MĂ©duse, appelĂ©e aussi la Gorgone, est dans la mythologie grecque l’une des trois Gorgones (avec ses sĆurs Euryale et SthĂ©no). Elle est la seule Ă ĂȘtre mortelle.
Fille de Phorcys et CĂ©to, et donc petite-fille de l’union de la Terre (GaĂŻa) avec l’OcĂ©an (Pontos), elle appartient au groupe des divinitĂ©s primordiales, tout comme ses cousines, la ChimĂšre et l’Hydre de Lerne, qui, elles aussi, avaient des traits associĂ©s Ă l’image du serpent et ont Ă©tĂ© dĂ©truites par des hĂ©ros.

MĂȘme si elle figure au fronton de plusieurs temples, MĂ©duse ne faisait l’objet d’aucun culte.
Les yeux de MĂ©duse ont le pouvoir de pĂ©trifier tout mortel qui croise son regard. AprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©capitĂ©e par PersĂ©e , son masque â le gorgĂłneion â est remis Ă AthĂ©na qui le fixe sur son Ă©gide (une sorte de bouclier et d’arme tout Ă la fois). La reprĂ©sentation du gorgonĂ©ion sera longtemps utilisĂ©e comme une protection contre le mauvais Ćil.

Dans les premiers mythes, MĂ©duse est souvent dĂ©signĂ©e comme la Gorgone, du mot γοÏÎłÎżÏ qui signifie « effrayant ». Le bruit terrifiant qu’Ă©met la Gorgone est un de ses attributs essentiels : « des mĂąchoires rapides des Gorgones poursuivant PersĂ©e s’Ă©lĂšve une plainte criarde et ces cris s’Ă©chappent tout Ă la fois de leurs bouches de jeunes filles et des tĂȘtes horribles des serpents qui leur sont associĂ©s. Ce cri aigu, inhumain, c’est celui qu’outre-tombe font entendre les morts dans l’HadĂšs. »


Les sources les plus anciennes sur l’origine de MĂ©duse
Les premiĂšres mentions du mythe apparaissent chez HomĂšre, qui ne cite jamais MĂ©duse ni PersĂ©e, mais seulement la Gorgone, et celle-ci est simplement une tĂȘte monstrueuse placĂ©e sur lâĂgide. Ainsi, quand AthĂ©na est prĂȘte Ă se lancer dans la bataille, elle « jette sur ses Ă©paules la formidable Ă©gide que la terreur environne de toutes parts : sur cette Ă©gide sont la Discorde, la Force, la Poursuite et la tĂȘte effroyable et terrible de Gorgone, monstre d’un horrible aspect, prodige de Jupiter ».
Le bouclier d’Achille est muni d’une tĂȘte de Gorgone sculptĂ©e sur un fond d’Ă©mail noir, « Ă lâaspect effrayant et aux regards horribles ».

(1876 Lavaur – 1918 Castres)
Le Bouclier d’Achille
Dans lâOdyssĂ©e, alors qu’il est descendu aux Enfers, Ulysse craint que PersĂ©phone ne lui exhibe « la tĂȘte de lâhorrible Gorgone » et fait immĂ©diatement demi-tour. Cela laisse entendre que Gorgone « est chez elle au pays des morts dont elle interdit l’entrĂ©e Ă tout homme vivant. »
Hésiode nomme trois Gorgones : EuryalÚ, StheinÎ et Méduse, cette derniÚre étant La Gorgone.


Au ve siĂšcle av. J.-C., Pindare Ă©voque « les affreux gĂ©missements des Gorgones et les sifflements que poussĂšrent les serpents entrelacĂ©s sur leurs tĂȘtes ». Dans le mĂȘme poĂšme, il dĂ©crit MĂ©duse comme ayant de « belles joues » et attribue l’invention de la flĂ»te au dĂ©sir d’AthĂ©na d’imiter avec cet instrument « les cris lugubres que de sa bouche effroyable poussait la fĂ©roce Euryale », sĆur de MĂ©duse. Cette mention Ă©tablit un lien entre MĂ©duse et l’art de la musique.

