À propos de cet article
Cela fait un long moment qu’on essaye vainement de vous proposer cet article. Qui devait même être un bon gros dossier façon aide de jeu.
Mais ce n’est pas évident du tout. Plusieurs fois on a remis tout à plat, tout recommencé. Au final on publie quelque chose, mais sans que l’on en soit satisfait à 100%. Le fond et la forme ne nous satisfont pas. Les recherches iconographiques ne nous plaisent pas. Nous n’avions aucune envie de partager ces images, et pourtant il faut bien illustrer l’article.
Cet article est à améliorer, il le sera certainement un jour. On trouvera une solution, pour le moment nous ne le diffusons pas vraiment à grande échelle, à vous de nous dire ce que vous en pensez.

Les récits pulps des années 1920 à 1950 ont largement popularisé une certaine vision des antagonistes : nazis caricaturaux, scientifiques fous, sectes bien louches et gangsters sans scrupules. Cette simplification a permis aux auteurs d’explorer des récits dynamiques et spectaculaires, mais elle a aussi laissé dans l’ombre une multitude d’adversaires historiques tout aussi fascinants, complexes et souvent bien plus réalistes.
Pourtant, la réalité historique offre une vaste diversité de figures antagonistes, souvent méconnues ou sous-exploitées, qui peuvent enrichir les scénarios de jeux de rôle et de fiction.
Introduction (un peu longue) aux antagonistes dans les récits pulps
Diversifier les figures de l’adversité
L’objectif ici est d’apporter de la variété et de la complexité aux adversaires des héros pulps. Ces adversaires ne sont pas que de simples obstacles ; ils incarnent souvent des forces idéologiques, des factions politiques, des groupes occultes ou criminels, chacun ayant des motivations qui dépassent la simple soif de pouvoir ou de chaos.
Tous ces groupes et factions peuvent être alliés de circonstances, rivaux ou même ennemis mortels, ce qui crée des dynamiques intéressantes et imprévisibles. Loin des caricatures simplistes, ils offrent une matière riche pour des intrigues élaborées où les motivations et les conflits internes prennent toute leur importance.
Entre classicisme et modernité
Habituellement, les récits pulps privilégient une opposition claire entre héros et antagonistes. C’est une partie de leur charme : des scénarios rythmés, des rebondissements spectaculaires et des adversaires dont la simple apparition suscite une réaction immédiate. Cependant, si l’on veut moderniser ce cadre et lui donner plus de profondeur, il est nécessaire d’introduire des nuances.
Bien entendu, il ne s’agit pas de transformer tous les antagonistes en personnages ambigus, mais de comprendre leurs dynamiques internes, leurs objectifs propres, leurs contradictions et les luttes de pouvoir qui les animent. Un maître de jeu qui prend le temps d’explorer ces éléments pourra créer des adversaires plus mémorables et crédibles, apportant ainsi une dimension supplémentaire aux scénarios.
Une exploration mondiale
Les factions que nous allons détailler se trouvent aux quatre coins de la planète et offrent des contextes variés, des inspirations différentes et des approches distinctes. Vous pourrez y puiser de quoi animer des intrigues complexes, avec des adversaires bien plus diversifiés qu’un simple nazi avec un fouet et une cicatrice sur le visage. Des conspirations politiques, des groupes paramilitaires, des ordres occultes, des factions criminelles transnationales… Les possibilités sont infinies pour enrichir vos scénarios et vos parties.
Une sélection forcément incomplète
Notre liste est loin (très loin) d’être exhaustive. Il a fallu opérer une sélection et, en raison de la richesse du sujet, scinder cet article en plusieurs parties. De plus, certaines factions sont elles-mêmes divisées en sous-groupes, parfois en conflit les uns avec les autres.
L’objectif n’est pas seulement de dresser un catalogue d’adversaires, mais aussi de fournir des pistes pour intégrer ces factions dans vos scénarios. Chacune d’elles peut jouer un rôle actif, dynamique et, surtout, ancré dans son contexte historique, pour donner plus de profondeur à vos récits pulps et jeux de rôle.
Plongeons donc dans cet univers fascinant (et fascisant) où les antagonistes ne sont pas qu’un simple obstacle, mais de véritables acteurs du destin de l’histoire et des aventures qui en découlent.

Fascismes et groupes autoritaires en Europe
L’essor des régimes autoritaires en Europe
L’Europe du XXe siècle a vu l’émergence de nombreux mouvements fascistes et autoritaires. Inspirés par le nationalisme exacerbé, le rejet du pluralisme politique et la glorification de la force, ces régimes ont façonné l’histoire du continent et influencé les conflits mondiaux. Du fascisme italien au nazisme allemand, en passant par les mouvements nationalistes espagnols et français, ces idéologies ont souvent reposé sur une combinaison de répression, de propagande et d’expansionnisme militaire.
