Elizabeth Jane Cochran (5 mai 1864 – 27 janvier 1922), est mieux connue sous son nom de plume, Nellie Bly. Journaliste amĂ©ricaine connue pour son voyage autour du monde en 72 jours, Ă l’instar de Phileas Fogg le personnage fictif de Jules Verne, et pour un reportage dans lequel elle travailla sous couverture pour rendre compte de l’intĂ©rieur d’une institution psychiatrique.
PionniĂšre dans son domaine, elle lança un nouveau type de journalisme dâinvestigation. Bly fut aussi Ă©crivaine, capitaine d’industrie, inventrice et bĂ©nĂ©vole pour des Ćuvres de charitĂ©.
Jeunes années
Nelli Bly est nĂ©e le 5 mai 1864 sous le nom de Elizabeth Jane Cochran à « Cochran’s Mills », qui fait maintenant partie du canton de Burrell (banlieue de Pittsburgh, dans le comtĂ© d’Armstrong) en Pennsylvanie.

Le pĂšre d’Elizabeth Jane, Michael Cochran, est nĂ© vers 1810 et a commencĂ© comme ouvrier dans une usine avant de finir par acheter lâusine locale et la plupart des terres entourant la ferme familiale. Michael Cochran devint marchand, postier en chef et juge assesseur Ă Cochran’s Mills (qui porte son nom) en Pennsylvanie.
Michael s’est mariĂ© deux fois. Il a eu 10 enfants avec sa premiĂšre Ă©pouse, Catherine Murphy, et 5 autres enfants, y compris Elizabeth, avec sa deuxiĂšme Ă©pouse, Mary Jane Kennedy. Le pĂšre de Michael Cochran avait Ă©migrĂ© du comtĂ© de Londonderry, en Irlande, dans les annĂ©es 1790.

Jeune fille, Elizabeth Ă©tait surnommĂ©e « Pinky » parce qu’elle portait trĂšs souvent du rose. Devenue adolescente, elle voulu se prĂ©senter comme plus sophistiquĂ©e, abandonna son surnom et changea son nom de famille en « Cochrane ».
Elle frĂ©quenta le pensionnat pendant un trimestre, mais aprĂšs le dĂ©cĂšs de son pĂšre en 1870 ou 1871, elle a Ă©tĂ© contrainte d’abandonner par manque de fonds. En 1880, la mĂšre d’Elizabeth installa sa famille Ă Pittsburgh. Une chronique de journal intitulĂ©e « What Girls Are Good For » dans le Pittsburgh Dispatch rapportait que les filles Ă©taient principalement destinĂ©es Ă donner naissance Ă des enfants et par consĂ©quent, rester Ă la maison, incite Elizabeth Ă Ă©crire une rĂ©ponse sous le pseudonyme « Lonely Orphan Girl« .

Le rĂ©dacteur en chef, George Madden, impressionnĂ© par sa passion et publie une annonce demandant Ă l’auteur de s’identifier. Lorsque Cochrane se prĂ©senta Ă Madden, ce dernier lui offre alors la possibilitĂ© d’Ă©crire un article pour le journal, toujours sous le pseudonyme de « Lonely Orphan Girl« .
Son premier article dans le Dispatch, intitulĂ© « The Girl Puzzle« , portait sur les consĂ©quences du divorce pour les femmes. Dans ce document, elle plaide pour une rĂ©forme des lois sur le divorce. Madden a de nouveau Ă©tĂ© impressionnĂ©e et lui propose un emploi Ă temps plein. Ă lâĂ©poque, les femmes qui Ă©crivaient dans les journaux utilisaient des pseudonymes. Le rĂ©dacteur en chef choisi « Nellie Bly« , d’aprĂšs le personnage principal de la chanson « Nelly Bly » de Stephen Foster. Cochrane voulait Ă l’origine que son pseudonyme soit « Nelly Bly », mais son rĂ©dacteur en chef a Ă©crit « Nellie » par erreur, et l’erreur est restĂ©e gravĂ©e.