Vers la fin du ve siĂšcle av. J.-C., Euripide rappelle que « la Terre enfanta la Gorgone, ce monstre terrible » dont le « corps Ă©tait armĂ© de vipĂšres aux plis tortueux », que « Pallas, la fille de Jupiter, lui donna la mort » et « couvrit sa poitrine de sa terrible dĂ©pouille ». La mĂšre d’Ion possĂšde deux gouttes du sang de la Gorgone : « Celle des deux gouttes qui a coulĂ© de la veine cave / Chasse les maladies et entretient la vie », tandis que l’autre « donne la mort ; c’est le venin des serpents de la Gorgone ». En outre, le lange dont elle avait emmaillotĂ© son bĂ©bĂ© portait en son centre la figure de la Gorgone.
Un mythe avec différentes versions
Dans les premiers Ă©tats du mythe, « la Gorgone est un monstre, l’une des divinitĂ©s primordiales, appartenant Ă la gĂ©nĂ©ration prĂ©-olympienne. Puis on en vint Ă la considĂ©rer comme une victime d’une mĂ©tamorphose. » Ce monstre hybride avait des ailes d’or, des mains de bronze et des dĂ©fenses de sanglier. Elle est parfois reprĂ©sentĂ©e sous la forme d’un centaure femelle. Sa demeure varie selon les auteurs : elle est situĂ©e Ă l’extrĂȘme ouest du monde, du cĂŽtĂ© des HespĂ©rides selon HĂ©siode, chez les HyperborĂ©ens au nord selon Pindare ou, le plus souvent, Ă l’ouest de la Libye
Fille de Phorcys et de CĂ©to, et donc sĆur des GrĂ©es, mais mortellen 2, MĂ©duse est une belle jeune fille dont PosĂ©idon s’Ă©prend. ViolĂ©e par ce dieu dans un temple dĂ©diĂ© Ă AthĂ©na, elle est punie par cette mĂȘme dĂ©esse qui la transforme en Gorgone. Ses cheveux deviennent des serpents, ses yeux se dilatent et dĂ©sormais son regard pĂ©trifie tous ceux qui le croisent. Selon une autre version, que cite Apollodore, MĂ©duse Ă©tait une jeune fille tellement fiĂšre de sa beautĂ© et de sa chevelure qu’elle avait osĂ© rivaliser avec AthĂ©na. Pour la punir, la dĂ©esse changea ses cheveux en serpents et modifia son regard. De mĂȘme, selon Ovide « parmi tous ses attraits, ce qui charmait surtout les regards, câĂ©tait sa chevelure ». Elle vivait sur l’Ăźle de SĂ©riphos.

Or, DanaĂ©, chassĂ©e d’Argos avec son fils PersĂ©e, est recueillie par Dictys, un pĂȘcheur de cette Ăźle. Celui-ci la prend dans sa maison et Ă©lĂšve son enfant. Comme Polydecte, frĂšre jumeau de Dictys et roi de l’Ăźle, s’Ă©tait Ă©pris de DanaĂ© et cherchait un moyen d’Ă©carter le jeune PersĂ©e, il l’invite avec d’autres Ă lui faire cadeau d’un cheval pour la dot d’Hippodamie. PersĂ©e ayant rĂ©pondu par bravade « la tĂȘte de MĂ©duse ! », le roi le prend au mot et dĂ©clare que s’il ne la lui apportait pas, il Ă©pouserait DanaĂ©. Se lamentant sur son triste sort, PersĂ©e se rend Ă l’autre bout de l’Ăźle. Il rencontre le dieu HermĂšs, qui lui dit de ne pas se dĂ©courager.

