Un petit post sur notre page Facebook au sujet d’un article de scriiipt.com traitant des armes a permis de dĂ©marrer une discussion passionnante sur les armes… et particuliĂšrement la Thompson. Voici donc un article dĂ©taillĂ© sur l’histoire de ce pistolet-mitrailleur Ă combien iconique des annĂ©es 20 ou 30.
Le point de départ
Une histoire de la mitraillette Thompson
Les origines : L’inventeur
Guerre Hispano-Américaine

L’inventeur de l’arme qui allait ĂȘtre connue sous le nom de mitraillette Thompson est John T. Thompson. Militaire de carriĂšre, il s’est fait remarquĂ© lors de la guerre Hispano-AmĂ©ricaine (1898) par sa remarquable gestion des transports de munitions.
Le Colonel Thompson a par la suite supervisĂ© le dĂ©veloppement du fusil Springfield 1903 et a prĂ©sidĂ© la commission d’adoption du Pistolet Automatique Colt 1911… Pour ce dernier, il a conçu des tests inhabituels consistant Ă tirer sur des cadavres humains (des gens qui avaient fait don de leur corps Ă la science ?) et du bĂ©tail vivant pour Ă©valuer l’efficacitĂ© des munitions.
PremiĂšre Guerre Mondiale
Lorsque la PremiĂšre Guerre mondiale a commencĂ© en Europe en 1914, John Thompson avait de fortes sympathies pour la cause alliĂ©e. Mais Ă©tant donnĂ© que les Ătats-Unis n’Ă©taient pas entrĂ©s immĂ©diatement dans la guerre et parce qu’il reconnaissait un besoin important d’armes lĂ©gĂšres en Europe (ainsi qu’une opportunitĂ© de faire un profit substantiel), Thompson prit sa retraite de l’armĂ©e en novembre 1914 et accepta un emploi comme IngĂ©nieur en chef de la Remington Arms Company. Avec cette sociĂ©tĂ©, il a supervisĂ© la construction de l’usine Eddystone Ă Chester, en Pennsylvanie, alors la plus grande usine d’armes lĂ©gĂšres au monde. On y fabriquait des fusils Pattern 1914 Enfield pour les forces britanniques et des fusils Mosin-Nagant pour la Russie.
A partir de 1916, avec la guerre de tranchĂ©es qui changeait considĂ©rablement les tactiques militaires habituelles, Thompson a de nouveau expĂ©rimentĂ© des armes lĂ©gĂšres automatiques, cette fois-ci dans le but de concevoir une arme que les troupes pouvaient utiliser pour dĂ©gager une tranchĂ©e ennemie – ce qu’il appelait un  » Balai Ă tranchĂ©e  » (trench broom).

Lorsque les Ătats-Unis sont finalement entrĂ©s dans la guerre en 1917, Thompson est retournĂ© Ă l’armĂ©e et a Ă©tĂ© promu au rang de brigadier gĂ©nĂ©ral. Il a occupĂ© le poste de directeur des arsenaux pendant toute la durĂ©e de la guerre, dans la mesure oĂč il supervisait toute la production d’armes lĂ©gĂšres pour l’armĂ©e. Il s’est retirĂ© Ă nouveau aprĂšs la guerre, en dĂ©cembre 1918, et il est revenu au travail en perfectionnant le « Tommy Gun« .
Entre les deux Guerres Mondiales
Thompson a dĂ©cidĂ© d’utiliser les mĂȘmes munitions de calibre 45 dans la mitrailleuse Thompson que celles qu’il avait examinĂ© pour ĂȘtre utilisĂ©es dans le Colt M1911. L’arme a Ă©tĂ© brevetĂ©e en 1920, mais la principale source de contrats s’est tarie avec l’armistice. Thompson a donc commercialisĂ© l’arme aux forces de maintien de l’ordre, qui l’ont achetĂ© dans des quantitĂ©s respectables. Cependant, en 1928, les faibles ventes avaient conduit la sociĂ©tĂ© Ă une crise financiĂšre, et Thompson a Ă©tĂ© remplacĂ© Ă la tĂȘte de la Compagnie (Auto-Ordnance Company).
Les différentes versions de la mitraillette Thompson
La Thompson M1921A
Entre 1921 et 1922, la Coltâs Firearms Manufacturing Company, Ă Hartford, Connecticut a fabriqué 15 000 Thompson Model  1921A pour l’Auto-Ordnance Corporation. Les crosses et les poignĂ©es Ă©taient fabriquĂ©es par Remington U.M.C. L’arme avait une finition soignĂ©e et couteuse, et Ă©tait vendue 200 $ (ce qui est trĂšs cher pour l’Ă©poque).

