Le mont Saint-Michel est un Ă®lot rocheux granitique d’environ 960 mètres de circonfĂ©rence situĂ© Ă l’est de l’embouchure du fleuve du Couesnon, et dont le nom vient de l’archange saint Michel. Avant l’annĂ©e 709, il Ă©tait connu comme le « mont Tombe ». Pendant tout le Moyen Ă‚ge, il est couramment appelĂ© « mont Saint-Michel au pĂ©ril de la mer » (Mons Sancti Michaeli in periculo mari). L’abbaye du Mont-Saint-Michel est situĂ©e sur le mont, et le mont constitue une petite partie du territoire de la commune du Mont-Saint-Michel.
Le mont Saint-Michel baigne dans la baie du Mont-Saint-Michel, ouverte sur la Manche. L’îlot atteint 92 mètres d’altitude et offre une superficie émergée d’environ 7 Ha, la partie essentielle du rocher étant couverte par l’emprise au sol de l’abbaye du Mont-Saint-Michel et de son domaine. Cet îlot s’élève dans une grande plaine sablonneuse.
Une statue de saint Michel placée au sommet de l’église abbatiale culmine à 150 mètres au-dessus du rivage.

Le mont Saint-Michel apparaît comme une montagne circulaire qui semble s’affaisser sous la pyramide monumentale qui la couronne. On voudrait prolonger sa cime en une flèche aiguë qui monterait vers le ciel (la flèche actuelle ne date que de 1899), dominant son dais de brouillards ou se perdant dans une pure et chaude lumière. De vastes solitudes l’environnent, celle de la grève ou celle de la mer, encadrées dans de lointaines rives verdoyantes ou noires. »
Édouard Le Héricher (1846)
Toponymie
Ă€ l’origine, il Ă©tait connu sous l’appellation de in monte qui dicitur Tumba vers 850 (mont Tombe) : le mot tumba, « tombe », rare en toponymie, est Ă interprĂ©ter dans le sens de « tertre », « Ă©lĂ©vation »). Le nom de la localitĂ© est attestĂ© sous les formes Montem Sancti Michaelis dictum en 966, loco Sancti Archangelis Michaelis sito in monte qui dicitur Tumba en 1025 et, en 1026, Saint Michiel del Mont au XIIe siècle, au Moyen Ă‚ge, il est couramment appelĂ© « mont Saint-Michel au pĂ©ril de la mer » (Mons Sancti Michaeli in periculo mari).
Son nom viendrait d’un petit oratoire en forme de grotte construit en 708 (ou 710) par saint Aubert, Ă©vĂŞque d’Avranches, dĂ©diĂ© Ă l’archange saint Michel. Les restes de cet oratoire ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s et sont encore visibles dans la chapelle Notre-Dame-sous-Terre, c’est-Ă -dire sous la terrasse qui prolonge la nef de l’abbatiale.

Le temps des pèlerinages
Un village, implantĂ© sur le mont dès 709, voit vers le milieu du siècle suivant sa population s’accroĂ®tre Ă la suite semble-t-il des raids vikings qui incitent les populations habitant des Ă©tablissements ruraux et des villages voisins au mont, Ă s’y rĂ©fugier. Il se dĂ©veloppe tout au long du Moyen Ă‚ge Ă l’ombre de son abbaye. Au nord de l’église paroissiale Saint-Pierre, le bâtiment double appelĂ© La Merveille est un chef-d’œuvre de l’architecture gothique. Il est construit sur trois niveaux Ă flanc de rocher.

L’économie du mont a donc Ă©tĂ© tributaire, pendant douze siècles, des nombreux pèlerinages Ă Saint Michel, notamment jusqu’à la RĂ©volution française, la population locale s’installant pour proposer gĂ®te et couvert aux miquelots. Le pèlerin, appelĂ© michelet, venait de toute l’Europe : depuis l’Angleterre, la France du nord et de l’ouest, etc. Un rĂ©seau de routes montoises a Ă©tĂ© rĂ©cemment Ă©tudiĂ© et remis en valeur, notamment Ă cause de l’attrait touristique important que reprĂ©sente le site et sa baie. Ă€ la suite de la tempĂŞte de fin dĂ©cembre 1999, les vestiges d’un ancien atelier de plombs de pèlerinage sont mis au jour.

Les habitants du mont vivent aussi du XVe au XIXe siècle grâce Ă la prison en hĂ©bergeant ses gardiens et en accueillant ses visiteurs. La dernière prison ferme en 1863. La construction d’une digue-route en 1879 puis d’une voie ferrĂ©e reliant Pontorson permet l’essor du tourisme de masse qui vit notamment grâce Ă la vente d’articles de souvenir de pèlerinage.

