Raspoutine est un marin russe, personnage particuliĂšrement rĂ©current de la sĂ©rie de bande dessinĂ©e Corto Maltese. Créé par Hugo Pratt, il est homonyme du moine fou russe et lui ressemble physiquement, bien que leurs similitudes s’arrĂȘtent ici.
Il est surnommĂ© « Ras » ou « Raspa », bien que le seul Ă pouvoir l’appeler ainsi soit son meilleur ami, le marin maltais Corto Maltese. Il apparait dans la majoritĂ© des albums de la sĂ©rie, que ce soit en vrai ou dans les songes de Corto.

Personnalité
En dĂ©pit de sa ressemblance avec Grigori Raspoutine, il n’a aucun rapport, ni parentĂ© avec lui ; c’est un bandit assassin et sociopathe, pas un mystique avide de pouvoir comme son homonyme. Il se dĂ©finit lui-mĂȘme comme Ă©tant un « Voleur, rien de plus ».

Alors que Nino lui reproche d’attaquer le train pour l’argent (Corto Maltese en SibĂ©rie), Ras lui rĂ©torque qu’il est fier d’ĂȘtre un voleur et que ce qu’il vole, il le dĂ©pense, ce qui fait vivre du monde.
La diffĂ©rence entre Corto et Raspoutine est que le premier est immoral, tandis que le second est amoral. Cela signifie que le Russe est profondĂ©ment mĂ©chant, mais ne s’en rend pas compte, comme le Maltais l’explique Ă une jeune ArmĂ©nienne dans La Maison dorĂ©e de Samarkand. Ainsi, il ignore tout des rĂšgles sociales, Ă©tant surtout motivĂ© par sa cupiditĂ© et sa libido exacerbĂ©s.

Il peut se montrer cultivĂ©, notamment dans l’album MĂ». Il tient par exemple au tout dĂ©but de l’histoire une conversation Ă©rudite sur l’Atlantide avec le professeur Jeremiah Steiner. Plus tard, il parle en dĂ©tail des templiers, puis fait allusion Ă Marcel Proust et sa madeleine.
Rapports avec Corto Maltese

Bien qu’il parle rĂ©guliĂšrement de tuer Corto (« Un jour je te tuerai, Corto ! » « Et moi je te tuerai un soir, Ras ! »), et affiche un grand plaisir Ă le voir en mauvaise posture, il Ă©prouve pour lui une grande amitiĂ©. Ceci s’explique sans doute par le fait que le Maltais lui ait sauvĂ© la vie Ă plusieurs reprises1.
Biographie du personnage

Peu d’Ă©lĂ©ments de la vie de Raspoutine datant d’avant sa rencontre avec Corto sont connus. MĂȘme aprĂšs que cet Ă©vĂ©nement eut lieu, on ignore gĂ©nĂ©ralement tout de ses aventures vĂ©cues sans son ami. Toutefois, on apprend des Ă©lĂ©ments concernant son enfance au dĂ©tour de conversations avec lui.
Période avant sa rencontre avec Corto

Il rĂ©vĂšle Ă son ami dans La Maison dorĂ©e de Samarkand, pendant qu’ils dansent ensemble, ĂȘtre le fils d’une danseuse de ballet russe au théùtre Makyinsky de Saint-PĂ©tersbourg. Cette derniĂšre eut alors une relation avec un Italien, le cĂ©lĂšbre compositeur Drigo. Elle fut Ă©galement la meilleure Colombine du ballet Les Millions d’Arlequin avec le danseur Marius Petipa. Puis elle Ă©pousa son pĂšre, un prince russe et finit dĂ©portĂ©e en SibĂ©rie orientale. Corto lui rĂ©torque avoir entendu dire qu’il serait plutĂŽt le fils d’un tailleur pour dames. Dans Corto Maltese en SibĂ©rie, le Russe explique que sa mĂšre mourut le jour de sa naissance. Il fut ensuite pris en charge par une jeune fille de NikolaĂŻevsk, qui fut son grand amour.
Lors de la guerre russo-japonaise (1904-1905), il est engagĂ© en tant qu’officier dans l’ArmĂ©e impĂ©riale russe et combat sur le front de Moukden, en Mandchourie (La Jeunesse).

