Une première avant Nosferatu

Bien avant Nosferatu de Murnau (1922), un autre vampire hantait déjà l’écran. Drakula halála (La Mort de Dracula), réalisé par Károly Lajthay, sort à Vienne en février 1921. Ce film austro-hongrois, tourné en noir et blanc muet, est aujourd’hui perdu : aucune copie n’a survécu, mais quatre photographies promotionnelles et une novélisation publiée en 1924 permettent d’en reconstituer partiellement l’intrigue.

Scénario et dialogues furent co-écrits par Lajthay et Mihály Kertész (alias Michael Curtiz, futur réalisateur de Casablanca). La photographie était assurée par Eduard Hoesch.

Synopsis d’après la novélisation

L’histoire s’inspire librement du roman de Bram Stoker (1897), mais s’en éloigne considérablement.

Mary Land, couturière de 16 ans, vit dans un village alpin. Sa mère est morte, son père a sombré dans la folie et est interné dans un asile. Elle est fiancée à George Marlup, un bûcheron du voisinage.

Lorsque Mary visite son père, elle rencontre un mystérieux pensionnaire : un grand homme vêtu d’une cape noire, qui prétend être Drakula l’immortel, âgé de plus d’un millier d’années. Il affirme vouloir rendre la vie aux « morts-vivants » de l’asile. L’ambiance oscille entre drame psychologique et visions cauchemardesques.

La novélisation évoque même un mariage entre Drakula et Mary, scène immortalisée sur une photographie conservée.

Fiche technique

  • Titre original : Drakula halála
  • Titre international : Dracula’s Death
  • Réalisation : Károly Lajthay
  • Scénario : Mihály Kertész (Michael Curtiz), Károly Lajthay
  • Photographie : Eduard Hoesch
  • Production : Corvin Filmgyár
  • Pays : Autriche-Hongrie
  • Format : muet, noir et blanc, 1,33:1
  • Date de sortie : février 1921 (Autriche), mars 1922 (Allemagne), avril 1923 (Hongrie)
  • Statut : film perdu

Distribution principale

  • Paul Askonas : Drakula
  • Margit Lux : Mary Land
  • Dezsö Kertész : George Marlup
  • Elemér Thury : le chirurgien
  • Lajos Réthey : le faux chirurgien
  • Karl Götz : le comique
  • Aladár Ihász : l’assistant du chirurgien

(plusieurs seconds rôles : Károly Hatvani, Anna Marie Hegener, Paula Kende, Magda Sonja, etc.).

Diffusion et disparition

  • Autriche : février 1921
  • Allemagne : mars 1922
  • Hongrie : 14 avril 1923

La Hongrie a perdu l’essentiel de sa production muette : sur environ 600 films tournés entre 1912 et 1930, seuls 45 subsistent. Drakula halála fait partie de ces « films fantômes ».


Réception et héritage

Les historiens du cinéma, comme Gary D. Rhodes, considèrent ce film comme la première adaptation cinématographique de Dracula. Son ton particulier — entre horreur, drame psychiatrique et onirisme — en fait un jalon manquant dans l’histoire du vampire au cinéma, longtemps éclipsé par Nosferatu.


Inspirations rôlistes

Drakula halála est une invitation parfaite au jeu :

  • L’asile comme décor : couloirs glacés, pensionnaires inquiétants, médecins douteux… Une atmosphère idéale pour un scénario de type horreur psychologique.
  • Le film maudit : des investigateurs peuvent partir à la recherche d’une bobine disparue, convoitée par occultistes et collectionneurs.
  • Le mariage de l’ombre : imaginer un rituel où une innocente est promise à un être immortel qui n’est peut-être qu’un fou dangereux… ou peut-être pas.
  • L’Europe de l’entre-deux-guerres : Vienne et Budapest dans les années 1920, avec leur instabilité politique, leurs artistes exilés et leurs cicatrices de guerre, offrent un arrière-plan idéal.



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Commentaires

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