Avec son aide et celle d’AthĂ©na, PersĂ©e se rend chez les sĆurs des Gorgones, les GrĂ©es (les « Vieilles »), qui sont nĂ©es avec des cheveux blancs et vivent dans une grotte oĂč ne pĂ©nĂštre jamais la lumiĂšre du Soleil ni la clartĂ© de la Lune ; elles n’ont ensemble qu’un seul Ćil et une seule dent, qu’elles se passent Ă tour de rĂŽle. Comme elles refusent de coopĂ©rer, il leur subtilise leur Ćil et leur dent au moment oĂč elles se les passaient de l’une Ă l’autre, pour les forcer Ă lui rĂ©pondre. Il apprend ainsi le chemin qui mĂšne chez les nymphes, aprĂšs quoi il leur rend l’Ćil et la dent, ou, selon une autre source, il jette ceux-ci dans le lac Triton, en Libye, afin de les neutraliser dĂ©finitivement.

ArrivĂ© chez les nymphes, celles-ci lui indiquent la grotte oĂč se trouvent les Gorgones et lui remettent trois objets magiques : des sandales ailĂ©es qui permettent de voler, le casque d’HadĂšs (la kunĂ©e) qui rend invisible parce qu’il est le « masque d’un trĂ©passĂ© », ainsi qu’une besace (la kibisis) pour y placer la tĂȘte de MĂ©duse.

Ainsi Ă©quipĂ©, PersĂ©e vole jusqu’au rivage de l’OcĂ©an et arrive dans la grotte oĂč les trois Gorgones sont en train de dormir. Elles sont monstrueuses, avec leurs tĂȘtes couvertes d’Ă©cailles, leurs dĂ©fenses de sanglier, la langue pendante, des yeux exorbitĂ©s, des ailes et des mains de bronze, ainsi que des serpents autour de leur poitrine. Quiconque les regardait est changĂ© en pierre. Couvert du casque d’invisibilitĂ© et ayant bien soin de dĂ©tourner la tĂȘte, le hĂ©ros rĂ©ussit Ă s’en approcher grĂące au reflet que lui renvoie son bouclier poli comme un miroir. Il se saisit de MĂ©duse Ă tĂątons et, AthĂ©na guidant son bras, il la dĂ©capite avec la harpĂš, Ă©pĂ©e courbe qu’il tiendrait d’HermĂšs selon Apollodore. Du cou tranchĂ© de MĂ©duse jaillissent deux fils, Chrysaor, pĂšre de GĂ©ryon, et PĂ©gase, le cheval ailĂ©. Le sang qui sort de sa blessure est recueilli par AsclĂ©pios : celui qui coulait de la veine gauche est un poison, tandis que celui de la veine droite est un remĂšde capable de ressusciter un mort, le mythe manifestant ainsi l’ambivalence caractĂ©ristique du pharmakon.

PersĂ©e met la tĂȘte de MĂ©duse dans sa besace et s’enfuit Ă l’aide de ses sandales ailĂ©es, tout en Ă©tant dissimulĂ©, grĂące Ă son casque d’invisibilitĂ©, aux deux autres Gorgones qui le poursuivent en poussant des lamentations. Il se sert de la tĂȘte de MĂ©duse, qui n’a rien perdu de son pouvoir, pour pĂ©trifier Atlas â un des titans dĂ©faits jadis par les Olympiens â, parce que celui-ci lui refuse l’hospitalitĂ© alors que tombait la nuit. Le lendemain, alors qu’il survolait le dĂ©sert de Libye, quelques gouttes de sang tombĂ©es de la tĂȘte de MĂ©duse se transforment en dangereux serpents, dont l’un tuera plus tard un des Argonautes. Continuant son voyage, PersĂ©e aperçoit la vierge AndromĂšde attachĂ©e nue Ă un Ăźlot rocheux en guise de sacrifice Ă KĂ©tos, un monstre marin envoyĂ© par PosĂ©idon. Il la dĂ©livre, en devient instantanĂ©ment amoureux et finit par l’Ă©pouser, aprĂšs avoir obtenu l’accord des parents en tuant le monstre qui ravageait leur pays. Au passage, les algues autour du rocher ont Ă©tĂ© pĂ©trifiĂ©es en corail. Comme l’oncle d’AndromĂšde, PhinĂ©e, lui cherche noise en prĂ©tendant que la jeune fille lui Ă©tait promise. PersĂ©e le pĂ©trifie Ă l’aide du gorgonĂ©ion.

