Stormbringer est un jeu de rôle publié par Chaosium et écrit par Ken St. Andre (Tunnels & Trolls) et Steve Perrin (RuneQuest). La première édition de Stormbringer date de 1981 (en anglais). Il faudra attendre 1987 pour la première traduction française, tandis que le jeu en anglais en sera à sa 3ème !
Comme le nom du jeu peut le laisser supposer, il est fondé sur Le Cycle d’Elric, la saga la plus connue de Michael Moorcock.
Stormbringer propose aux joueurs un style de jeu différent des jeux de l’époque et surtout un univers imaginaire loin des poncifs du genre fantasy largement diffusé par Tolkien et Donjons & Dragons.
En effet, dans l’univers de Michael Moorcock, tel qu’il est présenté dans les romans d’Elric et dans le contexte du jeu de rôle Stormbringer, il y a une absence de races classiques de fantasy comme les elfes, les nains et les orques. L’accent est plutôt mis sur les humains, les sorciers, les démons, les créatures extraterrestres ou mutantes et les divinités qui peuplent le multivers de Moorcock.
Stormbringer met l’accent sur la confrontation entre les forces du Chaos et de l’Ordre, les dilemmes moraux et la quête du Champion Éternel (ici représenté par Elric). Le jeu évoque les aspects sombres et tragiques de l’univers de Moorcock, plutôt que sur les races et les créatures conventionnelles de la fantasy (même s’il y a des dragons !).
Le pitch du jeu Stormbringer
Le héros de la saga, Elric, est l’empereur d’une race en déclin, les Melnibonéens, une race d’humanoïdes supérieurs qui régnèrent autrefois sur le monde des Jeunes Royaumes. Sa faible constitution lui imposede consommer des potions revitalisantes jusqu’à ce qu’il trouve un artefact extraordinairement puissant, l’épée Stormbringer, la buveuse d’âmes. A partir de ce moment, la vie d’Elric ne sera qu’une lutte perpétuelle pour se soustraire au contrôle qu’exerce sur lui son épée. Le peuple des Melnibonéens tombera dans la déchéance après sa défaite contre les sorciers de Pan-Tang, un peuple humain ambitieux. Plus tard, devenu mercenaire, à la tête des survivants de son peuple, Elric sillonne les Jeunes Royaumes en quête de son destin, mais essayant de s’y soustraire.
La mécanique éprouvée, façon BRP de Chaosium
Stormbringer utilise une version simplifiée du système de règles de RuneQuest pour la création des personnages et la résolution des actions (le fameux Basic Roleplaying de Chaosium avec les pourcentages).
Pour respecter le style des romans, les règles de pouvoirs magiques sont fondées sur l’invocation et le contrôle de créatures surnaturelles (élémentaires ou démons) qui proviennent d’autres plans. En effet, dans l’univers de Moorcock, les être humains ne peuvent pas utiliser la magie, ils ne peuvent le faire qu’au travers d’invocations de démons ou autres créatures.
À l’époque, ce système était une « révolution » comparé aux systèmes de magie classique comme AD&D ou Rolemaster. En effet le sorcier ne possède pas de liste de sorts mais des capacités d’invocation. Par exemple, il ne lance pas une boule de feu mais invoque et contrôle un élémentaire du feu pour qu’il crache un jet de flammes… De même, les objets magiques sont en fait des démons liés à ces objets, exactement comme l’épée Stormbringer. Ainsi une armure magique est une armure normale dans laquelle le sorcier a lié un démon de protection.
L’invocation et le contrôle de créatures puissantes est dangereux, donnant un aspect unique à la magie de ce jeu.
Pour ce qui est des combats, ici ils sont simplifiés par rapport à RuneQuest. En gros, c’est plus rapide mais toujours dangereux pour les personnages.
Avec les d100 c’est un jeu aux règles simples, originales et facilement assimilables. Mais le jeu a ses aspects négatifs : peu d’équilibrage et donc des personnages très puissants dès leur création. Le hasard peut donner rarement un Melnibonéen ou un Pantangien à la création, mais si ça arrive, alors c’est vraiment tout bénef’ !
Le contenu de la boite de base
La boîte de base de Stormbringer, édition Oriflam de 1987 comprend :
- Un livre à couverture souple de 64 pages (« livre du joueur »)
- Un livre à couverture souple de 40 pages (« livre de magie »)
- Un livre à couverture souple de 32 pages (« livre du maître »)
- Un livret de 16 pages (« livre de référence »)
- Une carte noir et blanc de 42 X 55 cm (« les Jeunes Royaumes »)
Le livre du joueur est divisé en 4 parties. La première présente le jeu de rôle, et décrit de manière synthétique les Jeunes Royaumes : structure, commerce, les différentes nations…. Puis la partie consacrée à la création d’un personnage.
Les 3ème et 4ème parties décrivent l’utilisation (et l’évolution) des compétences.
Le livre de magie décrit l’invocation des créatures magiques, seules capables d’utiliser la magie. Elémentaires, démons, seigneurs des bêtes, de la Loi et du Chaos, et Vertus de la loi, sont donc passés en revue, et leur impact possible sur le monde. Ces invocations sont liées à la religion, très présente, aussi les différents cultes sont-ils décrits, et les avantages et inconvénients à être agent de l’une ou l’autre force.
Le livre du maître présente quelques conseils et ficelles, et la manière d’utiliser la santé mentale. Et aussi une liste d’animaux et monstres, ainsi que la description des personnages principaux tirés des œuvres littéraires. Un exemple de scénario en 4 pages, et une bibliographie.
Le livre de référence résume les principales tables de jeu, et présente (entre autres) 2 feuilles vierges de personnage.
