Émilie-Louise Delabigne, dite Valtesse de La Bigne, est une demi-mondaine française née le 13 juillet 1848 à Paris et morte le 29 juillet 1910 à Ville-d’Avray.
Biographie
Jeunesse et ascension dans le milieu de la prostitution
Née le 13 juillet 1848 à Paris, Émilie Louise Delabigne est une lingère d’origine normande s’adonnant à la prostitution. Elle est la fille illégitime d’un père violent et alcoolique et d’Émilie Victoire Delabigne qui entre comme lingère en 1844 dans l’institution où le père travaille comme professeur. Installés en ménage rue du Paradis-Poissonière, ils eurent sept enfants illégitimes.
Émilie Louise Delabigne travaille dès l’âge de 10 ans dans un atelier de confection de la capitale. Elle pose pour le peintre Corot, dont l’atelier se situe dans son quartier et qui apprécie de peindre des jeunes gens. Elle commence à se prostituer très jeune, faisant partie des « lorettes », n’étant ni une grisette, ni encore une demi-mondaine. Cette prostitution est clandestine, se faisant souvent sous les porches et avec le risque d’être arrêtée par la police et de se faire couper les cheveux en punition.
Dans leurs plus beaux atours, les Parisiennes minaudent derrière leurs éventails en plume d’autruche et les aristocrates jettent à leurs pieds toute leur fortune pour un simple regard langoureux. Le bois de Boulogne est devenu le lieu permanent d’un défilé de monde où chacun vient parader en espérant s’ »acheter » un rendez-vous galant. C’est le triomphe des courtisanes frivoles et vénales, un phénomène social qui révolutionne les mœurs, une nouvelle caste qui tient le haut du pavé et que l’on nomme la « Tribu des archidrôlesses ».
VALTESSE DE LA BIGNE ou Le pouvoir de la volupté – par Yolaine de La Bigne
Courtisane du Tout-Paris
Maîtresse du compositeur Jacques Offenbach, elle accède grâce à lui aux restaurants à la mode. Elle se rend, comme Zola, Flaubert et Maupassant, chez Bignon (l’ancien Café de Foy) ou au Café Tortoni.
Après 1871, Valtesse ne tarde pas à se lancer dans la courtisanerie de haut vol. Elle quitte Offenbach et jette son dévolu sur le prince Lubomirski, obtient qu’il l’installe dans un appartement rue Saint-Georges, le ruine, le quitte et enchaîne les amants riches qu’elle dépouille les uns après les autres ; comme le très dandy prince de Sagan qui finança l’hôtel particulier du 98, boulevard Malesherbes, à l’angle de la rue de la Terrasse, construit par l’architecte Jules Février.
Surnommée « Rayon d’or », elle est raffinée, s’intéresse aux arts et à la littérature. Elle s’achète un carrosse avec lequel elle circule dans Paris. Elle acquiert une somptueuse maison à Ville-d’Avray dans laquelle elle reçoit, où sont accrochés des tableaux commandés au peintre Édouard Detaille figurant les membres fictifs de la « famille de la Bigne » qu’elle s’est inventée.
Une influente amie des artistes
Henri Gervex la prend pour modèle pour la courtisane dans son tableau Le Mariage civil, qui décore la salle des mariages de la mairie du 19e arrondissement de Paris. Elle aurait également inspiré l’héroïne du roman d’Hugues Rebell, La Nichina. Elle fut aussi le personnage d’Altesse du roman Idylle saphique de son amie Liane de Pougy.
Valtesse de La Bigne fut l’amie, et parfois l’amante, d’Édouard Manet, Henri Gervex, Édouard Detaille, Gustave Courbet, Eugène Boudin, Alphonse de Neuville… Elle pose pour Manet, Gervex ou Forain, et Detaille emménage près de chez elle, boulevard Malesherbes. Elle fréquente aussi les écrivains comme Octave Mirbeau, Arsène Houssaye, Pierre Louÿs, Théophile Gautier ou encore Edmond de Goncourt.
Henri Gervex peint en une toile célèbre, représentant un jeune homme désespéré contemplant une jeune femme nue et endormie après leurs ébats. Inspiré par le poème d’Alfret Musset qui décrit un jeune homme fou amoureux d’une demi-mondaine, sur le point de se suicider en sautant par le balcon après avoir dépensé toutes ses économies pour payer une nuit avec cette jeune femme. La jeune femme du tableau peint par Gervex représenterait Valtesse de la Bigne.
Décomplexée, elle affiche une grande liberté d’esprit et prend pour amante une autre courtisane, Liane de Pougy.
[source 1 : https://www.parismatch.com/Royal-Blog/Valtesse-de-la-Bigne-coucher-pour-arriver-578894]
[source 2 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Valtesse_de_La_Bigne]