Dès qu’on évoque le cinéma fantastique des années 1960, un visage s’impose : celui de Barbara Steele, actrice britannique née en 1937 à Birkenhead. Grands yeux sombres, traits anguleux et présence troublante, elle a incarné mieux que quiconque cette beauté ambiguë, à la fois victime et prédatrice, qui hante l’imaginaire gothique.

Barbara Steele

Des débuts anglais à la révélation italienne

Formée par la Rank Organisation à la fin des années 1950, Steele tourne quelques rôles secondaires avant d’être propulsée sur le devant de la scène par Mario Bava. En 1960, dans La Maschera del demonio (Black Sunday), elle incarne deux figures opposées — la sorcière Asa et sa descendante innocente Katia. Le film fonde l’archétype de la “dame gothique” et ouvre la voie à une décennie riche de productions italiennes.

À la suite de ce succès, elle enchaîne les tournages : The Pit and the Pendulum (Roger Corman, 1961), L’Effroyable secret du Dr Hichcock (Riccardo Freda, 1962), Danse macabre (Antonio Margheriti, 1964), Les longs cheveux de la mort (1964) ou encore Amanti d’Oltretomba (Mario Caiano, 1965). Toujours avec cette dualité fascinante : la femme aimante et la femme damnée, la vivante et la spectrale.

Une carrière plurielle

On la retrouve aussi là où on ne l’attend pas : chez Federico Fellini, dans (1963), où elle joue Gloria Morin. Puis dans des productions plus tardives qui élargissent son registre : Caged Heat! (Jonathan Demme, 1974), Shivers (David Cronenberg, 1975), Pretty Baby (Louis Malle, 1978), Piranha (Joe Dante, 1978).

Au-delà de l’écran, Steele se réinvente productrice : associée aux grandes fresques télévisées The Winds of War (1983) et War and Remembrance (1988–1989). Pour cette dernière, elle reçoit avec l’équipe un Primetime Emmy Award en 1989 dans la catégorie Outstanding Miniseries.

Un retour au premier plan

Après quelques rôles plus discrets dans les années 1990 (notamment dans la série Dark Shadows: The Revival), elle retrouve une place centrale dans les années 2010 : The Butterfly Room (Jonathan Zarantonello, 2012), puis Lost River (Ryan Gosling, 2014).

Barbara Steele

Deux films où sa présence magnétique fonctionne encore, comme si le temps n’avait pas de prise sur son aura.

Barbara Steele

Pourquoi Barbara Steele reste une icône

Steele n’a jamais été une “scream queen” ordinaire. Sa singularité tient à ce mélange de fragilité et d’autorité, à cette faculté d’incarner la frontière mouvante entre la vie et la mort, le désir et la peur. Son héritage se lit autant dans les rétrospectives cinéphiles que dans les imaginaires rôlistes : figure idéale de l’héritière décadente dans Cthulhu Gaslight, de la comtesse inquiétante dans Château Falkenstein, ou de la muse spectrale dans Maléfices.

Barbara Steele reste, aujourd’hui encore, un visage inoubliable du gothique européen.



Avoir encore plus de SCRiiiPT ?

Abonne-toi pour recevoir nos élucubrations directement dans ta boîte mail, fraîches (ou moisies) selon le jour.