C’est cette arme qui va ĂȘtre rendue cĂ©lĂšbre durant la pĂ©riode de la prohibition par les gangsters et les policiers.
Des publicitĂ©s d’Ă©poque pour la Thompson




La Thompson M1923
En 1923, sort un second modĂšle sous la dĂ©nomination M1923 et il s’agit d’une tentative ratĂ©e d’accroitre la portĂ©e de l’arme en le dotant d’un canon plus long, d’un bipied et d’une munition dĂ©diĂ©e plus puissante, le .45 Remington-Thompson. L’idĂ©e Ă©tant de concurrencer le fusil-mitrailleur BAR auprĂšs de l’US Army… ben non, ratĂ©, l’armĂ©e n’en voudra pas.


La Thompson M1921AC
A partir de 1926 le M1921A sera suivi du M1921AC, un modĂšle Ă©quipĂ© d’un frein de bouche (Cutts Compensator) afin de rĂ©duire les effets du recul et le relĂšvement de l’arme dans le cas de tir en rafale. L’arme est elle toujours dotĂ©e d’une crosse d’Ă©paule amovible et d’une seconde poignĂ©e pistolet placĂ©e sous la garde. Le modĂšle M1921AC est dĂ©sormais vendu au prix de 200 $ et le modĂšle M1921A Ă 175 $.

La Thompson M1927
En 1927, une version semi-automatique (c’est Ă dire ne pouvant pas tirer en rafale !) dĂ©rivĂ©e du modĂšle M1921 en quelques exemplaires, sort pour alimenter le marchĂ© civil sous le nom de M1927. En fait, il s’agit d’un M1921 modifiĂ©, et il Ă©tait facile de faire la modification inverse pour en faire une arme capable de tirer en automatique en changeant le mĂ©canisme interne. La plupart des M1927 acquis par la police subirent cette modification inverse.
La Thompson M1928
Avec le modĂšle 1928 (M1928) il s’agit de la premiĂšre fois que la Thompson sera largement utilisĂ©e par les forces militaires, avec la Marine amĂ©ricaine (US Navy) et le Corps des marines amĂ©ricain (US Marines Corp) comme acheteurs principaux dans les annĂ©es 1930. Le ModĂšle 1928 original Ă©tait un modĂšle 1921 avec une cadence de tir ralentie, une exigence de la marine amĂ©ricaine. Sur ces armes, le numĂ©ro de modĂšle « 1921 » a Ă©tĂ© mis Ă jour en ajoutant un « 8 » sur le dernier « 1 ». Le Navy Model 1928 a plusieurs noms parmi les collectionneurs : le « Colt Overstamp », « 1921 Overstamp », « 28 Navy », ou juste « 28N ».

En 1928, « Federal Laboratories Inc » a repris la distribution des Thompson. Le prix à cette époque était de 225 $ par arme (équivalant à 3138 $ en 2016), avec 5 $ par chargeur-tambour de 50 coups et 3 $ pour un chargeur de 20 coups.

La Thompson M1921 Ă l’usage
Les modĂšles M1921A ont Ă©tĂ© vendus en petites quantitĂ©s Ă l’United States Postal Inspection Service (pour protĂ©ger le courrier) et au corps des Marines. En 1926, au plus fort de la prohibition, des Marines armĂ©s de Thompson seront affectĂ©s Ă la protection du courrier pour Ă©viter les vols avec violences qui se faisaient de plus en plus nombreux.

D’autres ventes seront faites Ă plusieurs services de police des Ătats-Unis et aussi des ventes internationales mineures Ă diverses armĂ©es et forces armĂ©es, principalement en AmĂ©rique centrale et du Sud.
Les Marines utilisaient leurs Thompsons dans les Banana Wars… le nom est rigolo, la rĂ©alitĂ© l’est moins) et en Chine. L’arme Ă©tait populaire auprĂšs des Marines comme une arme de dĂ©fense ponctuelle pour contrer les embuscade des guĂ©rilleros nicaraguayens. Ainsi une Ă©quipe de quatre hommes avait autant de puissance de feu qu’une Ă©quipe de neuf hommes armĂ©s de fusils. Les principales plaintes contre les Thompsons Ă©taient  : le poids excessif, l’imprĂ©cision Ă plus de 50 mĂštres et le manque de puissance de pĂ©nĂ©tration de la cartouche 45 ACP.

