Le principe ? Raconter une bonne tranche de fantasy en moins de 50 lignes AVEC un barbare.
Brève XI – Barbare Tendresse
Aujourd’hui, vous avez décidé de partir pour la cahute du bout du bois.
Une jolie trotte tout de même, mais pas pour un grand gaillard tel que vous. Et votre destination vous assure une belle rétribution, de celles qui n’ont pas de prix.
Comme vous n’êtes pas du genre procrastinateur – d’ailleurs en bon barbare vous ne savez pas ce que cela veut dire – vous décidez de partir au petit matin, juste après un passage appuyé aux gogues. Le tord-boyaux de la taverne, certainement…
Profitant d’un soleil plus que clément, vous ébrouez cette tignasse cuivrée qui vous sert de crinière, lustrez d’huile votre solide cuirasse en cuir de mouflon et enfilez votre plus beau pagne propre avant de vous mettre en route. Scramasaxe au dos, massue cloutée tenue fermement en main, vous sifflotez un air joyeux en prenant bien soin de rester aux aguets après avoir quitté la ville. La semaine dernière, le crieur public annonçait en effet que les bois alentours étaient infestés de nids d’arachnides forestières moyennes. Étant en pleine période de reproduction, ces charmantes bestioles cherchent à tout prix à becqueter l’aventurier inexpérimenté ou le mouton imprudent afin de prendre des forces pour le coït à seize pattes. Gare au moment de faiblesse, c’est un coup à s’emmêler les ciseaux.
Mais le voyage se déroule plutôt sans encombre, si l’on excepte quelques tâches verdâtres sanguinolentes d’araignées tuées trop téméraires et présomptueuses ainsi qu’une bande de gobelours sylvestres que vous avez fait fuir en hurlant comme un sourd. Vous passez nonchalamment sur la dépouille encore chaude de celui qui voulait vous prendre à revers et dégagez d’un coup net votre massue de son crâne défoncé.
Rapidement, en empruntant la sente d’une combe tapissée d’épines de pin, vous vous rendez compte que vous êtes presque arrivé. La clairière de la cahute du bout du bois ne doit plus être bien loin. Un élan soudain vous pousse de manière irrationnelle à cueillir sur le bord odorant du chemin une magnifique fleur carnivore au parfum suave que vous accrochez négligemment à votre oreille. Mais pas trop près, de peur de vous la faire gober.
Quelques foulées de plus, et vous voilà devant une petite chaumière qui aurait pu être coquette. Aucun feu de cheminée ne vient manifester une quelconque activité et les volets écaillés sont fermés. Vous en faites le tour, mais rien. Aucun son ne vous parvient.
Avec une pointe d’appréhension et d’excitation, le cœur gonflé d’émotions contradictoires, vous cognez lourdement à la porte, paré à toute éventualité, bonne ou mauvaise.
Alors que vous alliez remettre le couvert, la porte s’ouvre à la volée dans un grincement sinistre de gonds mal huilés, avant de claquer sur le chambranle. Une ombre gigantesque et menaçante se dessine dans l’embrasure qui donne sur une pièce mal éclairée. Des bras comme des rondins, la masse énorme vous dépasse d’une bonne tête et vous dévisage un court instant.
« QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE BOR… »
« Tat…? Tartah’Rh ?!!! »
Vous vous jetez dans ses bras, éperdu.
« MÔÔÔMAN !!! »