Il y a des artistes qu’on qualifie de « radicaux ». Pour Wendy O. Williams, le mot ne suffit pas. Elle ne s’est jamais contentĂ©e de pousser les limites — elle les a sciĂ©es, brĂ»lĂ©es, explosĂ©es, puis dansĂ© sur les cendres.

NĂ©e en 1949 dans une bourgade tranquille de l’État de New York, elle quitte trĂšs tĂŽt l’itinĂ©raire tracĂ©. Elle refuse les cadres, fuit les trajectoires toutes faites, et se forge un parcours qui ressemble davantage Ă  une dĂ©tonation qu’à une carriĂšre. Pas besoin de storytelling : Wendy ne construit pas un mythe, elle vit Ă  vif. Ce qu’elle offre, c’est une prĂ©sence physique, une colĂšre canalisĂ©e par l’art, et une luciditĂ© tranchante sur la sociĂ©tĂ© qui l’entoure.

Elle entre en scĂšne avec une rage qui n’a rien d’une posture. Sa voix est une rĂąpe, son corps une machine de guerre, ses performances un théùtre de la confrontation. Mais ce n’est jamais gratuit. Wendy, ce n’est pas l’outrance pour faire peur aux petits bourgeois — c’est une critique incarnĂ©e, politique, animale. Elle dĂ©truit les symboles, pas les ĂȘtres. Les objets de culte moderne, pas les vivants.

Dans un monde oĂč l’on attend encore des femmes qu’elles soient dĂ©coratives ou rentables, Wendy dĂ©barque torse nu, tronçonneuse Ă  la main, prĂȘte Ă  tout pulvĂ©riser. Et quand elle chante, ce n’est pas pour sĂ©duire. C’est pour rĂ©veiller.

Sa carriĂšre solo n’adoucit rien. MĂȘme quand l’industrie tente de la rĂ©cupĂ©rer, elle reste fidĂšle Ă  elle-mĂȘme : rugueuse, intĂšgre, indomptĂ©e. Elle parle peu, agit fort, refuse la compromission. Pas de glamour. Pas de sourire automatique. Pas d’excuse.

À la fin des annĂ©es 1980, elle quitte la scĂšne. Pas parce qu’elle renonce, mais parce qu’elle a dit ce qu’elle avait Ă  dire. Elle se retire loin des regards, soigne des animaux, cultive une vie simple, sans ornement. Ce n’est pas une dĂ©faite. C’est une cohĂ©rence.

En 1998, elle part volontairement, calmement, avec la mĂȘme luciditĂ© qui l’a toujours habitĂ©e. Elle laisse une lettre, sobre, honnĂȘte, digne. Pas de pathos. Pas de drame. Juste un adieu sans concession.

Wendy O. Williams n’est pas un vestige punk Ă  exhumer. Elle est un rappel. Que le rock peut brĂ»ler pour de vrai. Que l’art peut mordre. Et qu’il y a des femmes qui n’attendent pas d’autorisation pour renverser la table.

[source]

Wendy

O.

Williams

Leather-clad

Queen of

heavy metal

I don’t believe that people should take their own lives without deep and thoughtful reflection over a considerable period of time. I do believe strongly, however, that the right to do so is one of the most fundamental rights that anyone in a free society should have. For me, much of the world makes no sense, but my feelings about what I am doing ring loud and clear to an inner ear and a place where there is no self, only calm.

« On ne dĂ©cide pas Ă  la lĂ©gĂšre de mettre un terme Ă  sa vie. Je ne crois pas que quelqu’un choisisse de quitter la vie avant d’y avoir longuement rĂ©flĂ©chi. De toute façon, je suis convaincue que c’est un des droits les plus fondamentaux d’une sociĂ©tĂ© libre de pouvoir le faire. Pour moi, quasiment rien dans le monde ne fait sens Ă  part les sensations de ce que je suis en train de faire, qui rĂ©sonnent haut et fort dans un espace intĂ©rieur oĂč il n’y a rien que du calme. »



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