[Conseils Jeu de Rôle] Le Jeu d’Acteur

Tous les efforts que peut faire un Meneur de jeu pour installer une ambiance prenante risquent d’être vains si les joueurs ne participent pas un tant soit peu…

Partie de Warhammer en costume

Tous les efforts que peut faire un Meneur de jeu pour installer une ambiance prenante risquent d’être vains si les joueurs ne participent pas un tant soit peu… Soyons clairs, il ne s’agit pas vraiment d’une partie de Monopoly évolué : jeter les dés, avancer ses pions, amasser de l’argent et se disputer sur les règles…

Quelques notions sur le JdR

En effet, avant d’aller plus loin, il convient de redéfinir trois notions importantes du jeu de rôle en général.

Jeu :

Quoi qu’on en dise, ce n’est qu’un jeu. Passionnant certes, mais c’est un amusement, un divertissement avant tout. Bien entendu ce n’est pas non plus une raison pour ne pas le prendre au sérieux. On prend son pied quand c’est bien fait. Non?

Rôle:

«Chacun sa place et une place pour chacun ».

Première comparaison avec le théâtre (ou le cinéma) : ici tout le monde a le premier rôle. Et à la fin, tout le monde est nommé pour les récompenses, en même temps.

Personnage :

Deuxième comparaison avec le théâtre. Le rôliste interprète un personnage. Cela veut dire une autre personnalité. qui n’est pas la sienne. Comme un acteur qui endosse la responsabilité d’un rôle (et de la pièce dans laquelle il est).

Ainsi la boucle est bouclée, je peux vous entretenir du « Jeu d’Acteur »

C’est à partir du moment où le rôliste décide qu’il va réellement faire semblant d’être un magicien elfe, un guerrier barbare, un détective privé ou un démon, que le jeu d’acteur commence. Il va fabriquer de merveilleux souvenirs pour lui-même et ses compagnons d’aventures. Joueurs ou Meneur, chacun essaye de faire croire aux autres qu’il est quelqu’un de différent, et quand il y arrive, le plaisir du jeu n’en est que multiplié.

NAISSANCE D’UNE ÂME

Bien sûr, ça n’est pas facile. Tout commence à la création du personnage, avec des chiffres, muets et impersonnels. Et ce n’est vraiment pas évident d’interpréter une force de 13, une dextérité de 15 ou un charisme de 17 1, parce que cela ne veut pas dire grand chose.

De plus, Si VOUS jouez comme ça, tous vos personnages se ressembleront. Et vous risquez de tomber sur la dévire « GrosBill » 2.

Avant tout, il faut discuter longuement avec le MJ, sur le monde dans lequel se déroule le jeu et sur le personnage lui-même. Je dis bien personnage, pas « Classe de Perso », car ça, c’est la cuisine du MJ tout seul 3.

Parti de Warhammer en costume
Parti de Warhammer en costume © CHRISCB PHOTOGRAPHIE : www.chriscb.org

Votre boulot en tant que rôliste, c’est de construire un nouvel être, auquel vous allez donner vie.

«Victor apportez moi un cerveau pour cette créature !»

Pour cela, il faut bien avoir en tête l’image du monde dans lequel vont se dérouler vos péripéties. Ainsi vous commencerez par vous mettre dans l’ambiance, en lisant, en regardant des films, en écoutant des musiques appropriées; ou bien en conversant avec le Meneur ou d’autres joueurs 4.

Surtout, ne pas chercher à lire le livre des règles : c’est idiot et ça gâche tout.
Une fois que l’univers de jeu commencera à avoir pour vous une consistance, vous pourrez réfléchir à la personne que vous aimeriez être dans un tel monde.

D’abord, imaginez au présent, et à la première personne.

Qui suis-je ? Le métier (l’occupation) et le caractère (psychologie).
Pour la personnalité, le mieux est de s’inspirer de soi même. Choisir de se parodier, mettre en avant un de vos traits de caractère que nul ne soupçonne, prendre le contraire de ce que vous êtes, ou alors choisissez une personnalité que vous souhaiteriez posséder.

Puis, pour vous tester, essayez d’imaginer comment vous réagiriez à telle ou telle situation ; essayez aussi de rêver aux aventures que vous aimeriez vivre.

Ainsi petit à petit, vous rentrez dans la peau du personnage (votre rôle) et dans l’état d’esprit adéquat.

Le reste ensuite devient plus simple et tout coule de source.

  • C’est le passé du « perso » ;
  • sa classe sociale ;
  • sa famille ;
  • ses amis ;
  • ses ennemis (pourquoi et comment) ;
  • ses aventures et mésaventures passées ;
  • ses goûts et ses dégoûts.

Dans ce dernier cas, il faut définir des choses relativement importantes dans le cadre de l’univers de jeu (et pour l’interprétation aussi) :

  • opinions politiques (résistant ou collabo ?) ;
  • préférences sexuelles (banales ou risquées ?) ;
  • hygiène de vie (sportif ou drogué ? Les deux ?!!).

Et n’oubliez pas les motivations, il en faut dans la vie.

VIE ET MORT D’UN PERSONNAGE

Et enfin le grand jour est arrivé. C’est le jour de la partie. Comment faire pour que le personnage que vous avez créé avec amour (ou humour) devienne réel.

«It’s alive! Alive!»


