Avant le code Hays, Hollywood avait les crocs. Et Liliane (Baby Face dans sa version originale), réalisé par Alfred E. Green en 1933, en est une preuve éclatante : un brûlot sur l’ambition, le sexe et la survie dans une Amérique broyée par la Dépression. À sa sortie, le film choque, divise, fascine – au point d’être cité parmi ceux qui précipitèrent l’instauration de la censure stricte dès 1934.

Barbara Stanwyck y incarne Lily Powers, jeune femme marquée par les violences patriarcales depuis l’adolescence.

Liliane (1933) – L’ascension scandaleuse de Barbara Stanwyck

Exploitée par son propre père dans un bar miteux de Pennsylvanie, elle retourne la situation à sa manière : décidée à ne plus être utilisée, elle utilisera les hommes pour s’élever.

Direction New York, où elle gravit les étages – littéralement – d’une grande banque, séduisant tour à tour employés, cadres et dirigeants, les abandonnant dès qu’ils cessent d’être utiles. Bijoux, fourrures, appartements luxueux : Lily se construit une existence en exploitant le désir masculin, jusqu’à provoquer scandales et tragédies.

Liliane (1933) – L’ascension scandaleuse de Barbara Stanwyck

Cette trajectoire amorale – adoucie par une fin « heureuse » imposée par la censure – fait de Liliane un portrait rare et brutal d’une femme qui refuse la place qu’on veut lui assigner. Plus qu’une « femme fatale », Lily est une survivante dans un monde où la respectabilité n’est qu’une illusion masculine. Le film ose parler d’exploitation sexuelle, de manipulation et de classe, tout en dévoilant les hypocrisies d’un système patriarcal qui préfère punir les femmes ambitieuses plutôt que d’examiner ses propres tares.

Liliane (1933) – L’ascension scandaleuse de Barbara Stanwyck

Le scandale de Liliane tient autant à son contenu qu’à son ton : la mise en scène frontale de la sexualité comme arme sociale en fit un symbole de l’ère « pré-Code ». Sa réhabilitation récente par la Bibliothèque du Congrès comme œuvre majeure du patrimoine cinématographique rappelle à quel point ce film reste moderne – et dérangeant.

Liliane (1933) – L’ascension scandaleuse de Barbara Stanwyck

Inspiration rôliste : Liliane est un modèle parfait pour créer des personnages féminins complexes dans un univers des années 1930 (Call of Cthulhu, Trail of Cthulhu…) : survivantes, stratèges, opportunistes, elles incarnent la tension entre individualisme et société patriarcale. Imaginez une PJ qui utilise ses charmes pour infiltrer les cercles du pouvoir occultiste… ou qui fait tomber un culte en séduisant ses membres les plus influents.

Liliane (1933) – L’ascension scandaleuse de Barbara Stanwyck


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