Les Compagnons de Baal est une mini-série française en 7 épisodes de 50 minutes en noir et blanc réalisée par Pierre Prévert.
Redécouvrir les Compagnons de Baal
Il y a en fait assez peu de chance que vous ayez vu cette série, mais si c’est le cas, faites moi signe. Cette série a été diffusée en 1968 sur la deuxième chaîne de l’ORTF, en deuxième partie de soirée, et surtout assortie d’un rectangle blanc 1.
Un épisode pour se faire une idée
Il faudra attendre 1988 pour revoir la série, sur TF1, l’après-midi en semaine. Elle a cependant été rediffusée par France 4 lors du lancement de la TNT en 2010. Et elle est toujours disponible sur le service de streaming de l’INA.
Le résumé
Le journaliste Claude Leroy (Jacques Champreux), fait un reportage sur un hold-up dans la petite ville de Blaingirey.
Il se retrouve sur la piste d’une société secrète, les Compagnons de Baal, dirigée par leur Grand Maître Hubert de Mauvouloir (Jean Martin). Adorant Lucifer, les Compagnons de Baal ne reculent devant aucun crime dans le but d’asservir le monde.
Accompagné de son acolyte, Pierrot Robichat (Gérard Zimmermann), et d’une jeune fille, Françoise Cordier (Claire Nadeau) rencontrée sur place, Claude Leroy poursuit dans les tréfonds de Paris le Grand Maître, insaisissable sous ses multiples déguisements et identités, afin de lever le mystère sur leur crimes.
Une série culte
« Quel est le premier des rois ? – Le premier des rois est Baal, le démon tricéphale qui règne dans la partie orientale des Enfers… » Telle est la phrase de reconnaissance des Compagnons de Baal, une confrérie secrète aux objectifs troubles et dont la première règle est la même que celle du Fight Club : on ne parle pas des Compagnons de Baal. Si on le fait, c’est au risque de sa vie.
À force de supprimer les témoins gênants de leurs méfaits, ils attirent cependant l’attention du journaliste Claude Leroy qui, dès lors, n’aura de cesse de découvrir qui se cache derrière le masque du Grand Maître et de contrecarrer les plans maléfiques des Compagnons.
Réalisés par Pierre Prévert (un beau noir et blanc, parfois inventif, le plus souvent dans la pure tradition des serials), Les Compagnons de Baal sont la grande œuvre d’un homme, Jacques Champreux, petit-fils de Louis Feuillade et grand amoureux du cinéma « de genre », du fantastique et de l’angoisse (à la télévision, on le retrouve à la plume derrière L’Homme sans visage de Franju).
Grande œuvre et grande réussite : pour l’amateur d’aventures effrénées, dans la très honorable tradition des feuilletons populaires, c’est un incontournable – bien plus que le terne Belphégor, qu’on associe d’habitude au meilleur du feuilleton de genre à la télévision des années 60.
Certes, le carré blanc, de rigueur lors de sa diffusion sur l’ORTF (à 22 heures, horaire déjà tardif), n’est plus vraiment d’actualité aujourd’hui, tant l’angoisse paraît gentillette au spectateur blasé du XXème siècle ; certes, le jeu des acteurs prête parfois à sourire – Champreux, qui s’est attribué le rôle du héros, n’est pas, c’est le moins que l’on puisse dire, un acteur né, et Jean Martin, en « grand méchant » hystérique et agréablement caricatural, exemplifie le concept de jeu outrancier ; certes, certains rebondissements et évolutions d’intrigue font hausser les sourcils et écarquiller les yeux tant ils semblent naïfs.
Mais, pour qui apprécie le suspense poétique des bandes dessinées de Tintin ou de Blake et Mortimer, le plaisir est immense, et ne se relâche à aucun moment. Avec des yeux d’enfants, un incontournable, sans aucun conteste.
Succès à sa diffusion, tant critique que public, Les Compagnons de Baal ont été rediffusés parcimonieusement (sur quelques chaînes du câble et du satellite notamment), pâtissant d’une réputation subversive assez absurde – un dessinateur de presse, à l’époque, avait représenté le général de Gaulle en Grand Maître des Compagnons, et cela suffit à faire tiquer la direction de l’ORTF.
Ahl, Nils. Dictionnaire des séries télévisées – Nouvelle édition.
Inspirations ?
Il ne faut pas chercher bien loin, les Compagnons de Baal s’inspire fortement des BD franco-belge de l’époque, de Tintin à Spirou et Fantasio, et donc… En toute logique c’est du coté de The Troubleshooters qu’il faudra regarder.
- Le « carré blanc » fut institué à la télévision, en France, en mars 1961, peu de temps après la diffusion de L’Exécution, drame de Maurice Cazeneuve, où apparaissait quelques secondes un nu féminin. Son rôle était d’avertir les téléspectateurs qu’un film n’était pas « pour tout public ». Ce « carré blanc » fut transformé en rectangle blanc en 1964 et son apparition en contrebas d’un programme était toujours précédé d’un avertissement verbal de la speakerine. Le carré blanc visait principalement les représentations de violence et de pornographie selon des critères moraux établis par un comité de surveillance composé de personnalités du monde de la science, de la littérature, de la médecine pédiatrique et du cinéma. ↩︎
Commentaires
2 réponses à “Les Compagnons de Baal”
Haaaan Claire Nadeau… je ne l’aurais pas reconnu ^_^
Merci pour ce petit rappel du carré blanc. Je me demande comment fonctionnent les classements d’aujourd’hui. Parce que désormais selon leur critères les films avec des nues et de la violence sont autorisés au gamin de 12 ans.
La signalétique a été modifiée en 2002 avec l’obligation d’un avertissement préalable pour les films déconseillés aux moins de 10 ans sous forme d’un pictogramme présent à l’écran cinq minutes en début de programme et l’inscription permanente d’un pictogramme pour les programmes où l’âge minimal conseillé est de 12, 16 ou 18 ans.
Désormais c’est le CSA qui diffuse cette signalétique, mais je comprends aussi que ce sont les chaines qui décident de la limite d’âge :
Pour protéger les enfants et les adolescents, le CSA a retenu le principe d’une responsabilité partagée qui implique :
– les éditeurs, chargés de classifier les contenus et de respecter leurs engagements ;
– l’entourage familial et éducatif, qui doit faire respecter la signalétique jeunesse et accompagner les mineurs ;
– le CSA lui-même, qui contrôle les classifications retenues, le respect des engagements et sensibilise à l’impact sur le jeune public des programmes violents ou choquants.