Le grindhouse en jeu de rôle : quand l’excès devient un terrain de jeu

Avant de parler JdR, il faut comprendre ce qu’on met derrière « grindhouse ». À l’origine, c’étaient des cinémas de seconde zone, projetant en boucle des films à petit budget, souvent en double séance, avec des productions rapides et peu de censure.

Je vais être honnête : à une époque, le cinéma grindhouse n’était pas franchement ma came. Trop violent, trop cheap, trop gratuit. Et puis, Tarantino est arrivé avec Kill Bill 1 & 2, Death Proof, et toute cette relecture stylisée du genre. Là, j’ai commencé à voir autre chose : une énergie brute, une narration décomplexée, et surtout un amour du cinéma qui déborde de l’écran.

C’est en creusant que je me suis rendu compte que le grindhouse n’était pas juste un déluge de violence et de seins à l’air. C’était un état d’esprit. Et en jeu de rôle, ça peut donner quelque chose de vraiment puissant.


Le Grindhouse : c’est quoi exactement ?

Avant de parler JdR, il faut comprendre ce qu’on met derrière « grindhouse ». À l’origine, c’étaient des cinémas de seconde zone, projetant en boucle des films à petit budget, souvent en double séance, avec des productions rapides et peu de censure. De l’horreur fauchée, du kung-fu hurlant, des nanars de science-fiction, des polars ultra-violents… Bref, du cinéma d’exploitation, où l’objectif était de choquer, d’amuser et surtout d’en donner pour son argent.

Le grindhouse en jeu de rôle : quand l’excès devient un terrain de jeu

Les ingrédients du grindhouse

Un film grindhouse, c’est souvent :

  • Des personnages hors du commun : des héros cabossés, des méchants flamboyants, des femmes fatales plus dangereuses qu’une tornade armée d’un fusil à pompe.
  • De l’action brute et sans pitié : courses-poursuites absurdes, combats ultra-violents, fusillades interminables…
  • Un ton outrancier : dialogues ciselés, punchlines qui claquent, et souvent un côté volontairement grotesque.
  • Un esthétisme crasseux : grain de pellicule abîmé, faux raccords, sang exagérément rouge.
  • Une absence de tabous : drogues, sexe, corruption, revanche… tout peut être sujet à scénario, pour le meilleur et pour le pire.

Le grindhouse en JdR : pourquoi ça fonctionne ?

Quand on y pense, le grindhouse et le jeu de rôle partagent quelque chose de fondamental : ce sont des médias de l’excès. On exagère, on pousse les curseurs à fond, on assume les clichés pour mieux les détourner. Ça en fait un terrain de jeu incroyable pour du JdR, à condition de savoir où on met les pieds.

Les styles de jeux compatibles

Le grindhouse en JdR, ça peut donner plusieurs types d’expériences :

  • Un one-shot nerveux et explosif : un condensé d’action où les joueurs incarnent des marginaux en cavale, des justiciers brutaux ou des criminels en plein carnage.
  • Une campagne pulp crade et excessive : où les PJ survivent dans un monde où tout est amplifié, corrompu, grotesque… mais jouissif.
  • Une ambiance horrifique et dérangeante : certains films grindhouse touchent à l’horreur crasseuse (Massacre à la tronçonneuse, The Hills Have Eyes). À utiliser avec précaution.

Quelques systèmes de jeu qui s’y prêtent bien

  • Savage Worlds : rapide, furieux, et parfait pour des aventures grindhouse où tout peut exploser à tout moment.
  • Chroniques Oubliées Contemporain (version pulp par exemple) : avec un petit twist grindhouse, on peut transformer une enquête urbaine en un festival de baston et de règlements de comptes.
  • FATE ou PbtA (Apocalypse World, Cartel, Monster of the Week) : pour une approche plus narrative et cinématographique.
  • L’Appel de Cthulhu (surtout en version Pulp Cthulhu) : pour jouer des récits horrifiques façon grindhouse, avec un côté crade, violent et intense. D’ailleurs, certains recueils de scénarios grindhouse sont disponibles sur DriveThruRPG, offrant des histoires mêlant horreur lovecraftienne et exploitation cinématographique.

Quelques films grindhouse inspirants pour le JdR

  • Faster, Pussycat! Kill! Kill! (1965) : Des amazones motorisées qui écrasent tout sur leur passage. Une source d’inspiration parfaite pour des anti-héroïnes badass en JdR.
  • The Texas Chainsaw Massacre (1974) : Pour du grindhouse version horreur poisseuse et crado.
  • Coffy (1973), Foxy Brown (1974) : La blaxploitation au sommet, avec Pam Grier en justicière vengeresse.
  • Mad Max (1979) : Le grindhouse qui a posé les bases du post-apo énervé.
  • Death Proof (2007) : Un slasher où la final girl ne se contente pas de survivre, mais prend sa revanche de façon magistrale.
  • Machete (2010) : L’esprit grindhouse assumé, avec un ex-fédéral qui se venge dans un bain de sang jubilatoire.

Attention aux sensibilités

Autant être clair : le grindhouse, ce n’est pas pour tout le monde. C’est un style qui joue avec les limites, qui aime provoquer et choquer. Ce qui peut être fun dans un film peut devenir inconfortable autour d’une table de JdR si ce n’est pas bien géré.

Quelques règles d’or pour adapter le grindhouse en JdR :

  • Bien définir les limites avec le groupe : on joue à l’excès, mais personne ne doit se sentir mal à l’aise.
  • Privilégier le fun et le second degré : on exagère, on caricature, mais sans tomber dans la complaisance.
  • Jouer avec les codes, mais avec conscience : Le grindhouse repose souvent sur des archétypes discutables. À nous de les détourner intelligemment.

Finir en beauté à fond les ballons !

Jouer une campagne grindhouse, c’est embrasser un style cinématographique où tout est trop : trop violent, trop stylisé, trop caricatural. Mais dans cet excès, il y a un vrai plaisir ludique et narratif, un défouloir créatif où les personnages peuvent tout oser.

Alors, prêts à monter dans un bolide survitaminé et à foncer dans l’univers du grindhouse en JdR ? Moteur… Action !



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Commentaires

2 réponses à “Le grindhouse en jeu de rôle : quand l’excès devient un terrain de jeu”

  1. Avatar de Justin Busch

    « Death Proof » est sorti originalement aux États-Unis ensemble avec « Planet Terror » sous le nom commun de « Grindhouse ». Mais seulement le premier a connu du succès après que les deux ont été séparés.

    1. Avatar de Iso

      Planet Terror est vraiment  »too much » comme on dit par ici. Très graphique, très gore, et oui pourtant il a bien moins fonctionné. C’est aussi le principe de ce genre de film, normalement c’est pas fait pour faire du blockbuster qui rapporte. Logiquement ça aurait dû rester du petit budget.

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