Sa carriĂšre
Pittsburg Dispatch
En tant qu’Ă©crivaine, Bly consacra ses premiers travaux pour le Pittsburgh Dispatch Ă la vie des travailleuses en Ă©crivant une sĂ©rie d’articles d’enquĂȘte sur les femmes Ă l’usine. Cependant, le journal a rapidement reçu des plaintes des propriĂ©taires de l’usine Ă propos de ses Ă©crits et elle fut affectĂ©e aux pages consacrĂ©es aux femmes : pour couvrir la mode, la sociĂ©tĂ© et le jardinage, le rĂŽle habituel des femmes journalistes. Bly en a Ă©tĂ© mĂ©contente.
C’est Ă partir de ce moment qu’elle dĂ©cide de se rendre au Mexique en tant que correspondante Ă l’Ă©tranger. Ă seulement 21 ans, elle Ă©tait dĂ©terminĂ©e à «faire quelque chose qu’aucune fille n’a encore fait auparavant». Rapidement partie pour le Mexique, elle y passa prĂšs de six mois Ă rendre compte de la vie et des coutumes du peuple mexicain ; ses dĂ©pĂȘches plus tard ont Ă©tĂ© publiĂ©es sous forme de livre sous le titre de « Six mois au Mexique« .

Dans un reportage, elle a protestĂ© contre l’emprisonnement d’un journaliste local pour avoir critiquĂ© le gouvernement mexicain, alors une dictature dirigĂ©e par Porfirio DĂaz. Lorsque les autoritĂ©s mexicaines ont eu connaissance du reportage, elles l’ont menacĂ©e d’arrestation, la poussant Ă quitter le pays. De retour chez elle, Bly accusa DĂaz d’ĂȘtre un tsar tyrannique rĂ©primant le peuple mexicain et contrĂŽlant la presse.
Reportage dans un asile
Bly, Ă nouveau chargĂ© de reportages sur le théùtre et les arts, quitta le Pittsburgh Dispatch en 1887 pour New York. AprĂšs quatre mois sans le sou, elle se retrouve dans les bureaux du journal New York World de Joseph Pulitzer et accepte une mission secrĂšte pour laquelle elle va simuler la folie pour enquĂȘter sur des informations faisant Ă©tat de brutalitĂ©s et de nĂ©gligence Ă la Women’s Lunatic Asylum sur Blackwell’s Island.

Le 22 septembre 1887, le World me donna pour mission de me faire interner dans un asile de fous de New York. Mon rédacteur en chef, Joseph Pulitzer, souhaitait que je décrive en termes simples et directs les soins apportés aux patientes, les méthodes de la direction, etc.
Elizabeth Jane Cochrane – Nellie Bly

Ce nâĂ©tait pas une tĂąche facile pour Nellie dâĂȘtre admise Ă lâasile. Nellie a d’abord dĂ©cidĂ© de s’inscrire dans une pension de famille appelĂ©e Temporary Homes for Females. Elle est restĂ©e Ă©veillĂ©e toute la nuit pour avoir le regard d’une femme perturbĂ©e et a commencĂ© Ă accuser les autres pensionnaires de devenir fous. Nellie a dĂ©clarĂ© Ă la directrice adjointe: «Il y a tellement de fous et on ne peut jamais savoir ce qu’ils vont faire.» Nellie a refusĂ© d’aller au lit et a fini par faire peur Ă tant d’autres pensionnaires que la police a Ă©tĂ© appelĂ©e pour l’emmener. AprĂšs avoir Ă©tĂ© examinĂ©e par un policier, un juge et un mĂ©decin, Nellie a commencĂ© son voyage vers l’Ăźle de Blackwell.

EnfermĂ©e Ă l’asile, Bly a vĂ©cu les conditions dĂ©plorables des pensionnaires.


AprĂšs dix jours, l’asile libĂ©re Bly Ă la demande du journal . Son reportage, publiĂ© plus tard sous forme de livre sous le titre Dix jours dans une maison de fous, fait sensation, et a incitĂ© l’asile Ă mettre en Ćuvre des rĂ©formes. Ce reportage lui a valu une importante et durable renommĂ©e.

