X-Card : je m’étais dit que je n’en parlerai pas… et en fait si

Je m’étais promis de ne pas aborder le sujet X-CARD…

Je m’étais promis de ne pas aborder le sujet X-CARD… Parce que finalement ne me sentant pas concerné. J’avais tort… deux fois : premièrement j’aborde le sujet, et deuxièmement je me sens concerné (un peu).

Bon c’est quoi cette x-Card ?

Qui en parle le mieux ? (voir les articles sur le web ci-dessous)

https://alias.erdorin.org/jouer-carte-x-de-securite/

http://saint-epondyle.net/blog/jeu-de-role/jeu-de-role-zone-rouge-et-consentement/

Que faire de tout ça ?

Si je résume pour ma propre information, je dirais qu’il y a au départ au moins deux situations types :

1) le jeu en convention ou en salon avec des joueurs inconnus. Inconnus entre eux et inconnus du MJ.

2) Et la situation où l’on se retrouve entre amis ou connaissances à jouer une partie chez quelqu’un.

Dans la première situation

L’utilisation de la X-Card (ou carte joker) peut se comprendre : c’est une façon rassurante (et dans l’air du temps) de palier à un problème éventuel.

Pourquoi pas, mais au lieu d’expliquer le fonctionnement de l’X-Card, on pourrait aussi bien interroger les joueurs sur leurs attentes et leurs craintes, avec un peu subtilité bien entendu.

En convention, en salon, au milieu du bruit et entourés de beaucoup de monde que l’on ne connait pas, ce genre d’échange n’est pas spécialement des plus pratique. L’explication du fonctionnement de l’X-Card est finalement plus simple, et neutre. Par contre, cela n’empêche pas le MJ de faire preuve d’un minimum de sensibilité dans son choix de scénario et dans la gestion de la tablée.

Dans la deuxième situation

Vous êtes chez vous ou chez des amis, dans un cadre connu, normalement propice à l’échange, au dialogue. Donc, là… franchement pourquoi utiliser la X-Card ?

Si le MJ connait un minimum les joueurs, il va faire en sorte de tenir compte de toutes les personnalités afin d’être sûr que tout le monde trouve du plaisir à jouer ensemble. En fait, ici la X-Card existe depuis longtemps, mais pas sous forme de carte : des post-it, des regards au MJ, des signes, voire même des apartés.

Vous voyez, ce n’est pas si facile que ça de trancher. Le dialogue est la clé, quoi qu’il arrive.

Des Règles de base

En fait tout cela me fait penser aux règles de base de la formation professionnelle, quand on se retrouve avec un nouveau groupe, on rappelle les règles à tout le monde : « ici on est bienveillant entre nous, on ne se juge pas, et ce qui se dit en formation ne se dévoile pas en dehors ».

Ce qui me fait penser que probablement certaines règles/consignes/conseils devraient faire partie intégrante des livres des jeux de rôle. Et cela éviterait d’avoir débattre sur des outils facilement remplaçables par du dialogue.

En gros, rejeter l’X-Card en bloc, par principe, ou l’utiliser systématiquement en s’abstenant de dialoguer ensuite ne sont pas de bonnes pratiques. Le jeu de rôle est un type de jeu avec une grande composante sociale basé essentiellement sur du dialogue.

Le doigt sur ce qui fait mal…

Le « débat » sur l’X-Card a au moins le mérite de révéler qu’il y a bien un manque quelque part :

  • Un manque de sensibilité chez certains rôlistes qui ne peuvent pas imaginer (un comble) que d’autres joueurs peuvent se retrouver blessés moralement par tel ou tel sujet.
  • Un manque de sensibilité chez ceux qui pensent que l’X-Card est leur solution ultime pour être sur de n’offenser personne.
  • Un manque de dialogue, et un manque de recul chez quelques pratiquants du jeu de rôle.
  • Une absence de communauté de pensée chez la population rôliste, et pour le coup c’est tant mieux !

Et hop, je rebondi sur ce dernier point.

En effet, tous les rôlistes ne se ressemblent pas, et tous les rôlistes ne sont pas interchangeables au point de pouvoir jouer à n’importe quoi avec n’importe qui. Les rôlistes sont une communauté qui n’en est pas une. Le jeu de rôle est bien un dénominateur commun, avec probablement quelques autres éléments de culture de l’imaginaire, mais rien n’est moins sûr.

L’X-Card, que vous l’utilisiez ou non, vous propose de vous arrêter 5 minutes et de réfléchir à votre pratique de ce loisir. Si a un moment donné dans votre vie de rôliste (MJ ou non) vous ou un autre à coté de vous a ressenti un malaise ou une gène durant une partie, tacher au moins de l’analyser et de comprendre pourquoi c’était gênant. Et comment faire pour que cela ne se reproduise plus. On joue pour le plaisir, et uniquement pour cela, et:

Là où il y a de la gène, il n’y a pas de plaisir

(elle vient de loin celle-là)

Donc, est-ce que personnellement j’utiliserai l’X-Card ? Non ! Par contre je vais être attentif aux autres, et faire en sorte de ne pas en avoir besoin. Quitte à ne pas jouer avec certaines personnes. Offenseurs ou offensés potentiels sont à éviter (pour des raisons différentes)… Pour finir, je dirais qu’à quelques détails près je rejoins la position d’Homo Ludis :

X-cards, safe space, etc … Débat d’idées ou débat bidet ?

