Les Compagnons de Baal est une mini-série française en 7 épisodes de 50 minutes en noir et blanc réalisée par Pierre Prévert.

Redécouvrir les Compagnons de Baal

Il y a en fait assez peu de chance que vous ayez vu cette sĂ©rie, mais si c’est le cas, faites moi signe. Cette sĂ©rie a Ă©tĂ© diffusĂ©e en 1968 sur la deuxiĂšme chaĂźne de l’ORTF, en deuxiĂšme partie de soirĂ©e, et surtout assortie d’un rectangle blanc 1.

Un épisode pour se faire une idée

https://www.youtube.com/watch?v=ykyffZ8drG4

Il faudra attendre 1988 pour revoir la sĂ©rie, sur TF1, l’aprĂšs-midi en semaine. Elle a cependant Ă©tĂ© rediffusĂ©e par France 4 lors du lancement de la TNT en 2010. Et elle est toujours disponible sur le service de streaming de l’INA.

Le résumé

Le journaliste Claude Leroy (Jacques Champreux), fait un reportage sur un hold-up dans la petite ville de Blaingirey.

Jacques Champreux est ici dans le rĂŽle du hĂ©ros… Dans l’Homme Sans Visage, il sera le grand mĂ©chant…

Il se retrouve sur la piste d’une sociĂ©tĂ© secrĂšte, les Compagnons de Baal, dirigĂ©e par leur Grand MaĂźtre Hubert de Mauvouloir (Jean Martin). Adorant Lucifer, les Compagnons de Baal ne reculent devant aucun crime dans le but d’asservir le monde.

Jean Martin dans le rĂŽle du Grand MaĂźtre Hubert de Mauvouloir

AccompagnĂ© de son acolyte, Pierrot Robichat (GĂ©rard Zimmermann), et d’une jeune fille, Françoise Cordier (Claire Nadeau) rencontrĂ©e sur place, Claude Leroy poursuit dans les trĂ©fonds de Paris le Grand MaĂźtre, insaisissable sous ses multiples dĂ©guisements et identitĂ©s, afin de lever le mystĂšre sur leur crimes.

Claire Nadeau oĂč c’est ici la premiĂšre apparition Ă  la tĂ©lĂ©vision.

Une série culte

« Quel est le premier des rois ? – Le premier des rois est Baal, le dĂ©mon tricĂ©phale qui rĂšgne dans la partie orientale des Enfers  » Telle est la phrase de reconnaissance des Compagnons de Baal, une confrĂ©rie secrĂšte aux objectifs troubles et dont la premiĂšre rĂšgle est la mĂȘme que celle du Fight Club : on ne parle pas des Compagnons de Baal. Si on le fait, c’est au risque de sa vie.

À force de supprimer les tĂ©moins gĂȘnants de leurs mĂ©faits, ils attirent cependant l’attention du journaliste Claude Leroy qui, dĂšs lors, n’aura de cesse de dĂ©couvrir qui se cache derriĂšre le masque du Grand MaĂźtre et de contrecarrer les plans malĂ©fiques des Compagnons.

RĂ©alisĂ©s par Pierre PrĂ©vert (un beau noir et blanc, parfois inventif, le plus souvent dans la pure tradition des serials), Les Compagnons de Baal sont la grande Ɠuvre d’un homme, Jacques Champreux, petit-fils de Louis Feuillade et grand amoureux du cinĂ©ma « de genre », du fantastique et de l’angoisse (Ă  la tĂ©lĂ©vision, on le retrouve Ă  la plume derriĂšre L’Homme sans visage de Franju).

Grande Ɠuvre et grande rĂ©ussite : pour l’amateur d’aventures effrĂ©nĂ©es, dans la trĂšs honorable tradition des feuilletons populaires, c’est un incontournable – bien plus que le terne BelphĂ©gor, qu’on associe d’habitude au meilleur du feuilleton de genre Ă  la tĂ©lĂ©vision des annĂ©es 60.

Certes, le carrĂ© blanc, de rigueur lors de sa diffusion sur l’ORTF (Ă  22 heures, horaire dĂ©jĂ  tardif), n’est plus vraiment d’actualitĂ© aujourd’hui, tant l’angoisse paraĂźt gentillette au spectateur blasĂ© du XXĂšme siĂšcle ; certes, le jeu des acteurs prĂȘte parfois Ă  sourire – Champreux, qui s’est attribuĂ© le rĂŽle du hĂ©ros, n’est pas, c’est le moins que l’on puisse dire, un acteur nĂ©, et Jean Martin, en « grand mĂ©chant » hystĂ©rique et agrĂ©ablement caricatural, exemplifie le concept de jeu outrancier ; certes, certains rebondissements et Ă©volutions d’intrigue font hausser les sourcils et Ă©carquiller les yeux tant ils semblent naĂŻfs.