La carte des Jeunes Royaumes est tirée des romans ; bien lisible, on y trouve l’ensemble des lieux traversés par Elric.
Un suivi qui va bien !
1987 est donc une année chargée en publication pour le jeu de rôle Stormbringer. C’est Oriflam qui sort la première édition française et bien d’autres choses :
Le Chant des Enfers (1ère édition Scénario / Campagne)
Cette extension de 80 pages en noir & blanc à couverture souple propose de nouvelles créatures, héros et ennemis ainsi que des trésors étranges originaux destinés au Maître de Jeu.
Puis viennent pas moins de 6 scénarios prêts à jouer qui conduiront nos aventuriers dans l’effroyable forêt de Troos, sur le Plan des Ombres, par-delà la Mer du Dragon, dans les Marais des Brumes et les collines du Nord de Shazaar.
Démons et Magie (1ère édition Scénario / Campagne)
Cette extension de 78 pages à couverture propose de nouvelles facultés spéciales pour vos démons, de nouvelles créatures, les Runes de Rathdor, des objets magiques inédites et deux scénarios originaux: « L’île du sorcier » de 29 pages et « Le cercle de velours » de 35 pages.
Ecran (1ère édition Ecran)
Cet écran dont l’illustration est signée par Hubert de Lartigue est un vrai bijou qui marque les esprits… Si vous avez ça à votre table de jeu, nul doute que ça en jette !
L’écran contient toutes les tables utiles au jeu : liste des prix, niveaux en connaissance des plantes, classification des poisons, le tableau de résistance classique du système basic, les règles de magie, les protections des armures, les dégâts dus à une chute, la liste des armes, le résumé d’une séquence de combat, les blessures et en particulier la table des blessures majeures, les maladresses au combat, une liste de 8 grandes gemmes avec leur valeur et enfin la table de conversion des pièces de monnaie.
Le livret accompagnant l’écran contient un scénario : « L’Oeil de Straasha ». Dans cette aventure, les personnages partiront à la recherche d’une précieuse couronne et d’un joyau pour le compte d’Iliana, prêtresse de Straasha dans la ville d’Ilmar, la Cité aux Mille Visages. Pour cela ils devront se rendre dans le Désert des Soupirs, dans une mystérieuse cité perdue.
L’Octogone du Chaos (Scénario / Campagne)
Cette extension de 48 pages en noir & blanc à couverture souple offre une aventure complète prête à jouer qui vous entraînera dans les mystérieuses Collines Mortes.
L’ouvrage propose par ailleurs de nouvelles règles qui vous aideront à simuler les batailles à grande échelle et les combats de masse.
Le Voleur d’Ames (Scénario / Campagne)
Cette extension de 128 pages en noir & blanc à couverture souple propose une grande campagne où les héros devront partir en chasse du Loup Blanc, autrement dit Elric de Melniboné lui-même, pour accomplir une quête de sang.
Cette longue traque les conduira depuis Bakshaan jusqu’aux confins du Désert des Soupirs à Karlaak.
Ils devront pour cela traverser la forêt de Troos, le royaume d’Org et les ruelles nauséabondes de Nadsokor.
Cet ouvrage rassemble par ailleurs la liste exhaustive des manuscrits et autres savoirs recherchés par les sorciers et les prêtres des Jeunes Royaumes.
Le Loup Blanc (Supplément de règles et de contexte)
Cette extension de 80 pages à couverture souple fournit la description de 3 temples des Jeunes Royaumes qui pourront servir de base de départ ou de lieux d’aventures pour vos Personnages, des règles de combats navals et des fiches de vaisseaux, des descriptions de créatures infernales et de démons issus du Pandémonium, et enfin un scénario de 13 pages prêt à jouer intitulé « Evasion de l’Enfer Jaune ».
Et le reste ?
Entre la première édition française de 1987 et la suivante en 1991, le suivi a été assez intense… Car outre les publications dans les magazines comme Casus Belli ou Chroniques d’Outre Monde, Oriflam publiait aussi Tatou, et il y avait très souvent des scénarios et aides de jeu pour Stormbringer.
Et aussi ?
Un groupe facebook pour poursuivre ses envies de jeu, Elric, Stormbringer et autres Hawkmoon : https://www.facebook.com/groups/1309257722878111
Et nous avons même ici sur scriiipt, les fiches de personnage version 1987 en téléchargement
Télécharger “Fiche de Personnage Stormbringer – M” FdP-Stormbringer-Male.pdf – Téléchargé 451 fois – 742,53 Ko Télécharger “Fiche de Personnage Stormbringer – F” FdP-Stormbringer-Femme.pdf – Téléchargé 414 fois – 750,78 KoStormbringer – une autre vision du jdr
User Review
( votes)Résumé
Voilà un excellent jeu de rôle. Une entrée fracassante dans quelque chose d’autre, quelque chose qui ne ressemble pas à Dungeons & Dragons ! Et c’est bien l’intérêt de ce jeu de rôle. Il colle au monde décrit par Michael Moorcock dans le cycle d’Elric et au Champion Eternel. En effet, c’est mortel, c’est assez chaotique même, et même temps très mature pour un jeu des années 80.
Il n’est pas exempt de défauts, et il peut paraitre même déséquilibré, surtout dans la partie création de personnages, mais après tout on n’est pas obligé de tout suivre à la lettre. Si l’on aborde Stormbringer en venant des jdr « classiques » de fantasy pour penser y faire de l’exploration de donjons on risque d’être déçu… Les combats ou même l’évolution des personnages doivent être vus du point de vue de l’ambiance Moorcockienne. Donc, la lecture de Moorcock est quand même incontournable. Et on peut se retrouver avec un jdr d’ambiance, un peu comme l’Appel de Cthulhu.