Les Diamants du président, diffusée en 1977, un petit bijou (oui, facile) oublié de l’aventure politique à la française — mais pas trop.

Réalisation : Claude Boissol
Interprète(s) : Michel Constantin, Ken Gampu, John Higgins, Ferdy Mayne, Stuart Parker, Ian Yule, Patrick Mynhardt, Michael Weatherly, Michael Mac Govern, Sam Williams, Dennis Maraba, Ingrid Adams, Ian Hamilton, Sandra Prinsloo, Liliane Patrick, Léna Farugia, Götz George , Tony James, Benny Martin, David Newman, Jean Adam, Larry Taylor, Peter Elliott




Scénario : Jean Michel Charlier, Musique originale : Jack Arel, Adaptation : Pierre Nivollet, Dialogue : Pierre Nivollet, Production : Antenne 2 Télécip
Le pitch :
Georges Lancier est un ancien mercenaire qui cherche à se réhabiliter en aidant son ami Diwo, mais il est victime d’une machination orchestrée par Straker, un aventurier de haut vol. Lancier est contraint d’accepter un travail aussi louche que périlleux. Il doit rapporter des diamants volés dans une mine afin de démontrer que le système de sécurité n’est pas infaillible
Des diamants, du sable, et un ex-mercenaire
Il fallait oser : faire porter une série d’action-aventure par Michel Constantin, grande carcasse taiseuse au regard un peu las. Loin des clowneries d’un Belmondo cabotin, Constantin joue Georges Lancier, ancien mercenaire devenu agriculteur au Boutaïre (un pays africain fictif) qui se retrouve embarqué bien malgré lui dans une sale histoire de diamants, de coups d’État et de manipulations politiques. Et même s’il ne grimpe pas à main nue sur les façades, il a cette présence brutale et usée, qui colle parfaitement au personnage.

Bon, on ne va pas se mentir : les scènes d’action sentent fort les années 60/70. Les bagarres sont un peu raides, les cascades parfois très visibles — mais bon, heureusement, les cascadeurs sont là pour faire le sale boulot, et ils le font bien. Il y a même des poursuites en jeep dans le désert, avec la poussière qui vole et la musique dramatique derrière. On applaudit.
Un casting sans cocorico
C’est peut-être ce qui surprend le plus aujourd’hui : Michel Constantin est pratiquement le seul acteur français au générique. Le reste du casting est international, avec quelques figures bien connues de l’époque, comme Götz George (oui, le Schimanski de « Tatort » !), qu’on aurait bien vu tenir le rôle principal, tant il dégage une intensité brute. À la place, il joue un second rôle solide, mais pas inoubliable.
Une aventure désabusée
Ce n’est pas juste une série d’aventure à l’ancienne. Les Diamants du président est surtout une série sur la manipulation, sur l’ambiguïté morale, sur l’Afrique post-coloniale vue par des Européens pleins de certitudes fatiguées. Le personnage principal, Georges Lancier, s’en sort, oui — mais à quel prix ? Autour de lui, ceux qui l’aident disparaissent ou meurent, ceux qui veulent l’arrêter tombent aussi. Il avance comme un spectre, parfois chanceux, souvent malchanceux, toujours un peu paumé. Est-il bon ? Est-il utile ? Ou juste trop entêté pour mourir ?
C’est là que la série touche quelque chose de plus intéressant qu’une simple aventure de prime time. Le fond est amer, presque cynique. Les luttes politiques sont truquées, les journalistes instrumentalisés, les amitiés trahies à la moindre opportunité. Ce n’est pas du thriller propre sur lui : c’est une traversée du désert, au sens propre comme au figuré.
Curieux ?
C’est aussi une série très très peu connue et peu chroniquée sur le web, on a quand même trouver cette petite remarque très pertinente sur https://www.tele70.com/2017/10/les-diamants-du-president.html
Il est à noter que ce feuilleton mêlant diamants africains et machinations politiques, LES DIAMANTS DU PRÉSIDENT, était quelque peu prémonitoire puisque, deux ans plus tard, le 10 octobre 1979, allait éclater l’affaire dite des diamants, révélée par LE CANARD ENCHAINE, mais il s’agissait alors d’un autre président. Curieusement, après 1979, le feuilleton, à notre connaissance, n’a pas été rediffusé.
Le détour par la BD : Michel Brazier
Si la série vous intrigue, la bande dessinée Michel Brazier, scénarisée par Jean-Michel Charlier (déjà à l’écriture de la série TV), en offre une relecture intéressante. On y retrouve les grandes lignes : l’ex-mercenaire, les diamants, la traversée du désert. Mais le ton est plus nerveux, presque western — avec une Afrique rêvée comme un grand terrain de jeu cruel, où la nature et les hommes sont aussi dangereux l’un que l’autre.




Et pour le jeu de rôle ?
Honnêtement, c’est du pain bénit pour une adaptation JdR, notamment dans un jeu comme Trauma. On y retrouve :
des enjeux politiques troubles, parfaits pour une campagne d’espionnage ou de guérilla urbaine.
un héros ambivalent, excellent modèle de PJ « gris » : ni ange, ni démon, juste un type qui encaisse et avance.
des situations tendues et variées : prisonniers politiques, journalistes trop curieux, opérations secrètes, et bien sûr, le vol de diamants dans une mine bien gardée.
et cette ambiance très 70s — brut, sans fioritures, mais encore totalement jouable aujourd’hui.
Le Boutaïre n’existe pas, mais on jurerait avoir déjà lu son nom dans un vieux supplément de Mercenaires. Et c’est peut-être ça, le plus grand mérite de cette série : donner envie de créer des histoires, avec de la poussière dans les yeux et un flingue à la ceinture.
En bref
Les Diamants du président, c’est pas du grand spectacle, c’est juste un vrai thriller post-colonial pas trop mal fichu, sombre et rugueux, à (re)découvrir pour ce qu’il est : un témoignage d’une époque où les héros étaient fatigués, les idéaux flous, et les diamants rarement propres.

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