Les prisons
Des prisons furent Ă©tablies sur le mont Saint-Michel durant une très longue pĂ©riode de son histoire. Après que les moines furent chassĂ©s lors de la RĂ©volution française, le mont Saint-Michel fut transformĂ© en prison pour prĂŞtres rĂ©fractaires en 1793 et son nom changĂ© en Mont Libre ; puis en 1811 en maison de force pour prisonniers de droit commun et prisonniers politiques jusqu’en 1863.
La prison des rois
La première mention de l’usage carcĂ©ral du Mont date du règne de Louis XI, mais des lĂ©gendes font de l’Ă®lot un lieu d’enfermement bien avant. Ainsi, Wace, dans le Roman de Brut, Ă©voque HĂ©lène, nièce de HoĂ«l, enlevĂ©e sur la cĂ´te d’Espagne par un gĂ©ant et retenue prisonnière sur le Mont. Fulgence Girard y voit l’Ă©vocation d’une accusation contre l’abbĂ© Suppo (1033-1048) qui aurait mis au secret une jeune italienne et sous-entend qu’il y aurait enterrĂ© l’enfant nĂ© de leur union illĂ©gitime.
Étienne Dupont rejette cette lĂ©gende Ă©voquĂ©e sans rien pour l’attester. Il rĂ©fute Ă©galement les suspicions d’emprisonnements ordonnĂ©s par l’abbĂ© Roger (1084-1102) ou l’Ă©vĂŞque de Dol JuthaĂ«l, de mĂŞme qu’il rejette l’hypothèse de Girard quant Ă la construction d’oubliettes par Robert de Thorigny. Contrairement Ă l’imagerie populaire vĂ©hiculĂ©e, il n’y a jamais eu d’oubliettes au Mont, certains auteurs ayant pris pour des cachots des puisards, Ă©gouts et cachettes pour les trĂ©sors du clergĂ©.
Cependant, la vocation carcĂ©rale du Mont remonterait au XIIe siècle, pour les justiciables ressortissant du pouvoir de l’abbĂ©, mais aucun document ne l’atteste. Lors de son pèlerinage en 1470, Louis XI visite les prisons dans les sous-sols du Mont Saint-Michel et en « libèr[e] une povre femme tenans ostaige pour son mari ».
Louis XI fait du Mont une prison d’État, destinĂ©e aux religieux et aux exilĂ©s. Lors de sa visite suivante, en 1472, le roi amène une « fillette », cage en bois et en fer de trois mètres de cĂ´tĂ©, suspendue en l’air. PlacĂ©e dans l’une des salles de l’OfficialitĂ©, au dessus de l’entrĂ©e de l’abbaye romane, celle-ci n’est dĂ©truite que sur ordre du duc de Chartes, futur Louis-Philippe.

Noël Beda meurt au Mont en 1537, exilé par François Ier.
En 1547, quatre gentilshommes Ă©cossais, coupables d’avoir tuĂ© un cardinal, sont incarcĂ©rĂ©s au Mont sur ordre du roi. Ils s’en Ă©chappent un an plus tard, le 7 janvier 1549.
Les souverains successifs envoient par lettre de cachet 153 prisonniers entre 1666 et 1789 dont Avedick, le poète Dubourg de La Cassagne, le conseiller au Parlement de Paris HonorĂ©-Auguste Sabatier de Cabre. Les deux bâtiments dits « les Exils », comptent 40 chambres fortes aux croisĂ©es grillĂ©es qui reçoivent 15 prisonniers entre 1747 et 1790, et sept chambres de maĂ®tre. Lors de l’incendie du 16 aoĂ»t 1776, le Mont renferme 18 individus.
La Révolution française ouvre les prisons, et libère une dizaine de prisonniers d’État.
Prison révolutionnaire et impériale
Le Mont devient prison dĂ©partementale, notamment Ă partir de 1792 pour les mineurs dĂ©linquants de la Manche et des environs, et pour 300 prĂŞtres d’Ille-et-Vilaine. 50 dĂ©tenus s’Ă©chappent Ă la faveur de la prise du Mont-Libre par les VendĂ©ens en novembre 1793, mais après la dĂ©faite des royalistes, 600 prĂŞtres sont incarcĂ©rĂ©s, jusqu’Ă la chute de Robespierre.
Ensuite, les dĂ©putĂ©s Laurent Lecointre de Versailles, Crassous de Medeuil et Granet connaissent la prison montoise en 1795, comme une quarantaine de prĂŞtres rĂ©fractaires. L’annĂ©e suivante, les historiens dĂ©nombrent 22 dĂ©tenus correctionnels.
Les dĂ©tenus, hommes et femmes, sont occupĂ©s Ă la confection de chaussons de lisière et chapeaux de paille d’Italie.
Le 6 juin 1811, un dĂ©cret impĂ©rial de NapolĂ©on Ier transforme l’abbaye en maison centrale de dĂ©tention pour des prisonniers ayant des peines supĂ©rieures Ă quatre mois. Par une ordonnance du 2 avril 1817, elle devient maison de force et de correction pour les condamnĂ©s (hommes et femmes) aux travaux forcĂ©s.
Sous la monarchie de Juillet (1830-1848), la prison accueille les contestataires parmi lesquels Auguste Blanqui et Armand Barbès. En 1844, les prisonniers politiques sont amnistiĂ©s, seuls les dĂ©tenus de droit commun restent enfermĂ©s jusqu’Ă la fermeture de la prison ordonnĂ©e le 20 octobre 1863.
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Inspiration
Le Sang du temps
En 2005, le thriller Le Sang du temps de Maxime Chattam se déroule au mont Saint-Michel en 2005 et dans l’Égypte des années 1920.


Un jeu du chat et de la souris machiavélique au cœur du Mont Saint Michel et dans le Caire des années 1920.
Paris, 2005. DĂ©tentrice d’un secret d’État, menacĂ©e de mort, Marion doit fuir au plus vite. Elle est conduite en secret, par la DST, au Mont-Saint-Michel.
Le Caire, 1928. Le dĂ©tective Matheson consigne dans son journal les dĂ©tails d’une enquĂŞte particulièrement sordide : des cadavres d’enfants atrocement mutilĂ©s sont retrouvĂ©s dans les faubourgs du Caire. Rapidement, la rumeur se propage : une goule serait Ă l’origine de ces meurtres. Mais Matheson refuse de croire Ă la piste surnaturelle.
Ă€ première vue, rien de commun entre ces deux Ă©poques. Et pourtant…