Voyage autour du monde
En 1888, Bly suggéra à son rédacteur en chef du New York World de faire un tour du monde pour tenter de transformer pour la premiÚre fois le fictif Tour du monde en 80 jours en une réalité. Un an plus tard, à 14 h 40, le 14 novembre 1889, elle embarque à bord du Augusta Victoria, un navire à vapeur de la ligne Hamburg America, et entreprend son voyage de 40 070 kilomÚtres.
Elle emporte avec elle la robe qu’elle portait, un solide manteau, plusieurs changes de sous-vĂȘtements et un petit sac de voyage contenant ses essentiels de toilette. Elle portait l’essentiel de son argent (200 ÂŁ en billets de banque anglais et en or, ainsi que de la monnaie amĂ©ricaine) dans un sac nouĂ© autour de son cou.
Le journal new-yorkais Cosmopolitan sponsorisa sa propre journaliste, Elizabeth Bisland, pour battre le record de Phileas Fogg et Bly. Bisland ferait le tour du monde dans le sens inverse, Ă partir du mĂȘme jour que Bly. Cependant, Bly nâa pas appris le voyage de Bisland avant dâatteindre Hong Kong. Elle a rejetĂ© l’idĂ©e d’une concurrence : « Je ne ferais pas la course« , a-t-elle dit. « Si quelqu’un d’autre veut faire le voyage en moins de temps, c’est son affaire.«Â

Afin de maintenir l’intĂ©rĂȘt pour l’histoire, le New York World a organisĂ© un « jeu Nellie Bly » dans lequel les lecteurs Ă©taient invitĂ©s Ă estimer l’heure d’arrivĂ©e de Bly Ă la seconde prĂ©s, le Grand prix consistant d’abord en un voyage gratuit en Europe, puis en argent pour le voyage.
Au cours de ses voyages autour du monde, Bly a traversĂ© l’Angleterre, la France (oĂč elle a rencontrĂ© Jules Verne Ă Amiens), Brindisi, le canal de Suez, Colombo (Ceylan), les Straits Settlements de Penang et Singapour, Hong Kong et le Japon. Le dĂ©veloppement de rĂ©seaux de cĂąbles sous-marins efficaces et le tĂ©lĂ©graphe Ă©lectrique ont permis Ă Bly d’envoyer de brefs rapports d’avancement, mĂȘme si les envois plus longs devaient voyager par la poste et Ă©taient donc souvent retardĂ©s de plusieurs semaines.

Bly a voyagé en utilisant des bateaux à vapeur et les réseaux de chemin de fer existants, ce qui a occasionné des revers occasionnels, en particulier sur la partie asiatique de sa course. Durant ces escales, elle a visité une colonie de lépreux en Chine et a acheté un singe à Singapour.
En raison du mauvais temps sur sa traversée du Pacifique, il est arrivé à San Francisco à bord du RMS Oceanic, le navire White Star Line, le 21 janvier, avec deux jours de retard. Cependant, aprÚs que la propriétaire de World, Pulitzer, ait loué un train privé pour la ramener chez elle, elle est revenue dans le New Jersey le 25 janvier 1890 à 15h51.
Un peu plus de soixante-douze jours aprĂšs son dĂ©part de Hoboken, Bly Ă©tait de retour Ă New York. Elle avait fait le tour du globe en voyageant seule presque tout le temps. Bisland traversait encore l’Atlantique Ă l’Ă©poque, mais n’arrivait Ă New York que quatre jours et demi plus tard. Elle avait Ă©galement manquĂ© une correspondance et devait embarquer sur un vieux navire lent (le Bothnia) Ă la place d’un navire rapide (Etruria). Le voyage de Bly Ă©tait un record du monde, bien qu’il fĂ»t amĂ©liorĂ© quelques mois plus tard par George Francis Train, dont la premiĂšre circumnavigation en 1870 avait probablement inspirĂ© le roman de Verne. Train a achevĂ© son voyage en 67 jours et son troisiĂšme voyage en 1892 en 60 jours.

Et si c’Ă©tait un personnage ?