Alors que ses supĂ©rieurs annoncent un cessez-le-feu, celui-ci refuse et tue des soldats japonais, dont le camp est vainqueur. Il dĂ©cide ensuite de dĂ©serter pour Ă©viter sa condamnation, assassinant des militaires des deux camps au passage. Puis, il rencontre le reporter de guerre Jack London dans un baraquement de la Croix-Rouge. Ce dernier l’aide Ă se rĂ©fugier mais lui fait part de ses ennuis avec un lieutenant japonais. Il le fait Ă©galement rencontrer Corto Maltese, marin maltais qui pourra alors l’aider Ă partir. Raspoutine dĂ©cide alors d’assassiner le militaire pour le tirer de ce mauvais pas. Puis, il embarque en 1905 avec son nouvel ami Corto Ă T’ien-Tsin, en direction de l’Afrique : ils partent Ă la recherche des lĂ©gendaires mines dâor du roi Salomon, situĂ©es en actuelle Ăthiopie.
Une carriĂšre de marin

Au cours de leur pĂ©riple nautique, une mutinerie en mer de CĂ©lĂšbes avorte leurs projets et ils sont recueillis par un cargo en partance pour lâAmĂ©rique. DĂ©barquĂ©s Ă ValparaĂso (Chili), ils atteignent en train l’Argentine, puis se rendent en Patagonie, oĂč ils arrivent en 1906. Leur route se sĂ©pare ensuite. Corto voyage autour du monde et des circonstances l’obligent Ă devenir pirate. Concernant Raspoutine, on ignore quelles sont ses aventures pendant ce temps. Mais les deux amis seront amenĂ©s Ă se revoir Ă plusieurs reprises par la suite.

En novembre 1912, ils voguent une annĂ©e durant entre l’Insulinde et la MĂ©lanĂ©sie. Ils deviendront pendant ce temps pirates pour le compte d’un chef mystĂ©rieux, Le Moine (Le jour de Tarowean). C’est sous ses ordres que durant les prĂ©mices de la PremiĂšre Guerre mondiale, ils pillent tous deux des navires de diffĂ©rentes nationalitĂ©s afin de fournir lâEmpire Allemand (La Ballade de la mer salĂ©e).

AprĂšs une longue aventure, il s’embarque le 19 janvier 1915 avec son ami pour Pitcairn, pour ensuite un voyage Ă plusieurs escales ; lâĂźle de PĂąques, lâĂźle Sala y Gomez, Iquique (Chili), Callao (PĂ©rou), Guayaquil (Ăquateur). ArrivĂ©s au Panama en aoĂ»t, ils se quitteront : Raspoutine ne peut suivre Corto aux Ătats-Unis, ayant eu des ennuis judiciaires dans ce pays (Sous le soleil de minuit).
Chasses aux trésors

Ce n’est qu’en 1917 qu’il retrouve Corto Maltese Ă Basseterre, qui vient Ă bord de son bateau en compagnie de Miss AmbiguĂŻtĂ© de Poincy (Sous le signe du Capricorne : âŠEt nous reparlerons des gentilshommes de fortune). Ensemble, ils partent Ă la recherche du trĂ©sor du pirate Barracuda le touche-Ă -tout, expĂ©dition qui s’achĂšvera tristement. Ras poursuit alors seul son chemin, s’en allant Ă Cuba ; il ne reverra pas son ami avant deux ans. Au cours de ce laps de temps, on ignore ce qu’il est devenu.

