Interview : Arkeos, Rafiot Fringant, du pulp, de l’aventure !

Christian Grussi (aka Rafiot Fringant) répond à nos questions au sujet d’Arkeos Adventures et de ses autres projets…

Sur l’Autre blog de Scriiipt, nous avons relayé il y a quelques jours une très bonne nouvelle au sujet d’un jeu de rôle qui nous tente : Arkeos Adventures.

Arkeos ?

Arkeos, nous en avons déjà parlé quelques fois, c’est un des rares jeux de rôle français à plonger allègrement dans le Pulp et depuis fort longtemps.

Envie d’en savoir plus

Et puisque l’envie d’en savoir plus était très tentante, nous avons sauté sur l’occasion pour poser quelques questions à l’auteur du jeu, Christian Grussi (aka Rafiot Fringant).

Arkeos, Rafiot Fringant

Ce dernier annonçait sur son site et sa page facebook le retour d’Arkeos. Cette annonce accompagnée d’illustrations du plus bel effet, a déclenché donc toute une série de questions brulantes, auxquelles il avait déjà en grande partie répondu dans une interview pour Le Fix en 2020 (Cégé nous raconte tout sans détour – Le Fix (di6dent.fr)).

… Depuis, il s’est passé pas mal de choses.


Rafiot Fringant, l’interview !

SCRiiiPT : Pourrais-tu te présenter en quelques mots pour celles et ceux qui ne te connaitrait pas et voudrait savoir qui est ce personnage derrière Rafiot Fringant ?

CG : Hello ! Que dire de moi ? Allez, je commence par avouer l’inavouable : j’suis un dinosaure rôliste…. Si, je sais. C’est pas facile tous les jours, mais c’est vrai. En tant que dinosaure, j’ai œuvré à mal de titres. Bien sûr, la 1ère édition d’Arkeos, en 2004, l’EW-System, mais aussi Wushu avec mon comparse Pierre Pradal.

J’avais lancé le 1er site francophone dédié à la vente de Pdf, indie-rpg, et mis en place avec Jérôme Larré le Royal Rumble, un concours d’écriture de jeu en 24h.

Après ces débuts ludiques un peu fous, j’ai eu l’opportunité de bosser sur L’Appel de Cthulhu, d’en écrire une VF avec plein d’apports, une remise à plat de beaucoup de choses. Un rêve ! Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, celle-ci ne dura qu’un temps. Et elle fut pour le moins que l’on puisse dire peu glorieuse…

Après une période de flottement, je me jette à l’eau avec le Rafiot Fringant ! Avec de nouvelles et d’anciennes aventures. Toujours vaillant, faut-il croire !

Arkeos, Rafiot Fringant

SCRiiiPT : Arkeos qui revient sous le nom de Arkeos Adventures, c’est un projet déjà bien ancien. Pourquoi n’est-il pas sorti plus tôt finalement ?

CG : J’avais perdu la caisse d’archives dans un déménagement, pardi ! Ca aurait été plus simple, ceci dit. En fait, le projet Arkeos Adventures date de quoi, allez, deux mois après la fin d’Arkeos 1ère édition ? ça fait un bail, donc. Mais les turpitudes de l’existence, l’opportunité de bosser sur L’Appel de Cthulhu, ont fait que j’ai laissé dormir le projet sur le moelleux oreiller de la maturation.

Et j’en suis ravi, car avec le recul et l’expérience amassée au fil des ans, je me rends compte à quel point il n’aurait pas été assez abouti dans sa version d’il y a une quinzaine d’années. Ce temps de mise en sommeil m’a vraiment permis de revenir avec un regard neuf, à dépoussiérer, à simplifier le projet. 

Je ne suis pas sûr que j’aurais pu en arriver là sans cela. Mais en 18 ans (… ouch !!!), jamais l’envie de sortir cette édition en m’a quitté. Etant désormais libre de toute contrainte, je me lance. J’aurais trop de regrets de ne pas aller au bout de ce projet.

