Parmi les films se déroulant durant la Seconde Guerre Mondiale, je me suis souvenu de ce film, La Peau… Une mauvaise idée que de se rappeler de ça, parce que je reste encore choqué par le souvenir de ce film… mais c’est comme ça, la mémoire…
Et oui, je ne vais pas trop vous spoiler, je ne vous raconte donc pas les mots clés que j’ai employé pour retrouver en vain ce film… Peine perdue, j’ai plutôt recherché les films se déroulant durant la Seconde Guerre Mondiale, avec Burt Lancaster…
Au début, je croyais qu’il s’agissait d’un film de Federico Fellini ou même de Pier Paolo Pasolini… Et non, perdu !
La Peau (La pelle) est un film franco-italien, réalisé par Liliana Cavani, sorti en 1981. Le film est l’adaptation du roman autobiographique de l’écrivain italien Curzio Malaparte, La Peau, paru en 1949.
Celles et ceux de ma génération ont probablement découvert ce film à l’occasion de sa première diffusion à la télévision dans le milieu des années 80… Un vrai choc !
Le synopsis
1943. Naples est libérée.
Curzio Malaparte (Marcello Mastroiani), officier de l’armée italienne de libération et écrivain sans illusion, se lie avec le général américain Mark Cork (Burt Lancaster), chef de la cinquième armée, et avec un jeune capitaine, Jimmy Wren (Ken Marshall).
Cork lui confie une singulière mission : traiter avec un résistant, Mazullo (Carlo Giuffrè), qui prétend vendre les 200 Allemands qu’il a fait prisonniers au kilo et augmente sans cesse les prix tout en engraissant sa marchandise humaine.
Malaparte en tire de tristes réflexions sur la nature humaine, qu’il fait partager à Wren, horrifié par la misère napolitaine…
Un peu de contexte historique pour comprendre
L’alliance militaire de l’Italie fasciste avec l’Allemagne nazie provoque l’entrée de l’Italie dans la guerre aux côtés des forces de l’Axe.
Mussolini déclare la guerre à l’Angleterre et à la France le 10 juin 1940, à la veille de l’entrée des Allemands dans Paris. Les victoires éclair des Allemands poussent Mussolini à entrer en guerre dès 1940, pensant que l’issue du conflit est alors proche.
Contrairement à la Première Guerre mondiale où elle combattait sur un seul front, l’armée italienne est forcée de s’engager sur quatre fronts différents : en Afrique du Nord, en Afrique orientale, dans les Balkans et en URSS. Les Italiens subissent plusieurs graves défaites et sont de plus en plus dépendants de leurs alliés allemands.
Après la défaite de El Alamein et le débarquement anglo-américain au Maghreb en novembre 1942 (opération Torch), Italiens et Allemands abandonnent l’Afrique en mai 1943.
De plus, les armées de l’Axe ayant subi une grave défaite à Stalingrad en janvier 1943, l’armée italienne en URSS se désagrège dans une déroute catastrophique.
Le 10 juillet 1943, les Alliés débarquent en Sicile (opération Husky) puis pénètrent dans le sud de l’Italie ; Mussolini est renversé puis emprisonné, sur ordre du roi.
Le dictateur est délivré par un commando allemand le 12 septembre 1943 (opération Eiche).
Alors que les Allemands se transforment d’alliés en occupants, le Duce installe, sous l’ordre d’Adolf Hitler, une République sociale italienne (RSI) dans le nord du pays, qui est en réalité un État fantoche fasciste entièrement dépendant des forces allemandes.
Le maréchal Pietro Badoglio signe la capitulation le 8 septembre 1943, et l’Italie du Sud poursuit la guerre aux côtés des Alliés, en même temps que s’engage une guerre civile en Italie du nord (fasciste) de Mussolini soutenue par les Allemands. L’Italie devient alors un vaste champ de bataille où s’affrontent plusieurs armées étrangères.
Les armées alliées continuèrent de progresser à travers l’Italie malgré l’opposition croissante des Allemands. Les Alliés contrôlèrent bientôt la majeure partie du sud de l’Italie, et Naples se souleva et expulsa les forces allemandes occupantes.
Le nom Quatre journées de Naples (en italien : Quattro giornate di Napoli) fait référence au soulèvement populaire des Napolitains, du 27 au 30 septembre 1943, au cours duquel le peuple s’attaqua aux forces allemandes qui occupaient la ville.
L’armée allemande fut mise en déroute avant l’arrivée des Alliés. Naples fut la seule grande ville italienne à se soulever contre l’occupant allemand et se libérer sans l’aide des alliés.
Le gouvernement loyaliste italien (parfois appelé le Royaume du Sud) déclara la guerre à l’Allemagne le 13 octobre, alignant l’Italie au sein des Alliés occidentaux en tant que co-belligérant. Avec l’aide des Alliés, certaines troupes italiennes du sud s’organisèrent en forces dites « co-belligérantes » ou « royalistes », dénommées armée co-belligérante italienne, marine co-belligérante italienne et aéronautique co-belligérante italienne. Ces forces italiennes ont combattu aux côtés des Alliés jusqu’à la fin de la guerre.
D’autres troupes italiennes, fidèles à Mussolini et à la RSI, continuèrent à combattre aux côtés des Allemands (parmi elles, l’Esercito Nazionale Repubblicano, l’armée nationale républicaine).
C’est à cette période qu’un important mouvement de résistance italien situé dans le nord de l’Italie mena une guérilla contre les forces allemandes et RSI.
La Peau, et le malaise
Liliana Cavani est une artiste engagée… Très engagée. Et elle a la particularité d’avoir commencé à travailler pour la télévision italienne en tant que réalisatrice de documentaires sur la Seconde Guerre Mondiale.
Elle a été la première à tourner une histoire du Troisième Reich entre 1962 et 1963, qui reste comme la première œuvre télévisée critique du nazisme. Liliana s’est intéressée à Staline et Pétain, sur lequel elle tourne un documentaire. Elle réalise un documentaire sur les femmes dans la résistance.
Au-delà de ces documentaires et des aspects proprement historiques, dans la plupart de ses films, elle s’attache à décrire la complexité des sentiments amoureux, les zones d’ombre de l’être humain, pris dans des situations historiques, politiques ou sociales agitées.
Son film Portier de nuit avec Charlotte Rampling et Dirk Bogarde, sur la trouble relation entre une rescapée des camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale et son ancien tortionnaire, a été l’objet de polémiques à sa sortie.
Le film La Peau est librement inspiré du roman du même nom écrit par Curzio Malaparte (1949), Malaparte met en scène la libération d’une Italie affamée face aux armées américaines qui découvrent l’Europe. On retrouve l’humanisme baroque et désespéré de l’auteur, avec son humour grinçant ainsi que les grands thèmes malapartiens : la honte, le dégoût et la pitié. Ce livre déroule devant les yeux du lecteur un monde où le pourrissement côtoie l’obscène, l’atroce et le macabre. Le film fait aussi dans cet enchainement particulièrement dur à voir.
Ce n’est pas un film de guerre, c’est un film sur une « après-guerre », et comment cet « après » s’organise.