Léonie Thévenot d’Aunet, née à Paris en 1820, est une romancière, nouvelliste, dramaturge et exploratrice française.
Léonie est la fille du chef d’escadron originaire de Québec Auguste-François-Michel Thévenot d’Aunet et d’Henriette-Joséphine d’Orémieulx.
Léonie d’Aunet est éduquée à l’Institution Fauvel, puis mariée à Paris, le 23 juillet 1840, au peintre François-Auguste Biard.
Lorsque son futur mari est engagé dans l’expédition scientifique au Spitzberg (1838-1839, montée pour explorer l’océan Arctique à bord de la corvette La Recherche, sous la direction de Joseph Paul Gaimard, elle défie l’opposition unanime qu’elle rencontre, en annonçant sa résolution de l’accompagner.
Elle traverse avec lui la Belgique, la Hollande, la Norvège avant de quitter Hammerfest, la ville la plus septentrionale de Scandinavie, pour aborder, après plusieurs semaines, le Spitzberg.
Son début dans les lettres est sa publication, sous forme de feuilleton dans la Revue de Paris, de la relation de cette expédition scientifique aux régions boréales, qu’aucune femme n’a entreprise avant elle.
À l’automne 1843, elle rencontre, peut-être dans le salon de Fortunée Hamelin, Victor Hugo (avec qui elle va avoir une liaison de sept ans qui ne s’interrompra qu’avec l’exil auquel le coup d’État du 2 décembre 1851 oblige le poète), lui inspirant de nombreuses poésies dont on trouve trace dans les Contemplations.
Cette relation redonne à Hugo le goût à la vie et le distrait du chagrin qu’il éprouve de la perte de sa fille Léopoldine Hugo.
A madame Léonie :
Victor Hugo
On voit en vous, pur rayon,
La grâce à la force unie,
Votre nom, traduction
De votre double génie,
Commence comme lion,
Et finit comme harmonie.
Si au début la romance de Léonie avec Victor Hugo était tolérée par son mari, tout change lorsqu’elle demande la séparation de corps en avril 1844. Dans le but de pouvoir la convaincre d’adultère, François-Auguste la fait suivre. Elle est surprise en flagrant délit le 5 juillet 1845 dans un hôtel du passage Saint-Roch. Le commissaire laisse partir Hugo, après quelque hésitation, lorsque ce dernier lui rappelle, entre autres, l’inviolabilité de son statut de pair de France, mais Léonie est arrêtée et emmenée à la prison Saint-Lazare. Au bout de deux mois, elle est transférée au couvent des Dames de Saint Michel où Adèle Hugo qui, bien aise de voir une concurrente de Juliette Drouet, a pris son parti, vient lui rendre visite ; de son côté, le roi Louis-Philippe Ier aurait attribué une commande à Biard pour calmer son courroux.
Le 10 septembre 1845, Léonie entre au couvent des Augustines où elle reste environ six mois. Une fois libérée, elle fait de fréquentes visites au domicile d’Hugo. Adèle Hugo l’aide, en échange de conseils vestimentaires et de décoration intérieure, à lancer sa carrière littéraire. Certains ont même affirmé que la majeure partie de ses livres était due à Victor Hugo lui-même. Lorsque Hugo part en exil, Adèle la dissuadera de l’y rejoindre, mais leur correspondance ne s’interrompra pas, et le poète, à qui est revenue la charge des enfants de Léonie après sa séparation de corps, lui enverra régulièrement de l’argent jusqu’à sa mort.
Entrée dans la carrière littéraire sous son nom de naissance, après sa séparation judiciaire de son mari en 1855, elle commence par publier, en livre chez Hachette, le récit de son voyage au Spitzberg sous le titre de Voyage d’une femme au Spitzberg. Cet ouvrage est suivi du Mariage en Province (1856), publié dans La Presse ; Une Vengeance (1857), Étiennette, Silvère, Le Secret (1859), L’Héritage du marquis d’Elsigny (1863), tous publiés dans la Bibliothèque des Chemins de fer chez Hachette, et qui lui valent une place distinguée dans les lettres.
Léonie d’Aunet s’est également consacrée au théâtre en donnant le 30 janvier 1856 au théâtre de la Porte-Saint-Martin le drame Jane Osborn, interprété par Lucie Mabire. Elle a également publié des feuilletons dans Le Siècle, Le Courrier de Paris, le Journal pour tous, tenu des rubriques au journal L’Événement et assuré la chronique de mode à la revue Les Modes parisiennes sous le pseudonyme de « Thérèse de Blaru ».
Elle a laissé deux enfants : un fils, connu sous le nom de Biard d’Aunet, qui épousa Mlle de Lestang-Parade, et une fille, Marie Biard, qui porta en littérature le pseudonyme d’« Étincelle » et qui épousa successivement le vicomte de Peyronny et le baron Double de Saint-Lambert.
Si c’était un personnage pour SimulacreS ?
Pour en savoir plus
Victor Hugo – Aux frontières de l’exil de Laurent Paturaud & Esther Gil
Septembre 1853. Victor Hugo est en exil sur l’île de Jersey. Passionné de spiritisme, le poète assiste régulièrement à des séances de tables tournantes jusqu’au jour où le fantôme de sa fille Léopoldine lui apparaît. Dès lors, il est hanté par des visions nocturnes lui intimant de faire la lumière sur le drame.
Accident ou meurtre ? Victor Hugo sort de son exil et se lance dans une enquête qui le mènera jusque dans les mystères du ventre de Paris. Sur l’île de Guernesey, John Charles Tapner mène une vie de petit fonctionnaire tranquille. Derrière cette apparence respectable, la réalité est tout autre : En plus d’entretenir sa femme, il prend part à diverses arnaques pour subvenir aux besoins de sa maîtresse ! Lorsque sa logeuse meurt dans des circonstances suspectes, il devient le suspect principal et se retrouve condamné à mort… Pour le sauver, sa femme rédige un appel au secours à l’intention de Victor Hugo, connu pour ses convictions abolitionnistes et son influence…
Ce récit, bien qu’en partie imaginaire, est inspiré de faits réels. Victor Hugo fut un fervent abolitionniste qui s’est battu pour la grâce de Tapner et a «réellement» communiqué avec le spectre de sa fille lors de séances de spiritisme.