Robert Ervin Howard est un nouvelliste et romancier amĂ©ricain nĂ© le 22 janvier 1906 Ă  Peaster (Texas) et mort le 11 juin 1936 Ă  Cross Plains (Texas). Il est considĂ©rĂ©, avec J. R. R. Tolkien (Le Seigneur des anneaux) et H. P. Lovecraft (Le mythe de Cthulhu) comme l’un des pères de la littĂ©rature fantastique moderne (la fantasy). Il est surtout l’inventeur de l’heroic fantasy, avec les aventures de son hĂ©ros Conan le CimmĂ©rien.

Robert E. Howard

De la lecture Ă  l’Ă©criture

Très tôt, il se passionne pour la lecture, encouragé en cela par sa mère. À quinze ans il découvre les « pulps », périodiques bon marché qui publient des nouvelles. Il se met alors à écrire.

À 19 ans, sa première histoire aboutie, « Spear and Fang » (« Lance et Croc »), est publiée dans la revue Weird Tales, qui édite également H. P. Lovecraft et Clark Ashton Smith.

L’Ă©crivain

En 1928, Ă  22 ans, après trois annĂ©es difficiles, sa carrière dĂ©marre avec plusieurs nouvelles, notamment des rĂ©cits de boxe, qu’il vend Ă  divers pulps. Dans le mĂŞme temps, Weird Tales publie ses aventures de Solomon Kane. Son talent apparaĂ®t vĂ©ritablement en 1930 dans des nouvelles telles que Les Rois de la Nuit, L’Homme noir, Les Dieux de Bal-Sagoth et par la suite dans une sĂ©rie de rĂ©cits sur les croisades particulièrement sombres. Il entame une correspondance avec H. P. Lovecraft qui durera jusqu’Ă  sa mort.

L’auteur de Conan

En 1932, il crée le personnage de Conan, un héros viril et solitaire, qui survit dans un monde proto-historique fictif, chaotique et violent, en affrontant des créatures monstrueuses, des hordes barbares et des sorciers maléfiques. Il tue (beaucoup) sans état d’âme ni considérations morales. Il incarne la force sauvage, non civilisée mais aussi non pervertie.

Jusqu’en 1935, Howard écrit une vingtaine de nouvelles mettant en scène Conan. Contrairement à une légende tenace, Howard ne les a pas rédigées dans un état second, au contraire il a travaillé énormément ses textes : plusieurs milliers de pages de brouillon de Conan existent encore de nos jours.

Ces rĂ©cits d’aventures passionneront les adolescents bien après la mort de son crĂ©ateur. Des auteurs avisĂ©s se sont empressĂ©s de concocter de nouvelles aventures au charismatique barbare (illustrĂ©es notamment par Frazetta). Puis, des dizaines de comics dĂ©ferlent, dessinĂ©es par Barry Smith, John Buscema, etc. Le cinĂ©ma s’intĂ©resse aussi Ă  Conan. Avec ces mĂ©dias visuels, l’aspect physique du personnage prend toujours plus d’importance et, Ă  mesure que sa musculature enfle, son pagne en peau de bĂŞte rĂ©trĂ©cit (quel que soit le climat, Conan ne craint pas le froid). Il devient une « icĂ´ne sexuelle » masculine, plus encore que Tarzan et les super-hĂ©ros qui s’encombrent de collants et de bons sentiments.

Ĺ’uvres

Conan le Cimmérien

Les aventures de Conan se dĂ©roulent dans un passĂ© mythique, créé par Howard, appelĂ© l’« âge hyborien ». Cet univers est inspirĂ© de ses lectures, notamment les rĂ©cits mythologiques tels que racontĂ©s par l’auteur amĂ©ricain Thomas Bulfinch. L’âge hyborien se situe entre la chute de l’Atlantide et l’essor des anciennes civilisations que l’on connaĂ®t (Sumer, l’Égypte antique, la Grèce antique, etc.).

