Chronique du recueil « Une Pie Sur La Branche » d’Eugénie Dopagne

Loin d’être un simple enchaînement de textes, le recueil s’organise en un cycle printemps-été-automne-hiver, chaque saison portant un état d’âme, une transformation. Ce choix structurel donne une dimension presque initiatique à la lecture : on suit la trajectoire d’un personnage-poète qui traverse l’éveil, la passion, la chute et le renouveau.

Une pie sur la branche livre

La poésie est un art du souffle, du rythme, de la musicalité. Avec Une Pie Sur La Branche, Eugénie Dopagne nous offre un recueil qui vibre au gré des saisons, tissant un cycle poétique où l’amour, la révolte, la mélancolie et l’espoir s’entrelacent comme les branches d’un arbre mouvant.



Inspiré par le jeu de rôle Apothéose, ce livre ne se contente pas d’explorer des mondes imaginaires : il en fait le théâtre d’une quête intérieure, où les mots deviennent incantations et où chaque poème est une porte vers un ailleurs.


Un voyage en quatre saisons

Loin d’être un simple enchaînement de textes, le recueil s’organise en un cycle printemps-été-automne-hiver, chaque saison portant un état d’âme, une transformation. Ce choix structurel donne une dimension presque initiatique à la lecture : on suit la trajectoire d’un personnage-poète qui traverse l’éveil, la passion, la chute et le renouveau.

Le Printemps – L’éveil et la quête de magie

Le recueil s’ouvre sur des poèmes pleins d’ardeur, où l’émerveillement prime. L’autrice y exprime son désir de liberté et de beauté, jouant avec la symbolique du vol, du chant et du jeu (Je suis née pour voler, Je veux de la magie !). Il y a dans cette partie une envie d’envol, un cri d’enfant face au monde, une quête d’absolu où tout semble encore possible.

L’Été – L’extase et l’amour absolu

C’est le moment des émotions à leur paroxysme. L’amour y est exalté, absolu, parfois mystique (Dans l’écrin de tes yeux, Triptyque). Mais l’été est aussi la saison où le soleil brûle, où la passion consume : certains poèmes laissent déjà entrevoir la fin d’une innocence, le début de fissures dans l’extase. L’ombre de la perte se profile.

L’Automne – La chute et le doute

Les feuilles tombent, et avec elles, les illusions. L’amour devient douleur, la révolte gronde (Le printemps dure trois ans, Marionnettiste). On perçoit ici une critique sociale plus acerbe, une forme d’ironie mordante qui évoque Villon ou Brassens. L’automne est la saison des bilans, des regrets, des désillusions face à un monde qui ne répond pas aux rêves semés au printemps.

L’Hiver – Le silence, la mort et le renouveau

Le recueil atteint son point de dépouillement. L’absence, la solitude, la perte sont au centre de ces derniers poèmes (Lettre depuis le royaume de l’hiver, De cinere in cinerem). Mais l’hiver, ce n’est pas seulement la fin : c’est aussi l’attente d’un renouveau, une sagesse acquise dans la douleur. C’est le moment du retour à l’essentiel, où ne reste que l’essence pure des sentiments et de l’existence.


Une poésie entre envol et gravité

L’écriture d’Eugénie Dopagne oscille entre la légèreté du chant et la pesanteur du réel. Son style, proche de la chanson et de la complainte médiévale, évoque tour à tour la ballade d’un troubadour, le haïku zen ou la fable cruelle. Les vers sont souvent courts, percutants, jouant avec les sonorités et les rythmes pour créer une mélodie propre à chaque saison.

L’humour et la satire ne sont jamais loin non plus. Certains textes se parent d’une ironie mordante, fustigeant le pouvoir, les illusions sociales, les injustices (Jadis une pie péronnelle, Marionnettiste). D’autres touchent au lyrisme le plus pur, à une poésie de l’abandon et de l’absolu (Toi, mon rêve et mon désir).


Une œuvre profondément rôliste

Si Une Pie Sur La Branche peut se lire comme un simple recueil de poèmes, il résonne aussi avec la culture du jeu de rôle. Son organisation en saisons rappelle la structure d’une campagne où un personnage traverse différentes étapes de son arc narratif : l’enthousiasme initial, la montée en puissance, la chute et la rédemption ou la perte.

Un maître de jeu pourrait s’inspirer de cette progression pour rythmer une histoire : un scénario en quatre actes, chacun marqué par une saison et une tonalité spécifique. Le printemps serait l’appel de l’aventure, l’été la confrontation avec l’intensité du monde, l’automne la désillusion et l’hiver le choix final, la résolution.

L’univers du jeu de rôle Apothéose, qui a inspiré ces poèmes, laisse également des traces dans les textes : références à des quêtes, à des figures mythologiques, à des tensions entre destin et libre arbitre. C’est un dialogue constant entre le conte, la légende et l’expérience vécue à la table de jeu.


Un recueil à lire et à ressentir

Une Pie Sur La Branche n’est pas un livre qu’on lit distraitement, il se savoure comme un vin capiteux ou une vieille chanson qui nous hante. Eugénie Dopagne y mêle la grâce et la révolte, l’ardeur et la mélancolie, nous entraînant dans un tourbillon de mots où chaque saison porte une vérité intime.

Un ouvrage à découvrir pour ses vers envoûtants, sa force émotionnelle et son écho avec l’imaginaire rôliste. Comme une pie sur une branche, ces poèmes nous regardent, prêts à s’envoler… ou à nous voler un morceau de notre âme en échange.



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Commentaires

2 réponses à “Chronique du recueil « Une Pie Sur La Branche » d’Eugénie Dopagne”

  1. Avatar de Stephen Sevenair

    La poésie est la porte ouverte sur l’inconnaissable ! Elle nous susurre :
    Vous ne comprenez pas ?
    Pourtant cela Est !
    Jouer au jeu de rôle est un acte poétique, en même temps qu’un acte de foi.

  2. Avatar de ED
    ED

    Merci beaucoup Scriiipt pour cette chronique !!! Elle me laisse sans voix ^^
    La poésie et le jdr ont en commun l’instant présent partagé et l’oralité de l’échange. Et bien sûr les voyages en pensées dans l’imaginaire.

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