Guerre Civile Irlandaise
Certains des premiers lots de Thompsons ont Ă©tĂ© achetĂ©s en AmĂ©rique par des agents de la RĂ©publique d’Irlande, notamment Harry Boland. Le premier test d’une Thompson en Irlande a Ă©tĂ© effectuĂ© par le commandant de la brigade West Cork, Tom Barry, en prĂ©sence du leader de l’IRA, Michael Collins. Au total, 653 armes ont Ă©tĂ© achetĂ©es, mais 495 ont Ă©tĂ© saisis par les autoritĂ©s douaniĂšres amĂ©ricaines Ă New York en juin 1921. Les autres ont fait leur chemin vers l’armĂ©e rĂ©publicaine irlandaise via Liverpool et ont Ă©tĂ© utilisĂ©es au cours du dernier mois de la guerre d’indĂ©pendance irlandaise ( 1919-21). AprĂšs une trĂȘve avec les Britanniques en juillet 1921, l’IRA a importĂ© plus de Thompsons et elles ont Ă©tĂ© utilisĂ©s dans la guerre civile irlandaise suivante (1922-23). Ces armes n’ont pas Ă©tĂ© jugĂ©es trĂšs efficaces en Irlande ; Dans seulement 32% des actions oĂč l’arme a Ă©tĂ© utilisĂ©e, la Thompson a causĂ© de des pertes (mort ou blessure grave).
En 1934, le FBI va acquérir des Thompson aprÚs la tuerie de Kansas City.
« Le massacre de Kansas City » : la fusillade et le meurtre de quatre agents et d’un fugitif criminel au dĂ©pĂŽt ferroviaire de la gare de Kansas City, dans le Missouri, le matin du 17 juin 1933. Cet Ă©vĂšnement s’est produit dans le cadre de la tentative du gang de Vernon Miller pour libĂ©rer Frank « Jelly » Nash, un prisonnier fĂ©dĂ©ral. Ă l’Ă©poque, Nash Ă©tait sous la garde de plusieurs policiers qui l’escortaient jusqu’au pĂ©nitencier de Leavenworth, au Kansas, d’oĂč il s’est Ă©chappĂ© trois ans plus tĂŽt.
Avant cet Ă©vĂ©nement, les agents de Hoover n’avaient pas le pouvoir de porter des armes Ă feu (bien que certains agents le faisaient de leur propre chef) et de faire des arrestations (ils pouvaient faire une «arrestation citoyenne», puis appeler un US Marshall ou un agent de la police locale), mais un an plus tard, le CongrĂšs a donnĂ© l’autorisation lĂ©gale au FBI pour le port d’arme et de faire des arrestations (en mai et juin 1934). En 1935 Le FBI a acquis ses premiĂšres mitraillettes Thompson (115) et des fusils Winchester modĂšle 1907.

La célébrité des Thompson
Les Tommy Gun Ă©taient trĂšs populaires dans les films de l’Ă©poque. Les spectateurs Ă©taient vraiment emballĂ©s de voir chaque semaine au cinĂ©ma leurs stars prĂ©fĂ©rĂ©es habillĂ©es avec des chapeaux en feutre et des costumes rayĂ©s armĂ©s de Thompsons. La mĂȘme annĂ©e oĂč les agents du FBI ont commencĂ© Ă porter des armes, Hollywood a adoptĂ© le Code Hays. Ces lignes directrices de l’industrie cinĂ©matographique spĂ©cifiaient, entre autres, que seuls les membres des forces de l’ordre pouvaient ĂȘtre prĂ©sentĂ©s Ă l’Ă©cran avec des mitrailleuses. Les Tommy Gun allaient donc plutĂŽt aider les G-Men que les escrocs. Depuis les annĂ©es 1930, Thompson est apparu dans plus de mille films et Ă©missions de tĂ©lĂ©vision.
La faillite
En 1929, Auto-Ordnance Ă©tait au bord de la liquidation. La sociĂ©tĂ© avait vendu seulement 10300 armes et avait plus de 2 millions de dollars de dettes. L’affaire n’a Ă©tĂ© sauvĂ©e que par le refus obstinĂ© du fils de Thompson de fermer. L’entreprise a luttĂ© pendant des annĂ©es jusqu’Ă l’Ă©clatement de la Seconde Guerre mondiale, Ă ce moment-lĂ , de nouvelles commandes sont arrivĂ©es.
Tommy s’en va-t-en guerre
John Thompson est dĂ©cĂ©dĂ© le 21 juin 1940. Quelques semaines plus tard, le gouvernement des Ătats-Unis a effectuĂ© les plus grandes commandes jamais enregistrĂ©es pour l’arme. Avec l’Europe dĂ©jĂ en guerre et l’entrĂ©e de l’AmĂ©rique dans le conflit, Washington avait besoin de dizaines de milliers d’armes Ă feu pour ses GI. Finalement, plus de 2 millions de Thompson sont sorties des chaĂźnes de montage.
Jeu de rĂŽle, Thompson et Appel de Cthulhu
Dans les annĂ©es 20 et 30, il semble Ă©vident que la Thompson est un arme emblĂ©matique. Si l’arme n’est pas une arme courante, elle est nĂ©anmoins dĂ©jĂ cĂ©lĂšbre. Les Thompson sont des armes chĂšres, impressionnantes dans leur usage et aux mains de criminels endurcis, terriblement efficaces.
L’investigateur qui achĂšte une Thompson est donc soit un agent des forces de l’ordre, soit un criminel… et avec des moyens financiers suffisants. Et acheter une telle arme, c’est parce que l’on pense que l’on va avoir Ă faire Ă une forte opposition.
Le supplément « Des flingues et des troubles »
Pour l’Appel de Cthulhu

Pour Chroniques Oubliées Cthulhu

Pour Chroniques Oubliées Contemporain
C’est comme le prĂ©cĂ©dent, mais sans mention de l’univers du Mythe de Cthulhu
