Tu connais ce genre de jeu qui, dĂšs les premiĂšres pages, te donne envie de sortir les vinyles, allumer une boule Ă facettes et convoquer un dĂ©mon lovecraftien en drag queen ? Bienvenue Ă Moonlight on Roseville Beach, un jeu de rĂŽle aussi flamboyant que touchant, aussi perchĂ© que politiquement futĂ©. Câest un JdR qui sent bon lâĂ©tĂ© 1979, les bords de plage, les cocktails fluorescents⊠et lâĂ©trange qui rĂŽde entre deux bungalows.


Une ßle, une époque, une communauté
Roseville Beach, câest une station balnĂ©aire fictive posĂ©e sur Rose Island, pas loin des clichĂ©s, mais avec une Ăąme bien Ă elle. Câest un refuge queer, un coin de paradis pour celles et ceux qui nâen trouvent pas ailleurs. On y croise des habitué·es, des artistes, des paumé·es, des crĂ©atures surnaturelles (ou juste fabuleuses), et parfois tout ça Ă la fois. Et comme on est dans un jeu dâhorreur cosmique, tout ce petit monde va se retrouver confrontĂ© Ă des choses plus grandes quâeux, au sens trĂšs tentaculaire du terme.

Mais contrairement Ă bien des histoires dâhorreur, ici, on ne joue pas les enquĂȘteurs extĂ©rieurs qui dĂ©barquent dans un monde Ă©trange. On incarne les gens dâici. Des gens qui veulent juste vivre, aimer, exister, et qui doivent dĂ©fendre leur communautĂ© contre des forces (humaines ou pas) qui menacent de tout engloutir. Bref, câest du Lovecraft avec des paillettes. Et sans le racisme.
Des rÚgles légÚres et bien pensées
Le systĂšme est simple, trĂšs narratif, basĂ© sur des jets de dĂ©s Ă six faces rĂ©partis entre diffĂ©rentes zones de tension (objectif, peur, blessureâŠ). Câest fluide, pas prise de tĂȘte, parfait pour celles et ceux qui aiment se plonger dans lâambiance sans se perdre dans des tableaux Excel de compĂ©tences.

Chaque personnage a une Histoire dâorigine qui dĂ©finit son passĂ©, ses pouvoirs potentiels, ses dilemmes. On peut jouer une sorciĂšre en exil, une drag queen hantĂ©e par un pacte ancien, un alien qui apprend Ă marcher avec des talons, ou mĂȘme un animal magique qui essaie juste de trouver sa place. Les archĂ©types sont bien Ă©crits, drĂŽles, parfois poignants. Yâa de la place pour lâintime, pour le collectif, et pour le grand nâimporte quoi fantastique.
Du pulp, oui, mais du pulp conscient
Le jeu revendique son hĂ©ritage pulp et queer. Il pioche dans les magazines lesbiens des annĂ©es 50-60, dans les visuels rĂ©tro, dans cette esthĂ©tique dâun autre temps, pas toujours fidĂšle Ă la diversitĂ© rĂ©elle des communautĂ©s.
Câest vrai : les illustrations sont parfois un peu trop « blanches », un peu trop figĂ©es dans les codes dâĂ©poque (1950-1960). Mais les auteurs ne font pas semblant de lâignorer. Ils sâen expliquent clairement, avec lâenvie de cĂ©lĂ©brer ces racines tout en laissant la porte grande ouverte Ă des reprĂ©sentations plus variĂ©es Ă la table de jeu.
Et dâailleurs, rien nâempĂȘche de faire sa propre icono. Il existe des tonnes de photos dâarchives, dâimages queer des annĂ©es 70, de documents magnifiques et Ă©mouvants, si on prend un peu le temps de fouiller.







Pourquoi on y retourne ?
Parce que Moonlight on Roseville Beach a ce truc rare : il te fait marrer, il tâĂ©meut, il te file des frissons⊠et il te donne envie de protĂ©ger un lieu, des gens, une ambiance. On y joue pas pour sauver le monde, mais pour sauver un monde. Celui quâon crĂ©e ensemble Ă la table.
Câest aussi un jeu profondĂ©ment queer, mais sans forcer, sans « message Ă faire passer ». Câest un monde oĂč les personnes LGBTQIA+ sont au centre, et pas dans un coin. Un jeu oĂč on parle de secrets, de honte, de dĂ©sir, de colĂšre, mais aussi de joie, de fĂȘte, de drag et de cafĂ© enfumĂ© Ă 3h du matin.
Tu peux trouver le jeu en anglais sur itch.io, DriveThruRPG et en français chez Ăditions Spectrum.
Commentaires
28 rĂ©ponses Ă “Moonlight on Roseville Beach : horreur cosmique, disco et paillettes queer”
â je fais des efforts mais je reste perplexe devant ce monde qui mâest totalement inconnuâŠ
Le JDR en question semble trĂšs « decalé » et Ă©trange. Mais en fait un fois qu’on le lit on se retrouve en terrain trĂšs connu. Il y a un cĂŽtĂ© sĂ©rie tv amĂ©ricaine avec une petite ville « fictive » oĂč tout le monde se connait et oĂč il se passe des choses Ă©tranges. On est pas loin de Buffy contre les vampires ou mĂȘme Teen Wolf parfois. Mais avec un cĂŽtĂ© trĂšs funky disco, façon Starsky et Hutch ou Les DrĂŽles de Dames. Le cĂŽtĂ© LGBTQIA existe ici en donnant un lien supplĂ©mentaire aux personnages, mais chacun se le joue comme il veut.
Une chouette découverte de JDR en tout cas.
Jamais entendu parler, mais j’aime beaucoup le cadre et le cĂŽtĂ© vintage. A tester.
Un jeu avec beaucoup de possibilitĂ©s, et en mĂȘme temps suffisant  »clos » pour ne pas complĂ©tement se laisser dĂ©border. Cela faisait longtemps que je me disais que ce serait bien de faire quelques parties dans une petite ville fictive.