Marguerite Eymery, Madame Alfred Vallette, dite Rachilde, (1860-1953) est une femme de lettres française. Elle publia sous les pseudonymes de Jean de Childra et Jean de Chibra.
Biographie
Fille de militaire, rejetée par son père qui aurait voulu un garçon, et d´une mère excentrique adepte de spiritisme, elle refusa durant son adolescence un premier fiancé militaire proposé par son père, en mettant en balance un projet de suicide, et adopta le pseudonyme de Rachilde lors d´une séance de table tournante.
Écrivant en cachette, elle envoie ses textes, rédigés sous un pseudonyme, à L’Écho de la Dordogne. Elle passe deux ans dans un couvent puis arrive à Paris à l’âge de 18 ans. Cavalière, elle manie également le pistolet et l´épée.
Romancière prolifique, elle écrivit plus de soixante-cinq ouvrages.
S´habillant et se coiffant à la garçonne (elle fait même graver des cartes de visite au nom de « Rachilde, homme de lettres »), elle s´intéressa très tôt aux questions d´identité sexuelle et d´inversion, que reflète son roman le plus célèbre, Monsieur Vénus (1884), qui lui valut une célébrité immédiate et largement sulfureuse.
Cette œuvre raconte l´étrange liaison d’une femme aristocrate, excentrique et dominatrice, et d´un ouvrier fleuriste féminisé par sa belle avant qu´elle ne consente à l’amour.
La Tour d’amour (1899), autre roman sulfureux, met en scène un vieux gardien de phare (le Phare d´Ar-Men dont la construction fut sanglante), qui voit arriver le Maleux qui vient le seconder.
Le Maleux se retrouve dans une ambiance confinée et morbide face au vieux gardien de phare qui guette les noyées pour pouvoir les aimer.
Vie amoureuse
En 1885 elle demande et obtient une permission de travestissement de la préfecture de police.
Dans ce tableau d’Emile Bayard, il se pourrait bien que la femme en noir soit une représentation de Rachilde, puisque l’une des deux femmes se battant à l’épée est sensée être G. d’Estoc.
G. d’Estoc et Rachilde ne se sont pas quittées en très bon termes. A tel point que G. d’Estoc signe en 1887 La Vierge réclame, premier volume d’une hypothétique série « Les Gloires malsaines », un pamphlet qui vise Rachilde.
En 1889, Margueritte consent, après différentes aventures amoureuses (notamment G. d’Estoc), à un mariage de raison avec Alfred Vallette, directeur de la revue symboliste du Mercure de France. Ce mariage fut un mariage civil. Le couple a une fille.
Salons littéraires
Margueritte tenait un salon dans les bureaux du Mercure de France, rue de l’Échaudé puis 26 rue de Condé, où elle recevait des écrivains et poètes comme Jules Renard, Maurice Barrès, Pierre Louÿs, Émile Verhaeren, Paul Verlaine, Jean Moréas, Paul et Victor Margueritte, Francis Carco, André Gide, Catulle Mendès, Léo d’Orfer (Marius Pouget), Natalie Clifford Barney, Henry Bataille, Guillaume Apollinaire, Alfred Jarry, Léon Bloy, Remy de Gourmont, Joris-Karl Huysmans, l´astronome Camille Flammarion, Stéphane Mallarmé, Henry Gauthier-Villars dit « Willy », Jean Lorrain, Jean de Tinan, Laurent Tailhade, Louis Dumur et Oscar Wilde.
Ces salons ont eu une influence sur la littérature de leur temps, et cette romancière, longtemps considérée comme une excentrique, est aujourd´hui davantage reconnue comme l’une des plumes et des personnalités littéraires marquantes de la fin du XIXème siècle.
Pour l’Appel de Cthulhu
Le roman La Tour d’Amour est pour le moins étrange, c’est une histoire de nécrophilie à l’ambiance assez glaçante et qui n’est pas sans rappeler le film The Lighthouse.