Arkeos, Rafiot Fringant

SCRiiiPT : Mais au fait, ce goût pour le pulp, les aventures façon Indiana Jones (mais pas que) ça vient d’où ?

CG : Ma passion pour le fouet ? Ah, ok, c’est hors sujet… Bon, alors… C’est la faute à ma mère ! (quelle merveilleuse transition, n’est-ce pas ?).

Ca ressemble une excuse toute faite, mais même pas ! La première fois qu’elle m’a emmené au ciné, c’était pour voir Le Temple Maudit. Et dès lors, c’était foutu…. Je venais de découvrir mon graal d’à moi, comme nombre d’autres personnes, d’ailleurs.

Mais ce serait réducteur de limiter mon goût pour le genre à ce seul film/personnage de fiction. Ce fut le premier pas. J’ai assez rapidement découvert par la suite la série, je crois que c’était sur RTL à l’époque, The Tales of The Gold Monkey (Jake Cutter en VF) : un aventurier à bord de son hydravion dans le pacifique, avec son fidèle chien borgne, des espions nazis, des tribus perdues, des volcans qui explosent….

Puis forcément, dès qu’il y avait un film d’aventure qui passait à la TV, je faisais des pieds et des mains pour le voir, comme les vieux Tarzan avec Weissmuller ou Voyage au centre de la Terre, et bien d’autres. Je me souviens aussi d’une série française quand j’étais tout gamin, sur la croisière jaune (La cloche Tibétaine, merci Google).

D’ailleurs, j’ai lu pas mal de Jules Verne quand j’étais jeune… Ca a dû m’influencer…

Et puis il y a eu Sydney Fox. Comment résister en tant que jeune adulte au charme indéniable de Tia Carrere ? Sans parler de Lara Croft. Mais aussi des récits pulps de Robert E. Howard, et j’en passe. Et ça ne m’a jamais quitté.

Je pourrais m’étendre des heures sur le sujet, alors pour conclure, en références plus récentes je citerais Jumanji – Welcome to the Jungle, qui je trouve intègre bien les évolutions actuelles (le Jeu vidéo), au service de l’aventure). D‘ailleurs j’ai débuté une base de connaissance sur le sujet pulp sur mon site, afin d’y placer toutes les références et leur apport pour Arkeos Adventures.

Sydney Fox

SCRiiiPT : Est-ce que le pulp et ses clichés permettent vraiment de faire suffisamment d’aventures originales ?

CG : Le pulp, dans l’inconscient collectif, c’est un héros au charisme ravageur qui use de ses poings pour sauver la belle (et un trésor) face à de vils et fourbes méchants pendant que tout explose autour de lui. En gros, hein. Alors dit comme ça, on peut en effet se poser la question de la variété d’aventures.

Alors, oui, on peut faire ça. On peut adorer vivre ce genre d’aventures jusqu’à plus soif. Mais le pulp est bien plus riche que cela. Les aventures peuvent non seulement être teintées d’une ambiance (exotisme, bas fond, mystère technologique, espionnage….), mais elle peuvent aussi être bien plus riches qu’il n’y paraît de prime abord, avec une intrigue plus élaborée, des adversaires moins binaires, des enjeux bien plus humains.

Pour Arkeos, mes inspirations ne se limitent pas au Fedora/fouet. Mais aussi à de l’aventure humaine, comme par exemple Le Trésor de la Sierra Madre, L’Homme qui voulut être Roi ou Voyage au cœur des ténèbres, où les enjeux sont avant tout des défis humains.

Ce pendant moins « infantil » permet de proposer des histoires avec une approche « adulte », ce qui rends les histoires bien plus intéressantes, car plus proches de nous, plus « intimes ». Le tout en restant de prime abord légère et fun, on peut aborder des sujets et thématiques bien plus fines et subtiles, dans des contextes très variés avec des enjeux qui ne sont pas forcément ceux auxquels l’on pense en premier (eh oui, la chasse au trésor peut n’être qu’un MacGuffin – un prétexte).

