« Les Chroniques de Durdane » de Jack Vance

Je poursuis avec assiduité mes lectures des romans de Jack Vance. Ce qui est bien avec un auteur aussi prolifique de Vance, c’est qu’on fini toujours par redécouvrir un truc… Par exemple, les Chroniques de Durdane… j’avais jamais entendu parlé ¯_(ツ)_/¯

Les Chroniques de Durdane est une trilogie de science-fiction publiée entre 1971 et 1973. Encore une fois chez Vance c’est un mélange fascinant d’aventure, de réflexion politique et d’exploration de mondes exotiques. La Trilogie se compose des romans L’Homme Sans Visage (The Anome), Les Paladins de la liberté (The Brave Free Men) et Asutra! (The Asutra).

Pour une fois, je vous le fais rapide, je vous chronique les Chroniques en une seule fois… Parce que justement je les ai lu en une seule traite… A un moment, j’ai même cru que je lisais un seul roman (ce qui est le cas, puisque c’est en format « Intégrale » chez Folio SF) … Ce qui explique ma déception une fois arrivé au bout. Mais je vous en dirais plus.

Durdane

Le monde de Durdane est une planète continent, une ancienne colonie terrestre qui a probablement quelque chose comme 10000 ans…
La plupart des habitant vivent sur le continent principal, le Shant, divisé en une multitude de cantons aux cultures variées. Ces sociétés vivent sous le joug d’un dirigeant mystérieux, l’Anome, qui contrôle la population via des colliers explosifs appelés « torques ». Cette technologie permet à l’Anome de décapiter toute personne qui lui désobéit. Le Shant est donc une société sous contrôle rigide, mais dépourvue d’un gouvernement centralisé classique, chaque canton ayant ses propres règles et traditions (souvent incompatibles, incompréhensibles, issus d’anciennes traditions héritées des premiers colons).

Le héros de la série, Gastel Etzwane, est un jeune homme vivant dans un canton rural gouverné par une sorte de secte (les Chilites). Au fil du premier roman, L’homme sans visage, Gastel découvre les limites de ce système et part à la recherche de l’Anome pour comprendre pourquoi celui-ci ne réagit pas face à la menace des Rogushkoïs, des créatures monstrueuses qui ravagent les terres humaines. Cet acte de rébellion le pousse à remettre en question non seulement le pouvoir en place, mais aussi l’ensemble de la structure sociale.

Dans Les Paladins de la liberté, Gastel prend un rôle plus actif dans la résistance contre les Rogushkoïs, tout en luttant pour libérer les peuples de Durdane du joug de l’Anome et de son système oppressif. La trilogie se poursuit avec une dimension plus space opera dans Asutra!, où l’origine des Rogushkoïs fini d’être complètement dévoilée : ils sont liés à des entités extraterrestres, les Asutra. Ces derniers semblent avoir leurs propres plans de domination. Gastel doit non seulement organiser la défense de Durdane, mais également explorer des mondes extérieurs.

L’homme sans visage (The Anome)

Ce premier tome introduit le monde de Durdane, un univers complexe et isolé, dirigé par l’énigmatique Anome ou l’Homme sans visage. L’Anome maintient l’ordre à travers l’utilisation des torques, des colliers explosifs que chaque citoyen doit porter, lui permettant de contrôler la population sous la menace de mort instantanée.

Le héros, Gastel Etzwane, est un jeune homme issu du canton de Shant, une région particulièrement conservatrice et isolée. Insatisfait des traditions de sa région et troublé par l’inaction de l’Anome face aux Rogushkoïs, des créatures brutales qui ravagent les terres, Gastel décide de partir en quête pour comprendre pourquoi le pouvoir en place reste passif face à cette menace.

Ce tome met en place les principaux thèmes de la série : la quête de liberté, la révolte contre l’oppression, et la remise en question des systèmes autoritaires. L’exploration des diverses cultures des cantons de Durdane, chacun avec ses mœurs étranges et uniques, contribue à la richesse de cet univers​.

Les paladins de la liberté (The Brave Free Men)

Dans ce deuxième volume, Gastel Etzwane joue un rôle plus actif en tant que leader de la résistance. Après avoir découvert l’identité de l’Anome, il se libère du joug de cet homme et commence à organiser la lutte contre les Rogushkoïs, les créatures humanoïdes qui continuent de semer la terreur sur Durdane. Gastel devient malgré lui un symbole de liberté, mais son parcours est semé d’embûches, car il doit non seulement combattre militairement, mais aussi convaincre les citoyens de rejeter le système oppressif qui les soumet.

Les paladins de la liberté est marqué par un ton plus militaire et épique que le premier tome, centré sur l’organisation de la résistance et la lutte contre une menace extérieure. Cependant, il conserve la profondeur des réflexions sur la liberté et la responsabilité individuelle dans un contexte de libération politique​.

Asutra ! (The Asutra)

Le dernier volet de la trilogie prend une tournure plus space opera. Gastel découvre que les Rogushkoïs ne sont pas des créatures autonomes, mais auraient été créés ou manipulés par une race extraterrestre appelée les Asutra. Ces êtres parasites contrôlent les Rogushkoïs et d’autres créatures dans leur quête de domination. Gastel est capturé par ces extraterrestres et doit combattre pour leur compte sur une autre planète avant de trouver un moyen de s’enfuir et de retourner sur Durdane.

Ce tome ajoute une dimension plus philosophique et psychologique à la série, en explorant la manipulation mentale et le contrôle des consciences, parallèlement à la lutte physique pour la liberté. Cependant, il est souvent perçu comme le plus faible des trois, avec une conclusion jugée un peu précipitée par rapport aux promesses des deux premiers livres​.

Style et ton de la trilogie

Jack Vance est connu pour son style unique, fait d’une prose élégante et détaillée, où chaque monde est minutieusement conçu, avec des cultures et des coutumes élaborées. Les Chroniques de Durdane ne fait pas exception. Durdane est un monde riche et complexe, avec des sociétés rigides mais variées, où chaque région a ses propres mœurs, souvent absurdes ou excentriques, mais qui servent à critiquer les excès des systèmes politiques.

L’univers vancien met souvent en scène des héros solitaires, et Gastel Etzwane est un exemple classique. Il est à la fois un homme ordinaire qui se trouve jeté dans des circonstances extraordinaires et un être capable de transcender son environnement pour devenir une figure de révolte et d’émancipation.

Conclusion

« Les Chroniques de Durdane » est une œuvre qui mêle science-fiction, aventure, et réflexion sociale. Jack Vance explore les tensions entre liberté et autorité, responsabilité individuelle et collective, tout en nous emmenant dans un monde aux détails foisonnants, peuplé de personnages excentriques et de civilisations étranges.

La trilogie se distingue par son exploration des différentes formes de contrôle social et individuel. Que ce soit à travers l’Anome, les Rogushkoi ou les Asutra, Vance invite ses lecteurs à réfléchir sur la manière dont nous sommes parfois enchaînés par des forces extérieures – ou même par nous-mêmes.

Mais oui, la fin pourrait semblée baclée. En fait, en lisant les dernières pages, je m’attendais à une suite, avant de me rendre compte que je lisais la fin du dernier tome. C’est décevant, mais finalement assez logique parfois avec Vance. On est emporté loin, et on a envie d’en savoir toujours plus. Et C’est une fin un peu ouverte que l’on a ici. On ne sait pas trop ce qu’il va advenir de Gastel, maintenant qu’il a découvert que le monde qui l’entoure est plus vaste que ce qu’il imaginait.