Conan est un barbare originaire de CimmĂ©rie, une contrĂ©e lugubre que Howard liait Ă  la CimmĂ©rie historique, mais ces CimmĂ©riens Ă©taient les ancĂŞtres des GaĂ«ls irlandais selon l’hypothèse controversĂ©e des Kimris. Les nouvelles de Conan, au nombre d’une vingtaine, sont hautes en couleur, un savant mĂ©lange de rĂ©cits Ă©piques, historiques, sur lesquels se greffent des influences lovecraftiennes.

Howard disait de Conan que c’Ă©tait un aventurier et qu’il Ă©crivait les histoires de Conan comme un aventurier les raconterait : dans le dĂ©sordre le plus total. Plusieurs de ces rĂ©cits sont devenus des classiques du genre, parmi lesquels la Tour de l’ÉlĂ©phant, la Reine de la CĂ´te Noire, les Clous Rouges ou bien encore Au-delĂ  de la Rivière Noire. Si plusieurs histoires de Conan sont lĂ©gères et agrĂ©ables Ă  lire, les meilleurs rĂ©cits du cycle sont empreints d’un pessimisme assez profond, Howard Ă©tant persuadĂ© de la futilitĂ© de la civilisation, entreprise humaine vouĂ©e Ă  la dĂ©cadence et Ă  la destruction (une thèse qu’il dĂ©veloppe dans Au-delĂ  de la Rivière Noire et Les Clous rouges).

Howard abandonna le personnage de Conan en 1935 et devait mourir l’annĂ©e suivante. Le personnage tomba peu Ă  peu dans l’oubli jusqu’Ă  ce que Lyon Sprague de Camp s’en empare et l’accapare, se dĂ©clarant coauteur de la sĂ©rie de par ses pastiches et l’ordre arbitraire — non voulu par Howard — qu’il imposa Ă  la sĂ©rie. Il rĂ©crivit en outre en profondeur certains textes de son prĂ©dĂ©cesseur.

Avec des pastiches qui dĂ©passèrent bientĂ´t en nombre les rĂ©cits originaux de Howard, la sĂ©rie devint une parodie de ce qu’elle Ă©tait sous la plume de son crĂ©ateur, Conan se transformant en une sorte de barbare analphabète aux muscles hypertrophiĂ©s, entourĂ© d’hĂ©roĂŻnes aussi stupides que dĂ©nudĂ©es.

Cette situation dura jusqu’Ă  la fin du XXème siècle, jusqu’Ă  la publication des textes originaux de Howard, sans les modifications apportĂ©es par Sprague de Camp et Lin Carter. Ils sont ainsi parus au Royaume-Uni puis aux États-Unis, sous la direction Ă©ditoriale du français Patrice Louinet, Ă©galement aux commandes de l’Ă©dition en langue française aux Ă©ditions Bragelonne Ă  partir de 2007.

Premières éditions en français

Les aventures du Cimmérien sont parues en France dans des volumes contenant les nouvelles de Robert E. Howard, augmentées des versions des écrivains Lyon Sprague de Camp et Lin Carter, dans un ordre chronologique des récits propre à ces deux auteurs :

  • Conan (Ă©d. J.-C. Lattès, 1980 ; rééd. J’ai lu, 1984)
  • Conan le CimmĂ©rien (Ă©d. J.-C. Lattès, 1982 ; rééd. J’ai lu, 1985)
  • Conan le Flibustier (Ă©d. J.-C. Lattès, 1982 ; rééd. J’ai lu, 1985)
  • Conan le Vagabond (Ă©d. J.-C. Lattès, 1982 ; rééd. J’ai lu, 1985)
  • Conan l’Aventurier (Ă©d. J.-C. Lattès, 1980 ; rééd. J’ai lu, 1986)
  • Conan le Guerrier (Ă©d. J.-C. Lattès, 1981 ; rééd. J’ai lu, 1986)
  • Conan l’Usurpateur (Ă©d. J.-C. Lattès, 1982 ; rééd. J’ai lu, 1987)
  • Conan le conquĂ©rant (Ă©d. J.-C. Lattès, 1980 ; rééd. J’ai lu, 1988)
Robert E. Howard

Comme ce fut le cas pour les Ă©ditions anglo-saxonnes, ces volumes ont Ă©tĂ© publiĂ©s, lors de leur réédition chez J’ai lu, avec des couvertures illustrĂ©es par Frank Frazetta dont les peintures saisissantes reprĂ©sentant le personnage de Conan sont restĂ©es cĂ©lèbres.

