La guerre hispano-américaine, souvent désignée en Espagne sous le nom de désastre de 1898 (« Desastre del 1898 »), est un conflit armé qui se déroula d’avril à août 1898 entre les États-Unis d’Amérique et l’Espagne.
Ce conflit eut pour conséquence la confirmation (à la suite de la guerre d’indépendance cubaine) de l’indépendance de Cuba jusqu’en 1901, et la prise de contrôle d’anciennes colonies espagnoles dans les Caraïbes et l’océan Pacifique par les États-Unis d’Amérique.
Le 15 février 1898, une explosion eut lieu à bord du navire de guerre de l’US Navy USS Maine, qui était ancré dans le port de La Havane et coula rapidement, entraînant la mort de 266 hommes. Les preuves quant à la cause de l’explosion étaient peu concluantes et contradictoires, mais la presse américaine, menée par deux journaux new-yorkais, proclama que c’était certainement un ignoble acte de sabotage commis par les Espagnols. La presse poussa le public à réclamer la guerre avec ce slogan : « Rappelez-vous du Maine ! L’Espagne en enfer ! ».
Grâce aux avancées scientifiques modernes, on s’accorde pour dire que cette explosion fut causée par une combustion spontanée physique de magasins de poudre, qui étaient trop près de sources de chaleur, mais cette version est contestée par des historiens qui doutent que celle-ci n’ait pas été détectée et préfèrent croire à un sabotage ou à une manœuvre destinée à rallier l’opinion publique. Une expédition de plongée sur l’épave par la National Geographic Society, suivie de modélisations informatiques menées par la société Advanced Marine Enterprises, accrédita la thèse d’une explosion interne, un feu couvant dans les stocks de charbon ayant provoqué une explosion des munitions par conduction.
Cependant, l’enquête menée en 1898 conclut que les dommages de la coque inférieure semblent plus vraisemblablement s’expliquer par l’action d’une mine externe.
Poussée par l’opinion publique, la guerre est finalement déclarée le 25 avril 1898 par le Congrès des États-Unis par 42 voix pour et 35 contre au Sénat des États-Unis et 310 voix pour et 6 contre à la chambre des représentants.
La lutte entre l’Espagne et les États-Unis était inégale. Certes, sur papier, l’Espagne pouvait paraître puissante : 200 000 soldats à Cuba et une flotte de croiseurs cuirassés et de torpilleurs supérieure en nombre à l’US Navy. Cependant, les navires de guerre de celle-ci étaient beaucoup plus récents et mieux entraînés. L’Espagne n’opposa en fait qu’une faible résistance, et les opérations militaires furent assez courtes. Elle semble avoir placé ses espoirs dans une aide extérieure, une intervention européenne, qui ne se produisit pas.
La plus populaire de toutes les guerres américaines, la « splendid little war », selon l’expression de John Hay, s’organise aux États-Unis dans la pire confusion. L’US Army ne comptant que 28 183 hommes, on fit appel à des volontaires qui ne recevaient que des fusils démodés et manquaient de tentes et de couvertures. N’ayant pas d’uniformes d’été, ils partirent pour les tropiques avec le lourd uniforme bleu en laine.
Les premiers combats se déroulèrent non à Cuba mais aux Philippines, également possessions espagnoles. L’escadre américaine du Pacifique composée de sept navires de guerre, commandée par le commodore George Dewey, envoya par le fond ou captura, à l’aube du 1er mai 1898, la flotte espagnole de huit navires de l’amiral Patricio Montojo en perdant un seul homme (d’une crise cardiaque) au cours de la bataille de la baie de Manille (ou bataille de Cavite) dans la baie de Manille.
À Cuba même, un corps expéditionnaire de 17 000 hommes débarqua le 20 juin 1898. Parmi eux, il y avait une unité de volontaires, le régiment de cavalerie des Rough Riders, commandés en titre par le colonel Leonard Wood et en fait par le lieutenant-colonel Theodore Roosevelt, qui avait démissionné de son poste d’adjoint au Secrétaire à la Marine le 7 mai 1898 pour se joindre à l’expédition.
L’armée espagnole ne sut pas profiter de sa supériorité numérique, n’ayant que 13 000 hommes sur les lieux du débarquement et étant très mal organisée pour le transport de ses troupes. Dans les combats qui se déroulèrent pour la prise des hauteurs des collines San Juan, près de Santiago de Cuba, Roosevelt établit sa réputation de soldat téméraire et de héros. Ces combats furent d’ailleurs durs et sanglants, et les Américains, mal commandés et manquant de renforts, de nourriture et de munitions, étaient « au bord d’un désastre militaire », selon l’avis même de Roosevelt, mais ils remportèrent une bataille décisive pour le contrôle de l’île.
C’est encore sur mer que se joua le sort des armes : la flotte américaine coula en quelques heures les navires espagnols de l’amiral Cervera qui tentaient de sortir du port de Santiago de Cuba le 13 juillet. Privées de tout appui naval, les forces espagnoles de Cuba capitulèrent le 17 juillet. Porto Rico fut occupé sans résistance le 25 juillet par un contingent de 500 hommes.
Finalement, pendant cette guerre de dix semaines, les forces américaines avaient perdu 5 462 hommes dont seulement 379 sur les champs de bataille, et les forces espagnoles déploraient la perte de deux généraux, 581 officiers et de 55 078 soldats et marins.
Armée Espagnole en 1898 (Philippines) l’US Army en 1898
Le 12 août 1898, l’Espagne accepta un traité de paix préliminaire mettant fin aux hostilités à Cuba. Le lendemain, Manille tomba aux mains des Américains aidés par les insurgés philippins. Le traité de Paris, signé le 10 décembre 1898, mit un terme officiel à la guerre.
Avec le traité de Paris, l’Espagne a reconnu l’indépendance de Cuba, tout en cédant les Philippines, Porto Rico et Guam aux États-Unis, en échange d’un versement de 20 millions de dollars américains, tout ceci marquant le début de l’expansion outre-mer des États-Unis.
La guerre de 1898 a constitué incontestablement un tournant dans l’histoire américaine. Les États-Unis prenaient place dans le cercle étroit des grandes puissances coloniales de la planète.
Le 2 juin 1898, le Washington Post publiait un éditorial resté célèbre : « Une prise de conscience nouvelle semble entrer en nous — un sentiment de force accompagné d’un nouvel appétit, le vif désir de montrer notre force […] Ambition, intérêt, soif de conquêtes territoriales, fierté, pur plaisir de se battre, quelque nom qu’on lui donne, nous sommes animés d’une sensation nouvelle. Nous voilà confrontés à une étrange destinée. Le goût de l’Empire est sur nos lèvres, semblable au goût du sang dans la jungle. »
Désormais, les Américains ne désiraient plus se contenter de ne s’occuper que de leurs affaires intérieures. Les États-Unis avaient établi leur suprématie sur les Caraïbes et étendu leur influence jusqu’aux rivages de l’Asie. Ils étaient devenus une puissance mondiale par la manifestation de leur force et celle-ci allait dorénavant affecter la politique internationale de toutes les grandes puissances.
Quelques infos…
Le supplément « Des Flingues et des Troubles » pour l’Appel de Cthulhu ou Chroniques Oubliées reprend quelques éléments de la période de la Guerre Hispano-Américaine. Notamment la jeunesse de John T. Thompson, l’inventeur de la Tommy Gun.