Chaque année, comme un rituel implacable, les premiers jours de décembre annoncent leur arrivée : les chants de Noël. Ces mélodies soi-disant joyeuses se glissent partout : dans les rues, les magasins, et même dans nos foyers. Au début, c’est presque supportable. Une nostalgie sucrée, une promesse d’émerveillement. Mais très vite, elles deviennent oppressantes, leurs paroles répétées tournant en boucle dans nos esprits, comme une prière involontaire.
Et si c’était réellement une prière ? Et si ces refrains insidieux, scandés des millions de fois par des voix humaines inconscientes, avaient un effet ? Les chants de Noël, dans leur répétition sans fin, ressemblent dangereusement à des incantations. Des incantations anciennes. Des invocations.
Une tradition détournée
Les chants de Noël modernes sont le produit d’une longue évolution. Bien avant les « Jingle Bells » et autres « All I Want for Christmas« , les sociétés anciennes utilisaient les chants pour autre chose que célébrer la naissance d’un enfant divin :
- Appeler les forces de la nature : Les peuples nordiques chantaient pour implorer la lumière de revenir après le solstice.
- Apaiser les esprits : Les Celtes croyaient que la musique éloignait les créatures malveillantes en hiver.
- Rituels de pouvoir : Les chants pouvaient être des prières adressées à des entités qui, une fois réveillées, n’étaient pas toujours bienveillantes.
En reprenant ces mélodies anciennes et en les adaptant à une fête consumériste, peut-être avons-nous oublié ce que signifiaient réellement ces chants. Mais les anciennes puissances, elles, n’oublient pas.
Un scénario de jeu de rôle : « Le Chant de l’Ancien »
Dans une petite ville enneigée, les habitants se préparent pour les fêtes. Les chants de Noël résonnent dans chaque maison, chaque boutique. Mais cette année, quelque chose est différent. Des phénomènes étranges se multiplient : des objets qui bougent seuls, des rêves collectifs de formes indistinctes, et une sensation oppressante qui s’intensifie à mesure que la musique s’élève.
Un vieil homme du village, considéré comme un excentrique, murmure que les chants de Noël sont plus anciens qu’on ne le croit. Il parle d’une mélodie particulière, une suite de notes oubliées, qui pourrait réveiller une entité enfouie sous la ville : une puissance cosmique qui sommeille depuis des millénaires.
Le déroulement
L’Éveil progressif : Les PJ, invités dans la ville pour des raisons diverses (fête familiale, enquête sur les phénomènes, simple hasard), découvrent que les chants omniprésents commencent à affecter les habitants. Certains deviennent apathiques, d’autres frénétiques, répétant sans cesse les mêmes refrains.
La découverte de l’origine : En explorant la ville, les PJ découvrent que la mélodie particulière qui émerge dans les chants de Noël modernes est tirée d’un ancien hymne, destiné à invoquer une entité appelée « l’Ancien des Profondeurs ». Les archives locales parlent d’une époque où la ville était le théâtre de cultes oubliés, et où une force surnaturelle a été scellée sous terre.
La montée en tension : mesure que les chants se multiplient, des phénomènes inexplicables s’intensifient :
Des fissures apparaissent dans le sol, laissant échapper une vapeur étrange.
Des silhouettes indistinctes sont aperçues dans la brume.
Des habitants commencent à chanter d’une voix qui n’est pas la leur, avec une précision mécanique et glaçante.
Le Climax : La ville organise un grand concert de Noël, un événement censé réunir tous les habitants pour chanter ensemble. Les PJ comprennent que ce sera le point de bascule : si le chant atteint sa dernière note, l’entité se réveillera complètement. Ils doivent intervenir pour stopper le rituel, mais les habitants, en transe, deviennent leurs ennemis.
La résolution et dilemme final
Arrêter le concert : Les PJ sabotent l’événement, mais cela peut avoir des conséquences : certains habitants pourraient rester prisonniers de leur transe, ou des fissures libérer une partie du pouvoir de l’entité.
Conclure le rituel pour sceller l’entité : En chantant eux-mêmes, les PJ risquent leur santé mentale, mais pourraient refermer définitivement le sceau.
Fuir : Si les PJ échouent, ils doivent choisir entre rester pour affronter l’Ancien ou fuir et vivre avec la culpabilité d’avoir laissé une puissance cosmique se déchaîner.
Ambiance et inspirations
Une atmosphère oppressante : Décrivez la ville comme un endroit isolé, où le froid et la neige étouffent toute chaleur. La musique devient de plus en plus omniprésente, presque vivante.
Un contraste ironique : Les chants de Noël, si familiers, deviennent terrifiants à mesure qu’ils s’associent aux phénomènes étranges.
Inspirations cinématographiques :
- The Mist pour l’isolement et la tension.
- The Thing pour la paranoïa croissante parmi les habitants.
- It Follows pour la présence inexorable de l’entité.
En conclusion, mais hélas provisoire;
Les chants de Noël, dans leur répétition hypnotique, ressemblent étrangement à des incantations. Peut-être qu’ils réveillent réellement quelque chose. Ou peut-être que, comme tout rituel moderne, ils sont le reflet d’une humanité qui s’accroche désespérément à des traditions qu’elle ne comprend plus.
Alors, cette année, éteignez Mariah Carey. Et si une mélodie vous trotte dans la tête, prenez garde : elle pourrait être bien plus qu’un simple refrain.
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