L'Homme qui voulu être roi

SCRiiiPT : J’aimais bien le système utilisé par Arkeos, issu de l’EW-System, j’allais même m’y remettre juste pour voir. Mais la nouvelle mouture d’Arkeos ne tournera plus avec ce système, ça va fonctionner comment Arkeos Adventures ?

CG : Moi aussi je l’aimais bien, ce système. Mais voilà. J’ai changé… je ne le renie pas, loin s’en faut (sinon, il ne serait pas dispo sur mon site). Mais j’ai envie d’autre chose. Envie d’une mécanique de jeu plus immersive, qui retranscrive les sensations de l’aventure, le stress d’une situation qui semble désespérée. Et qui soit rapide et intuitive, qui plonge dans l’ambiance, qui permette de tout faire ou presque sans être complexe. Voilà l’intention. Vais-je y parvenir ? j’espère !

J’ai opté pour une mécanique qui se base sur la mise et le bluff, et les choix tactiques permanents. Chaque joueur dispose d’un pool de points qu’il peut miser comme il le souhaite : tout en une fois ou divisé en autant de mises que possible.

Chaque mise correspond à une action – exemple : je cours vers l’avion (4 points), tout en tenant fermement la statuette en or (3 points), et j’ouvre le feu sur les féroces indigènes à qui j’ai piqué leur idole et qui me poursuivent (3 points).

Bien sûr, il y a une base qui s’ajoute aux actions, selon le profil du personnage (ex : +2 car athlétique). Le niveau ainsi obtenu va être confronté à un niveau de danger déterminé par le Meneur (ce niveau n’est dévoilé qu’une fois l’action entreprise). Si le niveau d’action du personnage est plus élevé que le niveau de danger, l’action est réussie.  Ça peut aussi donner un truc du style : Je me jette sur le type avec le sabre pour lui coller un uppercut (6 points) tout en esquivant les attaques de ses sbires qui veulent m’empêcher de l’atteindre (6 points).

C’est donc une mécanique qui laisse libre court à la narration de ce que fait le personnage, qui incite même à entreprendre des action « Larger than life », sans avoir à consulter des colonnes de chiffres, ou de s’en remettre à la chance, ou de se demander s’il reste des balles dans le chargeur. Mais attention, si le joueur dépense plus de la moitié des points dont il dispose, il prend des risques, il sort de sa zone de confort, et devra tirer une carte de fortune. Celle-ci peut n’avoir aucun effet, un effet « heureux », ou au contraire, un effet « pas de bol ».

Peu de hasard, le tout avec des jetons et des cartes. La fiche de personnage sera d’ailleurs composée d’une série de cartes. Voilà pour l’essentiel du fonctionnement, car bien sûr, il y a des subtilités. En tout cas, les playtests que j’ai pu faire ont mis en avant la simplicité et le potentiel immersif de cette mécanique.

Arkeos, Rafiot Fringant

SCRiiiPT : Ces jours-ci tu proposes aussi Tribute, une autre création. Il y a un rapport entre les deux ? Tribute, Arkeos Adventures, c’est le début d’une nouvelle gamme ?

CG : A part mes neurones en plus ou moins bon état ? Oui, il y a Mike aux illustrations des deux jeux (le même qui avait déjà illustré la 1er édition d’Arkeos).

En dehors de cela, il n’y a pas de points communs à proprement parler. Il faut plutôt chercher du côté de la philosophie sous-jacente pour en trouver : des jeux accessibles, simples, avec un fort potentiel ludique. Alors même si les mécaniques sont différentes, il sera possible d’y retrouver des similitudes, simplement car elles sont toutes deux issus de mes cogitations.

Et qu’au final, ces petits gimmiks, c’est ce qui fait « ma patte ». J’ai envie de proposer des jeux à la croisée des chemins, qui empruntent aussi bien au jeu de rôle, au jeu de société, qu’au jeu narratif, voire à la structure du conte ou du récit « autour du feu de camp ». Le tout emballé dans des mécaniques simples (et non simplistes), qui proposent une réelle valeur ajoutée à l’aspect ludique du jeu.

