Margaretha Geertruida Zelle (dite Grietje Zelle), est plus connue sous le nom de Mata Hari. C’est une danseuse et courtisane néerlandaise, née le 7 août 1876 à Leeuwarden et morte le 15 octobre 1917 à Vincennes. Elle fut fusillée pour espionnage pendant la Première Guerre mondiale.
La jeune Margaretha Zelle
À 18 ans, le 11 juillet 1895, à la suite d’une annonce matrimoniale, elle se marie avec un officier de la marine néerlandaise de dix-neuf ans son aîné, Rudolf MacLeod, avec qui elle part vivre aux Indes néerlandaises, où le capitaine MacLeod est nommé chef de garnison à Malang, dans l’Est de l’île de Java.
Comme c’était l’usage des femmes européennes à l’époque, elle s’habille à la javanaise, parle un peu le javanais, apprend la danse javanaise.
De retour en Europe
En 1902, de retour en Europe, elle divorce à La Haye de son mari, un homme violent et alcoolique. Elle obtient la garde de sa fille et une pension alimentaire, qui ne lui sera jamais versée. Rudolf MacLeod enlève sa fille, jugeant son ex-femme indigne et dangereuse.
En novembre 1903, à l’âge de 27 ans, elle fait une arrivée peu remarquée à Paris. Jouant sur le patronyme écossais de son mari, elle se fait appeler « Lady MacLeod » et, pour survivre, se fait entretenir par les hommes, devenant une cocotte, entre la courtisane et la prostituée, dans le Paris de la Belle Époque.
Nouvelle carrière
Début 1905, elle se fait embaucher en tant qu’écuyère dans le « Nouveau cirque » d’Ernest Molier, qui lui propose d’évoluer en danseuse dénudée ; elle commence dès lors à composer son rôle de danseuse orientale.
Le 13 mars 1905, Émile Guimet, orientaliste fortuné et fondateur du musée du même nom, l’invite à venir danser dans la bibliothèque du musée10, transformé pour l’occasion en temple hindou.
Mata Hari, danseuse exotique
Elle y triomphe dans un numéro de danseuse érotique exotique sous le nom de Mata Hari, signifiant « soleil », littéralement « œil du jour » en malais : sous les apparences d’une princesse javanaise habillée d’un collant couleur chair et entourée de quatre servantes, elle rend hommage au dieu hindou Shiva, et s’offre à lui lors de la troisième danse, se dénudant progressivement.
Très grande (1,75 m), élancée, avec une peau mate sous une chevelure de jais, un regard ténébreux et une bouche sensuelle, elle séduit son public
Mata Hari, les années de guerre
Elle s’éprend vers la fin 1916 à Paris d’un capitaine russe au service de la France dénommé Vadim Maslov, fils d’amiral couvert de dettes. Il a 21 ans et lui rappelle peut-être son fils mort qui devait avoir le même âge.
Au front, il est abattu en plein vol et blessé à l’œil, si bien qu’il est soigné dans un hôpital de campagne près de Vittel. Elle réalise des démarches pour un laissez-passer à destination de cette infirmerie du front.
C’est dans ces circonstances qu’elle rencontre le capitaine Georges Ladoux, chef des services du contre-espionnage français, le 2 septembre 1916, ce dernier pouvant faciliter l’obtention du laissez-passer.
Ladoux l’invite à mettre ses relations internationales, son don des langues et ses facultés de déplacement au service de la France. Elle accepte contre rémunération d’aller espionner le Haut commandement allemand en Belgique. En tant que ressortissante des Pays-Bas, elle peut franchir librement les frontières (son pays natal étant resté neutre durant ce conflit). Pour éviter les combats, elle compte rejoindre la Belgique via l’Espagne.
Après un séjour en Belgique où elle aurait reçu une formation au centre de renseignements allemand d’Anvers par Fräulein Doktor Elsbeth Schragmüller, elle embarque finalement le 24 mai 1916 pour l’Espagne, où elle fréquente dans la capitale de nombreux membres des services secrets, comme Marthe Richard, toutes les deux étant sous le commandement du colonel Denvignes alors sur place. Elle y est courtisée par de nombreux officiers alliés.
Procès et exécution de Mata Hari
Accusée d’espionnage au profit de l’Allemagne dans le cadre d’une enquête sommaire, Mata Hari passe du statut d’idole à celui de coupable idéale dans une France traumatisée par la guerre et dont l’armée vient de connaître d’importantes mutineries après l’échec de la bataille du Chemin des Dames. Son avocat et ancien amant Édouard Clunet n’a le droit d’assister qu’aux premiers et derniers interrogatoires.
L’instruction est assurée par le capitaine Pierre Bouchardon, rapporteur au troisième conseil de guerre. À ce titre, il instruira toutes les grandes affaires d’espionnage du premier conflit mondial. Son procès, dont le substitut du procureur est André Mornet, ne dure que trois jours sans apporter de nouveaux éléments. Elle est même, lors du procès, abandonnée par son amant Vadim Maslov qui la qualifie tout simplement « d’aventurière ».
Elle est condamnée à mort pour intelligence avec l’ennemi en temps de guerre sur réquisitoire de l’avocat général Mornet et sa grâce rejetée par le président Raymond Poincaré, qui laisse la justice suivre son cours. Son exécution a lieu le 15 octobre 1917 par fusillade, au polygone de tir de Vincennes.
Commentaires
2 réponses à “Margaretha Geertruida Zelle, Mata Hari”
Mais bon, Mata Hari, coupable punie pour ses forfaits ou innocente condamnée à tort ?
C’est délicat. J’ai l’impression que Mata Hari a voulu jouer à l’espionne, histoire de se refaire une santé financière, et peut-être aussi pour le frisson, pour se sentir importante. Se croyant manipulatrice, elle a en fait été plutôt manipulée. Chaque service secret (français, allemand, anglais,…) semble s’être servi de Mata Hari afin de débusquer un réseau d’espion, un code de chiffrage, ou voire même juste pour s’assurer de la sécurité de leur méthodes… Elle a servi de leurre et s’est faite leurrée.
Alors pour autant est-elle coupable ? Si elle pensait être une espionne, alors oui elle est coupable, une coupable innocente. La façon dont le procès et l’exécution se sont déroulés, c’est étrange : on aurait dit que Mata Hari se faisait débriefée et qu’elle ne croyait pas vraiment que ça aller être une vraie exécution, on dirait d’après les témoignages qu’elle se comportait en Diva sur une scène. Alors, soit elle était vraiment très courageuse et inconsciente, soit quelqu’un lui a fait croire qu’il s’agissait d’une fausse exécution pour maintenir sa couverture.