G. d’Estoc est le nom de plume de Marie-Paule Alice Courbe, est une écrivaine et sculptrice française, féministe, anarchiste et duelliste, née le 27 mars 1845 à Nancy et morte le 8 mai 1894 à Nice.
Pourquoi cet article ?
Voilà un article qui traine depuis un long moment dans mes brouillons sans que je ne l’achève… Il était temps !
Je suis tombé par hasard sur le nom de Gisèle d’Estoc en faisant des recherches sur un « fameux duel » entre la Princesse Pauline von Metternich et la Comtesse Anastasia Kielmannsegg.
Mais tout (ou presque) est faux !
A force de recherches, j’ai fini par me rendre compte que le duel n’a pas eu lieu, et qu’il ne s’agirait que du fantasme d’un artiste peintre réalisé 8 ans auparavant. Encore plus fort, le tableau illustrerait un duel qui n’a jamais eu lieu.
En fait un certain Pierre BOREL en 1944 a écrit une biographie de G. d’Estoc truffée d’approximations et de fausses informations sur celle qui fut la maitresse de Maupassant. Et hélas, c’est souvent en se basant sur cette biographie bidon que l’on trouve des articles sur internet décrivant l’histoire de Gisèle d’Estoc.
Marie-Paule Courbe
Née le 27 mars 1845 à Nancy, elle est la fille de Jean-Pierre Courbe, serrurier, et de Anne Marthe Mienville. Elle a une sœur, Marie Isabelle Mathilde (née le 21 septembre 1847). Les deux sœurs, si proches en âge, formèrent probablement assez longtemps un bloc indissociable.
Marie-Paule Courbe étudie la sculpture et ses œuvres seront exposées au Salon jusqu’en 1877.
A partir du printemps 1866, elle entame une relation amicale (et amoureuse) très forte avec Marie-Edmée Pau, également artiste, dans laquelle les deux jeunes femmes développent leur affinité pour Jeanne d’Arc en explorant les identités de genre.
Marie-Edmée est une fervente catholique, ce qui n’est guère le cas de Marie-Paule, néanmoins elles restent ensemble et se passionnent toutes les deux pour la révolution Polonaise.
La famille Courbe quitte Nancy en mai 1868 vient s’installer à Paris, entre autres, au n°99, rue de Rennes. Marie-Edmée Pau décèdera en 1871, et plus tard en 1875, Marie-Paule épousera un voisin de la famille, Paul Joseph Parent-Desbarres, qui décédera 3 mois après leur mariage.
A partir de 1881 Marie-Paule sera dans une relation amoureuse avec Guy de Maupassant, puis avec Rachilde, femme de lettres, qu’elle critique plus tard dans un pamphlet — sous le nom de Raclife — dans La vierge réclame.
À la fin du Second Empire, après un premier mariage, elle emménage à Paris et commence une carrière littéraire. Ses thèmes privilégiés sont la justice sociale et le féminisme.
Elle est d’avis que les femmes doivent être responsable d’elles-mêmes, tançant notamment en 1890 la journaliste Séverine pour avoir envoyé son conjoint de battre en duel pour elle. Elle conclut sa diatribe par « à capacités égales salaire égal ».
Dans les année 1890, elle adhère sous le nom de G. d’Estoc à la Ligue de l’affranchissement des femmes que vient de créer Marie-Rose Astié de Valsayre. Le « G » majuscule rend son prénom épicène, tandis que le nom évoque sa pratique de l’escrime et du travestissement. Elle rejoint le Groupe des escrimeuses, sous l’influence également d’Astié, qui pense qu’un groupe de femmes prenant l’épée pour défendre leurs causes est nécessaire.
Marie-Paule est également candidate aux législatives de 1893. Hélas, elle décède l’année suivante de la lèpre, à 49 ans.
Après sa mort, son histoire est racontée par Pierre Borel, biographe, qui en dresse une image peu flatteuse, la qualifiant de « goule fin de siècle ».
Marie Paule Courbe inspirera plus tard Melanie C. Hawthorne qui écrit sa biographie, corrigeant ainsi de nombreuses erreurs.
Reflets d’une Maupassante
Pour en savoir plus sur Marie Paule Courbe, il faudra lire Reflets d’une Maupassante disponible sur le site des Editions du Commérage. Cet ouvrage donne de très nombreuses informations sur ce que l’on sait de la vie de Marie-Paule.
G. d’Estoc inspire également Madeleine Pelletier qui admire en elle une « voie d’affranchissement lumineuse » par la pratique de l’escrime et du travestissement.
Pour Château Falkenstein
En 1870, Marie-Paule Courbe a 25 ans, bien qu’elle connaisse les usages, elle n’a pas toujours envie de les respecter. Dotée d’un fort caractère et d’un franc parler qui ferait rougir un hussard, Marie-Paule voit en Jeanne d’Arc un modèle de femme forte. A tout moment, elle pourrait décider de s’habiller en pantalon et de laisser pendre une épée à son coté, si l’occasion se présentait.
En amour, elle n’hésite pas à prendre les devants et doit souvent se réfréner pour ne pas choquer la bonne société (mais se réfrène-t-elle vraiment ?). Son amoureuse, Marie-Edmée la surnomme Mary, et décrit ainsi sa force :
« …Mary voulu faire une promenade sur le lac et pendant une heure elle nous conduisit à force de rames sur le paisible miroir tout rougi par le soleil couchant… La force de Mary faisait la stupéfaction des autres promeneurs ; elle, sans s’inquiéter des lunettes braquées sur elle, ramait avec une vigueur et une rapidité fiévreuse, elle était magnifique ainsi, dans son sourire il y avait une tendresse un peu orgueilleuse peut-être…»
Marie-Edmée Pau, à propos de Marie-Paule Courbe
Une fiche de personnage pour Château Falkenstein
Une fiche de PNJ pour Château Falkenstein
Pour en savoir plus
Les Bannis et autres récits. Contes et nouvelles de Gisèle d’Estoc
Ce recueil reprend les textes que Marie Paule Courbe, le plus souvent sous la signature de Gyzèle, mais aussi de Paule P. Desbarres, G. d’Estoc, Gyz-El, voire Flamberge, donna dans divers journaux comme Nancy-Artiste, Rouen-Artiste, L’Estafette, La Dépêche de Nancy, Le Petit Nancéien, la Revue Caudine ainsi que ceux repris dans Noir sur Blanc, dont nous n’avons pu retrouver la première parution en périodique.
Lisible et téléchargeable ici : https://tybalt.pagesperso-orange.fr/Publications/Les-Bannis-et-autres-recits-Contes-et-nouvelles-de-Gisele-d-Estoc.pdf
Les Chroniques Nancéiennes de Gisèle d’Estoc
Ce recueil reprend les textes que Marie Paule Courbe, sous la signature de Gyzèle, sauf une seule fois sous celle de P. Desbarres, donna à La Dépêche de Nancy, au Petit Nancéien et à Nancy-Artiste entre 1883 et 1886.
Lisible et téléchargeable ici : https://tybalt.pagesperso-orange.fr/Publications/Les-Chroniques-Nanceiennes.pdf