Quand on ouvre la boîte d’initiation Horreur à Arkham JdR – L’Insatiable Abysse, on est d’abord séduit : beau matériel, fiches de personnages prêtes à jouer, cartes d’objets et d’alliés, plans, dés spéciaux… Ça en jette, et ça donne envie. Mais très vite vient la question : à quoi comparer ce jeu ? Est-ce une alternative à L’Appel de Cthulhu ou plutôt un équivalent lovecraftien de HeroQuest ?
Entre Cthulhu et HeroQuest1, une porte d’entrée vers le jeu de rôle
Horreur à Arkham le jeu de rôle trace son propre chemin. Ni aussi profond ni aussi subtil que le grand ancien du JdR lovecraftien, ni aussi candide qu’un pur jeu de plateau, il occupe un espace hybride : une porte d’entrée vers le jeu de rôle, emballée dans l’esthétique familière d’Arkham.

Une initiation plus que complète
Le coffret est pensé pour des débutants : les règles s’apprennent au fil de l’aventure, le MJ est guidé pas à pas, et le matériel rend la prise en main intuitive. C’est une vraie réussite pédagogique, qui permet à des groupes habitués aux jeux de plateau de goûter au jeu de rôle sans vertige. Les critiques sont assez unanimes : c’est beau, accessible, et ça marche pour une première expérience.
Des règles simples, mais très cadrées
On ne joue pas ici avec des dizaines de compétences comme dans Cthulhu V7. Les investigateurs ont des scores clairs (par exemple 5+ en Athlétisme), on lance un nombre limité de dés, et chaque succès (5 ou 6) compte. La “réserve de dés” s’épuise avec les blessures, et les “dés d’horreur” ajoutent des risques. Le système encourage la stratégie et l’action : gérer ses ressources, encaisser, savoir quand prendre un risque.
On est plus près d’un jeu d’affrontements pulp que d’une lente descente dans l’horreur psychologique.

Choisissez votre jeu ?
Arkham, un univers décliné à toutes les sauces
Avant d’être un jeu de rôle, Horreur à Arkham est surtout une gamme tentaculaire signée Fantasy Flight / Edge. Tout a commencé par le jeu de plateau (Arkham Horror), puis sont venus les déclinaisons (Elder Sign, Les Demeures de l’Épouvante, Eldritch Horror…), sans oublier le jeu de cartes évolutif (Arkham Horror JCE), toujours en vie et très populaire.
Le JdR s’inscrit dans cette logique : prolonger la même ambiance pulp-horrifique, mais en offrant cette fois aux joueurs la liberté (toute relative) du jeu de rôle. On n’est donc pas face à un “nouvel Appel de Cthulhu”, mais à un maillon supplémentaire de la grande machine Arkham, avec son ton propre, ses règles simplifiées et son ADN de jeu de société narratif.

Horreur à Arkham 3e Edition
Horreur à Arkham est un jeu coopératif alliant mystère et terreur pour un à six joueurs. Inspiré des écrits de H.P. Lovecraft, chaque scénario unique vous mettra dans la peau d’un investigateur d’Arkham qui explore les rues de la ville et œuvre avec ses pairs pour sauver l’humanité d’indicibles horreurs.
69,95€

Horreur à Arkham : Le Jeu de Cartes
Retrouvez le jeu de cartes évolutif et coopératif Horreur à Arkham, dans une version révisée pour 1 à 4 joueurs.
54,95€

Horreur à Arkham : Le Jeu de Rôle – L’Insatiable Abysse
L’Insatiable Abysse est un coffret d’initiation qui vous propose d’explorer le monde d’Horreur à Arkham, l’univers développé dans les célèbres jeux de plateau et jeu de cartes du même nom, et inspiré des nouvelles de HP Lovecraft.
34,99€
Vous êtes plutôt jeu de rôle finalement ?

Horreur à Arkham – le Manuel Essentiel
Le Manuel Essentiel d’Horreur à Arkham JdR se présente comme la pierre angulaire : règles complètes, création de personnages, description fouillée d’Arkham et bestiaire. C’est clair, accessible, joliment présenté, avec une ambiance 1920’s qui mêle prohibition, jazz et menaces occultes. Pour qui cherche une porte d’entrée solide, le livre fait bien son boulot.
Mais il faut être lucide : on reste dans une approche pulp, structurée et très FFG dans l’âme. L’horreur cosmique sert surtout de décor à l’action et à l’enquête guidée, loin des zones d’ombre et de la folie insidieuse qu’on trouve dans L’Appel de Cthulhu. Pour les amateurs d’angoisse lovecraftienne pure, le Manuel Essentiel peut sonner comme un bel emballage qui ne raconte pas tout à fait la même histoire.
Derleth plutôt que Lovecraft
C’est là que les avis se divisent. Ceux qui aiment l’univers d’Arkham sauce Fantasy Flight (avec ses cultistes, ses monstres identifiables et ses combats désespérés mais gagnables) s’y retrouvent. On mène une enquête, certes, mais balisée, structurée, rythmée par des scènes et des actes.
Ceux qui espéraient une expérience “lovecraftienne pure”, où l’indicible ronge la raison et où l’enquête mène à plus de doutes que de certitudes, resteront sur leur faim. Horreur à Arkham JdR est un jeu où l’on peut combattre et, parfois, l’emporter. Plus Derleth que Lovecraft, en somme.
Alors, Cthulhu ou HeroQuest ?
La vraie clé, c’est de ne pas se tromper d’attente.
- Si vous cherchez un “Appel de Cthulhu bis” : ce n’est pas ça. Vous risquez de trouver le système limité, l’enquête trop guidée, et l’horreur trop pulp.
- Si vous cherchez un “HeroQuest lovecraftien”, une porte d’entrée qui mélange accessibilité, matériel soigné et une expérience rôliste simple mais efficace : c’est exactement ça.
Ce n’est pas une critique négative. C’est juste une mise en garde : ce jeu ne conviendra pas à tous les styles.
Verdict
Horreur à Arkham JdR – L’Insatiable Abysse réussit son pari comme kit d’initiation : accessible, immersif, beau. Il ouvre la porte du jeu de rôle à un public qui vient du jeu de société. Mais il ne remplace pas L’Appel de Cthulhu, et il ne cherche pas à le faire. C’est un autre chemin, une autre ambiance, une autre façon de jouer au Mythe.
Et c’est très bien comme ça : chacun a droit à sa porte d’entrée. Il suffit juste de savoir de quel côté on la pousse.

- NdA : Oui c’est un peu abusé comme comparaison, mais sur le moment j’ai pas trouvé mieux comme référence. ↩︎
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