L’essentiel, c’est la concentration et la force de l’imagination. Une fois que ça a commencé, il faut toujours s’exprimer à la première personne (la règle du « je »), et avec l’intonation qu’il faut.

Respectez le vouvoiement quand il est nécessaire.

Vous n’êtes pas censé connaître les autres, alors réagissez comme il se doit : méfiance, diplomatie ou rapport de force (comme un détective face à son suspect), selon le caractère que vous avez décidé d’attribuer à votre personnage, c’est-à-dire vous-même.

Et puis nous allons aborder les notions d’amitié ou d’inimitié, les sentiments (du personnage bien entendu). Car en fait c’est à ce moment qu’il vaut mieux que le « perso » soit différent du joueur. Car ainsi il ne peut y avoir confusion des deux et donc pas de disputes qui durent, une fois la partie finie…

Par exemple : il m’est déjà arrivé d’avoir à faire à un Personnage Joueur particulièrement détestable, et il y eut des frictions mémorables et dramatiques. Cependant, je n’en ai jamais voulu au joueur, et lui non plus ne m’en a pas voulu d’avoir essayé de tuer son « perso ». Parce que c’était dans le strict cadre du jeu et de nos rôles.5

L’amour est aussi un sentiment bien délicat à concevoir dans le cadre du jeu.

Et pourtant, si votre personnage est amoureux, vous devez bien le montrer, le dire, le prouver, comme dans la réalité. Avec cette nuance, que parfois l’être aimé de votre « perso » est interprété par le Meneur. Alors dans ces moments, le jeu d’acteur est important, car il faut oublier sa gène et sa timidité, et aussi oublier le visage et la voix du MJ pour ne visualiser que le PNJ qu’il joue.

Et puisqu’on aborde le problème de la timidité. J’admets que c’est parfois gênant. Beaucoup de rôlistes sont des introvertis, et s’ils se trouvent à la même table que des extravertis patentés, ils sont souvent bloqués, coincés. Le truc, si vous êtes quelqu’un de naturellement effacé et discret, c’est d’incarner un personnage « grande-gueule », et en constante représentation, un « m’as-tu-vu » intégral.

Je me souviens d’avoir joué un Comédien très pittoresque (voire grotesque et ridicule), et il avait du interpréter une piécette devant les autres PJs et le Meneur. A l’époque, les autres joueurs étaient des inconnus pour moi, et si mon personnage était censé avoir le trac, et bien moi aussi je l’avais, et pour de bon.

Comme les acteurs, les rôlistes (MJ compris) connaissent le trac, et il est très motivant. L’angoisse, la peur de l’échec, la nervosité rendent le vécu de la partie plus intense. Le nombre de mégots dans les cendriers est éloquent. 6

Les émotions ressenties sont celles du personnage et du joueur à la fois. Et l’on peut être ému aux larmes quand un ami meurt, offrant sa vie en sacrifice pour sauver un royaume, un monde… Bien sûr, ce ne sont qu’un personnage et un univers imaginaires, mais les souvenirs sont pourtant bien réels, de même que les émotions.

Vous êtes a la fois acteur et spectateur, seul juge et critique, dans un théâtre d’improvisation. Soyez bons, car le meneur de jeu a un gros effort à fournir pour installer le décor et l’ambiance…

Le reste de l’histoire, ce sont les personnages qui l’écrivent. Ils le vivent.

CONCLUSION

Encore une fois, il est utile de préciser que le joueur et son personnage sont distincts, sauf durant la partie.

Le Grand Mystère du jeu de rôle, reste la possibilité de vivre de nombreuses vies, et surtout de pouvoir partager ces rêves éveillés avec d’autres, les compagnons de jeu. Vu de l’extérieur, tout cela peut ressembler à de la folie furieuse, un phénomène de « schizophrénie collective », et il n’y a rien à répondre à cela.

Comme jadis les comédiens et gens de théâtre étaient excommuniés, les rôlistes étaient il y a quelques années diabolisés et regardés de travers.

  1. celui-là c’est le plus dur ↩︎
  2. marque déposée Casus Belli ↩︎
  3. à lui de se démerder pour comprendre ce que vous voulez ↩︎
  4. hein ? Mais c’est dégoûtant ! ↩︎
  5. NdA: C’était aussi un grand moment car le MJ n’avait pas à intervenir, nous étions libres! ↩︎
  6. NdA: fumer est nocif pour la santé ↩︎


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Commentaires

2 réponses à “[Conseils Jeu de Rôle] Le Jeu d’Acteur”

  1. Avatar de Tredok

    « les rôlistes sont de nos jours diabolisés et regardés de travers »
    De moins en moins quand même. Déja parce que nombre de rôlistes ou anciens rôlistes ont dans la trentaine maintenant, et dominent le monde :p. Les MMO ont aussi joué un rôle pour dé-diaboliser : de plus en plus de recruteurs prennent conscience que certains GM gèrent leur guilde comme une petite entreprise. ^^

  2. Avatar de Iso CircumVector
    Iso CircumVector

    Tu as raison, cette dernière ligne date un peu trop….
    J’attends un peu avant de complètement la supprimer. Je voudrais faire un lien de plus avec le métier d’acteur…
    Les rôlistes ne sont plus regardés de travers, ils sont au contraire regardés avec « envie »…. Geek is sexy….

    Note à moi-même pour plus tard : Demander des subventions type « Serious Games » pour le jeu de rôle.

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