Le roleplay ?
Après avoir lu l’excellent article de [AJDR] Le JDR – Un casse-tĂªte sĂ©mantique… Je me suis dit qu’il Ă©tait intĂ©ressant de reparler un peu de roleplay et de la façon dont je le conçois. Si j’ai bien compris la manière dont Steve dĂ©cortique les diffĂ©rentes façons de jouer, je dois me trouver dans la catĂ©gorie de ceux qui « interprètent » le personnage.
En effet en rĂ©sumĂ©, pour moi le RP, c’est :
Quand le personnage parle, c’est moi qui parle, et Ă la première personne, et avec le vocabulaire, la syntaxe et les expressions les plus adĂ©quates au personnage. Je joue avec la logique du personnage, et ses rĂ©actions, qui ne sont pas forcĂ©ment des rĂ©actions et des logiques ludiques de rĂ©solution d’un jeu.
Par ex : l’honneur mal placĂ© du personnage peut lui faire commettre des erreurs qu’en tant que joueur je sais qu’elles peuvent Ăªtre prĂ©judiciables.
Mais je pense que l’interprĂ©tation du rĂ´le fait partie du jeu et qu’elle apporte plus de plaisir ludique que la simple rĂ©solution d’une Ă©nigme ou la rĂ©ussite de la  mission.
En fait, l’interprĂ©tation du personnage, y compris dans les obstacles que cela peut crĂ©er, est un des grands plaisirs du jeu, c’est la dose de difficultĂ© supplĂ©mentaire que le joueur maitrise Ă 100 % puisque c’est lui qui en choisit le dosage.
Et oui, car le rĂ©sultat des dĂ©s c’est du hasard, ou la difficultĂ© des énigmes proposĂ©es ou la puissance des ennemis appartiennent au meneur de jeu.
Alors forcément cela ne vient pas du jour au lendemain.
J’ai dĂ©butĂ© le JDRen jouant Ă D&D, Ă Â l’OEil Noir, et d’autres jeux qui poussaient plus au grobillisme qu’Ă l’actor studio.  Je faisais comme tous mes camarades, j’essayais d’avoir un personnage le plus optimisĂ© possible.
Jusqu’au soir oĂ¹ lors d’une partie d’AD&D avec un pote, lors de la crĂ©ation de perso nous avions envie d’Ăªtre taquins avec le MJ, et nous avons crĂ©er des perso de guerriers Ă l’alignement Neutre Neutre (ou Neutre Absolu, Neutre Strict). Ce qui Ă©tait en totale contradiction avec ce qui se faisait Ă l’Ă©poque dans la plupart des parties.
Quel impact cela a eut ?Â
Les guerriers dans un groupe d’aventurier, ce sont ceux qui vont se fritter en premier avec les monstres et qui vont protĂ©ger les autres membres du groupe… Mais Un guerrier neutre absolu ? Nous avions considĂ©rĂ© mon camarade et moi-mĂªme que nos personnages devaient Ăªtre les gardiens de l’Ă©quilibre, et donc, ne pas attaquer, ni nous battre, sauf pour nous dĂ©fendre. Et faire en sorte de maintenir l’Ă©quilibre cosmique. Donc, pas de tueries inutiles, tuer certains monstres, mais en sauver d’autres, etc…
Autant dire que ce soir-lĂ , le PMT habituel s’est radicalement transformĂ©. Tout Ă coup dès que l’on rencontrait un monstre, il y avait dĂ©bat philosophique Ă chaque fois. Le MJ a rĂ©agit comme il a pu, face Ă une partie qui partait complètement en vrille, loin des schĂ©mas habituels.
Par la suite, j’ai toujours fait en sorte de crĂ©er des personnages intĂ©ressants Ă interprĂ©ter, et pas forcĂ©ment « optimisĂ©s » en terme de jeu.
Un exemple :
Je devais crĂ©er un perso pour une campagne Rolemaster qui allait s’avĂ©rer longue et pĂ©rilleuse. Pour complĂ©ter l’Ă©quipe il fallait que ce soit un soigneur.
La crĂ©ation du perso s’est faite avec le MJ et Ă la suite d’un tirage au dĂ©s… Mais ce soir lĂ , le tirage des dĂ©s, fut assez catastrophique, et il y avait des notes très basses.
J’aurais pu en toute logique, demander Ă nouveau une chance supplĂ©mentaire et demandĂ© Ă relancer les dĂ©s, ou encore utiliser les chiffres les plus hauts et les mettre dans les caractĂ©ristiques « utiles » (force, constitution, dextĂ©ritĂ©, etc…). Et ce n’est pas ce que j’ai fait. J’ai placĂ© les plus mauvais scores dans les caractĂ©ristiques jugĂ©s vitales par n’importe quel joueur. Et j’ai fait de ce personnage un soigneur maladroit, un peu maladif mĂªme, et en plus en choisissant certaines compĂ©tences Ă l’opposĂ© de ce que l’on attend d’un soigneur, j’en ai fait un comĂ©dien (presque Barde).
Avec beaucoup de chance, et l’aide des autres personnages, ce perso a pu survivre aux premiers scĂ©nars, et ainsi finir par gagner en compĂ©tences, et c’est lĂ que c’Ă©tait vraiment intĂ©ressant. A ce moment lĂ , on ressent vraiment du plaisir Ă faire vivre et progresser un perso, on doit trouver pleins d’astuces pour rĂ©ussir Ă compenser quand on sait que le moindre lancĂ© de dĂ©s peut mener Ă la catastrophe.
Dans tous les autres personnages que j’ai ensuite eu Ă crĂ©er, j’ai essayĂ© de garder la mĂªme ligne de conduite, en accord avec le MJ tout de mĂªme. Car il y a toujours un risque d’avoir un perso injouable en l’Ă©tat.
J’ai aussi fait attention a ne jamais avoir le mĂªme type de personnage deux fois de suite, soigneur maladroit Ă JRTM, flic obstinĂ© et cartĂ©sien Ă l’Appel de Cthulhu, Agent secret au fort sens de l’honneur, Politicien retors, etc…
Le plaisir du jeu ne passe pas que par les lancĂ©s de dĂ©s rĂ©ussis ou ratĂ©s, le plaisir passe aussi selon moi par l’interprĂ©tation rĂ©ussi d’un personnage. Et en plus cela aide les autres joueurs Ă eux aussi mieux s’y croire, et les aide Ă incarner leur perso, et Ă donner la rĂ©plique.