Le comte de Solages : un drame familial dans l’ombre de la Bastille

Né dans une famille noble du Rouergue, Hubert de Solages est officier dans un régiment de dragons. En 1765, son père demande son internement : il est d’abord envoyé à Vincennes, avant d’être transféré à la Bastille en 1784. Les accusations officielles parlent de « mauvaise conduite » et de « crimes monstrueux », sans que ces faits soient…

Parmi les sept prisonniers libérés le 14 juillet 1789 lors de la prise de la Bastille, l’un d’eux a laissé peu de traces dans la mémoire collective : Hubert de Solages, un officier noble interné non pour ses idées ou ses actes publics, mais à la demande de sa propre famille. Ce que révèle son histoire, c’est un véritable drame familial, entre violence domestique, manipulation sociale et emprisonnement arbitraire.


Lettre de cachet et silence forcé

Né dans une famille noble du Rouergue, Hubert de Solages est officier dans un régiment de dragons. En 1765, son père demande son internement : il est d’abord envoyé à Vincennes, avant d’être transféré à la Bastille en 1784. Les accusations officielles parlent de « mauvaise conduite » et de « crimes monstrueux », sans que ces faits soient jamais prouvés ou même précisés.

Ce type de détention, fondée sur une lettre de cachet, était typique de l’Ancien Régime : une mesure autoritaire permettant d’enfermer quelqu’un sans procès, sur simple volonté d’un proche suffisamment bien introduit.


L’affaire Barrau : la clef du scandale

Derrière cette détention se cache un conflit plus intime. La sœur d’Hubert, Pauline de Solages, était mariée à Jean Antoine de Barrau, personnage influent et autoritaire. Pauline aurait été elle aussi internée, présentée comme « dérangée » ou « hystérique » — un classique pour les femmes jugées trop récalcitrantes ou insoumises.

Plusieurs sources laissent entendre que Pauline était en fait victime de violences conjugales, et que son frère Hubert aurait tenté de la protéger ou de l’aider à fuir. Pour Barrau, faire enfermer le frère devenait une stratégie habile pour réduire Pauline au silence. Avec l’aide du père, complice ou manipulé, la lettre de cachet est signée. L’honneur est sauf. Le scandale est étouffé.


Coupable ou victime ?

Certaines rumeurs ont évoqué une relation incestueuse entre Hubert et Pauline. Mais rien n’est jamais venu confirmer cette accusation, qui semble surtout être une façon commode de décrédibiliser une opposition interne au foyer.

Ce qui est certain, c’est que la prison a été utilisée ici comme un instrument de pouvoir privé, pour régler des comptes familiaux. Une stratégie répandue chez les familles nobles qui cherchaient à éviter le scandale tout en gardant le contrôle.

Lorsque la Bastille est prise en 1789, Hubert de Solages est l’un des rares prisonniers encore présents. Libéré sans tambour ni trompette, il retourne discrètement dans le sud-ouest et meurt en 1824, sans que jamais son histoire ne soit réhabilitée ni pleinement racontée.


Une histoire pour le jeu de rôle ?

Ce huis clos familial aux allures de tragédie sociale est un terrain de jeu idéal pour un scénario de JDR historique ou gothique. Les PJ pourraient incarner :

  • des domestiques, piégés entre deux loyautés,
  • un médecin appelé à diagnostiquer la « folie » de Pauline,
  • un juge de paix soupçonnant une injustice,
  • un révolutionnaire intrigué par ce que cachent les murs d’une bastide noble.

Cette histoire, même sans ajout de fantastique, a tout du cauchemar social : un homme brisé, une femme internée pour avoir dit non, une famille toute-puissante, et un système qui permet à tout cela d’exister.

Plutôt que d’imaginer des tortures médiévales ou des complots occultes, parfois, la réalité suffit amplement à faire frissonner.

Sources : https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_de_Solages

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