Cet article est ici un peu curieux dans sa démarche créatrice de départ. En fait, un jour le hasard a fait qu’on a voulu s’intéresser un peu à la filmographie de Clint Eastwood et notamment du très bon film Josey Wales hors-la-loi (The Outlaw Josey Wales). Comme d’habitude on a voulu s’intéresser aussi au contexte historique derrière le film, et là on est tombé sur des trucs assez peu connus et qui demandaient un peu de recherches. On a mis de coté le truc jusqu’à cet article de Patates des Ténèbres sur le film Josey Wales.
Donc, on ressort nos vieux dossiers et on dépoussière un peu. Ici on ne va aborder que le coté historique de toute cette affaire, et viendra un temps où nous aussi on va se pencher sur le film et quelques inspi rôlistiques adaptées.
Une guerre civile dans la guerre de Sécession

Avant même que la guerre de Sécession (1861-1865) n’éclate officiellement, les territoires du Kansas et du Missouri étaient déjà en proie à des affrontements meurtriers entre factions pro-esclavagistes et abolitionnistes. Cette guerre de l’ombre opposait deux groupes de combattants irréguliers : les Jayhawkers, partisans de l’Union et souvent abolitionnistes, et les Bushwhackers, des guérilleros pro-confédérés.


Dans ce conflit, un nom ressort avec une aura quasi mythique : William Quantrill, chef de l’un des groupes de Bushwhackers les plus redoutés et symboles du chaos qui régnait dans l’Ouest américain. Ces affrontements ont laissé une empreinte indélébile sur l’histoire et la mémoire des États-Unis, influençant la culture populaire et le récit national sur la guerre de Sécession.

William Clarke Quantrill, né le 31 juillet 1837 à Dover (Ohio) et mort le 6 juin 1865 à Louisville (Kentucky) à l’age de 27 ans, est un hors-la-loi américain, chef de l’unité de combat de la guerre de Sécession responsable des plus importantes tueries visant délibérément des civils, en particulier le massacre de Lawrence, au Kansas.
Le « Bleeding Kansas » : un avant-goût de la guerre civile
L’origine de cette guérilla remonte aux années 1850, avec le Kansas-Nebraska Act (1854), une loi permettant aux territoires de décider eux-mêmes s’ils adopteraient ou non l’esclavage. Ce principe de « souveraineté populaire » a transformé la région en champ de bataille politique et militaire.
Les colons abolitionnistes du Nord (Jayhawkers) et les colons pro-esclavagistes venus du Missouri (préfigurant les Bushwhackers) se sont affrontés dans une série de raids et de massacres. Cet épisode sanglant, connu sous le nom de « Bleeding Kansas », a vu émerger des figures comme John Brown, célèbre abolitionniste radical, et les premiers groupes paramilitaires.

John Brown, né le 9 mai 1800 à Torrington dans l’État du Connecticut et mort par pendaison le 2 décembre 1859 à Charles Town, dans l’État de la Virginie (maintenant en Virginie-Occidentale), est un abolitionniste américain qui en appela à l’insurrection armée pour abolir l’esclavage. Il est l’auteur des assassinats de Pottawatomie en 1856 au Kansas et d’une tentative d’insurrection à Harpers Ferry en 1859 qui se termine par son arrestation, sa condamnation à mort pour trahison contre l’État de Virginie et par sa pendaison.
Le président Abraham Lincoln le décrivit comme un « fanatique ». L’activisme sanglant de John Brown, son raid sur Harpers Ferry et sa fin tragique sont parmi les causes de la guerre de Sécession. Personnalité historique très controversée, John Brown est ainsi décrit à la fois comme un martyr ou un terroriste, un visionnaire ou un fanatique, un zélote ou un humaniste.
Jayhawkers : bandits ou héros abolitionnistes ?
Les Jayhawkers étaient des combattants irréguliers luttant pour l’Union, souvent engagés dans des campagnes de harcèlement contre les colons pro-esclavagistes et les sympathisants confédérés. Ils opéraient sous forme de petites bandes pratiquant la guerre de raids, pillant les plantations et attaquant les infrastructures ennemies.
Bien que leur cause fût abolitionniste, leurs méthodes étaient brutales et souvent indifférenciées, les rapprochant de simples pillards. Le plus célèbre d’entre eux, James Lane, était un sénateur du Kansas qui dirigeait des expéditions de destruction contre le Missouri, notamment en incendiant des villes comme Osceola en 1861.

