Ozzy Osbourne est mort. Ce n’est pas une légende urbaine, cette fois. Il ne va pas surgir de derrière le rideau, hilare, les bras en croix, hurlant “I am Iron Man”. Non. C’est réel. Et bizarrement, ça ne semble pas possible.
Parce qu’il était immortel, non ? Ou du moins, trop cabossé pour qu’on croie encore à sa fin. Un type qui a survécu à Black Sabbath, à sa propre carrière solo, aux drogues, à des accidents, à la télé-réalité, à la maladie de Parkinson et même à la honte culturelle de certains médias. Et pourtant. Ozzy Osbourne s’en est allé à 76 ans, chez lui, entouré des siens. Pas de feu d’artifice final. Juste le silence après le grondement.
Ce qu’il a apporté à la musique ? Une voix. Et un cri.
Ozzy n’a jamais été un chanteur technique. Mais sa voix, reconnaissable entre mille, c’était l’appel du gouffre, la plainte d’un monde brisé, l’écho d’une usine qui crache de la suie. Birmingham dans les tripes, la misère ouvrière dans la gorge. On n’était pas là pour faire joli, on était là pour exister, gueuler, brûler.
Avec Black Sabbath, il a posé les fondations d’un genre entier. Pas juste l’heavy metal. Le droit de faire du bruit. De faire peur, aussi. De mettre des croix renversées sur les vinyles, d’évoquer Satan sans être sataniste, de parler de guerre, de folie, de paranoïa, de ce que l’on cache sous le tapis de la société polie. War Pigs, Paranoid, Children of the Grave. Des titres comme des manifestes. Et ce n’était que le début.

Ozzy a ensuite poursuivi en solo, avec Randy Rhoads puis d’autres virtuoses. Crazy Train, Mr. Crowley, Bark at the Moon… Pas seulement des hymnes, mais des portes ouvertes à un metal plus théâtral, plus mélodique, plus introspectif.
Ozzy, c’est plus qu’une chauve-souris
Oui, l’anecdote de la chauve-souris, on la connaît. Mâchouillée sur scène par erreur. Oui, il a pissé sur l’Alamo. Oui, il a été banni, hué, conspué. Mais s’arrêter à ça, c’est rater l’homme derrière le masque.
Parce que sous les lunettes fumées et le maquillage dégoulinant, il y avait un survivant. Un type paumé, parfois drôle, parfois pathétique, toujours sincère. Un ado attardé à 60 balais qui pleurait quand il se souvenait de ses erreurs, qui remerciait ses fans comme si c’était la première fois, qui ne comprenait pas toujours pourquoi on l’aimait autant.
Il n’a jamais joué au gourou. Il était Ozzy, point. Brut. Humain.
Un héritage en acier trempé
Ozzy a laissé bien plus qu’un tas de vinyles et des tee-shirts noirs.
Il a légitimé la colère. Il a offert aux parias un hymne. Il a permis à des millions de mômes mal dans leur peau, mal dans leur corps, mal dans leur époque, de dire “je ne suis pas seul”.

Sans lui, pas de Metallica. Pas de Slayer. Pas de Slipknot. Pas de gothiques au lycée. Pas de pogos dans les caves humides. Pas de festivals où tout le monde gueule « Sabbath bloody Sabbath » en communion.
Il a même permis l’impossible : être un père aimant dans un show TV abrutissant. Être un vieux fragile qui ose monter sur scène en fauteuil. Être vulnérable sans renier sa légende.
Et maintenant ?
On pourrait dire “le metal est orphelin”. Mais non. Il est héritier. Ozzy n’a pas élevé une famille, il a élevé une tribu. Une immense famille d’artistes, de fans, de bricoleurs du son, d’ados rebelles, de vieux chevelus, de goths sur TikTok, de tatoueurs, de zicos maudits. Un monde où la noirceur est partagée, où la douleur devient beauté, où on peut hurler à pleins poumons sans avoir honte.
Finalement…
Ozzy Osbourne, c’est celui qui, par-delà les caricatures, nous a montré qu’on peut survivre à tout, même à soi-même. Et si la mort l’a finalement rattrapé, son cri, lui, n’a pas fini de résonner.
Et toi, Ozzy, là où tu es… on espère que t’as trouvé un ampli assez puissant.

Ozzy Osbourne, plus grand que nature, criant à la face du monde – ou prêt à nous arracher l’âme dans un éclat de rire. Une image culte d’une légende qui ne faisait jamais dans la demi-mesure.
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