Cet article fait partie d’une sĂ©rie d’articles sur Sartar, et quelques dĂ©tails par-ci par-lĂ sur Glorantha. Il s’agit ici d’apporter encore plus de prĂ©cisions dans la prĂ©paration d’une sĂ©rie de scĂ©nario issus de la boite de dĂ©marrage (le startet set).
Voyager sur la Route Royale aprÚs le Réveil du Dragon
« Chaque pierre de la Route Royale est une priÚre figée dans le granit.
On dit quâen marchant dessus, on foule les rĂȘves de Sartar lui-mĂȘme. »
â Proverbe colymar, transmis Ă Jonville.
LâartĂšre battante dâun royaume fracturĂ©
En 1625, le vent de la guerre sâestompe Ă peine.
Les collines de la Passe du Dragon sont encore creusĂ©es de cratĂšres causĂ©s par la magie des sorciers et prĂȘtres lunars, les ponts Ă©ventrĂ©s pendent au-dessus des riviĂšres, et les stĂšles runiques portent la suie et le sang. Pourtant, au milieu de ce chaos, une voie demeure : la Route Royale, Ćuvre du Prince Sartar, bĂątisseur de routes, dâalliance et de miracles.
Construite Ă la fin du XVe siĂšcle, la Route Royale nâĂ©tait pas quâun ruban de pierre : câĂ©tait un serment incarnĂ©.
Sartar fit appel aux nains des Monts Quivin, aux prĂȘtres dâIssaries et Ă des architectes inspirĂ©s par le souffle dâOrlanth.
Chaque section fut consacrĂ©e au dieu du Commerce et du Mouvement. Chaque borne runique, gravĂ©e du signe dâIssaries, marquait la promesse dâun royaume oĂč lâon pouvait voyager sans crainte.

Le savoir-faire des dieux et des nains
Les routes royales étaient larges de cinq à six mÚtres, pavées de blocs de granit poli, assez solides pour supporter deux chariots se croisant sous la pluie. Elles suivaient le relief comme une cicatrice apaisée, surélevées pour éviter les crues, percées de drains taillés dans la pierre.
Sous la surface, les mostalis de la Mine naine (Dwarf Mine) avaient scellĂ© un rĂ©seau dâenchantements telluriques, censĂ©s protĂ©ger les voyageurs du glissement et de la dĂ©sorientation.

Un dicton orlanthi dit que ces routes âne mĂšnent jamais au hasard, mais jamais lĂ oĂč lâon croitâ. Certains prĂȘtres affirment que les voyageurs sincĂšres sentent encore le souffle de Sartar dans le vent qui les guide.
Les auberges de Geo : haltes et sanctuaires
Tous les vingt milles, la route sâinterrompt dans un Ă©clat de vie : une auberge de Geo, sanctuaire dĂ©diĂ© au dieu mineur de lâHospitalitĂ©.
Ces établissements, mi-taverne mi-temple, accueillent les pÚlerins, les marchands et les conteurs.


On y trouve des lits, de la biĂšre Ă©paisse, des histoires â et parfois, un autel discret Ă Issaries oĂč brĂ»le une flamme Ă©ternelle.
âChaque auberge est Ă la fois une taverne et un sanctuaire dĂ©diĂ© Ă Geo et Ă Issaries.â
(Sartar Companion, p. 45)
En 1625, beaucoup dâentre elles ne sont plus que ruines. Certaines servent de refuges pour les orphelins ou les vĂ©tĂ©rans, dâautres ont Ă©tĂ© fortifiĂ©es contre les bandes lunars en dĂ©route. Mais pour quiconque marche vers Jonville, elles restent des phares dans la nuit.
Les routes commerciales et le rythme des caravanes
âLes caravanes sont les veines de Sartar.â
â Lands of RuneQuest â Dragon Pass, p. 22
Les routes royales ne sont pas seulement des voies sacrĂ©es : ce sont des artĂšres commerciales oĂč le royaume pulse encore. Chaque Ă©tape correspond Ă une journĂ©e de caravane, environ quarante kilomĂštres pour un convoi lourd escortĂ© de bĆufs ou de zĂšbres. Ces rythmes, fixĂ©s depuis des gĂ©nĂ©rations, dictent encore la vie du pays.
De Boldhome Ă Jonville, la Route Royale forme une Ă©tape dâune journĂ©e. Câest la voie la plus directe et la mieux entretenue : une bande de pierre pavĂ©e qui longe les Collines du Quivin et traverse les terres des Cinsina, avant dâatteindre la vallĂ©e dâArfritha, une bande de pierre pavĂ©e qui longe les Collines du Quivin et traverse les terres des Cinsina, avant dâatteindre la vallĂ©e dâArfritha, oĂč se rencontrent les tribus Cinsina, Malani et Culbrea..
Les caravanes quittent Boldhome Ă lâaube, franchissent Bon-Refuge en milieu de journĂ©e, et atteignent les portes de Jonville avant la tombĂ©e de la nuit. Les marchands la considĂšrent comme « la derniĂšre route sĂ»re de Sartar ».
Ă lâinverse, au sud la route menant Ă Vinclair (Clearwine), plus Ă lâouest, nâest ni directe ni rapide : elle descend dâabord vers Wilmskirk, traverse les collines Charandar vers GuĂ© Cancane, puis remonte vers la vallĂ©e des terres des Colymar.
Trois jours de voyage, trois fois plus de dangers : glissements, bandits, trolls, routes effondrĂ©es. MĂȘme les prĂȘtres dâErnalda Ă©vitent ces sentiers Ă la mauvaise saison.
âLa route des caravanes menant Ă Vinclair passe vers lâouest par Wilmskirk et Quackford avant dâatteindre la capitale tribale des Colymar. Le trajet dure trois jours.â
â Lands of RuneQuest â Dragon Pass, p. 24

