Le Dernier des Mohicans (The Last of the Mohicans) c’est un film amĂ©ricain rĂ©alisĂ© par Michael Mann (Heat, Collateral) et sorti en 1992. Le Dernier des Mohicans est l’adaptation du roman du mĂȘme nom de James Fenimore Cooper publiĂ© en 1826. Notez tout de mĂȘme qu’il y a dans le film plusieurs changements de l’histoire originelle telle qu’Ă©crite par Cooper.

Le livre (l’histoire originale)

Le Dernier des Mohicans (The last of the Mohicans) est un roman historique amĂ©ricain de James Fenimore Cooper, publiĂ© pour la premiĂšre fois en janvier 1826. DeuxiĂšme des cinq ouvrages composant le cycle des Histoires de Bas-de-Cuir (Leatherstocking), il se situe entre Le Tueur de daims (The Deerslayer) et Le Lac Ontario (The Pathfinder). Le rĂ©cit a pour théùtre l’AmĂ©rique du Nord, pendant la guerre de Sept Ans. Les affrontements entre Français et Anglais en forment la toile de fond. Cooper dĂ©crit notamment la bataille de Fort William Henry qui oppose, en juillet et aoĂ»t 1757, les troupes du gĂ©nĂ©ral français Montcalm (et de ses alliĂ©s amĂ©rindiens) Ă  celles du colonel britannique Monro.

L’histoire vue par Michael Mann

Le Dernier des Mohicans l'affiche du film

Le Dernier des Mohicans, le film

S’il s’Ă©carte de l’histoire originale, le film de Michael Mann n’en reste pas moins un chef-d’Ɠuvre Ă  part entiĂšre.

En 1757, en pleine guerre de la ConquĂȘte (la Guerre de 7 ans), dans ce qui est alors la Province de New York, les Français, soutenus par les Hurons, se battent contre les Britanniques, aidĂ©s par les milices de colons.

Nathanael « ƒil de Faucon » Poe, un europĂ©en Ă©levĂ© parmi les Mohicans, sauve avec l’aide de son pĂšre et son frĂšre adoptifs l’officier Duncan Heyward et ses deux protĂ©gĂ©es, Cora et Alice Munro. Celles-ci devaient en effet rejoindre leur pĂšre, commandant du Fort William Henry, le colonel Munro. L’officier et sa compagnie Ă©taient tombĂ©s dans une embuscade tendue par leur guide, un Huron nommĂ© Magua, ou « Renard Subtil Â», s’Ă©tant fait passer pour un Mohawk (Iroquois). C’est alors que Nathanael intervient pour sauver les Britanniques. Ces derniers reprennent ensuite leur route mais se retrouvent dĂšs leur arrivĂ©e pris Ă  partie dans la bataille de Fort William Henry.

C’est un grand beau film d’aventure ! Le scĂ©nario a ses dĂ©fauts, mais on se laisse vite emporter par la fougue de Daniel Day-Lewis qui fait un ƒil-de-Faucon impeccable face Ă  Wes Study dans le rĂŽle de Magua. Le film se dĂ©roule un peu comme une folle course-poursuite oĂč les seuls moments de pause sont des moments de tensions : combats, embuscades ou trahisons… Au milieu de tout cela, l’amour qui arrive vite parce ça court tout le temps…

La musique signĂ©e Trevors Jones et Randy Edelman fait beaucoup pour rehausser l’ambiance du film.

Le Dernier des Mohicans

Le contexte historique du Dernier des Mohicans

La guerre de la ConquĂȘte est un conflit qui oppose, de 1754 Ă  1760, les puissances coloniales britanniques et françaises en AmĂ©rique du Nord. Elle s’inscrit dans le contexte plus large de la guerre de Sept Ans, qui se dĂ©roule de 1756 Ă  1763, au cours de laquelle le royaume de France et le royaume de Grande-Bretagne s’affrontent, ainsi que leurs alliĂ©s, non seulement en Europe, mais sur l’ocĂ©an Atlantique, en Afrique occidentale et aux Indes.