Tribute sera plus un « stand alone », avec peut-être un supplément (léger), et des Diableries (scénarios) en bonus, alors qu’Arkeos, ce sera une gamme, avec du matériel régulier et varié.

Tribute

SCRiiiPT : Tribute est un projet qui est lancé ces jours-ci sur Ulule, quel est l’état d’avancée du projet ? Et combien de temps faudra-t-il attendre pour avoir le jeu entre les mains ?

CG : A une vache près, il suffit d’appuyer sur le bouton « print ». Enfin, plus exactement, une fois que j’aurais eu les retours des souscripteurs une fois la campagne finie. Car j’ai prévu une phase « beta » afin de permettre de faire des retours pour éradiquer les scories résiduelles, et éclaircir les points qui le méritent. A ce jour, il reste à finaliser la maquette, dès que j’aurais eu les derniers textes des auteurs des Diableries. Comme celles-ci seront choisies par les souscripteurs durant la campagne, ce sera bouclé à la toute fin.

L’idée est d’avoir une livraison rapidement après le crowdfunding. Globalement, au début de l’été – sauf aléas type « Eh, Robert, y a plus de papier à mettre dans la presse », ou autres trucs typiques de nos temps troublés.

Ce qui est certain, c’est que durant mai tous les souscripteurs auront le PDF  (quelques jours après la fin de la campagne), et que je vise une livraison pour juillet.

SCRiiiPT : Arkeos Adventures suivra-t-il la même logique de financement participatif et quand va-t-il paraître ?

CG : Alors, oui. Ce sera un financement participatif, dans le même esprit que celui de Tribute : un tarif abordable, avec une possibilité de retrait en boutique (pour économiser les frais de port et soutenir les magasins).

A ce stade, je n’en sais pas vraiment plus. Pas étonnant, car il reste encore pas mal de choses à peaufiner. Disons que je m’oriente vers une boîte de jeu, contenant les livrets, les cartes, les jetons. Bref, tout pour jouer. Quand ? Eh bien d’ici un an tout au plus. Je n’ai pas encore de date précise. Même si une bonne partie est écrite et que Mike œuvre sur les illustrations, je ne vais pas faire des promesses inconsidérées. Le crédo étant de faire du bon et beau, et non de faire de l’industrieux pour respecter un planning en sacrifiant à la qualité.

SCRiiiPT : Et donc, il y a des projets en cours, quels sont-ils donc ?

CG : Hormis Tribute et Arkeos Adventures ? Il y a mon chouchou, ma madeleine de Proust. Que dis-je, le Monolithe au milieu de mon jardin : Wushu. Qui pour la première fois prendra forme sous une version imprimée.

Ce jeu narratif a pour moi une importance énorme dans mon parcours ludique. C’est lui qui m’a fait découvrir une manière de jouer toute différente, m’a ouvert un champ des possibles. Ce jeu est d’une formidable simplicité et en même temps d’une « puissance » incroyable. Si à ce jour j’ai écrit Tribute et je bosse sur une nouvelle mouture d’Arkeos, c’est notamment en raison de ce jeu de Daniel Bayn. Je suis aux anges de collaborer avec Pierre Pradal sur cette nouvelle itération.

Et après ? (j’ai bien vu qu’il y avait de la question en suspens…) Il y a plusieurs choses sur les rails, que ce soit de mon fait ou de celui d’autres auteurs. Mais il est encore trop tôt pour en parler. Les Méandres de l’édition ont leurs propres voies…

Wushu

SCRiiiPT : Merci pour tous ces éclaircissements, je te laisse le mot de la fin

CG : Et sur ce, je vous rends l’antenne Cognacq-Jay ! (quand je disais que j’étais un dinosaure rôliste…)

A vous Cognacq-Jay

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