Je vous ai déjà causé de la partie de Runequest qu’on avait en route ? Non ? Je suis sûr que oui et maintenant que la partie s’est déjà déroulée, il est temps de faire aussi un peu le débrief, voire mieux que le débrief : le making of !

Causons donc un peu plus en détail de ce qui a bien pu se passer avant cette partie de jdr, et comment j’ai préparé tout ça.

Avant la partie : comment je l’avais préparée

Préparer un scénar, ça peut être un petit rituel ou un truc qu’on jette en vitesse avant que les joueurs arrivent.

Là, clairement, j’étais dans la catégorie “Gros Travaux”.

Pour cette première vraie partie dans RuneQuest et Glorantha, j’ai décidé de jouer le premier scénario de la boîte du Starter Kit, Une arrivée agitée. Je voulais que ça plonge les joueurs dans l’univers, pas dans un énième med-fan vaguement tribal.

Et ça demande un peu plus que trois notes griffonnées sur un coin de table.

Des tonnes d’échanges avant même de jouer

Comme tout le monde n’est pas particulièrement disponible tout le temps, on a fait à distance la plupart des échanges préparatoires à la partie. WhatsApp, Messenger… oui, c’est pas idéal, mais on fait avec ce qu’on a sous la main et ce qu’on connaît.

J’ai donc consciencieusement envoyé quelques pavés choisis sur le monde de Glorantha, sur Sartar, sur certains cultes. Des pavés, des captures d’écran, des images, des extraits, et même quelques articles Scriiipt écrits expressément pour les joueurs (et oui, c’était pas que pour faire joli).

L’idée était simple : leur donner assez de matière pour comprendre ce que ça veut dire d’être Sartarite, sans les noyer sous un glossaire de 40 pages (même si, au final, je me demande si j’ai pas atteint les 40 pages).

Mission… à moitié réussie.

Parce que, bizarrement, même en envoyant les infos, ça ne “prend” pas tout de suite. On y reviendra.

Création des personnages : étalée, guidée, artisanale

On a créé les persos étape par étape. À distance donc.

Parfois avec des jets de dés posés comme ça, en attendant que je traduise ensuite ce que ça voulait dire dans le background. Bref, un vrai atelier à la Frankenstein rôliste.

J’ai ensuite préparé pour chacun une fiche de background synthétique. Pas un roman, mais presque. Enfin, pour être clair, il y a eu plusieurs fiches de background successives.

Et soyons honnête : j’ai fait le maximum pour deux d’entre eux. Le troisième (salut Seb) a fini avec un prétiré, histoire de gagner du temps.

Néanmoins, pour les deux premiers, je me suis lâché : PNJ liés à leur vie, contacts, familles, un début de généalogie. C’est prévu dans les règles, autant l’utiliser. C’est long, mais ça donne de vrais personnages.

Le vrai défi : expliquer ce qu’est un Sartarite

routes de sartar

Dire “vous êtes Sartarites, fiers et indépendants”, ça ne suffit pas.

Expliquer la différence entre un initié d’Orlanth, d’Issaries ou d’Humakt, c’est presque un cours de socio-fantasy.

Et vraiment, c’est compliqué. Il faut trouver des équivalents, des analogies, des nuances.

Les joueurs lisaient les infos… ou pas. Ils comprenaient… ou pas.

La base était là, la nuance moins. Normal : Glorantha se digère lentement. Et beaucoup de choses sont sujettes à interprétation. Et en plus, comme tout n’est pas en français, il faut aussi passer par l’étape de la traduction parfois approximative. Vous aviez remarqué, vous, que certains termes n’ont pas la même traduction d’un bouquin à l’autre ? Moi oui, à la fin.

Objectif : des identités marquées dès le début

J’ai aussi posé des questions sur les tatouages, les runes, les appartenances claniques. Pas pour faire joli. Juste pour que chacun sache instinctivement qui il est avant d’ouvrir la bouche pendant la première scène.

Tout devait dire quelque chose : une rune tracée sur la poitrine, un nom, une vieille rancune familiale.

Je voulais que leurs réactions pendant l’In Media Res que j’avais prévu soient conditionnées par ça, et pas par une posture de joueur “par défaut”.

Situer l’action : juste ce qu’il faut

Le jour de la partie, je n’allais pas faire un cours magistral sur la chronologie gloranthienne.
J’ai juste situé l’action après le sacre de Kallyr. Point.

On est en 1625. On revient d’années compliquées. Sartar se reconstruit. On ne part pas de zéro, on part d’un monde déjà bien calé, en place.

L’In Media Res : préparé au millimètre

Je voulais une entrée en scène nette : pas de longue discussion à l’auberge, pas de “vous vous rencontrez autour d’un feu”.

J’ai donc écrit un In Media Res pensé pour coller aux backgrounds. Avec la musique qui va bien, le truc où tu balances des descriptions bien graves et où tu demandes à la fin : “Que faites-vous ?”.

Ensuite, j’ai ajusté Une arrivée agitée pour que la transition soit naturelle.

Pas un patch collé par-dessus : un enchaînement comme si mon ajout était déjà dans le module.

Préparer les PNJ : mon péché mignon

J’aime préparer les PNJ. Vraiment. J’ai donc isolé tous les principaux dans un document dédié :

  • leurs attitudes
  • leurs capacités de combat
  • leurs sorts
  • leurs noms exacts et leur prononciation
  • leurs intentions

J’ai prévu les fiches pour les groupes qui pouvaient combattre, histoire de bien personnaliser tel ou tel membre d’une bande. Sans oublier quelques portraits et silhouettes, parce qu’un PNJ prend vie beaucoup plus vite quand tu peux le montrer.

Supports visuels, cartes et musiques

J’ai préparé :

  • des cartes pour situer
  • des images pour l’ambiance
  • des playlists

Question musique, je voulais une ambiance sonore gloranthienne, sans tomber dans le cliché pseudo-viking.

Après quelques errances, j’ai fini par dénicher une énorme playlist déjà toute prête sur Spotify. Même s’il y avait du pseudo-viking, ça fonctionne bien quand même.

Un vrai plaisir. Et quelques découvertes musicales au passage.

L’arsenal matériel

Pour la partie, j’avais sorti :

  • la boîte de base
  • le Livre rouge de la magie
  • Armes & Équipement
  • le Kit de la Meneuse
  • les dés officiels RuneQuest

Je me suis même demandé si j’allais bricoler des runes maison, faute d’avoir acheté les officielles.

Le reste, je l’avais en PDF. Et avec ma vue, jouer en consultant un PC, c’est pas mal du tout : zoom, recherche, navigation rapide… Vous avez déjà essayé de lire l’écran du MJ sans une loupe x20 ?

Grande table, bouquins d’un côté, place pour les dés, les snacks, les boissons.

Le confort essentiel.

Sur le papier, tout roulait

Les joueurs avaient leurs backgrounds.

Les PNJ étaient prêts.

L’In Media Res était réglé.

Le scénario était ajusté.

La playlist attendait, la colonne bluetooth branchée.

La table était prête, les boissons fraîches, le saucisson et les cacahuètes sortis.

Dans ma tête, tout allait être fluide, cohérent, parfaitement orchestré.

Ça, c’était avant de jouer.

Parce qu’une fois la réalité de la table en face… c’est une autre histoire.

(Article n°2 : comment ça s’est vraiment passé.)




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