Rentré à Sériphos avec AndromÚde, il apprend que Danaé et Dictys se sont réfugiés dans un temple pour échapper aux avances de Polydecte accompagné de son armée. Il pétrifie ces derniers, établit Dictys comme roi de Sériphos et part pour Argos avec Danaé et AndromÚde.
Enfin, il fait remettre aux nymphes les trois objets magiques qu’elles lui avaient donnĂ©s et offre Ă AthĂ©na la tĂȘte de MĂ©duse, que la dĂ©esse, avec l’aide d’HĂ©phaĂŻstos, fixe sur l’Ă©gide. Celle-ci, fabriquĂ©e Ă partir d’une peau de chĂšvre ou de la propre peau de MĂ©duse Ă©corchĂ©e, avait Ă©galement pour fonction de semer l’effroi, tout comme le gorgonĂ©ion, dont elle est en quelque sorte le double.
Une explication rationnelle au mythe ?
Selon Palaiphatos, ami d’Aristote et auteur des Histoires incroyables, PersĂ©e serait un pirate qui, pour s’emparer d’une statue en or, appelĂ©e Gorgone, que cachaient en Ăthiopie les trois filles de Phorcys, aurait exĂ©cutĂ© l’une d’entre elles, qui s’appelait MĂ©duse. Il aurait ensuite placĂ© la statue de la Gorgone sur son vaisseau et serait allĂ© d’Ăźle en Ăźle, en rançonnant les habitants. ArrivĂ© Ă SĂ©riphos, il rĂ©clama aussi de l’argent, mais les gens du pays lui dirent de revenir quelques jours plus tard pour qu’ils aient le temps de trouver l’argent. Lorsque PersĂ©e revint, il trouva l’Ăźle abandonnĂ©e et de nombreuses pierres levĂ©es sur la place centrale. Il rĂ©pandit alors la lĂ©gende que les habitants avaient Ă©tĂ© transformĂ©s en pierres pour avoir refusĂ© de payer.
Diodore de Sicile, dans sa BibliothĂšque historique, explique le mythe comme rĂ©sultant d’une guerre entre le peuple des Gorgones et les Amazones, que dirigeait la reine Merina. Vaincues, les Gorgones retrouveront toutefois leur puissance sous la reine MĂ©duse. Un hĂ©ros grec nommĂ© PersĂ©e finira par tuer MĂ©duse, tandis que les Amazones seront battues par HĂ©raclĂšs, ce qui fait disparaĂźtre les derniers royaumes dirigĂ©s par des femmes.