Les Jayhawkers ont laissé une image ambiguë dans l’histoire américaine : pour certains, ils étaient des combattants de la liberté ; pour d’autres, ils n’étaient que des pillards profitant du chaos de la guerre.
Bushwhackers et Quantrill : les fantômes du Missouri
Face aux Jayhawkers, les Bushwhackers représentaient l’opposition pro-confédérée. Ces guérilleros, souvent d’anciens fermiers ou colons du Missouri, utilisaient des tactiques d’embuscade et de guérilla pour saper l’influence de l’Union.
Le plus tristement célèbre de ces chefs était William Clarke Quantrill, un aventurier et opportuniste devenu chef de guerre. D’abord instituteur, il s’engagea dans la cause sudiste en formant un groupe de Bushwhackers connu sous le nom de Quantrill’s Raiders.
Son plus grand « fait d’armes » fut le massacre de Lawrence, Kansas (1863), où ses hommes massacrèrent environ 180 civils, en représailles aux attaques des Jayhawkers. Cet acte de pure vengeance, marqué par la destruction systématique de la ville, est devenu l’un des événements les plus controversés de la guerre de Sécession.

Les Bushwhackers comptaient parmi eux des figures devenues célèbres après la guerre, notamment Jesse James et Cole Younger, qui continuèrent leurs activités criminelles dans l’Ouest sauvage.


Une guerre sans règles : quand la guerre de Sécession devient personnelle
Contrairement aux grandes batailles entre armées régulières, le conflit entre Jayhawkers et Bushwhackers était une guerre totale, sans lois, où la vengeance personnelle, la terreur et les massacres étaient les armes principales.
En 1863, l’Union tenta de briser cette insurrection en émettant le General Order No. 11, ordonnant l’évacuation forcée de milliers de civils pro-sudistes du Missouri. Cette mesure draconienne radicalisa encore plus les Bushwhackers, alimentant un cycle de représailles sans fin.

Mémoire et héritage : entre mythification et oubli
L’histoire de ces guérillas a laissé des traces profondes dans la culture américaine :
- Dans la culture populaire, Quantrill et ses hommes sont devenus des figures romancées, souvent représentées dans les westerns comme des hors-la-loi charismatiques (notamment Jesse James). Certains films, comme Chevauchée avec le diable (en vo : Ride with the Devil), tentent de montrer la complexité du conflit.
- Dans la mémoire nationale, les Bushwhackers sont parfois perçus comme des martyrs de la cause confédérée, tandis que les Jayhawkers sont célébrés au Kansas comme des pionniers de la lutte contre l’esclavage.
- Dans le discours historique, l’accent est mis sur la brutalité de cette guerre civile locale, où les notions de bien et de mal se dissolvaient dans un chaos de violence et de représailles.

Pendant la guerre de Sécession, des combattants pro-sudistes opérant en commandos isolés, les Bushwhackers, s’engagent dans une guérilla sur les chemins de traverse. Le long de la frontière entre le Kansas et le Missouri, Jake Roedel, fils d’un pauvre immigrant germanique, et son ami d’enfance Jack Bull Chiles, fils d’un planteur, rejoignent les rangs de cette bande de hors-la-loi qui écument la région. Ensemble, ils apprennent très vite à devenir des hommes d’armes chevronnés et des cavaliers émérites. Ils attaquent en raids les soldats de l’Union nordiste et leurs sympathisants. Pour affronter le rude hiver qui s’annonce, les Bushwhackers doivent se disperser et trouver un abri. Plusieurs membres trouvent refuge dans une tranchée à flanc de colline. Mais la réalité de la guerre les rattrape et fait voler en éclats le petit groupe.
Aujourd’hui encore, les universitaires débattent de l’impact de ces événements sur l’identité américaine. Le Kansas et le Missouri portent encore les traces de cette époque, et les conflits de mémoire entre « héros » et « criminels » continuent d’alimenter les récits locaux.
Un conflit oublié mais toujours présent
L’histoire des Jayhawkers et des Bushwhackers rappelle que la guerre de Sécession ne s’est pas limitée aux champs de bataille entre le Nord et le Sud. C’était aussi une guerre intérieure, où les communautés s’entre-déchiraient et où la violence devenait une fin en soi.
Le conflit du Kansas et du Missouri a laissé un héritage ambigu : entre mythe et réalité, entre lutte pour la liberté et atrocités sans nom, il incarne la complexité des guerres civiles et de leur mémoire. Aujourd’hui encore, les récits de cette époque résonnent dans l’imaginaire américain, oscillant entre fascination et malaise face à une histoire où la frontière entre héros et criminels était souvent bien mince.
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