Londres, début des années 80. Dans des petites salles enfumées, Dead Can Dance se dresse déjà comme une anomalie. Brendan Perry et Lisa Gerrard mélangent guitares grinçantes, tambours bricolés, percussions métalliques et voix sorties d’un autre monde. Rien de rock, rien de pop : une cérémonie sombre où le public oscille entre fascination et gêne.

Les premiers concerts ressemblaient moins à un spectacle qu’à un rituel païen. Gerrard inventait sa langue imaginaire, glossolalie envoûtante qui s’élevait comme une incantation. Perry, lui, donnait une base martiale et austère, entre lignes de basse froides et percussions martelées. Chaque morceau devenait une procession, un passage obligé dans un couloir de ténèbres.

En 1984, sort leur premier album, Dead Can Dance, sur le label 4AD. La pochette : un masque rituel africain, photographié comme une relique. Le disque sonne encore gothique par moments (“Frontier”, “The Fatal Impact”), mais déjà ailleurs, porté par des textures qui évoquent la transe plus que la scène. Pas un manifeste, pas un manifeste rock : une invocation, un appel vers autre chose.

On dit que la musique de Dead Can Dance ne se contente pas de remplir l’air : elle crée un espace parallèle. Leur premier album n’était pas une naissance, mais une invocation.



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