Mais, pour qui apprĂ©cie le suspense poĂ©tique des bandes dessinĂ©es de Tintin ou de Blake et Mortimer, le plaisir est immense, et ne se relĂąche Ă  aucun moment. Avec des yeux d’enfants, un incontournable, sans aucun conteste.

SuccĂšs Ă  sa diffusion, tant critique que public, Les Compagnons de Baal ont Ă©tĂ© rediffusĂ©s parcimonieusement (sur quelques chaĂźnes du cĂąble et du satellite notamment), pĂątissant d’une rĂ©putation subversive assez absurde – un dessinateur de presse, Ă  l’époque, avait reprĂ©sentĂ© le gĂ©nĂ©ral de Gaulle en Grand MaĂźtre des Compagnons, et cela suffit Ă  faire tiquer la direction de l’ORTF.

Ahl, Nils. Dictionnaire des sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es – Nouvelle Ă©dition.

Inspirations ?

Il ne faut pas chercher bien loin, les Compagnons de Baal s’inspire fortement des BD franco-belge de l’Ă©poque, de Tintin Ă  Spirou et Fantasio, et donc… En toute logique c’est du cotĂ© de The Troubleshooters qu’il faudra regarder.

et en plus ça existe en DVD !
  1. Le « carrĂ© blanc » fut instituĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision, en France, en mars 1961, peu de temps aprĂšs la diffusion de L’ExĂ©cution, drame de Maurice Cazeneuve, oĂč apparaissait quelques secondes un nu fĂ©minin. Son rĂŽle Ă©tait d’avertir les tĂ©lĂ©spectateurs qu’un film n’était pas « pour tout public ». Ce « carrĂ© blanc » fut transformĂ© en rectangle blanc en 1964 et son apparition en contrebas d’un programme Ă©tait toujours prĂ©cĂ©dĂ© d’un avertissement verbal de la speakerine. Le carrĂ© blanc visait principalement les reprĂ©sentations de violence et de pornographie selon des critĂšres moraux Ă©tablis par un comitĂ© de surveillance composĂ© de personnalitĂ©s du monde de la science, de la littĂ©rature, de la mĂ©decine pĂ©diatrique et du cinĂ©ma. ↩


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Commentaires

2 rĂ©ponses Ă  “Les Compagnons de Baal”

  1. Avatar de Robert G. Forge

    Haaaan Claire Nadeau… je ne l’aurais pas reconnu ^_^

    Merci pour ce petit rappel du carrĂ© blanc. Je me demande comment fonctionnent les classements d’aujourd’hui. Parce que dĂ©sormais selon leur critĂšres les films avec des nues et de la violence sont autorisĂ©s au gamin de 12 ans.

    1. Avatar de Iso

      La signalĂ©tique a Ă©tĂ© modifiĂ©e en 2002 avec l’obligation d’un avertissement prĂ©alable pour les films dĂ©conseillĂ©s aux moins de 10 ans sous forme d’un pictogramme prĂ©sent Ă  l’écran cinq minutes en dĂ©but de programme et l’inscription permanente d’un pictogramme pour les programmes oĂč l’ñge minimal conseillĂ© est de 12, 16 ou 18 ans.
      le nouveau carré blanc

      DĂ©sormais c’est le CSA qui diffuse cette signalĂ©tique, mais je comprends aussi que ce sont les chaines qui dĂ©cident de la limite d’Ăąge :

      Pour protĂ©ger les enfants et les adolescents, le CSA a retenu le principe d’une responsabilitĂ© partagĂ©e qui implique :

      – les Ă©diteurs, chargĂ©s de classifier les contenus et de respecter leurs engagements ;
      – l’entourage familial et Ă©ducatif, qui doit faire respecter la signalĂ©tique jeunesse et accompagner les mineurs ;
      – le CSA lui-mĂȘme, qui contrĂŽle les classifications retenues, le respect des engagements et sensibilise Ă  l’impact sur le jeune public des programmes violents ou choquants.