De Boldhome Ă Jonville : un voyage encore possible
La Route Royale quitte donc Boldhome vers le nord, sâĂ©levant dans les Collines du Quivin. Construite par Sartar lui-mĂȘme, elle relie le cĆur du royaume aux citĂ©s du nord, et demeure â malgrĂ© la guerre â la voie la plus sĂ»re Ă emprunter.
Elle serpente dâabord Ă travers les vallĂ©es des Cinsina, un peuple rude mais fidĂšle, dont les hameaux sâaccrochent aux pentes rocheuses. Les voyageurs y croisent des forgerons, des bergers, et parfois les prĂȘtres dâIssaries qui entretiennent les bornes runiques de la route.
La premiĂšre halte notable est Bon-Refuge (Goodhaven), ancien poste de guet devenu relais caravanier. Les murs portent encore les marques des combats contre les Lunars, mais on y trouve un peu de biĂšre, un abri, et des nouvelles venues du nord.


Si l’on se dĂ©cide Ă prendre la Route Royale vers Jonville, on peut bien entendu bifurquer sur des pistes secondaires : direction Porte-runique (Runegate) Ă l’ouest, et Ă mi-chemin descendre vers le sud vers Vinclair (Clearwine), en passant par le Sentier de la Pomme, routes Ă©troites et risquĂ©es, rarement empruntĂ©es depuis le RĂ©veil du Dragon.
Au-delĂ de Bon-Refuge, la route s’Ă©loigne de la vallĂ©e dâArfritha, frontiĂšre naturelle entre les tribus Malani et Culbrea.
Les collines se font plus verdoyantes, mais les ponts ont souffert et les villages se reconstruisent Ă peine. Les stĂšles dâIssaries se dressent Ă intervalles irrĂ©guliers, certaines brisĂ©es, dâautres couvertes dâoffrandes diverses. Les voyageurs y sentent la fatigue du royaume, mais aussi sa persĂ©vĂ©rance.
Enfin, aprĂšs plusieurs heures de marche, la silhouette de Jonville se dĂ©tache sur les hauteurs : la citĂ© des scribes et des marchĂ©s, carrefour des routes du nord. Les tĂ©moins racontent que cette portion de la Route Royale â entre Bon-Refuge et Jonville â est la mieux conservĂ©e de tout le royaume :
âLes routes tiennent encore, bien que les ponts soient brisĂ©s, les auberges Ă moitiĂ© incendiĂ©es et les caravanes sur leurs gardes.â
(Sartar Companion, p. 47)
BlessĂ©e mais vivante, la route demeure le dernier fil dâun royaume en train de se recoudre.
Les routes en 1625 : entre mythe et ruine
Depuis la libération de Sartar par Kallyr Front-étoilé, les routes servent à nouveau, mais leur usage est dangereux.
Des ponts détruits forcent les caravaniers à franchir les gués glacés ; des tours de guet désertées abritent désormais bandits ou fantÎmes lunars.
Les auberges de Geo, quand elles tiennent encore debout, servent de dépÎts, de sanctuaires ou de cachettes.
Pourtant, dans cette dĂ©solation, chaque voyage reste un acte de foi : les routes de Sartar sont vivantes. Elles vibrent du souvenir du Prince, du commerce qui reprend, des pas dâIssaries et des tempĂȘtes dâOrlanth.
Jonville, carrefour des survivants
âJonville se trouve Ă la jonction des Routes Royales menant Ă Boldhome, Alda-Chur et Tarsh.â
(Sartar Companion, p. 40)
Jonville (Jonstown) â est le nĆud vital du nord. Les routes y convergent comme des veines vers un cĆur. Câest ici que les caravanes Ă©changent les nouvelles, que les prĂȘtres de la ConfĂ©dĂ©ration de Jonville bĂ©nissent les voyageurs, et que les Ă©rudits comptent les annĂ©es selon les guerres et les dragons.

Le MarchĂ© Nord, bruissant de cris et de transactions, nâest pas quâun bazar : câest la chambre dâĂ©cho du royaume renaissant.
Les routes comme métaphore
Dans Glorantha, rien nâest seulement pratique. Les routes sont aussi des chemins mythiques : le passage du monde ancien vers le monde Ă reconstruire. Marcher sur la Route Royale, câest rejouer le geste de Sartar, câest relier le Chaos au Mouvement, la Terre au Commerce, la mort Ă la mĂ©moire.
Les runes gravĂ©es sous la poussiĂšre nâont pas disparu. Elles attendent seulement que quelquâun, une fois encore, sây aventure.
Sources
- RuneQuest: Le Monde de Glorantha, Livre 2 (Book in Game / Studio Dead Crows).
- HeroQuest: Sartar â Kingdom of Heroes, Companion & Campaign Pack (Moon Design Publications).
- King of Sartar (Revised & Annotated Edition, Moon Design).
- Lands of RuneQuest â Dragon Pass (Chaosium).
- Well of Daliath (Chaosium official lore portal).
- Glorantha Wiki & BRP Central Forum.
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Tomber dans Glorantha
Revenir Ă RuneQuest, câest rouvrir une porte vers Glorantha : un monde immense, foisonnant, mythique. Entre souvenirs dâOriflam, redĂ©couverte du coffret Deadcrows et vertige des textes, lâenvie renaĂźt de rejouer, de lire, dâexplorer. Cet article ouvre une sĂ©rie pour se replonger pas Ă pas dans les terres de bronze et de dieux.

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