Nouvelle Ă©dition en français de l’Ĺ“uvre de Robert E. Howard

Les récits de Conan écrits par Robert E. Howard — et par lui seulement — ont été rééditées en France en 2007, aux éditions Bragelonne, débarrassés des ajouts apocryphes. Cette intégrale est dirigée et traduite par Patrice Louinet, qui avait déjà dirigé cette édition pour les éditions Del Rey Books aux États-Unis et au Royaume-Uni.

  • Conan le CimmĂ©rien, volume 1 (1932-1933)
  • Conan : L’Heure du dragon, volume 2 (1934)
  • Conan : Les Clous rouges, volume 3 (1934-1935)

On peut noter que ces Ă©ditions intĂ©grales de Conan ont Ă©tĂ© suivies par la réédition d’autres volumes de Robert E. Howard, tels que Solomon Kane, Bran Mak Morn, Kull, et diverses anthologies thĂ©matiques.

  • Kull le Roi barbare (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • Solomon Kane (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • Le retour de Kane (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • Bran Mak Morn (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • Cormac Mac Art (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • Vulmea le Pirate noir (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • Sonya la Rouge (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • Agnès de Chastillon (Ă©d. NĂ©o, rĂ©ed. Fleuve noir)
  • El Borak l’Invincible (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • El Borak le Redoutable (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • El Borak le Magnifique (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • El Borak l’Eternel (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • L’Homme noir (Ă©d. du Masque Fantastique, rééd.NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • Le Pacte noir (Ă©d. NĂ©o, rééd. Marabout en deux volumes, rééd. Fleuve noir en deux volumes)
  • Les Habitants des tombes (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • Le tertre maudit (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • Le Chien de la mort (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • La Route d’AzraĂ«l (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • Almuric (Ă©d. NĂ©o, rééd. Fleuve noir)
  • Le Manoir de la terreur (Ă©d. NĂ©o)
  • L’ĂŽle des Ă©pouvantes (Ă©d. NĂ©o)
  • La Flamme de la vengeance (Ă©d. NĂ©o)
  • Chants de guerre et de mort (Ă©d. NĂ©o)
  • Wild Bill Clanton (Ă©d. NĂ©o)
  • Kirby O’Donnell (Ă©d. NĂ©o)
  • Cormac Fitzgeoffrey (Ă©d. NĂ©o)
  • Steve Harrison et le maĂ®tre des morts (Ă©d. NĂ©o)
  • Steve Harrison et le talon d’argent (Ă©d. NĂ©o)
  • La Main de la dĂ©esse noire (Ă©d. NĂ©o)
  • Le Seigneur de Samarcande (Ă©d. NĂ©o)
  • Steve Costigan (Ă©d. NĂ©o)
  • Steve Costigan et le signe du serpent (Ă©d. NĂ©o)
  • Steve Costigan le champion (Ă©d. NĂ©o)
  • Dennis Dorgan (Ă©d. NĂ©o)
  • Le Rebelle (roman autobiographique, Ă©d. NĂ©o)
  • Poings d’acier (Ă©d. NĂ©o)
  • La Tombe du dragon (Ă©d. NĂ©o-NĂ©Omnibus)
  • Les ÉpĂ©es rouges de Cathay la Noire
  • Le Seigneur de Samarcande (illustration de StĂ©phane Collignon, Éditions Bragelonne, 2009)
  • Les Dieux de Bal-Sagoth (Bragelonne)