Au ier siĂšcle, dans sa description de l’Ăthiopie, le gĂ©ographe Pomponius Mela Ă©crit : « On voit chez ces peuples une bĂȘte appelĂ©e catoblĂ©pas, qui, sans ĂȘtre grosse, a nĂ©anmoins une tĂȘte trĂšs grosse, quâelle a peine Ă soutenir, et que son poids Ă©norme incline fortement vers la terre. Cette bĂȘte a surtout cela de particulier, quâelle nâa pas besoin de se prĂ©cipiter sur sa proie ni de lâattaquer avec ses dents : elle la tue dâun regard. Les Ăźles Gorgades, qui furent autrefois, dit-on, le sĂ©jour des Gorgones, sâĂ©lĂšvent en face de ce pays, qui se termine au promontoire appelĂ© áŒÏÏÎÏÎżÏ ÎșÎÏÎ±Ï [Corne de lâOccident]. »
Vers la mĂȘme Ă©poque, Alexandre de Myndos reprend cette explication dans un ouvrage de zoologie, en prĂ©cisant que cette sorte de brebis sauvage vivant en Afrique est dotĂ©e d’une Ă©norme criniĂšre qui lui tombe sur les yeux, mais que son regard d’habitude tournĂ© vers le bas avait le pouvoir de pĂ©trifier ceux qu’elle regardait. Lors de la campagne militaire de Marius contre Jugurtha, un dĂ©tachement de soldats a finalement rĂ©ussi Ă tuer cet animal par embuscade et la peau en a Ă©tĂ© ramenĂ©e Ă Rome par le consul et exposĂ©e dans le temple d’Herculen â prouvant ainsi, selon cet auteur, la vĂ©ritĂ© de cette explication.
Un siĂšcle plus tard, Pausanias propose deux autres explications. Dans la premiĂšre, MĂ©duse est une reine qui, aprĂšs la mort de son pĂšre, reprend elle-mĂȘme le sceptre, et rĂšgne sur ses sujets prĂšs du lac Tritonide, en Libye. Dans une guerre contre PersĂ©e, qui avait envahi son pays avec des troupes du PĂ©loponnĂšse, elle est tuĂ©e perfidement pendant la nuit. FrappĂ© par sa beautĂ©, PersĂ©e ramena la tĂȘte en GrĂšce et l’enterra dans la place publique d’Argos sous un monticule qu’on pouvait encore voir Ă son Ă©poque. L’historien prĂ©sente toutefois comme plus vraisemblable l’hypothĂšse selon laquelle MĂ©duse Ă©tait une femme d’une tribu sauvage de Libye qui dĂ©solait les habitants de la rĂ©gion du lac Tritonide jusqu’Ă ce qu’elle soit tuĂ©e par PersĂ©e.
HypothĂšse d’une sociĂ©tĂ© matriarcale archaĂŻque
Une instance de la Triple déesse

L’appartenance de MĂ©duse aux divinitĂ©s prĂ©-olympiennes semble indiquer que ce mythe a un substrat trĂšs ancien. Dans le mythe de MĂ©duse, tout comme dans ceux de la ChimĂšre et de l’Hydre de Lerne, les divinitĂ©s fĂ©minines sont associĂ©es Ă la Terre (Gaia), par opposition aux divinitĂ©s olympiennes qui rĂ©sident dans le ciel. Toutes trois ont en commun d’ĂȘtre des monstres et d’emprunter certains de leurs traits aux serpents, dont le lien avec la terre, le fĂ©minin et le mystĂ©rieux est trĂšs ancien. Toutefois, dans le cas de MĂ©duse, le pouvoir malĂ©fique est converti en objet de protection une fois le monstre dĂ©capitĂ©.

DĂšs 1911, A. L. Frothingham avait notĂ© les parallĂšles entre MĂ©duse et la Grande MĂšre. Selon Joseph Campbell, les lieux de culte Ă la dĂ©esse mĂšre et aux divinitĂ©s fĂ©minines auraient Ă©tĂ© remplacĂ©s par un nouveau panthĂ©on lors de l’arrivĂ©e en GrĂšce des envahisseurs. Les divers Ă©tats du mythe reflĂ©teraient ainsi le passage d’une sociĂ©tĂ© matriarcale Ă une sociĂ©tĂ© patriarcale.
Reprenant l’explication de Pausanias selon laquelle PersĂ©e aurait dĂ©capitĂ© une reine de Libye et enterrĂ© la tĂȘte sous le marchĂ© d’Argos, Robert Graves y voit une preuve de l’enregistrement par le mythe de la suppression violente d’un rĂ©gime matriarcal prĂ©existant et de la prise de possession des temples par les hommes. Il suppose que dans la sociĂ©tĂ© matriarcale archaĂŻque le masque de GorgĂŽ avait pour fonction d’Ă©loigner les hommes des cĂ©rĂ©monies initiatiques cĂ©lĂ©brant la triple dĂ©esse Lune et de protĂ©ger de la concupiscence des hommes les jeunes filles vierges qui le portaient. Selon Wilk, « en dĂ©pit du manque de preuves, l’idĂ©e est maintenant largement acceptĂ©e que, dans le monde ancien, le masque de la Gorgone servait Ă garder les secrets fĂ©minins. ».

