La Lycie antique

Selon Homรจre, le poรจte grec du VIIIe siรจcle, les Lyciens รฉtaient des alliรฉs des Troyens et de leur roi Priam pendant la guerre de Troie. L’รฉtude de leur langue, typiquement anatolienne, montre une parentรฉ avec celle des Hittites.

Tombeaux Lyciens

La Lycie est une rรฉgion historique situรฉe au sud de la Lydie en Anatolie (actuelle Turquie)

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Lycie

La Lycie est situรฉe sur la cรดte mรฉditerranรฉenne du bloc anatolien, elle est au sud de la Lydie, bordรฉe ร  l’ouest par la Carie, et ร  l’est par la Pamphylie, au nord par la Pisidie. La rรฉgion est essentiellement montagneuse, les plaines cรดtiรจres sont rares et les cultures s’y trouvent surtout dans l’arriรจre-pays. La Lycie est traversรฉe par un seul fleuve, le Xanthos ou Xanthe.

Lycie

Origines de la Lycie

La rรฉgion est peuplรฉe dรจs le IIIe millรฉnaire avant J.-C., mais on ne dispose, que de trรจs peu de connaissances sur le dรฉbut de son histoire. La Lycie est mentionnรฉe dans les textes hittites du XVe siรจcle av. J.-C. (sous le nom de Lukka).

Les Hittites, dans leurs textes, citent les Lukkas (ou Luka, ou Loukou), un peuple situรฉ ร  l’extrรชme Ouest de leur empire, ร  proximitรฉ de la mer, oรน un de leurs rois a menรฉ une campagne militaire au cours de laquelle il aurait conquis les villes de : Myra, Patara, Arnna, etc. Les Lukkas auraient fait partie des peuples de la mer, mentionnรฉs par les ร‰gyptiens, et leur prรฉsence est en particulier signalรฉe par eux lors de la bataille de Qadesh, comme des alliรฉs des Hittites, qui y affrontรจrent le pharaon Ramsรจs II (1279-1213 av. J.-C.).

Bataille de Qadesh

Les ร‰gyptiens les citent sous le nom de ยซ Ruku ยป ou ยซ Luk ยป, mais on ne connait en fait que leur nom, car les fouilles n’ont, ร  ce jour, rรฉvรฉlรฉ aucune trace formelle de leur existence.

La fin du IIe millรฉnaire avant notre รจre voit l’arrivรฉe de colons venus de Grรจce. Ils y fondent plusieurs citรฉs, dont la plus importante est Xanthe. Ils construiront aussi le Lรฉtoon, un sanctuaire dรฉdiรฉ ร  Lรฉto, la dรฉesse grecque de la maternitรฉ.

Lyciens

Le peuple des Lyciens apparaรฎt dans les textes cinq siรจcles plus tard. Selon lโ€™historien grec Hรฉrodote (484-v. 425 av. J.-C.), les premiers habitants se nommaient les Solymes, qui sont remplacรฉs lors de l’invasion minoenne par une population originaire de la Crรจte, menรฉe par Sarpรฉdon, les Termyles. Ils auraient ensuite รฉtรฉ soumis par Lycos, fils du roi d’Athรจnes Pandion.

Selon Homรจre, le poรจte grec du VIIIe siรจcle, les Lyciens รฉtaient des alliรฉs des Troyens et de leur roi Priam pendant la guerre de Troie. L’รฉtude de leur langue, typiquement anatolienne, montre une parentรฉ avec celle des Hittites.

Guerrier Lycien

Vers le VIe siรจcle, les Lyciens auraient formรฉ une confรฉdรฉration, avec pour principales citรฉs Xanthos (Xanthe ou Xantos), Telmessos, Myra et Patara. La Lycie, comme toutes les rรฉgions d’Asie mineure, va connaรฎtre l’occupation des Perses achรฉmรฉnides. Les Lyciens ont une rรฉputation de pirates, et ils ne sont assujettis que trรจs nominalement ร  lโ€™empire perse.

