Quand Luis Buñuel et Salvador Dalí livrent L’Âge d’Or en 1930, la France découvre une bombe. Le film est projeté une poignée de fois, avant d’être interdit pendant plus de cinquante ans.
On y voit un amour contrarié, des visions cruelles, du blasphème assumé. Le scandale fut tel que des ligues catholiques attaquèrent l’écran à coups de canne, détruisirent les fauteuils, aspergèrent la salle de peinture. La pellicule devint une pièce à conviction.

Il reste aujourd’hui cette impression d’un film insaisissable. Chaque projection est une expérience différente, chaque spectateur en garde une vision unique. Comme si L’Âge d’Or refusait de se fixer. “Un film qu’on ne voit jamais deux fois de la même manière”, disent les fidèles, et c’est sans doute la vérité.
Et si on basculait du côté du jeu de rôle ?
Imaginez : dans une campagne occulte ou surréaliste, L’Âge d’Or n’est pas qu’un film. C’est un objet maudit, une bobine maudite qui change selon celui qui la projette. Ceux qui le regardent ne ressortent jamais indemnes : certains voient des scènes inédites, d’autres entendent des voix. Un groupe d’investigateurs pourrait être chargé de protéger – ou de détruire – la dernière copie existante. Mais qui dit que le film n’a pas déjà commencé à les transformer ?