En novembre 1918, lorsque la guerre se termine enfin, il se trouve Ă Hong Kong, en Chine, oĂč il retrouve le Maltais (Corto Maltese en SibĂ©rie). Il en profite alors pour le convaincre de se joindre Ă lui pour une nouvelle aventure, comme autrefois. L’occasion se prĂ©sente Ă eux quand des membres de la sociĂ©tĂ© secrĂšte des Lanternes Rouges demandent l’aide de Corto pour rĂ©cupĂ©rer lâor impĂ©rial que l’amiral Alexandre Koltchak transporte en train blindĂ©. S’ensuivra alors une longue Ă©popĂ©e entre la Chine, la SibĂ©rie et la Mongolie, qui prendra fin en avril 1920. Le Russe en profitera alors pour voler un Gauguin dans la maison du Maltais.
Des rencontres entre songes et réalité
Par la suite, Raspoutine apparaĂźtra Ă plusieurs reprises dans les rĂȘves de Corto, en plus de le retrouver dans le monde rĂ©el. C’est ainsi qu’en avril 1921, tandis que le Maltais chute d’un toit Ă Venise, le Russe apparaĂźt alors dans son rĂȘve sous les traits de Saud Khalula, agent secret arabe du IXe s (Fable de Venise).
Dans le monde rĂ©el, sa situation est trĂšs dĂ©licate. AccusĂ© par l’Ămirat de Boukhara d’agitation rĂ©volutionnaire liĂ©e au mouvement des Jeunes boukhariens, il finit alors enfermĂ© dans une sinistre prison d’Asie centrale, situĂ©e prĂšs de Samarkande (La Maison dorĂ©e de Samarkand). En attendant que Corto ne vienne le dĂ©livrer, les deux amis se croisent Ă plusieurs reprises dans leurs rĂȘves respectifs. Puis, de nouveaux rĂ©unis, ils partent Ă travers l’Hindou Kouch Ă la recherche du trĂ©sor dâAlexandre le Grand, cachĂ© quelque part dans le mythique Kafiristan (Afghanistan).
Au bout de leur pĂ©riple, en septembre 1922, ils se sĂ©parent aux Indes britanniques, dans l’actuel Pakistan. Le Russe devient alors l’hĂŽte d’un maharadjah (comme on l’apprend dans Tango). Il ne reverra pas son ami avant longtemps et une fois encore, on ne sait rien de sa vie durant cette sĂ©paration.
En 1924, Corto se retire en Suisse, oĂč il est happĂ© dans une aventure onirique mĂȘlant des lĂ©gendes europĂ©ennes (Les HelvĂ©tiques). Alors qu’il subit un procĂšs menĂ© par une crĂ©ature de l’Enfer, Raspoutine est convoquĂ© parmi les jurĂ©s et tĂ©moignera en sa faveur.
Les deux marins se rencontreront de nouveau dans la rĂ©alitĂ© en Andalousie, Ă Tarifa (Espagne), en compagnie de Jeremiah Steiner et Tristan Bantam (MĂ»). Ils seront alors invitĂ©s par Levi Colombia Ă une croisiĂšre sur les CaraĂŻbes Ă la recherche de l’Atlantide et de MĂ». Ras et Corto explorent le labyrinthe souterrain d’une Ăźle volcanique inconnue, voguant entre rĂȘve et rĂ©alitĂ©. ForcĂ©s d’ĂȘtre sĂ©parĂ©s, Corto rĂ©ussit Ă s’Ă©chapper de l’Ăźle en proie Ă une Ă©ruption volcanique. On ignore ce qu’il est advenu de Raspoutine, dont c’Ă©tait la derniĂšre apparition dans une histoire de Pratt.
AprĂšs l’aventure de MĂ»
Cependant, l’historien spĂ©cialiste de la bande dessinĂ©e Michel Pierre, auteur de plusieurs ouvrages sur la sĂ©rie, suppose la suite la plus crĂ©dible aux Ă©vĂ©nements consĂ©cutifs Ă l’Ă©pisode MĂ». Pour ce faire, il se base sur les lĂ©gendes d’aquarelles de la main du bĂ©dĂ©iste, d’Ă©lĂ©ments de prĂ©faces et d’anciennes conversation avec lui. Selon lui, au dĂ©but des annĂ©es trente, Corto se lance de nouveau dans un long voyage autour du monde. Partant d’Antigua, il rallie Buenos Aires aprĂšs plusieurs escales, dont une Ă Cuba. C’est sur cette Ăźle qu’il sauve de nouveau Raspoutine, compromis dans une affaire douteuse d’ateliers de fausse monnaie Ă destination de l’AmĂ©rique Latine. C’est la seule information le concernant dans cette longue suite de Michel Pierre.
Juan Antonio de Blas explique de son cĂŽtĂ© dans une prĂ©face que Raspoutine, octogĂ©naire en dĂ©cembre 1960, Ă©tait devenu millionnaire par chance. Il Ă©tait ainsi devenu propriĂ©taire d’une Ăźle prĂšs de la Barbade, oĂč il vivait alors. Ses souvenirs, dans lesquels Corto apparait rĂ©guliĂšrement, furent rĂ©digĂ©s par CaĂŻn Groovesnore. RestĂ©s inĂ©dits, ils furent intitulĂ©s Je ne suis pas n’importe qui.
[source]
Raspoutine un personnage pour Simulacres

Commentaires
2 rĂ©ponses Ă “Ras… Raspa… Raspoutine”
Un autre personnage de ce cher Hugo Pratt qui tient une bonne place dans la bd.
J aime bcp la fiche du Pnj. Bravo pour le travail
Un vrai antihĂ©ros… Des fois j’ai l’impression d’avoir vu quelques joueurs lui ressembler dans certaines parties de jeu de rĂŽle… Et pas le cĂŽtĂ© physique bien sĂ»r.