Guerrier Lycien

En 480 av. J.-C., ils participent ร  la campagne du roi Xerxรจs Ier (486-465 av. J.-C.) contre la Grรจce continentale. La Lycie passe ensuite sous la domination du roi d’Halicarnasse, Mausole (377-353 av. J.-C.), jusqu’ร  la conquรชte d’Alexandre le Grand (336-323 av. J.-C.). Elle passe ensuite sous le contrรดle des Ptolรฉmรฉes, puis des Sรฉleucides, et enfin de Rhodes de 188 ร  168 av. J.-C.. Lors de toutes ces dominations, les Lyciens vont conserver une certaine libertรฉ et ses villes seront assez prospรจres.

L’expansion de la civilisation grecque chez les Lyciens se retrouve dans tous les domaines, et d’abord l’alphabet qu’ils se sont appropriรฉ, mais auquel ils ajoutรจrent quelques signes. Dans le domaine religieux, ils ont adoptรฉ et adaptรฉ aux leurs des divinitรฉs grecques. Le dieu anatolien de l’orage Tarchunt (prรฉsent aussi chez les Hittites) est assimilรฉ ร  Zeus, etc. Dans l’autre sens, les Grecs ont subi des influences lyciennes dans leur religion.

Par exemple, le dieu lycio-pisidien Kakasbos a รฉtรฉ vรฉnรฉrรฉ tant par les Grecs que par les Anatoliens, et l’iconographie d’Hรฉraclรจs s’est vue considรฉrablement modifiรฉe en Lycie et en Pisidie, lร  oรน le culte de Kakasbos รฉtait รฉgalement prรฉsent.

Kakasbos
Dieu cavalier ร  la massue, Kakasbos semble reliรฉ ร  la protection contre les dangers sauvages

Les Lyciens firent venir des sculpteurs de Grรจce pour orner les tombes royales. Cet hรฉritage grec sera moins visible ร  partir de l’รฉpoque romaine, oรน l’on construira dans toute la rรฉgion des forums, des thermes, etc. Le savoir-faire qui les rendra cรฉlรจbres, est la construction de leurs tombeaux, d’une disposition inhabituelle. Ceux de Myra et de Telmessos, sont des exemples splendides de tombes rupestres creusรฉes ร  flanc de parois, et dรฉcorรฉes comme les temples Grecs.

La Confรฉdรฉration lycienne

La Lycie va un moment se libรฉrer de lโ€™emprise de Rhodes et des Sรฉleucides et, en 167 av. J.-C., retrouvera momentanรฉment son indรฉpendance. Elle fonde alors une confรฉdรฉration de citรฉs. Selon le gรฉographe grec Strabon, cette confรฉdรฉration regroupait vingt-trois villes, qui se rรฉunissaient sur le site du Lรฉtรดon afin d’y รฉlire une assemblรฉe et des juges. Sur ce site se trouvait รฉgalement un sanctuaire, oรน l’on pratiquait le culte de Lรฉto, la mรจre d’Apollon et d’Artรฉmis. Des ambassadeurs d’ร‰gypte et de Grรจce venaient sur le site sacrรฉ, oรน le culte se perpรฉtua jusqu’au VIIe siรจcle apr. J.-C.

Province romaine puis byzantine

En 43 de notre รจre, la Lycie est incorporรฉe ร  l’Empire romain par lโ€™empereur Claude (41-54) et rรฉunie ร  la province romaine de Pamphylie.

Sous la domination romaine, la rรฉgion achรจve de s’hellรฉniser, et se christianise au IVe siรจcle (la lรฉgende de saint Nicolas de Myre est ร  l’origine du mythe du ยซ pรจre Noรซl ยป, ce qui, par extrapolation, permet aux agents de tourisme opรฉrant dans la rรฉgion de dire que ยซ la Lycie est la patrie du Pรจre Noรซl ยป).

En 304-305, elle est divisรฉe en deux provinces distinctes, par lโ€™empereur Dioclรฉtien (284-305), pour former une province romaine du diocรจse d’Asie. La Lycie fournit ร  la flotte de l’Empire romain d’Orient bois et marins ; elle est intรฉgrรฉe au thรจme byzantin des Cibyrrhรฉotes.

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