Le développement du fascisme en Europe ne s’est pas limité aux figures emblématiques comme Mussolini ou Hitler. Plusieurs pays ont vu l’émergence de factions politiques adoptant des principes similaires, parfois en les adaptant à leur propre contexte historique et culturel. L’influence de ces mouvements a persisté bien après leur défaite militaire, notamment à travers des réseaux clandestins, des héritiers idéologiques et des groupuscules extrémistes.
L’Italie : berceau du fascisme
Si le « fascisme » est souvent associé à l’Italie de Benito Mussolini (1922-1945), il se définit plus largement comme un régime politique autoritaire et nationaliste qui impose un contrôle total sur la société. Il rejette la démocratie, glorifie un chef unique, exalte la force et la violence, et cherche à unifier la nation en éliminant toute opposition. Ce modèle inspirera d’autres régimes en Europe et ailleurs.
Les forces fascistes italiennes

Dès 1919, les milices Squadristi de Mussolini s’illustrent par leur brutalité. Après la montée au pouvoir du Duce, elles deviennent la police paramilitaire du régime, terrorisant les opposants politiques et imposant par la force la discipline fasciste.
- L’OVRA : Police secrète spécialisée dans l’espionnage et la répression des dissidents.
- Les forces coloniales en Afrique du Nord et en Éthiopie, responsables de nombreuses exactions.
- Les Chemises Noires (1923-1943) : Formation paramilitaire brutale imposant la terreur.
- La Xª Flottiglia MAS (1943-1945) : Unité d’élite navale, devenant une milice fasciste après la chute de Mussolini.
- Esercito Nazionale Repubblicano (1943-1945) : Armée fidèle à Mussolini après la chute de son premier gouvernement.
- Le Mouvement Social Italien (MSI, 1946-1995) : Héritiers du fascisme, impliqués dans divers complots politiques.
Le fascisme italien ne se limitait pas à son expression militaire. Il s’est accompagné d’un vaste programme de propagande cherchant à encadrer tous les aspects de la vie sociale et culturelle. L’éducation, la presse et même les loisirs étaient contrôlés pour inculquer l’idéologie fasciste à la population.
Des pistes pour utilisation en JdR
- Une faction clandestine cherchant à restaurer le fascisme après la guerre.
- Un complot visant à récupérer des artefacts mystiques pour justifier un retour à un régime totalitaire.
- Une milice secrète opérant depuis l’étranger pour infiltrer la politique européenne.
- Une loge secrète regroupant d’anciens membres de l’OVRA travaillant dans l’ombre.
L’Allemagne : naissance et expansion du nazisme
Le nazisme ne s’est pas imposé d’un coup. Il s’est nourri d’un climat nationaliste et identitaire en Allemagne, porté par plusieurs mouvements cherchant à restaurer la grandeur du pays après la Première Guerre mondiale.
- Le Mouvement Völkisch : Nationaliste, raciste et mystique, glorifiant la pureté du Volk allemand.
- Le Stahlhelm (1918-1935) : Groupe de vétérans militaristes, absorbé par les SA nazies.
- Les SA (1921-1934) : Milices nazies violentes, supprimées par Hitler en 1934.
- L’Organisation Consul (1920-1922) : Groupe terroriste visant à renverser la République de Weimar.
- Le Werwolf (1944-1946) : Réseau clandestin tentant de poursuivre la guerre après 1945.
Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux responsables nazis ont échappé à la justice et ont été exfiltrés via des réseaux clandestins, notamment en Amérique latine. Ces réseaux ont contribué à la perpétuation de l’idéologie nazie sous d’autres formes, influençant certains régimes autoritaires émergents.
Des pistes pour utilisation en JdR
- Une organisation secrète cherchant à restaurer l’idéologie nazie via des réseaux souterrains.
- Des cellules Werwolf opérant encore en 1950 pour saboter la reconstruction européenne.
- Une quête pour détruire les derniers vestiges d’un programme occulte nazi.
- Un groupe d’anciens SS utilisant des réseaux clandestins pour manipuler des figures politiques.
Les mouvements extrémistes français
Certaines ligues dissoutes dans les années 1930 ont influencé le régime de Vichy et ses collaborateurs.
- Le Parti Franciste (1933-1944) : Mouvement ultra-collaborationniste.
- La Cagoule (1935-1945) : Organisation clandestine prônant un coup d’État.
- Les Jeunesses Patriotes (1924-1936) : Ligue d’extrême droite.
