Peurs fictionnelles et réalités politiques – quand la fiction nourrit l’imaginaire collectif

Cet article explore comment la fiction, en particulier les séries et films américains, exagère certaines menaces, créant une culture de la peur souvent exploitée politiquement. Il propose des pistes pour les créateurs de récits, afin de raconter des histoires nuancées sans renforcer des stéréotypes ou des peurs infondées.

peur fictionnelle

Dans l’univers des séries télévisées et des films américains à grand spectacle, il est difficile de ne pas remarquer la fréquence des intrigues mettant en scène des attentats terroristes sur le sol des États-Unis. Des séries comme NCIS, 24 Heures Chrono, ou Homeland dépeignent des menaces omniprésentes, souvent associées à des groupes terroristes étrangers, alimentant un climat de peur qui, bien que purement fictionnel, finit par influencer la perception que le public a des dangers réels.

Une peur disproportionnée ?

La réalité, pourtant, est différente : les attentats dits « islamistes » sont relativement rares sur le sol américain, surtout en comparaison d’autres menaces comme les fusillades de masse ou la violence domestique. Mais alors, pourquoi ces histoires d’attaques terroristes continuent-elles d’être si populaires et si présentes ? La réponse est complexe, mais elle touche à la manière dont la fiction alimente et exploite les angoisses collectives.

Cette surreprésentation des menaces étrangères et spectaculaires crée une culture de la peur qui peut être utilisée par des politiciens pour justifier des politiques sécuritaires ou liberticides. Quand on inonde le public d’images de terreur et d’ennemis invisibles, on prépare le terrain à des discours populistes promettant la « protection » et la « sécurité » au prix de certaines libertés. La fiction devient alors un outil de manipulation, même si elle ne se présente qu’en tant que simple divertissement.

Une boucle auto-alimentée

Il ne s’agit pas de dire que la fiction est responsable des politiques réactionnaires, mais elle en est un rouage. En répétant des scénarios de peur, elle contribue à normaliser l’idée d’un danger permanent venant de l’extérieur, alors même que des menaces plus ordinaires, mais bien plus fréquentes, sont souvent sous-représentées. Ce cercle vicieux, où fiction et politique s’alimentent mutuellement, doit être pris en compte par les créateurs de récits, y compris ceux qui écrivent des scénarios de jeux de rôle.

Que faire en tant que créateurs de fiction ?

Pour les auteurs de fiction ou les meneurs de jeu, il est possible de proposer des récits qui interrogent ces représentations. Cela peut passer par des scénarios qui mettent en lumière des dangers internes : la corruption, la violence domestique, les inégalités sociales, ou encore la manipulation des masses par des médias sensationnalistes. Ces thèmes, tout aussi captivants, permettent de diversifier les récits et d’offrir des perspectives nouvelles, sans tomber dans des schémas simplistes où l’ennemi est toujours « l’autre », étranger et menaçant.

silver handcuffs on top of bundled paper money
Photo by Tima Miroshnichenko on Pexels.com

Des récits qui poussent à réfléchir

Créer de la fiction, c’est aussi avoir un impact sur l’imaginaire collectif. En tant que créateurs, nous avons une responsabilité. Cela ne veut pas dire que chaque partie de jeu de rôle ou chaque histoire doit être militante ou engagée, mais qu’il est possible de concevoir des récits qui poussent à la réflexion, qui questionnent les peurs que nous absorbons sans y penser, et qui évitent de perpétuer des clichés dangereux ou inutiles.

Ainsi, aborder des sujets politiques et sociaux dans vos jeux de rôle ou vos fictions peut se faire de manière subtile, nuancée et, surtout, en prenant soin de ne pas renforcer des peurs ou des stéréotypes qui servent des discours réactionnaires. Il s’agit de trouver un équilibre, de proposer des récits engageants, mais aussi de réfléchir à l’impact que ces histoires peuvent avoir sur le monde réel.



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Commentaires

3 réponses à “Peurs fictionnelles et réalités politiques – quand la fiction nourrit l’imaginaire collectif”

  1. Avatar de Stephen Sevenair

    Comme en SF ou Fantasy, comme il est demandé aux écrivains, et dramaturges, aux artistes en général offrez nous des mondes souhaitables.

    1. Avatar de Iso

      Je n’ai pas complètement compris le sens du commentaire, navré.
      Je ne suis pas certain qu’il soit demandé aux auteurs de faire ci ou ça… pas directement. Ou alors par l’entremise des éditeurs qui influencent forcément. Editeurs qui eux sont des entreprises qui appartiennent à des groupes qui eux-mêmes appartiennent à certains milliardaires qui souhaitent que les choses aillent dans leur sens.
      Cela ne se voit pas toujours, mais parfois on ne voit que ça, surtout dans dans certaines productions françaises.
      Pour les productions américaines et hollywoodiennes, pendant très longtemps le code Hays a orienté une forme d’autocensure dans les films. De nos jours, les producteurs (vu qu’ils mettent des sous) orientent énormément le contenu. Ce qui donne souvent des films ou des séries que les scénaristes et les réalisateurs ne reconnaissent pas toujours.

      1. Avatar de Stephen Sevenair

        Je pensais à Damasio ou une autrice américaine comme Becky Chambers, qui cherchent a écrire des utopies et plus des dystopies. en JDR , bine sur que c’est politique, mais nous avons la responsabilité de ce que nous faisons jouer.

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