Vous aimez la fantasy, mais vous avez fait une overdose de royaumes médiévaux-grisou avec prophéties recyclées ? Arcana débarque avec ses étoiles bio-luminescentes, ses dilemmes moraux et ses secrets enfouis dans la nuit éternelle. C’est beau, c’est étrange, et ça nous parle.
Néon Fantasy, vraiment ?
Imaginez une fantasy où le soleil a claqué la porte pour de bon. L’univers d’Arcana est plongé dans une nuit éternelle percée d’étoiles colorées, où les créatures vivent dans une esthétique qui tient plus du vitrail vivant que du campement boueux. Le terme Néon Fantasy1, pas juste un coup marketing, résume bien l’ambiance : c’est mystique, c’est un peu queer dans l’âme, et c’est visuellement très différent du trip habituel façon Game of Thrones sous Prozac.
Mais derrière le vernis lumineux, se cache un monde Clair-Obscur où les notions de Bien et de Mal sont reléguées au placard. Vos choix ont un prix, parfois très élevé. Et non, vous n’aurez pas un Paladin pour vous dire ce qui est juste – vous serez seul·e avec vos décisions (et vos regrets).
Système et gameplay : narratif, libre, introspectif
Arcana repose sur un système narratif avec magie libre. Comprenez : oubliez les listes de sorts façon grimoire Excel. Ici, la magie est fluide, construite avec le MJ, et surtout : elle a un coût narratif. Pas de feu d’artifice gratuit, mais des choix qui tordent l’histoire et révèlent des facettes de vos personnages.
Les PJ (ici appelés Protagonistes, ça en dit long) sont en quête de leur propre identité Renaissante. Oui, l’amnésie est de retour, mais traitée avec sensibilité. Ce n’est pas une ficelle, c’est un moteur d’exploration du monde et de soi.
On retrouve deux « bacs à sable » dans la campagne intégrée : une académie, qui sent bon les intrigues occultes entre étudiants en cape trop propre, et Oritade, la capitale flamboyante, où on imagine sans peine des luttes de pouvoir dignes d’un drama politique bioluminescent.
Des choix esthétiques et éthiques forts
Graphiquement, Arcana frappe. Les illustrations sont issues de photographies retravaillées, par Luc Mercier, et les créatures primordiales (les fameux Neuf Enfants) prennent vie sous les pinceaux de Kelpie, dans un style onirique et mouvant.
Mais ce qui retient l’attention, c’est l’éthique de la production : aucune IA générative, des dés artisanaux fabriqués en France, une impression locale, et même des goodies fait maison. AngeldustJDR pousse loin sa logique d’édition indépendante, alternative et inclusive.
C’est cohérent avec leur engagement : pas de compromis capitaliste, pas de contenu aseptisé, et un vrai soin à donner la parole à d’autres sensibilités.
Secrets, mythes et trauma cosmique
Le cœur narratif d’Arcana tourne autour des Neuf Enfants, figures divines-mystérieuses qui auraient sacrifié la Lumière pour que le monde persiste. Est-ce vrai ? Sont-iels encore en vie ? Qu’ont-iels laissé derrière ? C’est votre table qui le découvrira, dans une ambiance qui frôle parfois le cosmique mélancolique.
Et c’est là que le jeu brille : il n’essaie pas de tout expliquer. Il vous tend des bribes, des symboles, des silences à remplir. C’est un jeu à secrets, mais pas à énigmes à résoudre : c’est une narration à déplier, couche après couche.
Du côté du jeu de rôle : pourquoi s’y intéresser ?
Arcana n’est pas qu’un bel objet : c’est un terrain fertile pour des parties introspectives, symboliques, et très libres. Il peut inspirer :
- Des campagnes centrées sur l’identité, la mémoire, les croyances.
- Des adaptations libres dans d’autres cadres néon-fantastiques.
- Des scénarios sur les héritages divins et les sociétés post-apocalyptiques lumineuses.
Et soyons honnêtes : ça fait du bien de voir un jeu qui prend ses distances avec les grandes licences en plastique et ose construire un univers original sans céder au clin d’œil à la pop culture ou au système générique à la mode.
Infos pratiques
- Prévente du Livre I : du 17 juin au 5 juillet 2025, sur angeldust-jdr.com
- Contenu : un livre de 292 pages, deux cadres de campagne, système narratif, illustrations photographiques, dés artisanaux, bande-son originale, etc.
- Auteurice : Ambre « Zel » Tailhades (accompagnée par Luc Mercier, et toute l’équipe d’AngeldustJDR)
Arcana, c’est pour qui ?
Si vous aimez les univers profonds, les parties qui vous laissent émotionnellement essoré·e, et les créations qui ne cherchent pas à plaire à tout le monde, Arcana est clairement un jeu à suivre.
Et pour les autres… Eh bien, retournez planter des patates dans votre simili Donjon. Ici, les étoiles brillent même dans les ténèbres.
Pour suivre
- La Néon Fantasy, c’est un sous-genre émergent (ou disons… en train de s’inventer) à la croisée de plusieurs inspirations : de la fantasy classique, mais traversée par des codes visuels et symboliques venus du cyberpunk, du surréalisme, et parfois du psychédélisme.
En clair :
→ Un monde de magie, de mythes et de dieux déchus,
→ Mais sans nature verdoyante, ni soleil éclatant.
→ À la place : des lueurs artificielles, des couleurs saturées, des paysages nocturnes, une ambiance souvent mélancolique et flottante. ↩︎
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