(source : La Guerre de la ConquĂȘte)

D’abord ponctuĂ© par une sĂ©rie de succĂšs français lors de ses trois premiĂšres annĂ©es, le conflit ne tarde pas Ă  prendre une ampleur inattendue du fait de l’intensification des opĂ©rations en Europe et de la volontĂ©, de la part de Londres, de rĂ©duire la prĂ©sence française en AmĂ©rique du Nord. Ainsi, Ă  la suite de l’envoi d’un fort contingent armĂ© britannique dans les colonies en 1758, d’un manque de motivation français de dĂ©fendre efficacement ses possessions, du blocus imposĂ© par la Royal Navy (qui s’impose progressivement en maĂźtresse des mers) aux ports français, et aussi du fait d’une intensification des opĂ©rations militaires de la France en Europe, la guerre finit par tourner Ă  l’avantage des Anglais qui peuvent, en 1759, envahir la Nouvelle-France.

Le Dernier des Mohicans , une carte de l'Amérique du Nord en  1748
Carte de l’AmĂ©rique du Nord juste avant le conflit. Les possessions françaises sont reprĂ©sentĂ©es en bleu ciel. CC BY-SA 3.0

Source (https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_la_ConquĂȘte)

Forces en prĂ©sence cotĂ© Français : Dix mille soldats rĂ©guliers Français au maximum aidĂ©s des milices coloniales de Nouvelle-France et des alliĂ©s AmĂ©rindiens : AbĂ©naquis, Algonquins, Hurons-Wendat, Montagnais, Micmacs, Outaouais, Lenapes, OjibwĂ©s, Shawnees, Potawatomis

un soldat des Compagnies Franches de la Marine du Canada
En 1757, 500 hommes des Compagnies franches de la Marine du Canada ont Ă©tĂ© regroupĂ©s en un bataillon, officieusement appelĂ© le RĂ©giment de la Marine. L’unitĂ© devait se battre Ă  l’europĂ©enne avec les bataillons des troupes de la Terre (l’armĂ©e mĂ©tropolitaine française) envoyĂ©s en renfort pour aider la garnison de la Nouvelle-France.

Les Français Ă©taient alliĂ©s avec presque toutes les nations amĂ©rindiennes d’AmĂ©rique du Nord. Les AmĂ©rindiens constituaient une force importante dans la dĂ©fense de la Nouvelle-France.

Comme les miliciens, ils Ă©taient efficaces dans la guerre d’embuscade. MĂȘme si chaque nation amĂ©rindienne a ses propres rites et traditions, il est possible d’observer une constante dans les tactiques de guerre et les stratĂ©gies adoptĂ©es par les AmĂ©rindiens qui prennent part au conflit. D’abord, ceux-ci ne se battent jamais en terrain Ă  dĂ©couvert ; les tactiques de l’embuscade et de camouflage sont plutĂŽt le propre de ces alliĂ©s.

En fait, l’attaque-surprise est leur plus fort atout. Elle prend de court les soldats europĂ©ens habituĂ©s Ă  la bataille en rangĂ©e et fait, en consĂ©quence, beaucoup de ravages. Quant aux prĂ©paratifs de guerre, malgrĂ© quelques variantes d’un groupe Ă  l’autre, on observe certains Ă©lĂ©ments communs : de longues discussions avant le dĂ©part, accompagnĂ©es du calumet de la guerre et de danses. Les rĂȘves prĂ©monitoires Ă©taient Ă©galement trĂšs populaires pour prĂ©dire l’issue d’une guerre ou si elle reprĂ©sentait un danger pour un individu ou une nation entiĂšre. Les armes utilisĂ©es par les AmĂ©rindiens Ă©taient en gĂ©nĂ©ral des couteaux, des tomahawks et des fusils.