- L’Action Française (1899-1945) : Mouvement royaliste influent dans les milieux conservateurs.
Après la guerre, certains survivants de ces mouvements se sont reconvertis dans des réseaux clandestins, cherchant à influencer la politique française dans l’ombre.
Des pistes pour utilisation en JdR
- Une faction secrète cherchant à réhabiliter la Cagoule.
- Un complot pour récupérer des trésors nazis cachés en France.
- Un groupe d’anciens collaborateurs tentant de manipuler la politique moderne.
- Une cellule secrète d’anciens miliciens infiltrant des organisations politiques contemporaines.
Perspectives et implications
Les régimes fascistes et leurs héritages ne sont pas seulement des vestiges du passé, mais aussi des sources d’inspiration en jeu de rôle. Leur complexité idéologique (pour certains) et leur impact historique offrent un cadre bien vu pour des intrigues, des conspirations et des affrontements entre des héros déterminés et des adversaires aux ambitions totalitaires. Et en plus de nombreuses figures de ces régimes ont survécu à leur chute, formant des réseaux clandestins ou inspirant de nouveaux extrémistes, ce qui ouvre sur d’autres périodes de jeu et d’autres utilisations.
L’extrême droite et les mouvances nationalistes au-delà de l’Europe
Loin d’être cantonnées à l’Europe, les idéologies d’extrême droite ont trouvé un écho dans diverses régions du monde, influençant des groupes politiques, paramilitaires et criminels. Ces mouvances ont souvent émergé en réponse à des bouleversements économiques, sociaux ou militaires, et ont pu s’adapter aux contextes locaux tout en s’inspirant des modèles européens. Ces groupes, parfois liés à des mouvements religieux ou à des traditions nationalistes préexistantes, ont façonné des régimes et influencé les tensions géopolitiques jusqu’à aujourd’hui.
Aux États-Unis : Nationalisme et suprémacisme blanc
Bien que les États-Unis aient combattu le fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs organisations nationalistes et ultraconservatrices ont prospéré, parfois en symbiose avec des idéologies fascistes européennes. Ces groupes ont souvent promu des politiques racistes, ségrégationnistes et isolationnistes, exploitant les tensions raciales et économiques pour gagner en influence.
Principaux groupes et mouvements
- Le Bund Germano-Américain (1936-1941) : Organisation pro-nazie influencée par l’Allemagne hitlérienne, qui organisait des rassemblements de masse et diffusait une propagande antisémite et xénophobe.
- The Silver Legion of America (1933-1941) : Inspirée du fascisme italien et du nazisme, cette organisation prônait l’instauration d’un régime dictatorial dirigé par un chef suprême.
- Le Ku Klux Klan : Actif depuis le XIXe siècle, le Klan a régulièrement adapté son discours pour coller aux nouvelles formes de nationalisme blanc aux États-Unis.
- L’America First Committee (1940-1941) : Mouvement isolationniste comptant parmi ses membres des sympathisants du régime nazi et opposé à l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne.
Des pistes pour utilisation en JdR
- Un complot visant à infiltrer le gouvernement américain et à manipuler l’opinion publique.
- Une société secrète cherchant à établir une enclave ségrégationniste sur le territoire américain.
- Un projet d’eugénisme justifié par des recherches pseudo-scientifiques et mis en œuvre clandestinement.
- Une milice secrète utilisant la propagande numérique pour recruter des adeptes et fomenter des troubles civils.
Les nationalistes japonais et leurs alliés
L’extrême droite japonaise a joué un rôle clé dans l’expansion militaire du pays avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Certains groupes ont persisté après la guerre sous des formes politiques et criminelles, cherchant à restaurer un impérialisme perdu ou à influencer la politique nationale.
Principaux groupes et mouvements
- Le Kempeitai : Police militaire japonaise tristement célèbre pour sa brutalité et ses méthodes de torture.
- L’Unité 731 : Centre de recherche pratiquant des expérimentations biologiques inhumaines sur des prisonniers de guerre.
- Les Yakuzas et leur collaboration avec l’armée impériale : Certains clans mafieux ont été utilisés pour des assassinats politiques et du contre-espionnage.
- Les Groupes nationalistes post-guerre : Après la guerre, certains mouvements d’extrême droite ont persisté sous forme de factions politiques radicales et de cercles nationalistes.
Des pistes pour utilisation en JdR
- Un groupe paramilitaire cherchant à restaurer l’empire du Japon.
- Une organisation développant des armes biologiques basées sur les recherches de l’Unité 731.
- Une cellule secrète utilisant les Yakuzas pour influencer la politique et l’économie du Japon moderne.