Graves note aussi que les mythes de PersĂ©e et de BellĂ©rophon sont Ă©troitement associĂ©s : « tous deux enregistrent l’usurpation des pouvoirs de la dĂ©esse Lune par les envahisseurs hellĂšnes et sont unifiĂ©s dans une peinture archaĂŻque d’une jument Ă tĂȘte de gorgone »
« Il devrait ĂȘtre Ă©vident que le mythe raconte l’histoire d’une migration et d’une invasion, entrainant le remplacement d’une religion par une autre : celle des anciennes divinitĂ©s Ă©lĂ©mentaires â de la nature et de l’engendrement, de la soumission aux forces chtoniennes de la terre et au cycle des saisons â par les nouveaux dieux immortels de l’Olympe, les dieux du ciel, de l’intellect et de la volontĂ©, garants de la nouvelle et tragique autonomie des hĂ©ros humains. »
Dans les jeux de rĂŽle
Et en particulier dans D&D 5


ou dans Héros & Dragons
« Elle Ă©tait dâune telle beauté⊠Jâai cru que les dieux me souriaient enfin, que mon attente touchait Ă sa fin, que la femme qui sâavançait vers moi Ă©tait la bonne. Puis jâai vu ces serpents sifflant autour de son
visage⊠»

Description
Les mĂ©duses sont de magnifiques femmes, un syncrĂ©tisme des canons de beautĂ© universels. Mais cette splendeur divine souffre dâune terrible malĂ©diction. Pour avoir rivalisĂ© avec la beautĂ© de lâHarmonieuse, la dĂ©esse
parfaite, celle-ci transforma les cheveux des beautĂ©s en nuĂ©e de serpents et les dota dâun regard qui nul ne peut soutenir. MalgrĂ© cela, la mĂ©duse aime sĂ©duire et se vĂȘtir de riches atours, de robes brodĂ©es dâor et de fins bijoux.
Ăcologie
Solitaire, la mĂ©duse vit Ă lâĂ©cart de la civilisation, dans des palais somptueux ou des citĂ©s maudites, abandonnĂ©es et oubliĂ©es par les hommes, ou dans des complexes souterrains magnifiquement dĂ©corĂ©s. Elle sâaccompagne
quelquefois de serviteurs, des prisonniers Ă qui elle a crevĂ© les yeux. La mĂ©duse est maudite, son regard transforme en pierre toute crĂ©ature qui le croise, elle comprise. Pour Ă©viter dâĂȘtre changĂ©e en pierre, elle supprime
de son antre toute surface rĂ©flĂ©chissante. Amoureuse de lâart et de la beautĂ©, elle habille par contre son habitat dâobjets dâart somptueux, et conserve les statues des plus beaux visiteursâŠ
Combat
La mĂ©duse ne vieillit pas et ne peut mourir de vieillesse. En revanche, elle est mortelle et trĂšs soucieuse de sa santĂ© et de son apparence. Elle ne prend que rarement des risques en combat. Et ne se sert de prĂ©fĂ©rence de son regard dĂšs lâengagement, ou tient ses adversaires Ă distance avec son arc et ses flĂšches empoisonnĂ©es. Elle peut toutefois affronter les intrus plus faibles au corps Ă corps, notamment grĂące Ă ses serpents.