(Scénario / inspiration pour L’Appel de Cthulhu V5 — Bangkok, 1974)
Contexte
Les investigateurs sont à Bangkok au milieu des années 70. Ambassadeurs, archéologues, journalistes, voyageurs d’affaires — ils croisent un milieu d’expatriés français où règne un certain climat de “liberté tropicale” : fêtes privées, salons spirituels, discussions pseudo-orientales sur “la sagesse du plaisir”.

Au centre de tout cela : un homme étrange, Mario Vellani, vieil intellectuel libertin, sorte de prêcheur laïque du désir absolu.

Le vernis de la liberté
Mario parle de libération, d’abolition de la honte, de fusion avec “le tout vivant”. Ses discours, pourtant, ne sont que des fragments recomposés : bouts de tantrisme, d’occultisme occidental, de théosophie et de citations mal digérées de Nietzsche et Crowley.
Mais il a un pouvoir : ceux qui l’écoutent rêvent la nuit.
Ils voient une mer sans horizon, des formes humaines qui s’y mêlent comme des méduses, et un visage changeant qui leur murmure que la liberté, c’est de se dissoudre.
Ce qui se cache derrière le masque
Mario n’est pas un grand prêtre — il n’appartient à aucun culte structuré. Il est un canal accidentel.

Les textes laissés par un certain moine birman qu’il cite souvent (“le Maître du Souffle”) proviennent d’un fragment de tablette trouvé par Bee, archéologue française.
Mario en a lu quelques mots et a cru y voir la clé de son “système”.
En réalité, la tablette évoque le souffle noir, une forme secondaire de Nyarlathotep, messager et corrupteur des sens.
Depuis, Mario rêve qu’il “enseigne” mais, sans le savoir, il répand l’influence d’une entité qui se nourrit de fascination et de confusion.
Emmanuelle
Elle n’est pas corrompue : elle observe, fascinée, mais reste lucide. C’est par elle que les investigateurs peuvent remonter la chaîne : ses carnets regorgent de citations, de plans de temples, d’horaires de fêtes.

Elle comprend que Mario ne cherche pas la chair, mais le consentement moral à la dissolution.
Elle hésite : dénoncer, ou suivre cette promesse d’illumination ?

Bee
Archéologue indépendante, elle travaille sur un site préangkorien lié à un culte oublié du “Souffle”.
Mario tente de la détourner, en manipulant Emmanuelle pour isoler Bee de ses recherches.

L’un des objets exhumés — un masque rituel sans yeux — pourrait être le vrai cœur de l’affaire : symbole du regard aboli, du plaisir sans conscience.

Bee veut le détruire ; Mario veut le comprendre.

l’Enquête et quand bascule
Les PJ assistent à des soirées étranges : des salons philosophiques où l’on fume, médite, et récite des aphorismes.

Certains invités ne se réveillent plus.
Les rêves d’Emmanuelle, de Bee et des PJ se synchronisent. Les mots de Mario deviennent incantatoires, même lorsqu’il ne croit pas à la magie. Et, au fond du temple où Bee a fouillé, quelque chose respire.

UNe Lecture lovecraftienne
Mario n’est pas un mage, juste un instrument inconscient de Nyarlathotep — celui qui pousse les mortels à se croire libres tout en les amenant à l’autodestruction. Il ne pervertit pas, il observe la corruption en se pensant au-dessus.
Emmanuelle devient alors l’œil témoin du mythe moderne : celui de la connaissance interdite travestie en éveil charnel.
Le Ton de la partie
Aucune sensualité à jouer : juste l’atmosphère trouble, les masques, les discours creux, les nuits tropicales saturées d’encens et de mensonges.
Le jeu repose sur la fascination, la perte du sens, la manipulation psychologique. Les “scènes” d’éveil ne sont que des rituels mentaux où l’ego se délite.
L’accroche
“Il disait que la peur venait du silence.
Mais depuis qu’il parle, tout le monde dort mal.”

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