 


Un article de :

Commentaires

5 réponses à “X-Card : je m’étais dit que je n’en parlerai pas… et en fait si”

  1. Avatar de patate des Ténèbres

    Pour ma part, j’organise des sessions-découvertes chez moi la plupart du temps, mais souvent avec des inconnu(e)s, ce qui est encore une organisation particulière, dans laquelle je pourrai très bien proposer la x-carte. Sans trop savoir pourquoi, je me doutais bien qu’il y avait une polémique autour de cet outil, c’est typiquement rôlisto-rôliste de faire débat sur quelque chose d’optionnel et positif, mais peu importe, cela à le mérite d’exister et sera bien utile à certains groupes. C’est tout ce qui compte.

  2. Avatar de Grégory Huyghe

    Mouais, et bien à mes tables il faudrait un deck entier de X-cards lol !

    Quand une table ne me plait pas, je pars, point. Pas la peine de sortir des outils pseudo-psychologiques de moral et autre. On peut tout simplement le dire.

    En même temps je ne joue pas en convention / asso, justement car je trouve ça lourd toute cette gestion humaine, et c’est trop gentil en général.

    Le JdR est sans limite (dissociation individu / personnage), comme un film d’horreur (l’acteur n’est pas un tueur). Si certains se sentent offensés au moindre coup de vent parce qu’ils ne comprennent pas ça, ils n’ont rien compris au JdR.

  3. Avatar de Iso

    Je vais coller ici le commentaire que j’ai fait en réponse à une remarque sur Facebook…

    Merci. Voila, il faut se poser. Et se poser des questions. Je me demandais la même chose. Mais je crois que l’ambiance horreur ou gore ne doit pas être problématique quand elle est attendue (aller voir un film d’horreur au cinéma).
    Ce qui pourra toujours poser problème (dans un JDR ou dans la vie de tous les jours) c’est les petits trucs anodins pour certains et  »traumatisant » pour l’autre. Pour n’importe qui quand on discute avec quelqu’un qu’on ne connait pas on peut faire un gaffe, commettre un impair, une indélicatesse… Bon, ben en JDR ça fait sortir de la partie, ça casse un peu l’ambiance… Du coup, pourquoi pas essayer de trouver des solutions pour y remédier. Un peu de dialogue et d’ouverture d’esprit peuvent aider de part et d’autre de l’écran. Peut être qu’un jour on verra sur les couvertures des bouquins de JDR les mêmes symboles que sur les jeux vidéo ou les films pour avertir sur le contenu… C’est aussi une forme d’outil.

    Je ferai un rapprochement avec la formation professionnelle… Des fois en formation quand tu découvres ton groupe tu te rend compte qu’il va falloir que tu fasse encore plus gaffe à ce que tu dit parce qu’un des participants est fragilisé… Et en plus tu va devoir faire en sorte que les autres participants ne mettent pas les pieds dans le plat… En théorie on a les outils (et la formation) qu’il faut pour se sortir de telle situation sans casse… Mais parfois, ça marche pas. Des fois, le moindre mal, c’est que l’un des participants quitte la session.
    Ce sont des choses qui peuvent arriver, c’est normal. On peut peut pas tout prévoir.
    Le tout c’est de le savoir.

    En JDR avec des inconnus (en salon, en convention) on court un risque. Si c’est calculé et géré ça va… (Peut importe avec quel moyen tant qu’on fait preuve d’humanité et de bienveillance).

    ….

    Et pour répondre à ta dernière phrase : en effet, ceux qui se sentent offensés par des tas de trucs devraient probablement éviter le jeu de role. Ils se mettraient en situation de  »danger » et mettraient le MJ dans une situation inconfortable. Ce sont certainement des cas extrêmes, mais ça peut arriver.

  4. Avatar de Grégory Huyghe

    Les couvertures de JdR sont en principe déjà assez éloquentes sur le contenu 🙂

    Je pars plutôt du principe que si quelqu’un a un traumatisme, elle doit prévenir les autres.
    Un exemple. X est allergique a un ingrédient, il ne le dit pas, les autres ne sont pas médiums. Je parle pour un petit groupe, pas un prestataire pro.

    J’ai déjà bien clashé avec quelqu’un qui ne comprenait pas qu’on puisse jouer un PJ violent, à cause de son impossibilité à dissocier le personnage du joueur.

    Mais bon ça concerne le monde des conventions et dans cette optique l’outil peut être utile. Après, on peut retourner le raisonnement, pourquoi tenter un truc hard en convention ? Quand j’ai dû faire des parties avec des non-initiés, je suis resté sur de l’universel neutre (méd-fan à la Seigneur des Anneaux, space opéra…).

    Je préfère l’approche plus directe des tables at home où tout est bien calé avant de démarrer.
    Personnellement, je peux pas jouer sur une table de salle de classe avec éclairage halogène et 120db de cris autour. Ca, ça me traumatise ^^

  5. Avatar de Iso

    Très d’accord avec toi. Le JDR en convention ou en salon, découverte avec groupes totalement novices…etc… C’est une autre démarche. Pas trop fan non plus… En salon, je préfère les jeux de société, jeux de plateau ou autres trucs avec cartes et figurines… Le JDR pour moi c’est vraiment quelque chose de  »intimiste » pour de l’ambiance bien immersive…