- Une conspiration cherchant à manipuler l’histoire pour glorifier l’ancien régime impérial.
Les nationalistes chinois de Tchang Kaï-chek
Durant la guerre civile chinoise, le Kuomintang de Tchang Kaï-chek a oscillé entre démocratie et autoritarisme, employant des méthodes brutales pour lutter contre les communistes.
Principaux groupes et mouvements
- La Bande Verte : Mafia soutenant le Kuomintang, impliquée dans le trafic de drogue et la contrebande.
- Les Services Secrets du Kuomintang : Connus pour leurs purges sanglantes contre les communistes et les opposants politiques.
- Les Groupes nationalistes à Taïwan : Après la fuite du Kuomintang à Taïwan, certaines factions ont continué à prôner un nationalisme autoritaire et expansionniste.
Des pistes pour utilisation en JdR
- Un réseau secret organisant des opérations contre les espions communistes.
- Une quête impliquant des documents compromettants sur la collaboration entre les élites chinoises et des puissances étrangères.
- Une conspiration visant à rétablir un pouvoir autoritaire sur l’ensemble de la Chine.
- Une faction occulte cherchant à récupérer des artefacts historiques pour asseoir la légitimité d’un régime impérial renaissant.
Mouvements nationalistes en Amérique Latine
De nombreux régimes et groupes extrémistes en Amérique Latine se sont inspirés du fascisme européen.
Principaux groupes et mouvements
- Les Intégralistes Brésiliens (1932-1938) : Inspirés par le fascisme italien, ils ont tenté de renverser la république brésilienne.
- Le Groupe Tacuara (Argentine, années 50-60) : Faction paramilitaire antisémite opérant après la guerre.
- Les Groupes néo-fascistes chiliens et argentins : Inspirés du franquisme et du nazisme, certains groupes ont prospéré sous les dictatures militaires.
Des pistes pour utilisation en JdR
- Un réseau international de mercenaires au service de dictatures locales.
- Un ancien nazi ayant trouvé refuge en Amérique du Sud et tentant de reconstruire un mouvement extrémiste.
- Une chasse aux trésors financée par des mouvements ultranationalistes pour restaurer un régime autoritaire.
- Une milice moderne cherchant à étendre son influence via des opérations secrètes et des alliances avec le crime organisé.
Ce tour d’horizon démontre que les mouvements d’extrême droite ne se limitent pas à l’Europe et qu’ils ont évolué à travers le monde en s’adaptant aux contextes locaux. Chacun de ces groupes peut offrir des bases solides pour des intrigues captivantes dans un jeu de rôle centré sur les conflits politiques, l’espionnage ou la résistance face à l’oppression.
L’héritage des fascistes après 1945
La chute du nazisme en 1945 n’a pas entraîné la disparition des mouvements fascistes. Beaucoup d’anciens collaborateurs et criminels de guerre ont été exfiltrés via des réseaux clandestins vers l’Amérique latine, l’Espagne franquiste ou les États-Unis. Certains ont été récupérés par les services secrets occidentaux dans le cadre de la Guerre froide, notamment via l’Opération Paperclip (réintégration de scientifiques nazis aux États-Unis) et des programmes anti-communistes en Europe.


Des régimes autoritaires naguère proches du fascisme, comme l’Espagne de Franco ou le Portugal de Salazar, sont devenus des alliés des Occidentaux contre l’URSS. En Amérique du Sud, plusieurs dictatures ont recruté d’anciens SS et collaborateurs pour structurer leurs forces de répression.
Dans les années 1960-80, des groupes néo-fascistes ont continué à exister en Italie, en Allemagne et en France, parfois impliqués dans des attentats terroristes sous la « stratégie de la tension« . Aujourd’hui encore, certains mouvements nationalistes glorifient ces anciens régimes, en les présentant comme des résistants au communisme plutôt que comme des bourreaux.
La Guerre froide a ainsi offert une seconde vie aux réseaux fascistes, leur permettant de survivre sous d’autres formes et de continuer à influencer la politique et les conflits du XXe siècle.
Des antagonistes pour un autre regard sur l’Histoire
L’histoire regorge d’organisations méconnues qui, bien qu’éclipsées par la figure omniprésente du nazisme dans la fiction, offrent une matière riche pour des intrigues. En diversifiant les antagonistes, on explore des réalités complexes et souvent oubliées, donnant à nos récits une profondeur historique et politique plus marquée.
Le jeu de rôle est un outil puissant pour interroger l’Histoire et ses zones d’ombre. Plutôt que de se limiter aux nazis en uniforme, il est possible d’explorer ces figures radicales et de plonger dans les tensions de leur époque avec une approche critique et nuancée.

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