Née à Berlin en 1916, Unica Zürn grandit dans une Allemagne en crise, marquée par la violence politique et la culpabilité d’après-guerre. Elle commence comme scénariste et rédactrice publicitaire avant de se tourner, dans les années 1950, vers le dessin automatique et l’écriture poétique. Son univers est traversé par l’anagramme, la fragmentation du langage, le double et le corps comme territoire de l’esprit.

En 1953, elle rencontre l’artiste Hans Bellmer ; leur relation, fusionnelle et destructrice, s’enracine dans une esthétique de la soumission, du fétichisme et du bondage, exposée dans leurs œuvres communes. Ces photographies et sculptures, souvent dérangeantes, traduisent autant une recherche formelle qu’une descente dans la psyché.

Zürn souffre de troubles mentaux graves, diagnostiqués à l’époque comme schizophrénie. Internée à plusieurs reprises, elle écrit L’Homme-Jasmin (1967) et Sombre Printemps, textes à la frontière du délire et de la lucidité, où le réel se défait sous la pression du langage.



Son écriture, clinique et hallucinée, ne cherche ni à séduire ni à guérir : elle expose. En 1970, à Paris, elle se jette par la fenêtre de l’appartement de Bellmer. Elle avait 54 ans.
Redécouverte dans les années 1980, Unica Zürn est aujourd’hui considérée comme une figure majeure de l’écriture surréaliste féminine, entre poésie automatique et journal de folie. Elle incarne cette ligne fragile où l’art devient une tentative désespérée de survivre à soi-même.