Marquis de Montcalm
Louis Joseph de Montcalm-Gozon, marquis de Saint-Véran (dit de Montcalm) et ses alliés Hurons

Le mousquet Français – modĂšle 1728

Mousquet français
Majoritairement fabriquĂ© Ă  Saint Etienne, il fut aussi produit Ă  Maubeuge et Charleville. Cette arme est celle qui a largement Ă©quipĂ© les troupes françaises durant les guerres franco indiennes d’AmĂ©rique du Nord, comme les cĂ©lĂšbres Compagnies Franches de la Marine ou le RĂ©giment de BĂ©arn. Elle a Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ©e par les troupes amĂ©ricaines durant la guerre d’IndĂ©pendance. Longueur du mousquet 158 cm, poids 4.00 kg. Calibre 69″.
TĂ©lĂ©charger “De l’usage des armes Ă  silex – Volume 2” armes-COC-a-silex-Vol-2-2.pdf – TĂ©lĂ©chargĂ© 7904 fois – 2,35 Mo

Forces en prĂ©sence cotĂ© Britannique : Quarante-cinq mille soldats rĂ©guliers Britanniques au maximum aidĂ©s des milices coloniales Britanniques et les alliĂ©s AmĂ©rindiens : ConfĂ©dĂ©ration iroquoises

Brown Bess est le surnom donnĂ© au fusil Land Pattern de l’armĂ©e britannique
Le Dernier des Mohicans
Le Dernier des Mohicans

Dans une bataille, les troupes formaient trois rangĂ©es ; les hommes de la premiĂšre rangĂ©e s’agenouillaient, ce qui permettait de prĂ©senter le maximum de mousquets pour une longueur de ligne donnĂ©e. Le feu de peloton, laissant le temps aux autres unitĂ©s de recharger et permettait un rythme de tir assez soutenu. Les troupes britanniques Ă©taient rĂ©putĂ©es pour leur fermetĂ© sous le feu ennemi.

Les colons utilisaient des fusils de chasse beaucoup plus prĂ©cis que les fusils anglais ou français. Les milices de colons se composaient d’hommes habituĂ©s Ă  parcourir les bois, chasseurs expĂ©rimentĂ©s, qui avaient combattus les tribus indiennes sur leur propre terrain. Les officiers de l’armĂ©e rĂ©guliĂšre britannique estimaient que cette façon de faire la guerre n’Ă©tait pas digne de gentlemen, Ă  la limite que c’Ă©tait lĂ  le fait de lĂąches, car ils imitaient les tactiques des autochtones et profitaient de l’abri de chaque relief du terrain.

Le fusil kentucky
NĂ© d’une Ă©laboration des armes allemandes de chasse “JĂ€eger”, ce fusil fut le grand rival du Brown Bess. Arme typique des colons, le Kentucky, pour sa lĂ©gĂšretĂ© et prĂ©cision de tir, fut le plus populaire des fusils amĂ©ricains.

Comprendre le Dernier des Mohicans

La raison de la haine féroce de Magua le Huron envers les anglais (et particuliÚrement Munro)

Les Hurons se battaient contre les Iroquois avant l’arrivĂ©e des Français dans la rĂ©gion. L’alliance franco-wendate et les alliances formĂ©es par les Iroquois avec les Hollandais, puis avec les Anglais, ont imbriquĂ© cette guerre Ă  celle des puissances colonisatrices. Fusils et couteaux en acier accrurent la mortalitĂ© au sein des combats, et dĂšs 1649, les Iroquois massacrĂšrent les Wendats. Les Iroquois prirent un grand nombre de captifs : aprĂšs une annĂ©e, suivant les coutumes iroquoiennes, les uns furent adoptĂ©s par mariage avec un membre de la tribu et les autres torturĂ©s puis tuĂ©s.

Magua rend responsable le Colonel Munro du fait d’avoir Ă©tĂ© captif, de la mort de sa famille, bref de pleins de choses.

La Bataille de Fort William Henry

Fort William Henry
Fort William Henry

En aoĂ»t 1757, Montcalm quitte Fort Carillon pour assiĂ©ger Fort William-Henry avec un puissant corps de 6 000 soldats et miliciens accompagnĂ©s de 1 600 AmĂ©rindiens, 36 canons et 4 mortiers. La garnison de Fort William-Henry sous le commandement du Lieutenant-colonel George Monro est forte de 2 372 hommes seulement.

