortissants chinois et des AmĂ©ricains d’origine chinoise.

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Vous pouvez voir que le certificat d’Anna May Wong est rouge, nous savons donc qu’il a Ă©tĂ© dĂ©livrĂ© en vertu du rĂšglement du DĂ©partement du commerce et du travail adoptĂ© le 19 mars 1909, qui concernait les certificats d’identitĂ© dĂ©livrĂ©s aux ressortissants chinois et aux AmĂ©ricains d’origine chinoise entrant aux États-Unis. via les ports continentaux amĂ©ricains et canadiens

Elizabeth Burnes, archiviste aux Archives nationales de Kansas City

« Les certificats rouges mentionnaient le nom, l’Ăąge, la taille, la profession, le statut d’admission de chaque titulaire en vertu de la loi d’exclusion chinoise de 1882, les marques physiques et le port d’Ă©mission. »

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La prĂ©sente certifie que la personne chinoise nommĂ©e et dĂ©crite au verso des prĂ©sentes a Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement admise aux États-Unis, selon le statut indiquĂ©, dont une preuve satisfaisante a Ă©tĂ© soumise. Ce certificat n’est pas transfĂ©rable et est accordĂ© uniquement pour l’identification et la protection de ladite personne chinoise tant que son statut reste inchangĂ© ; pour assurer la rĂ©alisation de l’objet duquel une description prĂ©cise de ladite personne est Ă©crite au verso de la prĂ©sente, et sa photographie est jointe, avec son nom Ă©crit en partie Ă  travers, et le sceau officiel de l’agent d’immigration des États-Unis signant ce certificat, imprimĂ© en partie sur ladite photographie.

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Commentaires

Une rĂ©ponse Ă  “Anna May Wong”

  1. Avatar de princecranoir

    Magnifique article pour une actrice de légende.