Dans la nuit du 2 au 3 aoĂ»t, les Britanniques ne prennent aucune mesure afin d’empĂȘcher les Français de dĂ©barquer sur la rive. Ces derniers s’attendaient Ă  ce qu’une attaque française provienne de l’ouest, le cĂŽtĂ© Ă©tant fortifiĂ© et marĂ©cageux. Monro avait fait placer ses plus grosses piĂšces d’artillerie contre le mur ouest. Mais Montcalm dĂ©cida de frapper le cĂŽtĂ© nord-ouest. Pendant que Montcalm construit une route et une sĂ©rie de tranchĂ©es Ă  partir du 3 aoĂ»t, il fait positionner les Indiens ainsi que les tireurs embusquĂ©s de la milice entre Fort William-Henry et Fort Edward fermant ainsi cette voie de communication.

Plan de la bataille de Fort William Henry
Plan de la bataille de Fort William Henry

AprĂšs la bataille

DĂšs lors, les Indiens tenteront de massacrer les membres de la garnison. Une premiĂšre fois ce jour mĂȘme Ă  William-Henry et une seconde fois le 10 aoĂ»t sur la route de Fort Edward. À deux reprises, les Français empĂȘcheront les Indiens de commettre ces actes contre les Britanniques. Mais, le 10 aoĂ»t, dans la confusion, les Français interviennent un peu trop tard. Le reste de la colonne arrive sous escorte française Ă  Fort Edward le 14 aoĂ»t et ce, avec Monro lui-mĂȘme. Selon Ian K. Steele’s Betrayals, la plus rĂ©cente et importante Ă©tude sur le sujet, des 2 308 soldats ayant quittĂ© Fort William-Henry le 9 aoĂ»t, 1 783 se sont prĂ©sentĂ©s Ă  Fort Edward au plus tard le 31 aoĂ»t. 217 autres arriveront Ă  retrouver le chemin de Fort Edward avant la fin de l’annĂ©e 1757. Les britanniques de Fort Edward ont tirĂ© pendant quelques mois des salves de canons journaliĂšres afin de diriger les perdus Ă  travers les bois.

Pour certains, les Indiens auront commis des actes injustifiĂ©s le 9 et 10 aoĂ»t 1757 mais, pour ces derniers, ils avaient Ă©tĂ© trahis par Montcalm puisque ce dernier aurait donnĂ© sa parole Ă  l’effet que la contribution directe des Indiens dans la bataille leur permettrait de disposer de Fort William-Henry comme bon leur semblerait aprĂšs la reddition des tuniques rouges.

À la suite de cette tuerie, l’Ă©tat-major britannique refuse de reconnaĂźtre les conditions de la capitulation et dĂ©cide de ne plus accorder, Ă  l’avenir, les honneurs de la guerre aux troupes françaises. La reddition du fort William-Henry porte nĂ©anmoins un coup dur aux Britanniques, empĂȘchant toute opĂ©ration de leur part au sud de MontrĂ©al pour le restant de l’annĂ©e.

Les Français brĂ»lent le fort dans les heures qui suivent la reddition des Britanniques et s’en retournent Ă  Fort Carillon.

Jeu de rÎle et période passionnante

Les diffĂ©rentes recherches historiques menĂ©es sur le web pour contextualiser un peu plus le film « Le Dernier des Mohicans » nous rĂ©vĂšlent une pĂ©riode passionnante : de la Guerre de la ConquĂȘte jusqu’Ă  la Guerre d’IndĂ©pendance amĂ©ricaine. De l’aventure certes, mais aussi des drames comme ceux des diffĂ©rentes tribus amĂ©rindiennes, les hurons en particulier (mais pas uniquement).

Huron


En savoir plus sur SCRiiiPT

Subscribe to get the latest posts sent to your email.